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Croissance mondiale des surfaces végétalisées depuis l'an 2000, portée par la Chine et l'Inde

Publié le 20/02/2019
Un article paru le 11 février dans "Nature Sustainability" montre, grâce à la spectrométrie par satellite, un « verdissement » de la terre entre 2000 et 2017, au sens d’une augmentation des surfaces couvertes de feuilles.

L’article, signé par un doctorant de l’université de Boston et 14 autres chercheurs de différents pays, est en anglais mais nous vous livrons une traduction de son résumé. Il a été largement repris dans la presse de vulgarisation scientifique.

Chi Chen et al., “China and India lead in greening of the world through land-use management”, Nature Sustainability, volume 2, pages 122–129, 11 February 2019.

Traduction du résumé : Les données satellites montrent une augmentation des surfaces végétales foliées liée à des facteurs directs (gestion humaine des usages des sols) et indirects (tels que le changement climatique, la fertilisation par le CO2, les apports azotés, et la reprise suite à des perturbations naturelles). Parmi ceux-ci, les effets du changement climatique et de la fertilisation par le CO2 semblent être les facteurs principaux. Toutefois, les données satellites récentes (2000–2017) révèlent une tendance au verdissement remarquablement marquée en Chine et en Inde, qui se superpose aux terres cultivées. La Chine seule représente 25 % de l’augmentation nette de surfaces foliaires avec seulement 6,6 % des surfaces végétales mondiale. Ce verdissement en Chine provient des forêts (42 %) et des cultures (32 %), tandis qu’en Inde il concerne principalement les cultures (82 %) avec une contribution mineure des forêts (4,4 %). La Chine met en œuvre des programmes ambitieux visant à conserver et accroître les forêts dans le but d’atténuer la dégradation des sols, la pollution de l’air et le changement climatique. La production alimentaire en Chine et en Inde a augmenté de plus 35 % depuis 2000, principalement par augmentation des récoltes multiples sur les surfaces cultivées, facilitées par l’usage d’engrais et l’irrigation de surface ou d’eaux souterraines. Nos résultats indiquent que le facteur direct [l’intervention humaine NDRL] est un facteur-clé du « verdissement de la terre » (‘Greening Earth’), représentant plus du tiers, et sans doute davantage, de l’augmentation nette des surfaces de feuilles vertes. Ils soulignent le besoin d’une représentation réaliste des pratiques anthropiques d’usage du sol dans la modélisation du système Terre.

Des images sur le site de la NASA

NASA verdissement carte échelle mondiale

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NASA verdissement carte échelle Asie

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NASA verdissement graphique

Source des trois images : "China and India Lead the Way in Greening", NASA Earth Observatory, February 12, 2019.

L’article a fait l’objet de l’image du jour du 12 février 2019 sur le site Earth Observatory de la NASA. On y voit que l’Union Européenne figure au troisième rang du verdissement après la Chine et l’Inde, mais c’est peut-être dû à des effets de déprise agricole. Les cartes illustrent bien le fait que les surfaces végétalisées ont augmenté de 5 % depuis le début des années 2000, mais elles montrent aussi que certaines régions « brunissent » : le Nordeste brésilien, l’Afrique orientale et Madagascar, ou encore le centre de l’Australie, ce que ne résoudront pas les sécheresses de l’été austral 2018-2019. Les forêts boréales, elles, connaissent des incendies et des infestations d’insectes plus fréquents.

Faut-il s’en réjouir ?

Plusieurs informations contenues dans l’article incitent à la prudence.

D’abord, l’un des facteurs de ce verdissement est le réchauffement climatique qui offre des conditions propices à la croissance végétale dans les régions où l’eau ne manque pas. Cela ne signifie pas que les conséquences du changement climatique ne risquent pas d’être, dans d’autres régions, désastreuses.

De plus, une grande partie de ce verdissement, notamment en Inde, est liée à une intensification des pratiques agricoles qui risque de se traduire par des effets négatifs sur la biodiversité et la qualité des sols et des eaux à l’échelle locale. Quant aux programmes de verdissement qui se concentrent sur les forêts, ils se justifient par le fait que les forêts jeunes sont des puits de carbone, mais ils ne répondent qu’à un effet de la déforestation. Dans de nombreuses régions du monde, la déforestation n’est pas seulement une émission de GES mais également la destruction d’habitats écologiques, de biodiversité, et de sources de subsistance pour des populations autochtones. Le verdissement en Chine ne répond qu’à la question des gaz à effet de serre et ne saurait compenser la déforestation ailleurs.

Pour compléter
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