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Les espaces littoraux : gestion, protection, aménagement

Synthèse littorale du recensement de 1999. Aménagement intégré des zones côtières et grignotage du littoral : réalité ou fiction ?

Publié le 16/12/2003

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L'un des principes fondamentauxde la loi "littoral" est la réaffirmation du maintien du caractère naturel du rivage : plages, sentier du littoral, sentiers transversaux doivent favoriser l'accès libre et gratuit du public à la mer, mais dans le respect de ce principe. De même, en matière d'urbanisme, la loi fixe des principes stricts d'encadrement du développement de l'urbanisation littorale que les documents d'urbanisme doivent intégrer le plus en amont possible. Les équipements (sauf s'ils exigent la proximité immédiate de l'eau) et habitations sont repoussés à l'intérieur des terres (inconstructibilité dans la bande des 100 m, urbanisation limitée des espaces proches du rivage, interdiction de nouvelles routes le long du rivage…).

Or, la population des communes littorales métropolitaines(5,8 millions d'habitants en 1999 soit 10% de la population française) a augmenté de nouveau à un rythme supérieur à celui de la France (3,9% contre 3,5% entre 1990 et 1999). La densité de population reste extrêmement forte sur l'ensemble du littoral (256 hab/km² en 1999) comparée à la moyenne nationale en métropole (108 hab/km²), voire même aux cantons littoraux¹ (174 hab/km²). Localement, ces chiffres sont très contrastés, allant de 2 500 hab/km² sur le littoral des Alpes Maritimes, ou plus de 800 hab/km² dans les Pyrénées Atlantiques ou le Nord. À l'inverse, sur les communes littorales de Corse, des Landes ou de la Gironde, la densité de population ne dépasse pas 60 hab/km² (Insee).

La population du littoral est aussi très fortement urbanisée. 76% des habitants du littoral vivent dans une commune appartenant à un pôle urbain, la moyenne nationale étant de 61%. Cette urbanisation se caractérise par le fait qu'elle est parfois très concentrée et continue, notamment sur certaines zones du littoral méditerranéen où l'on peut voir la succession ininterrompue de villes. On relève également que plusieurs aires urbaines de grande importance jalonnent le littoral (Marseille, Brest, Le Havre), et le dynamisme en matière de croissance démographique et de développement économique que connaissent certaines des ces aires urbaines ne font qu'accroître le besoin en espace.

En conséquence, examinée à l'échelle des communes littorales métropolitaines, la pression de la construction ne se relâche pas : 12% des superficies de logements et 7% de locaux construits chaque année en France sont réalisés sur une bande littorale représentant moins de 4% du territoire national (Ministère chargé de l'urbanisme, données 1980-96). Cette pression se concentre particulièrement sur le bord de mer puisque 77% des superficies nouvellement construites sur l'ensemble des cantons littoraux ont été réalisées sur les communes longeant la mer, sur un espace représentant à peine plus de la moitié (56%) de leur superficie totale (Ministère chargé de l'urbanisme, données 1980-96).

En ce qui concerne la nature de ces constructions, il est intéressant de voir qu'on y trouve une forte proportion de résidences secondaires, notamment sur le littoral atlantique et corse, où cette proportion atteint 30% du cadre bâti. Ceci démontre l'attraction touristique très forte du littoral, qui doit faire face également à des variations démographiques saisonnières très importantes.

Aussi, si d'une façon générale, un certain équilibre entre urbanisation de la côte et préservation de l'environnement naturel a été atteint grâce à la loi "littoral", même s'il est largement avéré que sur certains espaces le mitage continue, la vigilance reste nécessaire pour permettre, d'une part, aux activités traditionnelles (cultures marines, agritourisme, pêche et artisanat) d'occuper les espaces nécessaires à leur développement et, d'autre part, mettre fin à la réduction progressive du linéaire côtier naturel.

Encore aujourd'hui, de nombreux projets visent à s'accaparer le littoral, alors que sa conservation implique de concilier pour les générations futures ses différentes vocations d'usage et d'occupation. Il constitue, notamment avec les plages, la première destination touristique des français.

En conséquence, l'ouverture au public du littoral, la conservation du domaine public maritime et l'accès du public au rivage sont un enjeu majeur de la France du XXIe siècle.

Note :

1 - Cantons comportant au moins une commune littorale

Consultable sur : www.mer.equipement.gouv.fr/littoral/07_lexique/01_lexique/index.htm

Pour citer cet article :  

« Synthèse littorale du recensement de 1999. Aménagement intégré des zones côtières et grignotage du littoral : réalité ou fiction ? », Géoconfluences, décembre 2003.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/littoral1/popup/SynthRecenst.htm