Le "scalpel-safari", un produit prometteur ?

Publié le 04/02/2011

Mode zen

De plus en plus d'agences de voyages proposent des séjours "chirurgie-vacances", autrement dit des packs touristiques qui associent intervention chirurgicale et excursion. L'Afrique du Sud est pionnière dans ce domaine. En effet, depuis la fin des années 1990, on y pratique les "scalpels-safaris". L'agence Surgeon & Safari, créée en 1999, est la mieux positionnée dans ce domaine. Son produit phare est un séjour de douze jours comprenant une opération de chirurgie esthétique (le plus souvent un lifting), l'hébergement dans un hôtel de luxe et un safari. Le montant moyen de ce type de prestation est de 10 000 euros, ce qui correspond au seul prix de l'intervention aux États-Unis ou au Royaume-Uni.

S'il arrive parfois que le safari ait lieu avant l'intervention chirurgicale, le plus souvent, il se déroule après quelques jours de repos postopératoire. Plusieurs types de safaris sont proposés selon le profil médical des patients et l'importance des soins reçus. Il faut dire qu'un safari de plusieurs jours en véhicule tout terrain peut s'avérer dangereux après certaines interventions. D'autres formules sont donc proposées tels que des safaris d'une journée, des safaris à bord d'authentiques trains à vapeur ou bien encore des séjours dans des résidences de luxe au milieu de grands pars nationaux.

Certains pays, comme la Tunisie ou la Bolivie, souhaitent s'orienter vers ce type de produit pour attirer davantage de "touristes médicaux". Cependant, il faut préciser que cette pratique concerne seulement une minorité de patients. En effet, la majorité d'entre eux ont pour seule motivation la recherche de soins de qualité et peu onéreux. Ainsi, ils sont peu nombreux à se soucier des aménités touristiques proposées. Par ailleurs, ils sont très souvent dans l'incapacité physique d'entreprendre la visite du pays dans lequel a lieu la prise en charge médicale. Par contre, leur présence a tout de même un impact sur les infrastructures touristiques, plus particulièrement dans le domaine de l'hôtellerie, puisque la période de convalescence ne se fait généralement pas à l'hôpital mais dans des hôtels de luxe.

Finalement, cette expression de "tourisme médical" est avant tout une dénomination accrocheuse qui a très peu à voir avec le tourisme au premier sens du terme. Toutefois, les acteurs engagés dans ce secteur de la santé sont bien décidés à s'investir davantage dans cette voie. Depuis quelques années, la concurrence s'intensifie dans le domaine du "tourisme médical". Les pays d'accueil sont toujours plus nombreux et, au sein de ces pays, les hôpitaux qui accueillent des patients étrangers se multiplient. Le secteur du tourisme est donc vu comme un potentiel de développement important et les produits médico-commerciaux proposés rivalisent donc d'originalité, comme l'illustre l'avènement récent du "baby safari" qui combine visite des parcs naturels et séance d'insémination artificielle !

Note

Virginie Chasles, université de Lyon (Jean Moulin Lyon 3),

Équipe Santé Individu Société (EA 4128 SIS)

pour Géoconfluences le 4 février 2011

Pour citer cet article :  

« Le "scalpel-safari", un produit prometteur ? », Géoconfluences, février 2011.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/tourisme/popup/TourismeChasles.htm