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Le développement durable, approches géographiques

Des rejets "sauvages" mais aussi des rejets utiles

Publié le 21/06/2018

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Les principaux lieux de recueil des ordures ménagères sont les zones de jardinage (cas par exemple de la zone maraîchère d'Accron ou de celle de Djassin) et les bas-fonds. Les riverains déposent "gracieusement" leurs déchets aux abords des zones (lesquelles ?) ou encore dans la parcelle de jardin. Les jardiniers intéressés utilisent les matières pouvant faire du compost (terre, sable, poussières, cendres, déchets végétaux) et poussent le reste à la limite de leurs parcelles pour y faire une bordure surélevée qui sera recouverte par une végétation sauvage et sur laquelle pousseront des papayers. Dans ce cas, les jardiniers n'achètent pas de compost. Les matières qui leur sont délivrées sont souvent évoluées et sont directement déposées à la surface des planches pour la culture des légumes. Lorsqu'ils estimeront avoir reçu ainsi suffisamment de matières, ils demanderont à la société coutumière Zangbeto [mettre une note] de venir poser des interdits afin de faire cesser les livraisons.

Un ménage peut mettre aussi à profit l'existence d'une parcelle mitoyenne ou proche non encore bâtie pour y jeter ses ordures, se dispensant ainsi de l'opération du brûlage qu'il faut surveiller, ne serait-ce que pour allumer le feu et assurer une surveillance minimale. Ce faisant, il dit faire un apport positif à son voisin absent qui profitera ainsi de matières supplémentaires pour ses remblais lorsqu'il commencera ses travaux de construction. Parfois, un trou de la rue est ainsi bouché – mais pour cela rien ne vaut les caillasses issues des constructions en cours ou des rénovations. Les vallons, où des propriétaires de parcelles de bas-fond espèrent bien un jour pouvoir construire grâce aux remblais, sont aussi des lieux "tout naturels" de comblement. Les riverains viennent y jeter leurs ordures, ainsi que les ONG qui s'adonnent à la pré collecte.

Il y a par ailleurs, ici et là, les rigoles et les échancrures, parfois très profondes, creusées par l'érosion, notamment sur le talus du plateau, et que les ordures servent à colmater. L'une de ces échancrures, non loin de la Circonscription urbaine, au quartier Agbokou, s'est creusée dans le prolongement du boulevard extérieur. Il a servi de décharge jusqu'à l'année dernière (dater) où un drain a été mis en place. On peut y ajouter les rigoles qui, progressivement, déchaussent les ouvrages tels que les ponts et ponceaux. À Ajina, les abords du "viaduc" qui enjambait la tranchée servant au passage du chemin de fer aurait assurément été creusés (ravinés plutôt ?) s'il n'y avait pas eu l'apport d'ordures.

Tous les dépôts ne sont donc pas à considérer comme "sauvages". Une certaine logique préside à ces comportements. On dépose les ordures là où, selon l'avis "général", cela ne dérange personne (même si les propriétaires absents ne sont pas toujours réjouis par de telles initiatives !). Parfois, les propriétaires dont les terrains doivent être rehaussés sont directement demandeurs. Pourquoi parler alors de comportement irresponsable, de manque d'éducation, de pratiques "sauvages" ? Les cadres moyens et supérieurs qui tiennent des discours de propreté civique font bien, eux ou leur famille, comme tout le monde. Lorsque le "bénéficiaire" de ces dépôts ou les pouvoirs publics considèrent que c'est assez, ils peuvent recourir à la société coutumière Zangbeto qui, moyennement rétribution, viendra mettre des signes d'interdit afin que les gens cessent de déposer leurs ordures à tel endroit. Inversement, tant que ces signes d'interdit ne sont pas posés, le dépôt n'est pas considéré comme gênant.

Il est bien vrai que l'altruisme – du moins la réciprocité d'intérêt – n'est pas toujours au rendez-vous, par exemple lorsqu'on dépose subrepticement des paquets d'ordures sur la voie publique, dans des fourrés qui ont suffisamment poussés pour que "ça ne se voit pas", dans des fossés et des caniveaux en pensant (avec une feinte naïveté) que les pluies venues emporteront tout ! Il arrive aussi qu'on balance des paquets d'excréments chez les voisins qui ont du terrain ! Il faut dire que le chef de ménage ne s'occupe pas de cette activité domestique : ce sont là affaire de femmes et d'enfants et de partage sociologique des tâches. La précipitation – on vaque au plus pressé – et l'absence de réflexion environnementale sont donc des comportements courants en ce domaine.

Notes

[1]

La source est à préciser

Un complément, d'après les travaux d'E. Dorier-Apprill et xxxxxx xxxx réalisés dans le cadre de xxxxxxx préciser le mode de présentation de ce pop-up.

Dorier-Apprill E., Agossou N. Barbier J. C., Domingo E. Tchibozo F. (sept. 2002), Gestion des déchets et assainissement urbain à Porto Novo (Bénin). Programme «Gestion durable des déchets et de l'assainissement urbain » Action de Recherche D08, Ministère français des Affaires Etrangères, PSEau/ PDM, VOLUME III, 88p.+ annexes.
www.pseau.org/epa/gdda/Actions/Action_D08/Rapport_Porto_novo_Vol3_D08.pdf

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pour Géoconfluences, ENS de Lyon / DGESCO, xxxxxxx 2008

Pour citer cet article :  

« Des rejets "sauvages" mais aussi des rejets utiles », Géoconfluences, juin 2018.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/DevDur/popup/AgossouDorier2.htm