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Comparer les villes d’un pays à l’autre avec le « Global human settlement layer »

Publié le 20/04/2020
Auteur(s) : Ninon Briot, agrégée et docteure en géographie, professeure d'histoire et géographie - académie de Lyon
Une base de données regroupant 13 000 agglomérations dans le monde permet de comparer leur population, et d'autres données, à l'échelle des unités urbaines.

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Travailler sur la ville à une échelle mondiale pose toujours un certain nombre de problèmes. Le plus important est l’impossible comparaison d’entités définies de manière très hétérogène en fonction des différents États. C’est le cas par exemple des chiffres établis par l’ONU sur la base des statistiques nationales. En effet, la ville n’est jamais précisément définie par les organisations internationales et aucune donnée homogène n’existe à cette échelle. Ainsi, aborder le phénomène urbain dans une perspective transnationale est souvent difficile, notamment en matière d’accès et de comparaisons de données. Un certain nombre d’initiatives portées par des programmes de recherche tentent de combler ce vide tant théorique (quel est le dénominateur commun et mondial de l’urbain ?) qu’empirique (obtenir des données fiables et comparables). On peut citer le programme français Géopolis (http://e-geopolis.org/le-projet/geopolis/). Le projet GHS-UCDB est un autre programme de recherche visant à recenser des données sur l’urbain de manière transnationale, en proposant une analyse sur les unités urbaines.

Le Global Human Settlement Layer Urban Centres Database (GHSL-UCDB) est une base de données ouverte recensant un nombre d’informations sur les villes à l’échelle mondiale. Elle découle du projet Global Human Settlement Layer, promu par le Centre de Recherche Commun (centre de recherche de la Commission Européenne) suite à une analyse critique des bases de données disponibles (notamment les bases de données land-use/land-cover). Grâce à la mise en place d’un nouvel algorithme et de données satellites, une base de donnée de 13 135 villes a été constituée. Comme le montre l’algorithme, les zones sélectionnées sont des zones avec une densité urbaine relativement élevée (1 500 habitants/km²). Ainsi, ce qui est recensé dans la base sont les espaces appelés les « centres urbains », c’est-à-dire la partie la plus dense des grandes agglomérations urbaines. De plus, le seuil minimum d’une ville dans la base est de 50 000 habitants, bien plus haut que la définition d’une ville en France par exemple (2 000 habitants agglomérés, pour la définition de l’unité urbaine, sur laquelle repose celle du pôle urbain et de l’aire urbaine).

Algorithme de classification des centres urbains

Algorithme

Lecture : un centre urbain est composé de cellules contiguës d’1 km² dont chacune a soit 1 500 habitants au moins, soit une densité de bâti élevée, l’ensemble des cellules devant cumuler 50 000 habitants. 
Source : European Commission, Joint Research Centre, Atlas of the Human Planet 2018 – A World of Cities, EUR 29497 EN, European Commission, Luxembourg, 2018, ISBN 978-92-79-98185-2, doi:10.2760/124503, JRC114316."

En plus de la classification spatiale des aires urbaines, la base est constituée d’autres types de données : géophysiques (biome, température, climat, altitude…) socio-économiques (population, PIB, distance à la capitale du pays, émission de lumière nocturne), environnementales (part d’espace vert, émission de CO2…), exposition aux risques (inondation, exposition aux tempêtes, risque sismiques…). Cela donne lieu à une base assez complète et permettant d’aborder la ville par des entrées diverses.

Il est intéressant de préciser que ces données sont à la base de l’Atlas of the Human Planet (2018), qui présente un certain nombre de résultats issus du traitement de cette base. Ce document est une ressource intéressante pour qualifier et illustrer un grand nombre de phénomènes urbains.

 
Des données valides ? L’exemple de Lyon

Le centre urbain de Lyon est peuplé, en 2015, de 1 152 368 habitants, situé dans un état avec un PIB important, et dans l’une des régions développées du pays. 25 % de la population vivrait dans une zone avec une forte proportion d’espaces verts. En prenant la moyenne des différents moyens de transports existant, un habitant lyonnais mettrait environ 3,6 heures pour rallier la capitale, Paris. La température moyenne de 2014 était de 11°C.

Ces données sont intéressantes car elles sont plutôt comparables aux données que l’on connait sur Lyon. Certaines variables posent cependant question comme le PIB de la ville, qui s’élèverait, en 2015, à 25 115 211 776 $. Au-delà du chiffre, qui semble élevé, on peut se demander comment est calculée une telle donnée, calcul qui n’est pas précisé dans les documents présentant les données.


 
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Ninon BRIOT
Agrégée et doctorante en géographie, ENS de Lyon, EVS UMR 5600.

 

Pour citer cette brève :

Ninon Briot, « Comparer les villes d’un pays à l’autre avec le "Global human settlement layer" », Géoconfluences, avril 2020.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/comparer-les-villes-ghsl