Vous êtes ici : Accueil / Actualités / Veille / Brèves / La désertification vétérinaire des espaces ruraux fragilise les filières agricoles

La désertification vétérinaire des espaces ruraux fragilise les filières agricoles

Publié le 08/03/2019
Un article dans Le Monde daté du 7 mars 2019 aborde le problème des déserts vétérinaires ruraux.

L’article très complet conjugue un cas concret illustrant le quotidien des vétérinaires ruraux,  en l’occurrence l’intervention d’un vétérinaire de la Mayenne qui pratique une césarienne pendant un vêlage difficile, et une analyse de la désertification des soins vétérinaires dans l’espace rural français.

La densité de vétérinaires diminue, la surface à couvrir pour chacun d’entre eux augmente, et certains éleveurs peinent à trouver un praticien, quand certains vétérinaires parviennent difficilement au seuil de rentabilité. La crise des vétérinaires ruraux, précise l’article, accompagne celle de l’élevage français, autant qu’elle l’aggrave : car le vétérinaire est un maillon essentiel des filières d’élevage.

L’article évoque ensuite les évolutions de la profession, les fortes attentes sociétales qui la concernent, avant d’évoquer des raisons de reste optimiste. Les écoles vétérinaires organisent des stages dans l’espace rural pour « casser les stéréotypes » et on observe des ouvertures de cabinets de jeunes vétérinaires, en particulier des femmes, spécialisés dans les animaux d’élevage.

Un atlas donne un aperçu de la démographie des vétérinaires.

Cet atlas complète utilement l'article du Monde et de surcroît il est en accès libre.

La profession, majoritairement masculine autrefois, est largement féminisée aujourd’hui. La moitié des vétérinaires sont des femmes, mais cette proportion s’élève à 70 % chez les moins de 35 ans. Ces jeunes vétérinaires représentent un espoir pour certains départements ruraux où leur part est élevée, assurant la relève : dans l’Allier, l’Ariège, le Cantal, la Mayenne, ou encore l’Orne, la part des vétérinaires de moins de 35 ans dépasse 35 %. À l’inverse, dans trois départements, plus d’un quart des vétérinaires ont plus de 55 ans : l’Aine, le Gers et la Haute-Marne. L’Orne présente la caractéristique d’avoir certes beaucoup de vétérinaires jeunes mais également plus de 20 % de vétérinaires de plus de 55 ans.

Vétérinaires de moins de 35 ans

Vétérinaires de moins de 35 ans

Vétérinaires de plus de 55 ans

Vétérinaires de plus de 55 ans carte

Source : Conseil national de l’Ordre des vétérinaires, Atlas démographique de la profession vétérinaire 2017Décembre 2017 [pdf].

38 % des vétérinaires déclarent une spécialisation dans les animaux de rente. Cette proportion est en légère diminution. En fait, il y a une forte diminution des vétérinaires exclusivement consacrés à cette spécialisation, compensée par une forte augmentation de ceux qui associent animaux de rente et animaux de compagnie.

La répartition des vétérinaires en fonction de leur spécialité reflète celle des animaux qu’ils soignent : les vétérinaires spécialisés dans les animaux de compagnie sont concentrés dans les grandes régions urbaines, les spécialistes des animaux d'élevage dans les bassins de production. On trouve ainsi logiquement une surreprésentation de vétérinaires spécialisés dans les porcins en Bretagne, ou de praticiens spécialisés dans les équins en Normandie et en Île-de-France, ainsi que dans les couronnes périurbaines des grandes villes.

Les bovins et les vétérinaires spécialisés dans les animaux de rente

Vétérinaires spécialisés animaux d'élevage + UGB

On peut reprocher à la carte de représenter des stocks en plages de couleurs, mais après tout, les départements ayant une superficie comparable, la carte donne une approximation de nombre de bovins par hectare. En cercles proportionnels, le nombre de vétérinaires spécialisés dans les animaux de rente.

Source : Conseil national de l’Ordre des vétérinaires, Atlas démographique de la profession vétérinaire 2017Décembre 2017 [pdf].

Les vétérinaires sont originaires de quatre écoles nationales situées à Lyon, Nantes, Paris et Toulouse, auxquelles il faut ajouter la Belgique qui forme plus de praticiens français que chacune de ces écoles.

Un projet pour favoriser l’installation des vétérinaires dans les territoires ruraux dans le Massif Central

« Le projet VeTerrA Massif central – Vétérinaires et Territoires ruraux Attractifs, porté par l’UMR Métafort, s’est intéressé aux conditions susceptibles de favoriser l’installation durable de vétérinaires soignant les animaux d’élevage dans le Massif central. Il apparaît que les représentations des territoires ruraux jouent un rôle clé dans les choix de carrière des étudiants vétérinaires vers cette pratique rurale. »

Ce projet de recherche vise aussi à produire de la donnée sur un phénomène qui est pour l’instant très peu quantifié, en dehors de l’atlas précédemment évoqué.

Sources :

Le législateur commence à aborder la question des déserts vétérinaires

Un rapport en vue du projet de loi de finance pour 2019 sur l’agriculture, l’alimentation, la forêt et les affaires rurales pointe spécifiquement la question des déserts vétérinaires ruraux : « La revalorisation du métier de vétérinaire rural doit être une priorité ». Reprenant les données de l’atlas abordé plus haut, ce rapport pointe l’existence de cantons qui sont, ou risquent de devenir à moyen terme, des déserts vétérinaires. Les cantons de La Hague (Manche), Couserans Est (Ariège), Causses-Rougiers (Aveyron), ou Phalsbourg (Moselle) ont par exemple peu de vétérinaires mais un nombre élevé d’UGB (unités de gros bétail) (voir la carte p. 30 de l’atlas).

Quelques exemples dans la presse