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De villes en métropoles

Ville internationale, image internationale, le cas de Montréal. Partie 2 : La centralité, levier de l'image internationale des villes nord-américaines. L'exemple montréalais

Publié le 04/05/2010
Auteur(s) : Charles-Edouard Houllier-Guibert - Institut d'urbanisme de l'université de Montréal

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Retour vers la Partie 1 : l'internationalité de Montréal par les aménagements urbains

1. Crise et renouveau des centres dans les villes nord-américaines

2. La lente mise en visibilité de la centralité historique de Montréal

3. Le redéploiement de la centralité dans le quartier du Havre

Pour exprimer leur vocation de métropole, les capitales et les grandes villes du monde entier portent leurs efforts sur leur centre-ville, bien que la croyance selon laquelle toute centralité signifie développement soit à relativiser (Devisme, 2005). L'image métropolitaine se construit d'abord sur le centre-ville (Houllier-Guibert, 2009a), lieu de rencontres mais aussi centre de commandement et de contrôle des activités et des mouvements. Le centre-ville de Montréal s'est déplacé vers le nord dans les années 1890 et, actuellement, la centralité historique reprend un rôle symbolique.

Montréal propose des aménagements urbains qui renforcent sa centralité métropolitaine, grâce aux espaces publics, aux projets urbains phares et à des activités récréatives pour tous. Ces aménagements répondent aux normes des villes nord-américaines et sont, pour beaucoup, tournés vers la vocation touristique. La culture prend aussi une place importante, les deux valeurs se chevauchant souvent, notamment à travers les événements. Mais Le Havre, quartier situé au cœur de la centralité historique de Montréal, ne se transforme pas en totalité, consentant une superposition des activités économiques, touristiques, administratives… ce qui donne une dimension globale à cette composante de l'internationalité de Montréal.

Crise et renouveau des centres dans les villes nord-américaines

Le déclin industriel a entraîné, à partir de la seconde moitié du XXe siècle, un déclin démographique important dans plusieurs villes nord-américaines. Détroit est l'archétype de la ville en grande difficulté, passant de 1,85 millions habitants en 1950 à 570 000 en 1990. Cleveland, Newark, Philadelphie, Pittsburgh, Saint-Louis et Youngstown ont aussi connu leur apogée dans les années 1930 et subissent aujourd'hui un déclin conséquent. Il est vrai que la revitalisation des centres urbains nord-américains (Gratz & Mintz, 1998) est plus aisée pour les villes qui ont un passé urbain suffisamment riche et symbolique, qui peut alors être un atout différenciateur (New York, Boston...). Baltimore a été la première à repenser son front de mer (Gravari Barbas, 1991) et, depuis le début du XXIe siècle, Manhattan ou le centre de La Nouvelle-Orléans confirment leur dynamisme en matière de renouvellement urbain.

En pop-up : La démographie des villes des États-Unis

Les pôles nord-américains sont plus grands que les pôles européens : quatorze zones métropolitaines ont des populations de plus de 4 millions d'habitants, dont New York, la métropole la plus peuplée en 2006 avec 18,8 millions d'habitants, suivie de Los Angeles (13 millions) et Chicago (9,5 millions). Outre Paris et Londres, les plus grandes agglomérations urbaines européennes que sont Berlin, Milan, Athènes ou Barcelone, peinent à dépasser les 4 millions.

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Notes

- Pour les Nations Unies, une agglomération urbaine se compose de la ville proprement dite et de sa banlieue ou du territoire densément peuplé situé hors de ses limites mais dans la zone adjacente. Une grande agglomération urbaine peut comprendre plusieurs villes ou grandes villes et leur banlieue.

- Des informations statistiques sur les grandes villes dans le monde par la division Population du département des Affaires économiques et sociales des Nations Unies :
World Urbanization Prospects, http://esa.un.org/unpd/wup/index.htm
> Data on line > Urban agglomerations > City population > Selectionner le pays souhaité (ici, Canada, États-Unis).

À Montréal, ce renouvellement s'inscrit dans le contexte de globalisation des villes qui tend à proposer des modèles de développement similaires dans chaque centre-ville, mais, en même temps, incite à valoriser, dans un mode de marketing urbain, des différenciations fortes pour faire préférer tel centre à tel autre. Par exemple, Chicago, depuis la création du Millenium Park, déploie une dimension récréative et touristique qui change son image et requalifie son centre. Chaque nouvelle aménité centrale essaie de tenir compte des critères internationaux dans le cahier des charges de l'aménagement, tout en répondant aux besoins locaux. Cette dialectique entre la dimension internationale et les besoins locaux des centre-villes nord-américains provoque des tensions, alors que les habitants sont plus ou moins en capacité de réaction (Berry-Chikhaoui & al., 2007) [2].

Mais, quelles que soient les contestations, l'urbanisme d'aujourd'hui glisse du centre urbain vers l'idée générale de centralité avec ce que le terme contient comme implicites (Devisme, 2005) : le secteur tertiaire supérieur comme socle d'activités ; la qualité de hauts lieux (Debarbieux, 1995) ; le site de l'événement et du festif (Gravari-Barbas, 1998 ; Di Méo, 2005) ; le centre comme opérateur de changement d'échelle et comme lieu rassembleur qui concerne tout le monde. Ces composantes de la centralité donnent une légitimation aux projets urbains, audacieux et identifiables, au centre d'un centre-ville, lui-même centre d'une ville qui peut être le centre d'une région. Le projet urbain central est alors autorisé à s'éloigner des préoccupations de la population locale, considérée comme ignorante des enjeux multiscalaires et trop "centrée" sur son quotidien.

C'est ainsi qu'à Montréal les tours de la Gauchetière et le 1250 René-Lévesque, les actuels plus hauts édifices érigés en 1992, incarnent la centralité du Montréal moderne, la skyline de la ville américaine, qui continue sa progression depuis l'urbanisme des années 1960. La mise en scène de la centralité par les politiques publiques de communication (Lenoir, 2005) devient le moyen pour que la population du reste du territoire métropolitain soit concernée par le projet symbolique (Tiano, 2005) qui sera pratiqué par tous car il est au centre.

La skyline d'une ville nord-américaine

Clichés : Ch. Ed. Houllier-Guibert, mai 2008 et 2009,

- ci-dessus, la vue depuis la rive droite du St Laurent où les tours incarnent la skyline de la ville nord-américaine : 1) le 1250 René-Lévesque (1250 correspond au n° de la tour sur la rue), 2) la tour CIBC, 3) le 1000 de la Gauchetière, 4) Place Ville-Marie, 5) la tour de la Bourse (Place Victoria),

- ci-contre en haut : les trois tours de bureaux du complexe Desjardins qui comporte aussi un hôtel et une vaste galerie commerciale dont le jet d'eau jaillit toutes les heures,

- ci-contre en bas : la tour de la Gauchetière, plus haut édifice de la ville, fait face à l'une des plus grandes cathédrale du Québec Marie-Reine-du-Monde, inaugurée en 1894.

A. Lortie considère que 1973 est une date clé de la modernité de la ville et de la prise de conscience des enjeux culturels face aux enjeux financiers. Francophones et anglophones ne feront pas cause commune pour sauver de la démolition la maison Van Horne, demeure du XIXe siècle, symbole d'asservissement pour les uns et de domination pour les autres (Lortie, 2007). L'habitat populaire a été détruit pour laisser place à une ville de stature internationale, à la fois souterraine et aérienne. Ainsi, dans le courant des années 1970, 200 000 résidants quittent Montréal, notamment à cause des 30 000 logements du centre qui sont démolis. L'espace libéré permet d'élargir des voies de circulation vers le centre-ville, de construire plusieurs tours publiques et privées, desserrées par des terrains de stationnement qui placent l'automobile au cœur des flux urbains. Le centre-ville est rénové et la vieille ville au bord de l'eau est coupée du reste de l'île : le Vieux-Montréal périclite malgré la commission Jacques-Viger mise en place dès 1962 pour protéger et restaurer le patrimoine urbain. Mais de la réflexion à l'action, quelques années se sont écoulées.

Malgré une morphologie avantageuse, grâce à son insularité et au Mont Royal, Montréal lutte contre un modèle urbain nord-américain en crise de centralité au profit de l'étalement fort des banlieues. Montréal ne connaît pas cette difficulté, son insularité lui conférant une centralité naturelle à l'échelle métropolitaine. De plus, bien que le système urbain canadien s'insère dans la métropolisation nord-américaine, deux particularités atténuent les effets de ce modèle continental : les villes centrales canadiennes ont conservé une plus forte part de leur population, ce qui affaiblit la concurrence avec les espaces périphériques ; le morcellement des métropoles y est moindre (Collin, Robertson & Charron, 2007, p.12).

J. Zacharias a montré que les villes de la mégapole Bosnywash (Boston - New York - Washington) ont vécu une crise de restructuration dans les années 1970 en raison de profondes mutations économiques qui ont fait évoluer leurs activités centrales. L'érection de tours de bureaux en centralité et le passage de l'industrie lourde à l'industrie légère ont recomposé les zones centrales qui, quarante ans plus tard, sont les zones de visibilité, de mise en tourisme et d'image de marque. Au moment où Montréal est affectée par les restructurations imposées par la post-industrialisation, le tourisme urbain est l'occasion de rendre attractif un centre-ville troué par des espaces vacants dus à l'aménagement fonctionnaliste des années 1960.

Les aménagements urbains à Montréal ont été l'occasion, comme pour de nombreuses villes, de réconcilier l'urbain et le fleuve, tout en contribuant à la visibilité internationale de la ville. L'accessibilité aux berges du fleuve Saint-Laurent constitue l'aboutissement de projets passés ou plus récents : l'Expo 67, l'aménagement du Vieux-Port en 1992, la récente réouverture du canal de Lachine en 2002 et peut-être l'aménagement des bassins Peel pour les années 2010, repensent la centralité pour tous.

Deux types d'opérations sont dans la mouvance des aménagements d'autres villes nord-américaines :

- Les waterfonts qui ont une forte attractivité touristique : en bord de lacs comme pour le Navy Pier (Chicago), le Harbourfront et l'Ontario Place (Toronto), sur d'anciens bassins de ports maritimes comme le pionnier Inner Harbor (Baltimore), le Farneuil Hall-Quincy Market (Boston), le Fisherman's wharf et ses otaries (San Francisco), le Harbor Front (Seattle), ou sur d'anciennes zones industrielles littorales comme le Grandville Island (Vancouver) (mosaïque ci-contre). La requalification urbaine passe par ces zones récréotouristiques qui ont été critiquées comme trop mercantiles et pas assez urbaines (Frieden & Sagalyn, 1992). Le Vieux-Port de Montréal, sur le fleuve Saint-Laurent, fait écho à ces pratiques si ce n'est que sa dimension historique lui donne un avantage.

Waterfronts en Amérique du Nord

- En haut à gauche, animation commerciale dans le Quincy Market de Boston (nov 2008)

- En haut à droite, la grande roue du Navy Pier de Chicago (juin 2009)

- L'entrée de la zone récréative de Santa-Monica (août 2009)

- En bas à droite, les touristes prennent en photo les otaries du Fischerman's Wharf de San Francisco (août 2009)

Clichés : Ch.Ed. Houllier-Guibert

- La réhabilitation des historic district est aussi un aménagement touristique des métropoles. Au côté du carré franco-hispanique de La Nouvelle-Orléans, du parc historique de Philadelphie et bien sûr de la vieille ville de Québec fortement redessinée dès les années 1960 pour retrouver sa morphologie de l'époque de la Nouvelle-France (Morisset & Noppen, 2003), le Vieux Montréal est un atout de différenciation sur un continent en manque d'histoire. Il est un lieu de tournage de nombreux films d'époque qui retracent des épisodes de l'histoire de l'Europe sans que l'industrie cinématographique ne quitte le continent.

Aujourd'hui, le développement économique et urbain de Montréal est envisagé à partir du quartier du Havre, centralité historique qui regroupe toutes les aménités précédemment citées. En 2002, l'harmonisation des intérêts publics et privés autour d'un plan d'intervention mobilisateur et fédérateur est envisagé. La Société du Havre de Montréal est créée avec l'appui des gouvernements municipal, provincial et fédéral afin de réaliser un plan d'intervention concerté, assorti d'une stratégie de mise en œuvre et de financement.

La lente mise en visibilité de la centralité historique de Montréal

Les villes nord-américaines, dès la fin de la Seconde guerre mondiale, s'étalent avec des espaces spécialisés (résidentiels, d'affaires, industriels…), créant ainsi une urbanité en concurrence avec les centres-villes. Les espaces privés, comme les sites récréotouristiques ou les centres commerciaux, deviennent des zones attractives, nouveaux lieux de convivialité. Cet étalement, où prédominent les logiques de marché sur les préceptes de la planification, est dévoreur d'espace. S'y ajoute, au cours des années 1970, l'image de centres-villes associés à la pollution, à l'encombrement, à la saleté. Montréal n'y réchappe pas et R. Downs (1985) considère alors que le développement du centre-ville est sans avenir. Les quartiers centraux (Pointe-Saint-Charles, Petite Bourgogne, Saint-Henri et Côte Saint-Paul) passent de 30 000 emplois en 1951 à 8 000 en 1991. La reconversion de ces zones, encore inachevée aujourd'hui, passe par la mise en avant d'un nouveau rapport à la ville. Au cours des années 1980, des démarches publiques fortes veulent accompagner le renouveau de la centralité montréalaise, notamment pour lui donner une image qui attirera les touristes. Montréal est entraînée dans un mouvement d'ampleur mondiale : d'une dizaine de villes touristiques mondiales au milieu du XXe siècle, il y en à une centaine aujourd'hui. Un plan de mise en valeur de la vieille ville est élaboré en 1988 par les opérations Habiter Montréal puis Nouveau Montréal, actions de promotion urbaine qui visent à réconcilier la ville avec sa population. Tout en pensant la nouvelle centralité comme récréotouristique, la vie de quartier doit être renforcée pour éviter la muséification. La crise financière des années 1990 va limiter les projets ambitieux mais un World Trade Center est tout de même créé en 1992, prémices d'une nouvelle zone internationale, le Quartier international de Montréal (QIM), qui associe d'anciens édifices à un design moderne. Lors de l'agrandissement du palais des Congrès en 2002, le mélange de l'ancien façadisme avec un design urbanistique du XXIe siècle, participe à l'internationalité et au label design décerné par l'Unesco.

Le mariage entre modernité du QIM et classicisme de la vieille ville

Clichés : Ch. Ed. Houllier-Guibert, mai 2008

- à gauche : rue couverte, à l'intérieur du World Trade Center, et l'une de ses entrées ; ce vaste immeuble est situé entre les deux places principales du QIM et est connecté avec le réseau souterrain

- à droite : vue de la place Riopelle où le QIM est d'abord un lieu valorisé par les aménagements urbains de calibre international, achevés en 2004 ; l'artiste québécois Claude Cormier réalise notamment une verrière colorée sur la façade du palais des Congrès qui embellit le paysage urbain du quartier.

D. Pilette classe le tourisme urbain selon quatre formes (2002) : traditionnel, pour les villes mythiques comme Athènes, Rome, Jérusalem, Paris, Venise, etc. ; d'affaires, pour Tokyo, Londres, New-York... ; sportif, pour les villes accueillant des événements mondiaux (JO, football, hockey, rugby, tennis...) ; culturel, pour les villes réputées pour leurs musées, leur traditions des arts de la scène comme à Florence, Avignon, Washington, Budapest, etc. On peut y ajouter le tourisme de proximité qui se caractérise par la consommation d'attractions urbaines, d'événements importants et d'ambiances métropolitaines. À Montréal, les activités du parc d'attraction La Ronde, les festivals d'été ou l'ambiance du Quartier Latin et bientôt du Quartier des Spectacles, en font des espaces attractifs pour la population de la périphérie.

Les grands événements montréalais se tiennent dans les zones centrales (centre-ville pour les festivals ; parc Jean Drapeau pour la Fête des neiges et le Grand prix de Formule 1) et sont fortement médiatisés, soutenus par des sponsors reconnus au Québec.

D'après D. Pilette, "leur concentration dans des espaces centraux relève d'autant plus de la définition de la qualité de vie urbaine qu'elle constitue une opposition radicale à la dominante spécialisation des espaces en territoire nord-américain" (2002, p.31). Ces atouts font de Montréal une capitale culturelle qui essaie de contrebalancer la dominante économique de Toronto. L'image est accentuée par la concentration de communautés culturelles qui proposent d'autres valeurs et d'autres marchés participant aussi à la centralité montréalaise, notamment le Quartier chinois. Mais ces quartiers ethniques ne sont pas un particularisme, les autres métropoles disposant des mêmes zones (Boston, Toronto, Vancouver, New York...). En revanche, le particularisme urbain se fait lors de  "l'expérience urbaine" (Ledrut, 1973) montréalaise du plus grand réseau souterrain du monde qui permet de pratiquer 30 km de voies commerciales (mosaïque ci-contre). Enfin, la sécurité à Montréal et sa situation de carrefour culturel et linguistique entre l'Europe et l'Amérique du Nord, sont aussi des atouts différenciateurs pour le tourisme urbain.
Les aspects du réseau souterrain

Clichés : Ch. Ed. Houllier-Guibert, 2009.
Mosaïque d'images sur le réseau souterrain : signalétique de l'entrée (en haut à gauche) et
divers aspects du réseau.

Tout ces atouts sont valorisés en 1992 : le 350e anniversaire de la création de Montréal est marqué par des célébrations importantes, soutenues par des aménagement et des événements qui font que le tourisme devient une véritable offre urbaine. En matière d'aménagement, plus de 440 millions d'USD ont été investis dans 18 projets immobiliers et d'aménagements publics pour accueillir les célébrations et surtout régénérer les espaces en déclin de la ville-centre. La place Emilie Gamelin est inaugurée tout comme le Vieux-Port qui a enfin une ouverture sur le fleuve et devient récréotouristique. Le marché Bonsecours est réouvert comme lieu public, le biodôme (hors de la zone du Havre) est offert par le gouvernement provincial, l'original musée de Pointe à Callière est inauguré... complétant le statut métropolitain et l'image internationale. Quant à l'événementiel, il accompagne la relance de la dynamique urbaine (Géocarrefour, 2007). Pendant cinq mois, de multiples fêtes marquent la saison estivale, introduit par un feu d'artifice grandiose qui retrace l'histoire de la ville. Aujourd'hui, Montréal participe à la compétition internationale des feux d'artifice, l'International des Feux Loto-Québec, le plus important concours au monde avec plus de 5 millions de spectateurs chaque année.

Le renouveau du Vieux-Port

Clichés : Ch. Ed. Houllier-Guibert, 2008

- à gauche : rénovation du Vieux-Port, en arrière plan, la tour de l'Horloge,

- à droite : le musée archéologique Pointe à Callière

L'arrondissement historique a attiré en 2003, 12 millions de personnes : 8 millions ont fréquenté les installations du Vieux-Port, à comparer aux 5,2 millions venus pour les festivités de 1992. Les chiffres de fréquentation sont toutefois à atténuer en matière d'internationalité puisque la plupart de ces visiteurs proviennent, en 2003, de la région métropolitaine (74%) et 7% des autres régions du Québec. Ainsi, les touristes en provenance du reste du Canada, des États-Unis et d'ailleurs dans le monde représentent seulement 19% des visiteurs soit, tout de même, 2,2 millions. Du point de vue financier, la centralité du Palais des congrès ainsi que l'accueil de grands festivals (1,6 million de personnes pendant le Festival international de jazz) permettent qu'en 2000, 5,8 millions de visiteurs (au moins une nuit sur place) auraient dépensé 1,8 milliards d'USD dont 1 milliard de la part des touristes internationaux. L'achalandage est concentré dans le temps, de mai à août, avec des pointes très élevées lors des événements spéciaux en mai (Grand Prix de Formule 1), juin (fête nationale du Québec) et juillet (fête du Canada et Carifiesta), et à l'occasion des Mosaïcultures internationales ou du Mondial SAQ (feux d'artifice). Il l'est aussi sur le plan spatial avec la concentration élevée d'attraits et d'événements dans l'axe de la place et du quai Jacques-Cartier et du bassin Bonsecours.

 

L'organisation des festivals à Montréal

Les festivals en pleine ville sont ici clairement délimités par des frontières. En haut à gauche, l'une des entrées pour le festival de Jazz (localisée sur la rue Sainte-Catherine), en bas à gauche, l'une des entrée de Juste pour rire, dans le quartier Latin. À droite, deux entrées de la fête de la Lumière sur le Vieux-Port.

Les scènes des festivals estivaux concentrés dans les zones centrales de la ville, au sein du futur Quartier des spectacles.

Clichés : Ch. Ed. Houllier-Guibert, 2009

Pour consolider la vocation des équipements en place et pour attirer de nouveaux équipements collectifs d'envergure extra-locale, la gare maritime, avec les quais King-Edward et Alexandra, est pensée comme lieu perpétuel d'activités touristiques et culturelles. Le froid de l'hiver est un obstacle à surmonter, ce que la fête des Neiges et la fête de la Lumière essaient déjà de faire mais en touchant seulement la population locale. La promotion des lieux récréotouristiques manque de coordination et une programmation commune est envisagée entre le Vieux-Port, le Canal-de-Lachine et le Parc Jean-Drapeau, ce dernier devant toutefois conserver son statut de parc de détente. La localisation judicieuse d'un centre de foires d'envergure internationale est remise en cause depuis que le projet de Casino relié au Vieux-Port par un système de transport collectif est abandonné. Plusieurs fois par décennie, le célèbre Cirque du Soleil, emblème du rayonnement international du Québec, qui diffuse des spectacles à Las Vegas et Macao notamment, s'installe dans le Vieux-Port pour les premières mondiales de ses nouveaux spectacles. Il incarne l'inscription de Montréal dans l'innovation culturelle mondiale.

Des innovations festives et culturelles

Clichés : Ch. Ed. Houllier-Guibert, 2009

- à gauche : en 2009, les mises en scène du plan Lumière dans le Quartier des Spectacles, rappelant le Red Light District, donnent à la ville une allure design,

- à droite, le Cirque du Soleil (en arrière-plan) accueilli au cœur de la zone portuaire devenue, pour l'essentiel, récréotouristique.

Le redéploiement de la centralité dans le quartier du Havre

Au-delà de sa mise en tourisme, le quartier du Havre s'inscrit dans la centralité historique de Montréal. Il répond à l'enjeu à triple échelle (Devisme, 2005) qui voit les centres-villes du monde entier fabriquer de la symbolique urbaine (Tiano, 2007) et des emblèmes territoriaux (Lussault, 2003 ; 2007) à rayonnement métropolitain, régional et mondial. Le Havre, zone manufacturière en conversion vers l'économie du savoir, est marqué par la création de quartiers modernes comme la Cité du multimédia ou le technopôle Angus construits sur d'anciennes friches industrielles. La production de biens et de services y devient secondaire par rapport à la production de savoir et d'informations. Montréal, capitale économique 'aux cent clochers' (expression populaire au Québec), essaie de devenir la ville au cents claviers (Poitras, 2002, p.150), en optant pour ce que M. Castells appelle le capitalisme informationnel relayé par les discours du marketing urbain. Les valeurs affichées par la Société du Havre sont la symbiose population-fleuve, le renouveau urbanistique, la qualité de vie, le sentiment de fierté, le dynamisme économique, le rayonnement international, la protection de l'environnement, la mise en valeur du patrimoine, la mixité sociale, le développement durable, la collaboration institutionnelle, la qualité architecturale, le partenariat public-privé, la vision à long terme. Cette liste correspond clairement aux idéologies territoriales qui sont dans l'air du temps (Houllier-Guibert, 2008), aucune n'étant spécifique à Montréal mais plutôt au marketing urbain. La qualité de vie est l'un des arguments systématiques utilisé dans les discours de la communication territoriale (Rogerson, 1999), tout comme la proximité (Lefèvre, 2005 ; Houllier-Guibert, 2009b) ou le développement culturel (Houllier-Guibert, 2009c ; Culture et régénération urbaine, le cas de Glasgow, un article de Fabien Jeannier, 2008) ou encore le développement durable (Houllier-Guibert, 2005).

La Société du Havre de Montréal : accès au site internet, www.havremontreal.qc.ca/fr/index.htm

À la fois zone d'habitat urbain mais aussi d'activités, créatrice d'emplois, demeurant sensible aux besoins industriel et portuaire et soutenant des secteurs déstructurés, tout en étant un axe de loisirs de calibre international, le projet du quartier du Havre améliore l'accessibilité aux berges du fleuve et soutient la dimension patrimoniale des quartiers centraux. Cet espace historique incarne aujourd'hui le renouveau montréalais d'un quartier qui a connu des heures de gloire. Il se retrouve, comme d'autres lieux dans le monde, enserré entre des objectifs d'intérêts locaux et de mise en lumière internationale. Ainsi, le premier défi de la Société du Havre a été de rapprocher les acteurs socio-économiques (grandes entreprises, institutions, ministères et agences gouvernementales de juridiction fédérale, provinciale, régionale et municipale) et la société civile afin d'élaborer une vision cohérente qui fera du Havre, progressivement d'ici 2025, le moteur économique métropolitain. Toutes les activités précitées, qu'elles soient sur les îles dont une partie a été construite par les terres extraites pour le métro, ou dans le Vieux-Montréal, se trouvent dans un périmètre de 500 m autour de la place Jacques-Cartier où est situé l'Hôtel de Ville. Au fil du temps, le remplacement des activités portuaires, ferroviaires et industrielles, a renouvelé et transformé l'espace par morceaux et a permis une diversification d'usages et de fonctions qui participe à la globalité de ce qu'est une métropole.

La concentration des activités à caractère international dans le secteur du Havre à Montréal

Sur plus de 10 km², c'est une dizaine de projets qui s'interconnectent pour renouveler la centralité de Montréal. La zone concernée est délimitée à l'ouest par le pont Champlain, à l'est par une ligne tracée un peu au-delà du pont Jacques-Cartier, au nord par la rue Notre-Dame puis la rue Viger et son prolongement jusqu'aux écluses de Saint-Gabriel, avant de redescendre vers le fleuve, enfin au sud le territoire longe les abords du fleuve en incluant les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame.

Carte réalisée par Hervé Parmentier, UMR 5600 / EVS, sur les indications de Ch. Ed. Houllier-Guibert

La métropolité dans le secteur du Havre offre quatre pôles d'activités économiques et une centralité globale attractive et internationalisée depuis les années 1900.

1) Le pôle civique et institutionnel est composé d'une cité administrative au sein du Vieux-Montréal, de l'Hôtel de ville, des trois palais de Justices ainsi que du Quartier international de Montréal (QIM) qui regroupe plusieurs entités internationales. La zone d'affaires internationale est considérée comme la réussite urbanistique récente de la ville. Le Palais des Congrès, la Caisse des dépôts et consignations, les places Victoria et Riopelle, incarnent la modernité du XXIe siècle et donnent au QIM une allure qui renoue avec l'image du World Trade Center des années 1990. Plus largement, le pôle civique historique concentre les services et les entreprises qui gravitent autour des administrations publiques. Ce plus ancien des quatre principaux secteurs d'activités du Havre s'inscrit dans les traces de la ville historique Ville-Marie qui déjà, il y a 200 ans, accueillait les institutions de la gouvernance politique, judiciaire, religieuse, économique et militaire [3]. Malgré le transfert vers Toronto de plusieurs centres de décision au cours des dernières décennies, le secteur des finances et des assurances regroupe toujours 10% de la main-d'œuvre concentrée dans le Vieux-Montréal, comme c'est le cas pour les administrations publiques et les services professionnels

2) Le secteur du Havre comporte, avec le centre-ville, les sites les plus fréquentés de Montréal pour leurs activités culturelles et touristiques. Le réaménagement du Vieux-Port, en 1992, impulse la relance des lieux accessibles au plus grand nombre et ouvre une fenêtre sur le fleuve qui permet sa réappropriation par les Montréalais et par les touristes. La réouverture du canal de Lachine à la navigation, la tenue du Grand Prix de Formule 1 sur l'île Notre-Dame, l'organisation d'une panoplie d'événements spéciaux et l'installation de nouveaux équipements récréatifs et culturels offrent de la détente en lien avec le large fleuve Saint-Laurent qui fait face au parc Jean Drapeau [4].

Ce parc, situé sur une île qui a accueilli l'Exposition Universelle de 1967, incarne la propulsion de Montréal sur la scène internationale. Le Casino est installé dans l'ancien pavillon de la France, l'une des rares structures définitives d'Expo67, une autre occasion de patrimonialiser la ville. La majeure partie des pavillons et des aménagements n'existe plus mais plusieurs composantes ont subsisté dans le paysage des îles, sous le statut d'art public et d'architecture contemporaine. Visibles des berges du Vieux-Port ou depuis le Mont Royal, elles sont des marqueurs spatiaux (Houllier-Guibert, à paraître) qui témoignent d'un événement de grande ampleur. Enfin, la conservation et la protection du patrimoine du Havre sont prises en compte, par exemple avec le silo n°5 qui invite à élargir la notion de valeur patrimoniale à la fonction du lieu ou du bâtiment mais qui est difficile à aménager (projets d'hôtel de luxe, de salle d'innovation culturelle). Cette mise en scène de la partie historique de Montréal est parcourue chaque année par 30 000 à 40 000 passagers provenant de navires de croisière de la gare maritime internationale, Iberville, porte d'entrée pour les touristes américains.

Les activités portuaires entre passé et présent

Clichés : Ch. Ed. Houllier-Guibert, 2009

Les activités portuaires résistent (cliché de droite). Le silo n°5 (cliché de gauche), vaste friche industrialo-portuaire, a un potentiel récréotouristique qui n'a toujours pas trouvé sa vocation.

3) À l'échelle de la région métropolitaine, l'industrie de la production et de la distribution de films a été florissante depuis le début des années 1980. Au sein d'un périmètre un peu plus large que celui du Havre, se concentrent 90% des emplois d'un pôle cinéma, télévision et multimédia. Cinq sous-secteurs d'activités montrent le large spectre couvert : production de films et de vidéos, enregistrement sonore, télédiffusion, télévision spécialisée, agents d'artistes. Tous les télédiffuseurs [5] sont accompagnés de la plupart des sociétés de production privées de films et de télévision et plusieurs écoles offrent un enseignement des métiers du cinéma, de la télévision et des nouveaux médias [6]. À la Cité du Havre et au Technoparc, les studios Mel's Cité du Cinéma placent Montréal parmi les villes qui accueillent de nombreux tournages [7], même si Toronto lui tient la dragée haute sur ce plan. Cette grappe industrielle en formation peut se rapprocher de l'activité multimédia pour laquelle Montréal essaie d'apparaître comme une référence depuis les années 1990. Issu d'une convergence entre les activités de création de contenus (communications, arts, culture), de l'informatique (systèmes et logiciels) et des télécommunications (télédiffusion et réseaux), le multimédia est considéré par de nombreuses villes nord-américaines comme un secteur dynamique de la nouvelle économie (Roy, 2001).

4) Enfin, creuset de l'industrialisation du Canada et fonction économique primordiale du Havre, les activités industrialo-portuaires et ferroviaires sont toujours au cœur de la ville malgré les profonds changements depuis l'après-guerre : l'ouverture de la voie maritime en 1959 et l'adaptation au transport par conteneurs ont entraîné un déplacement des activités portuaires internationales vers l'est de l'île. Un corridor ferroviaire en activité traverse le Vieux-Port sur toute sa longueur et dessert les clients et les locataires du port de Montréal, dont les industries agro-alimentaires toujours présentes dans le secteur des bassins. Cela ne retire rien à la dimension et à l'image récréotouristiques dominantes pour le site portuaire.

Conclusion générale

À partir de l'actuel quartier du Havre qui en était le cœur économique industriel, Montréal a été la grande métropole du Canada pendant plus d'un siècle. Aujourd'hui, ce quartier a un potentiel récréotouristique, résidentiel et commercial qui élargit la centralité montréalaise grâce à des aménagements de grande visibilité. La tertiarisation de l'économie du centre-ville de Montréal correspond au mode d'urbanisation des métropoles des pays de l'OCDE. La forte présence des administrations publiques (20% des emplois) profite d'un ensemble urbain aux fonctions diversifiées, mais toujours en quête de visibilité externe, complémentaires des buildings en fière érection d'un quartier d'affaire aux allures nord-américaines classiques, empreint de densité et de modernité. La faiblesse de l'internationalisation économique de Montréal est compensée par une mise en scène urbaine qui rend la ville métropolitaine. Les sièges sociaux sont davantage à l'échelle canadienne qu'à celle du monde mais la ville a des allures de ville globale. Les décideurs montréalais misent sur un urbanisme transnational afin de mettre en valeur la ville et de lui donner un ancrage pérenne d'internationalité.

L'extension du centre-ville doit rendre Montréal plus compétitive et plus attrayante pour toutes formes d'investissements. Ses succès métropolitains sont symboliquement attribués à deux événements majeurs qu'ont été Expo67 et les JO76, considérés comme l'impulsion de l'internationalité face à un déclin de l'internationalisation. Certains projets contemporains alimentent son inscription internationale comme le Quartier international de Montréal (QIM), ou l'actuel aménagement du Quartier des Spectacles, tandis que d'autres sont repoussés ou annulés comme le déménagement du Casino sur une zone plus centrale et accessible. En plus des projets d'aménagement visibles, d'autres projets à vocation intra-territoriale comme la construction de pavillons et de centres hospitaliers universitaires, des projets immobiliers et commerciaux, fabriquent la ville et essaient d'exister en dehors des aménités internationales mises en avant.

La dimension internationale est difficilement évaluable. Elle est performative, c'est-à-dire que les élites montréalaises, que ce soient les acteurs publics, les promoteurs privés, la presse et les médias locaux, affirment une inscription internationale supposée qualitative mais rarement quantitative. En quoi le World Trade Center est-il international à Montréal si l'on sait que les entités, commerciales ou financières qui le composent sont avant tout régionales ? Les entreprises du QIM ne sont que 17% à être des sièges internationaux et les chiffres du tourisme pré-cités montrent que les flux sont d'abord locaux. Les diverses actions urbaines ont davantage le rôle d'une assise locale forte au sein d'une région, que d'une intégration dans les réseaux mondiaux qui sont encore aujourd'hui, pour l'essentiel, considérés par la dimension économique, comme en témoignent les travaux du Globalization and World Cities Research Network (GaWC) [8] qui situent Montréal comme une ville bêta.

Notes

[1] Charles-Edouard Houllier-Guibert a travaillé sur la fabrication de l'internationalité par les projets urbains lors de son post-doctorat à l'Observatoire SITQ du développement urbain et immobilier de l'Institut d'urbanisme de l'université de Montréal en 2009. Il est actuellement chercheur-associé à l'UMR ESO-Rennes. Observatoire SITQ du développement urbain et immobilier, Institut d'urbanisme de l'université de Montréal - www.observatoire-sitq.umontreal.ca/pages/equipe.htm www.sites.univ-rennes2.fr/reso/spip.php?rubrique66

[2] À Montréal, un sommet citoyen récurrent et une revue sur la démocratie municipale et la citoyenneté défendent les enjeux locaux face aux enjeux globaux et au néolibéralisme (La Tendresse, 2007).

[3] La rue Notre-Dame, entre la rue Gosford et la place d'Armes, constitue l'axe originel de ce pôle avec, à chaque extrémité, le Château Ramezay, ancienne maison des gouverneurs de Montréal et le séminaire des Sulpiciens, seigneurs de l'île jusqu'à la conquête britannique et l'abolition du régime seigneurial. On y retrouve également aujourd'hui l'Hôtel de Ville de Montréal et une partie de ses services, dont le vieux Palais de justice (85, Notre-Dame Est) occupé par le service des finances, le Palais de justice actuel, la Cour d'appel (l'édifice Ernest-Cormier actuellement en restauration), la basilique Notre-Dame et la place d'Armes qui, autrefois, fut un lieu où la justice exécutait les sentences de pendaison, et enfin, le Champ-de-Mars, lieu de parade et d'entraînement. Le développement de ce pôle institutionnel a depuis longtemps débordé l'axe de la rue Notre-Dame. Le XIXe siècle voit aussi se construire le marché Bonsecours (entre les rues Saint-Paul et de la Commune), le Parlement du Bas-Canada (incendié en 1841) et le premier édifice des commissaires du Havre de Montréal (357, rue de la Commune Ouest, actuellement occupé par la fondation Daniel-Langlois), l'ancienne École des Haute Études commerciales (1875) occupée aujourd'hui par les Archives nationales du Québec. C'est en 1937 qu'est érigé l'actuel édifice de la douane sur la rue McGill. Depuis les années 1980, ce pôle historique s'est enrichi de plusieurs ensembles institutionnels qui ont participé à un vaste projet urbain visant à rétablir la trame urbaine entre le Centre des affaires et la vieille ville. La partie Est du Havre est dominée par l'importance des administrations publiques et des services professionnels, scientifiques et techniques.

[4] Le parc Jean-Drapeau repose sur les îles Notre-Dame et Sainte-Hélène. Son achalandage s'élevait à environ 10 millions de visiteurs en 2003, tandis que plus d'un million de personnes fréquentaient le parc linéaire du canal de Lachine, à pied, à vélo, en patins à roulettes ou en bateau. Le Casino, sur l'île, attire 6,5 millions de personnes (fréquentation mieux répartie sur l'année) et le parc d'attraction permanent La Ronde et ses feux d'artifices estivaux attirent plus d'un million de personnes. Quant au Grand Prix de F1, il rassemble plus de 300 000 personnes, tandis que le Molson Indy en attire près de 150 000 au total. La Fête des Neiges, malgré l'hiver, a entraîné un achalandage de 215 000 personnes en février 2003.

[5] Société Radio-Canada, Télé-Québec, Groupe TVA, TQS, Astral Média, Molstar Sports et Spectacle, Consortium de télévision Québec-Canada inc., le Réseau des sports (RDS) inc., la chaîne CFCF.

[6] Tels l'Institut national de l'image et du son (INIS), le Centre national d'animation et de design (Centre NAD), l'école de cinéma Mel's, les départements de communication de l'UQÀM et du CÉGEP du Vieux-Montréal, le département de cinéma de l'Université Concordia, le Centre des arts et technologie de l'imagerie du Collège Dawson, l'école des métiers de l'image et des nouveaux médias de la Commission scolaire de Montréal, Cyclone arts et technologie, Parlimage inc., l'Institut Trébas.

[7] Les tournages filmographiques (québécois, canadiens et étrangers) ont engendré des investissements directs de 830 millions d'USD, avec des retombées économiques de plus de 1,8 milliard d'USD en 2000, grâce aux infrastructures de tournage et à la qualité des lieux de tournage dont le Vieux-Montréal.

[8] Concernant les travaux sur les hiérarchies urbaines dans le contexte de la globalisation, voir :
- sur Géoconfluences : Hiérarchies, classifications et typologies, de l'échelle globale à celle de la cité
- Globalization and World Cities Research Network, www.lboro.ac.uk/gawc/index.html
- Villes mondiales, les nouveaux lieux du pouvoir (Sciences humaines, Grand dossier n°17, décembre 2009 / janvier-février 2010)
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Webographie

> version électronique, www.atlas-zme.qc.ca  
> ou version papier, www.atlas-zme.qc.ca/2009/pdf/atlas.pdf

  • Observatoire métropolitain de Montréal :

> Actualité de la recherche sur les projets immobiliers et d'urbanisme de Montréal et d'ailleurs : www.observatoire-sitq.umontreal.ca
> Comparaison avec les autres villes nord-américaines : http://observatoire.cmm.qc.ca/swf/index.php

 

Charles-Edouard Houllier-Guibert,
Observatoire SITQ du développement urbain et immobilier,
Institut d'urbanisme de l'université de Montréal

pour Géoconfluences le 4 mai 2010

mise en page et réalisation web, compléments documentaires : Sylviane Tabarly

 

Mise à jour :   04-05-2010

 

 

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Pour citer cet article :  

Charles-Edouard Houllier-Guibert, « Ville internationale, image internationale, le cas de Montréal. Partie 2 : La centralité, levier de l'image internationale des villes nord-américaines. L'exemple montréalais », Géoconfluences, mai 2010.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/urb1/MetropScient8b.htm