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Organisations régionales et intégration : des exemples

Publié le 10/01/2013

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La classification proposée ci-dessous est d'ordre pratique mais certaines organisations ont des regroupements transversaux.

Afrique de l'Ouest

La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao, siège à Abuja au Nigéria), plus la Mauritanie, devrait constituer une zone de libre-échange euroafricaine. Les négociations, entamées depuis septembre 2003, ont pour but d'aboutir en 2020.

Une Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) regroupe des États francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo) ainsi qu'un État lusophone, la Guinée-Bissau. La monnaie commune aux huit pays est le F CFA (franc de la Coopération financière en Afrique centrale), lié à l'€ par une parité fixe. Elle procure à la région une certaine stabilisation dans le domaine macro-économique. Au demeurant, la parité fixe avec l'€ peut être handicapante lorsque ce dernier est surévalué sur les marchés des changes. Les actions de l'Uemoa s'inscrivent dans le cadre de la Cedeao dans le sens de l'intégration économique : la monnaie commune impose la mise en œuvre d'une politique économique intégrée. L'Uemoa doit permettre l'adoption de critères de convergence : maîtrise de l'inflation et de l'endettement, politiques sectorielles en faveur de la construction d'un marché commun. Ces deux organismes ont un même objectif : libéraliser et fluidifier les échanges, créer un tarif extérieur commun et favoriser l'union monétaire.

Afrique centrale et orientale

La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac) regroupe le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée-Equatoriale, la République Centrafricaine et le Tchad, États francophones non membres de l'Uemoa. Elle s'ancre dans l'ex-AEF et s'est substituée à l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale (UDEAC) en 1994 pour renforcer l'intégration communautaire entre les six pays membres. L'unité monétaire et la garantie par le Trésor français du F CFA émis par la Banque centrale des États de l'Afrique Centrale (BEAC qui siège à Yaoundé), confère une forte identité à ce regroupement territorial.

La Communauté économique des États d'Afrique centrale (Ceeac), créée en 1983 (siège à Libreville) rassemble en effet les pays de l'actuelle Cemac et ceux de la CEPGL, plus Sao Tomé et Principe. Longtemps moribonde, la Ceeac reprend vie depuis 1998. L'Angola l'a rejoint ce qui entérine, avec le retour à la paix, les ambitions économiques et militaires de ce pays dans la région. Ce processus de regroupement correspond à ces "États-Unis d'Afrique latine" dont Barthélemy Boganda préconisait la constitution dès avant 1960 pour former un bloc majoritairement catholique et francophone destiné à contrebalancer l'influence de l'Afrique anglophone et protestante. (R. Pourtier). Cet élargissement à l'Angola offre à la Ceeac une large façade atlantique favorable au désenclavement des régions méridionales de la RDC et présente une indéniable cohérence spatiale et culturelle.

La Communauté d'Afrique de l'Est (EAC / East African Community), créée en 1967, regroupe Kenya, Ouganda et Tanzanie. De même que l'Afrique centrale de tradition française se perpétue dans la Cemac, l'Afrique orientale britannique et ses institutions coloniales trouvent leur prolongement à travers l'EAC, dans les domaines des transports et des douanes notamment. Après avoir éclatée en 1977, l'EAC a fait l'objet d'un nouveau traité en 1999, au terme d'un long processus, avec, entre autres, le soutien diplomatique et financier de la Grande Bretagne et de l'Allemagne. Une union douanière est entrée en vigueur le 1er janvier 2005.

L'existence de l'EAC témoigne de la force des héritages : héritages précoloniaux que perpétuent l'usage du swahili et la vitalité des réseaux marchands élaborés depuis des siècles à partir des comptoirs arabes de l'océan Indien ; empreinte britannique inscrite dans l'organisation de l'espace ; legs institutionnels et pratiques culturelles. Le Rwanda et le Burundi, dépendants pour leurs échanges extérieurs terrestres du transit par les pays de l'EAC, ont entamé des pourparlers en vue d'une adhésion à la Communauté.

Cône sud

La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC / Southern African Development Community) illustre la place nouvelle que tient l'Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid et exprime sa volonté de jouer un rôle continental. Sa création, en 1992, a mis un terme à l'opposition entre les pays de la "Ligne de front" du temps de la Guerre froide. Elle inclut l'ensemble des pays d'Afrique australe, la Tanzanie et la RDC. L'adhésion de la RDC à la SADC se justifie par l'importance de ses échanges économiques avec l'Afrique du Sud, actuellement principal exutoire des produits miniers du Katanga, acheteur d'électricité en provenance d'Inga, et important fournisseur de produits agricoles et industriels.

Le Marché commun d'Afrique australe et orientale (Comesa / Common Market for Eastern and Southern Africa, siège est à Lusaka en Zambie) a été créé plus récemment, en 1994. Elle constitue un vaste ensemble hétéroclite, d'orientation Nord-Sud depuis l'Égypte jusqu'à la Namibie. Il est surtout destiné à contrebalancer l'influence de l'Afrique du Sud dont maints pays de l'Est du continent redoutent l'hégémonie. Ni le Botswana, ni l'Afrique du Sud, ni le Mozambique n'ont adhéré au Comesa qui envisage la fusion avec l'Union douanière de l'Afrique australe (SACU).

Carte réalisée par Hervé Parmentier, ENS-LSH

Synthèse : Sylviane Tabarly

Pour citer cet article :  

« Organisations régionales et intégration : des exemples », Géoconfluences, janvier 2013.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/etpays/Afsubsah/popup/Integration.htm