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Travailler sur les friches militaires en classe

Publié le 11/01/2019

La chercheuse Stéphanie Lotz-Coll, spécialiste des friches militaires urbaines, a publié récemment dans Carnets de géographes un article intitulé « La friche militaire urbaine, un nouvel espace convoité ? ». Cela peut fournir des pistes pour étudier avec les élèves les quartiers de friches militaires à proximité de l'établissement.

Un très grand nombre de sites en France

Première raison pour les étudier, les friches militaires sont faciles à trouver. La circonscription obligatoire à partir du XIXe siècle a entraîné la construction de nombreux bâtiments militaires, notamment des casernements, sans parler des fortifications qui ceignaient de nombreuses villes avant d’être abandonnées (on se rappelle des « fortifs » parisiennes, longtemps restées en friche avant de devenir le boulevard périphérique). La reconversion des friches militaires n’est donc pas un phénomène nouveau. À Lyon, le quartier Jean Macé autour de la mairie du 7e arrondissement s’est construit entre 1920 et 1960 à l’emplacement de l’ancienne fortification de la ville. On trouve d’anciens sites militaires partout sur le territoire : dans le Nord-Est de la France, mais aussi près des frontières, sur les littoraux (bases navales), dans l’intérieur du pays (bases aériennes) et près des grandes agglomérations.

La fin du service militaire et la professionnalisation de l’armée à partir de 1997, ainsi que les évolutions technologiques et stratégiques du début du XXIe siècle, ont abouti à une réorganisation profonde du fonctionnement de l’armée française. La réforme de la carte militaire à partir de 2008 a abouti à la fermeture de 83 sites, parfois en plein cœur des agglomérations Ces sites suscitent la convoitise des collectivités locales qui y voient une réserve foncière.

Enseigner la géographie avec la démarche prospective

Les friches militaires permettent de réfléchir à la ville de demain (6e « habiter une métropole ») à l’aménagement du territoire (3e « pourquoi et comment aménager le territoire français »), et aux futurs programmes du lycée (« des métropoles inégales et en mutation » en 1ère). Elles offrent l’occasion de se placer dans une démarche prospective, laquelle consiste, à partir d’une sortie dans un territoire proche des élèves, à établir un diagnostic de la situation actuelle, et à imaginer des scénarios d’évolution pour ce territoire.

Quelques exemples de friches militaires :
  • À Albi, la caserne Lapérouse, qui accueillait un régiment de parachutistes jusqu’en 1992, a été transformée en université. Elle accueille 2 800 étudiants.
  • À Brest, les anciens ateliers de construction navale, 11 hectares en plein centre-ville sur le Plateau des Capucins dominant la Penfeld (le fleuve côtier qui traverse la ville) vont être convertis en bureaux et logements.
  • À Draguignan, la ZAC Chabran, une friche militaire de 11 hectares, a été reconverti en quartier multifonctionnel après dépollution du site et destruction de certains bâtiments.
  • À Limoges, l’ancienne base aérienne de Romanet a été rachetée par la communauté d’agglomération pour dégager du foncier industriel et tertiaire. Le site de 18 hectares avoisine une zone industrielle.
  • À Lyon, une caserne et un fort sont progressivement reconvertis en un parc urbain dans un quartier densément peuplé : le parc Blandan (17 hectares).
  • À Nancy, la caserne Molitor a été reconvertie en site universitaire. Le campus de 10 hectares, inséré dans le tissu urbain, accueille aujourd’hui l’École nationale supérieure d’art, l’École des mines et l’ICN Business school.
  • À Metz, la base aérienne 128 de Metz-Frescaty, fermée en 2011, aurait dû accueillir les locaux de la société Écomouv’, chargée de collecter l’écotaxe avant l’abandon du projet par le gouvernement français.
  • À Mulhouse, la caserne Drouot, construite par les Allemands en 1908 et acquis par la ville en 1997, a été reconvertie en quartier comprenant des logements, des bureaux et des locaux administratifs, ainsi qu’un village artisanal de 8 200 m² dédié aux petites entreprises.
     

Sources : Metz et Albi : AFP et 20 minutes ; Brest, Draguignan, Nancy et Limoges : Servir le Public, dossier « Friches militaires, une opportunité pour les collectivités » ; Lyon : Grand Lyon ; Mulhouse : S. Lotz-Coll.

Pas de friche militaire près de l'établissement ? Il existe toutes sortes de friches.

Stéphanie Lotz-Coll en dresse une liste : friches industrielles, ferroviaires (« 4000 km de voies de chemin de fer inutilisées [qui] suscitent l’envie des collectivités »), portuaires, administratives, hospitalières (liées à la politique de concentration des établissements hospitaliers), friches d’habitat ou encore commerciales…

Chaque type de friche a des spécificités : La friche militaire, fermée et d’accès réglementé, elle est souvent coupée du tissu urbain (la chercheuse parle d’une « ville dans la ville ») et sa reconversion implique de la réintégrer au reste de la ville. Certains sites nécessitent une dépollution.

Des outils pour voyager dans le temps
  • L’application Remonter le temps proposée par l’IGN permet de comparer le même espace à des époques différentes.
  • Le site Rumsey.mapranksearch permet de rechercher une carte ancienne en navigant sur un planisphère.
     
Le parc Blandan à Lyon dans l'application Remonter le temps : aujourd'hui et au milieu du XXe siècle

Parc Sergent Blandan carte état major et vue satellite actuelle
L'application Remonter le temps de l'IGN. Remarquer les entrepôts dans l'angle sud-est (image de droite) transformés aujourd'hui en espaces de loisirs (image de gauche). Voir dans l'application.


Références