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Déconstruire le mythe de l’attractivité des territoires

Publié le 24/01/2022
Un article de Michel Grossetti dans Métropolitiques alimente la réflexion scientifique autour d’une notion très présente dans les programmes scolaires, et plus encore dans les discours politiques : l’attractivité. L’article est en accès libre.

Résumé : « Revenant sur plus de dix ans de recherches, Michel Grossetti bat en brèche les thèses suggérant que les villes auraient les moyens d’attirer à elles les entreprises "innovantes" et les travailleurs "créatifs" »

Quelques extraits :

« Alors que ces politiques se fondent sur l’hypothèse d’une grande mobilité de ces sociétés [les start-up], les enquêtes montrent que les situations d’arbitrage entre des agglomérations différentes sont extrêmement rares : les personnes qui fondent ces entreprises les installent dans l’agglomération où elles résident et ne s’engagent pas dans une comparaison entre un large éventail d’éventuelles localités qui les amènerait à considérer d’autres solutions. »

« [Les] membres de la supposée "classe créative" sont aussi peu mobiles que les créateurs d’entreprises évoqués plus haut. La plus grande partie est constituée de personnes qui sont nées dans la région dans laquelle ils résident actuellement ou qui y ont effectué leurs études. Ceux qui ne sont pas dans ce cas connaissent déjà des personnes dans la ville d’installation (effet de réseau) ou y viennent pour l’intérêt de l’emploi qui leur est proposé. Aucun des facteurs strictement urbains (qualité du bâti, offre culturelle, etc.) ne semble jouer un rôle important dans leur décision, sinon peut-être pour les retenir une fois installés. Des résultats similaires ont été mis en évidence aux États-Unis par le géographe Allen Scott (2010). »

Finalement, c’est toute une politique de compétitivité et d’attractivité des territoires menée par les acteurs publics qui est battue en brèche par l’auteur, évoquant une « mythologie » et une « path dependency » (dépendance au chemin, le fait de persévérer dans une voie malgré les échecs en raison de la difficulté à sortir du raisonnement dominant). Dans un précédent article, l’auteur appelait, avec Olivier Bouba-Olga, à se « désintoxiquer » de la « mythologie CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence) ».


Pour compléter

Du même auteur :

Un ouvrage disponible sur Cairn : 

Un dossier de la Gazette des communes (2017) : Les métropoles vont-elles vampiriser leurs voisins ?

  • Notamment : Pablo Aiquel, « Métropoles et territoires périurbains et ruraux : une mécanique à repenser », octobre 2017 → Pour sortir de l’opposition entre métropoles et territoires ruraux, et repenser les complémentarités : « [Il] faut chercher à cultiver les complémentarités plutôt que les oppositions : "Les sujets d’avenir, comme les transitions écologique et alimentaire, vont nous inciter, de fait, à penser différemment les interactions entre les territoires urbains et ruraux, et à inventer de nouvelles réponses" ».
Voir aussi