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La Chine entre espaces domestiques et espace mondial

La Chine, des statistiques à la carte (environnement, aménagements) - Application : une politique forestière volontariste

Publié le 04/10/2010
Auteur(s) : Paul Arnould, professeur émérite - Université de Lyon, ENS de Lyon
Hervé Parmentier, I.G.E. cartographe/géomaticien - ENS de Lyon, UMR 5600 EVS
Sylviane Tabarly, professeure agrégée de géographie, responsable éditoriale de Géoconfluences de 2002 à 2012 - Dgesco et École normale supérieure de Lyon

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L'appareil statistique officiel chinois reste marqué par une certaine suspicion, héritage des manipulations politiques du passé et placé sous le contrôle étroit d'un régime de nature autoritaire. Les statistiques sont, en Chine, éminemment politiques : la carrière des cadres provinciaux et municipaux dépend des chiffres de croissance, de l'évolution du taux de chômage, des résultats dans le traitement de la délinquance, du nombre d'usines polluantes qu'ils font fermer. Tout ceci peut inciter au maquillage... et à une comptabilité "créative" ! Mais ce n'est pas le privilège de la Chine.

Il convient donc d'interpréter et d'utiliser les données statistiques sur la Chine avec une certaine circonspection. D'un point de vue qualitatif, il subsiste la question cruciale de la qualité des enquêtes, des méthodes et des formes de dépouillement des bureaux locaux de statistiques. Sans une connaissance approfondie de la société chinoise, il est parfois difficile, voire impossible, de s'y retrouver dans certaines statistiques officielles. Certains économistes chinois se livrent à des exercices de décryptage, en recoupant les données officielles avec les informations qu'ils ont eux-mêmes recueillies sur le terrain. Par ailleurs, le rythme de la croissance chinoise, l'évolution des institutions du pays, nécessite un appareil statistique réactif qui conduit à l'adoption fréquente de nouvelles définitions et de nouvelles règles et législations. L'analyse diachronique des données est donc à prendre avec certaines précautions.

Cependant, poussée par son ouverture et par ses engagements internationaux (au sein de l'OMC et d'autres instances régionales ou multinationales) la RPC s'efforce de développer un appareil statistique crédible, autorisant les comparaisons à l'échelle mondiale. Les nécessités de bonne gouvernance du développement accéléré du pays sont aussi un facteur encourageant les autorités chinoises à faire des efforts de transparence et de contrôle. Le gouvernement a besoin d'outils de référence statistiques afin de déterminer et d'évaluer sa politique économique, de définir ses priorités en termes d'aménagement du territoire, de répartition des aides, etc.

Ainsi, la situation évolue progressivement. Le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire a adopté, le 27 juin 2009, une loi organisant un nouveau système statistique entré en vigueur le 1er janvier 2010. La nouvelle loi prévoit des peines plus lourdes pour des délits comme la falsification de statistiques. En 2008, 17 300 infractions aux règlements relatifs aux statistiques avaient été recensées, rapporte le site de l'agence de presse officielle chinoise Xinhua. La relativement bonne accessibilité, à l'international (versions disponibles en anglais), des statistiques est à souligner.

En conclusion la construction d'un outil statistique progresse, et le gouvernement en a besoin, ce qui est un gage de sérieux croissant, tant vis-à-vis de sa gouvernance et de sa légitimité nationales, que de son image internationale. Mais pour de multiples raisons locales, les statistiques peuvent être des résultats orientés politiquement, tout comme dans d'autres pays, y compris occidentaux et européens. Et, si les spécificités nationales relatives aux définitions, concepts, procédés de recueil de l'information et méthodes d'estimation, limitent l'emploi des données pour procéder à des comparaisons internationales, elles peuvent cependant être tout à fait utilisées comme indicateurs de tendances.

Avec tous nos remerciements à François Gipouloux (Centre d'Études sur la Chine moderne et contemporaine, EHESS) et à Stéphane Corcuff (Sciences Po Lyon et Institut d'Asie orientale) pour leurs conseils et relectures.

 

Sources et ressources

Différentes données statistiques :
  • Bureau national des Statistiques (BNS, National Bureau of Statistics / NBS) compile les données du Chinese statistical yearbook et des Provincial yearbooks : www.stats.gov.cn/english

> National and International Standards : www.stats.gov.cn/english/statisticalstandards

Articles et réflexions sur la fiabilité des statistiques chinoises :

 

Réaliser des cartes thématiques (cartographie interactive)

Cet outil de cartographie interactif permet une analyse en cartes choroplètes et en figurés proportionnels. L'application, réalisée avec le logiciel de webmapping Geoclip par Hervé Parmentier, cartographe à l'ENS de Lyon (UMR 5600 Environnement, ville et société), permet de produire des cartes au format flash  et de les éditer.

Les données statistiques utilisées dans le cadre de la conception et de la réalisation de ce Géoclip proviennent pour la plupart du Bureau national des Statistiques (BNS, National Bureau of Statistics / NBS, Statistical Yearbook). Ces statistiques ne sont pas toutes recueillies conformément aux normes internationales, les méthodes de collecte ont des défauts que le gouvernement chinois admet volontiers. Il n'y a pas toujours la transparence souhaitable sur les méthodes d'échantillonnage de ces statistiques qui ne sont pas toujours croisées avec d'autres sources de collecte afin de vérifier leur exactitude (voir supra).

Ce sont parfois des résultats d'échantillonnages. En effet, depuis le dernier recensement général de la population qui remonte à 2000, les statistiques concernant la population (taux de fécondité, de mortalité, de croissance naturelle et sex ratio) sont réalisées sur un échantillonnage (recensement par sondage) qui varie entre 0.887‰ de la population totale en 2008 à 0,982‰ pour 2004. Dans l'attente d'un nouveau recensement général, les résultats doivent donc être pris avec une possible marge d'erreur.

Aménagements, environnement, 2003 à 2008

Le maillage est celui des des 31 entités spatiales chinoises : provinces (22), régions autonomes (5) et municipalités (4). Les items portent sur : l'agriculture et l'occupation du sol ; les forêts, réserves et parcs naturels ; la gestion de l'eau et des déchets ; les transports.

Cartographie interactive : lancer l'application,
(nouvelle fenêtre)

Version du 18 octobre 2010

Pour pouvoir utiliser ce logiciel, vous devez, si nécessaire, installer le plug-in lecteur flash d'Adobe : www.adobe.com/.../download/.../Version=shockwaveFlash&Lang=French

Pour une prise en main initiale du Geoclip, consulter ce document

Il s'agit d'une version bêta, n'hésitez pas à faire part de vos remarques et suggestions en vue de l'amélioration de cette application cartographique: geoconfluences@listes.ens-lyon.fr

Liste des 31 entités spatiales du Geoclip (22 provinces, 5 régions autonomes et 4 municipalités) : Anhui, Beijing, Chongqing, Fujian, Gansu, Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hainan, Hebei, Heilongjiang, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Jilin, Liaoning, Nei Mongol (Neimenggu), Ningxia, Qinghai, Shaanxi, Shandong, Shanghai, Shanxi, Sichuan, Tianjin, Xinjiang, Xizang, Yunnan, Zhejiang. Voir l'entrée maillage administratif du glossaire du dossier.

Un exemple : une politique forestière volontariste (proposition : Paul Arnould, Sylviane Tabarly)

Un regard critique sur les sources

La représentation des données concernant l'environnement et la forêt en particulier dans les maillages territoriaux correspondant aux 31 unités spatiales chinoises (22 provinces, 5 régions autonomes, 4 municipalités, des entités territoriales de dimensions très hétérogènes, de 1 650 000 km² pour le Xinjiang à 6 840 km² pour la municipalité de Shanghai) amène d'emblée à réfléchir sur un certain nombre de précautions à garder présentes à l'esprit pour interpréter la mise en espace des données statistiques. Il importe de bien savoir ce que ces séries chiffrées recouvrent et de ne pas les manipuler de façon naïve.

La première réserve à envisager concerne la définition de la forêt. Malgré les efforts de la FAO depuis un demi siècle pour produire des statistiques appuyées sur une définition communément admise par tous les États du monde, force est de constater que les critères de taux de couverture, de taille minimale des arbres, de types de forêts varient d'un État à l'autre. En Chine, où les forêts des marges des déserts et des montagnes occupent des superficies considérables, les problèmes d'attribution de certaines formations végétales à la forêt ou à la steppe, la lande, les peuplements supra forestiers (au delà de la limite de l'arbre en montagne) sont particulièrement sensibles et peuvent être sources de chiffres fortement divergents.  En Chine les statistiques distinguent souvent diverses catégories de forêts. D'après "The importance of China's forest products markets to the UNECE region" de 2009 [1], une première partition distingue, du point de vue de la propriété, les forêts d'État (42,5%) et les forêts des collectivités territoriales (57,5%) (document ci-dessous à droite). Sur le plan de la composition, les grandes distinctions portent sur les forêts de conifères, de feuillus, les forêts mixtes, l'étonnante et si particulière catégorie particulière à l'Asie du sud-est des forêts de bambous et les formations arbustives et buissonnantes (document ci-dessous à gauche). Les cinq principales essences forestières sont le chêne, le pin rouge de Chine, le sapin, le bouleau et le mélèze. Sur le plan des utilisations d'autres catégorisations sont proposées opposant forêt commerciale (56%) ; forêt de protection (38%) ; forêt à usages spéciaux (4%), telle la recherche scientifique ; forêt énergétique (2%). La distinction forêts jeunes, semi âgées, proches de la maturité et mûres est parfois utilisée. Les deux premières catégories représentent 68% du total de la couverture forestière.

Répartition des formations forestières et arbustives en Chine

Les forêts sont inégalement réparties dans le pays, concentrées surtout dans le Nord-Est et le Sud-Est de la Chine, avec de vastes zones presque sans forêt.

Le couvert forestier représente 18,2% de la superficie totale du pays, ce qui place la Chine à la 139e position mondiale, alors que, en chiffres absolus de superficie forestière, elle est au 5e rang mondial avec près de 200 millions d'ha de forêts.

Organisation générale de la filière bois en Chine

Sources :

- Center for International Forestry Research (Cifor), Forest Trends

- UNECE/FAO Timber Section - Trade and Timber Division, United Nations Economic Commission for Europe

La distorsion entre les seuils et les limites écologiques et les frontières administratives et politiques constitue une deuxième source de biais qui invite à la prudence. Les faits environnementaux concernant l'air, les eaux, les êtres vivants, animaux surtout mais aussi végétaux, sont par essence affranchis des contraintes administratives. Les nuages, fussent-il venus de Tchernobyl, ne s'arrêtent pas aux frontières. Les loups transgressent allégrement les limites des États et des régions. Les pluies acides se jouent des frontières de papier et frappent indistinctement toutes les régions industrialisées de l'hémisphère nord. Les grandes entités forestières chinoises, forêts sèches, forêts de mousson, forêt dense, forêts de montagne… se retrouvent par le jeu des données statistiques administratives arbitrairement partagées entre les frontières. Pourtant la visualisation et la représentation des données environnementales et de la géographie du vivant, en particulier dans les cadres administratifs de collecte des données, ont leur vertu. La forêt n'est pas insensible aux données de population, aux législations, aux aides, aux programmes de recherche, aux stratégies des entreprises qui réagissent dans des limites administratives bien définies. La géographie économique, sociale et politique exerce des influences fortes sur les entités écogéographiques. La cartographie des données environnementales a donc ses limites dont il faut avoir conscience mais aussi sa légitimité et son intérêt.

Les statistiques des reboisements sont également à utiliser avec précaution. L'annonce de construction d'une "grande muraille verte" estimée soit en milliers d'hectares, soit en millions d'arbres, soit en milliers de personnes, tenant le rôle de reboiseurs improvisés n'a pas grand sens en l'absence des taux de réussite à un an et encore mieux à 10 ans. L'exemple des chiffres mirobolants avancés par des pays ayant également tenté de dresser des "barrages verts" face à l'avancée du désert doit être médité. Mobiliser à grand renfort de propagande et d'effet d'annonce des scolaires, des étudiants, des militaires, main d'œuvre bénévole mais non qualifiée, peut aboutir à des résultats catastrophiques. L'exemple de ces reboiseurs d'un jour, en bordure du Sahara, oubliant de démailloter les racines des arbres venus des pépinières de leur treillis d'emballage  condamne irrémédiablement les arbres dont le système racinaire au lieu de se développer verticalement ou horizontalement se transforme en un "chignon" rabougri qui annonce une mort inéluctable. Le manque de fourniture d'eau pour aider les espèces transplantées à franchir des périodes critiques dans les périodes cruciales de leur activité végétative peut également aboutir à des taux de réussite voisins de 0%. La méfiance s'impose donc quant à la signification réelle et pérenne des chiffres de reboisements, si impressionnants en Chine qu'Al Gore, l'ex vice-président des États-Unis, dont les jugements peuvent porter à débat, a pu déclarer " … le nombre d'arbres plantés chaque année par la Chine est 2,5 fois celui du total planté dans les autres régions du monde…La Chine fait figure d'exemple en la matière.".

La lecture des cartes du géoclip permet d'amorcer un contact avec quelques aspects des forêts de Chine. La confirmation des gradients de couverture forestière allant des déserts d'Asie centrale aux forêts denses du sud et de l'est du territoire chinois se lit avec une certaine évidence. L'objectif chinois, raisonnant à l'échelle du pays, de faire passer les taux de boisements de 20% à 23% est louable. Il participe d'un souci de donner une vision d'un espace unifié alors que la mosaïque forestière devrait se prêter à des discours plus nuancés et plus régionalisés. Ce souci de raisonner de manière globale mérite donc  réflexion. Pourquoi éviter de raisonner en termes de milieux : déserts, steppe, forêts sèches, forêts denses pour privilégier des approches essentiellement normatives en termes de superficies et de taux de boisement fortement déconnectés des réalités écogéographiques ? Doit-on y voir la persistance de ce souci prométhéen de dominer la nature particulièrement vivace dans les pays sous influence marxiste ? Les milieux ne sont rien. Seule semble compter la volonté humaine et la force de l'idéologie.

Quelles politiques forestières chinoises ?

Une sélection des bulletins de veille de l'ambassade de France en Chine

- 4 juin 2010, La Chine chiffre la valeur de ses forêts écologiques

Au Bureau National des forêts de Pékin, s'est tenue le 20 mai 2010, la conférence de presse sur l'estimation de la valeur des forêts écologiques de Chine. Prof. Jiang Youxu, membre de l'Académie Nationale des Sciences, ainsi que biologiste et chercheur à l'Institut de Protection Environnementale des forêts, a révélé le montant de cette estimation. Celle-ci s'élèverait à 10.000 milliards de yuans, soit environ 1 200 milliards euros, autrement dit l'équivalent d'un tiers du PIB de la Chine [1].
Quantifier la valeur écologique des milieux permet d'intégrer la conservation de la nature dans l'aménagement des forêts, et constitue une réelle aide, multicritère, à la prise de décisions publiques, bien que cela soit délicat et complexe. Cela relève du calcul économique public [2], établi vis-à-vis des services que rend la forêt, comme la quantité de bois produite, la quantité de CO2 stockée, les autres produits de cueillette... Et à chaque entrée est attribué un prix. Ainsi, l'estimation de la valeur des fonctions des forêts écologiques réalisée en Chine, est considérée comme la condition préalable à l'estimation de valeur sur leurs bénéfices. Il s'agit d'une nouvelle tendance d'observation internationale sur les ressources forestières.
(...) www.bulletins-electroniques.com/actualites/63594.htm

- 13 mars 2009, La chine va dépenser des milliards de dollars pour la reforestation

La Chine va investir 60 milliards de yuan (8,77 milliards de dollars US) par an pour sa campagne de reforestation, destinée à atteindre un taux de 20% du pays couvert par des forêts d'ici 2010. Jia Zhibang, chef de l'administration des forêts, a indiqué que 16,66 millions d'hectares d'arbres doivent être plantées au cours des deux années à venir afin d'augmenter le taux de forestation de 18,21% actuellement à 20%.

"Nous faisons face à des difficultés énormes pour atteindre cet objectif en raison des catastrophes naturelles successives de l'année dernière", a indiqué Jia à l'agence de presse Xinhua dans une interview écrite. Une tempête de neige et un verglas exceptionnel dans les sud il y a environ un an et un tremblement de terre dans la province du Sichuan en mai 2008 ont non seulement causé d'énormes destructions et sinistres, mais aussi endommagé beaucoup de forêts, a-t-il dit. Le taux de couverture de la forêt a chuté de 0,29% après les désastres, avait-il dit la veille de la 31ème journée de la reforestation.

En dépit de ces catastrophes naturelles, la Chine est parvenu, selon des statistiques publiées par le comité "Greening national" mercredi mars, à créer 4,77 millions d'hectares de forêts en 2008, soit un accroissement de 22,1% par rapport à 2007. 540 millions de personnes ont joint leurs efforts de reforestation au cours de la dernière année, plantant 2,31 milliards d'arbres dans les montagnes, les parcs des villes, sur les campus universitaires et le long des routes et chemins de fer. (...) www.bulletins-electroniques.com/actualites/58173.htm

- 7 décembre 2009, Les plans forestiers pour lutter contre le changement climatique

L'administration Forestière d'Etat a publié un plan définissant les principes de base, les objectifs et initiatives à prendre pour lutter contre le changement climatique.

Les cinq principes de base de ce plan sont : 1) combiner les objectifs du développement forestier avec les stratégies nationales sur le changement climatique ;2) accroître la taille et la qualité des forêts ; 3) augmenter le commerce du carbone et contrôler les émissions ; 4) combiner directives gouvernementales et participation sociale ; 5) ralentir le changement climatique et s'adapter au changement.

Les trois objectifs sont : planter chaque année plus de quatre millions d'hectares de forêts pour atteindre 20% de couverture forestière au niveau national en 2010 ; planter chaque année plus de cinq millions d'hectares d'arbres pour atteindre 23% de couverture nationale en augmentant les zones boisées de 47 millions d'hectares d'ici 2020 ; atteindre une couverture dépassant les 26% en 2050. Le plan comporte 22 actions sur le changement climatique, incluant la promotion de la plantation volontaire d'arbres, l'accélération du rythme de plantation d'espèces rares, l'amélioration du recyclage du bois et la protection des zones humides. (...) www.bulletins-electroniques.com/actualites/61443.htm

- 28 mars 2008, Des chiffres sur la plantation d'arbres et le recul du désert en Mongolie intérieure

La Mongolie intérieure est la principale source des vents de sable qui touchent la capitale et les provinces qui l'entourent. D'où l'attention soutenue des autorités aux actions qui peuvent remédier à ces tempêtes, en particulier la reforestation.
Au cours de 27 années écoulées 1,2 milliard d'arbres ont été plantés dans la province, ce qui représente 256 millions de journées de TH. La Mongolie intérieure compte aujourd'hui près de 21 millions d'ha de forêts, soit 17,6% de son territoire. Il est prévu par les autorités que ce taux de couverture passera à 20% en 2010 et à 23% en 2020. Ces plantations se font sur des zones gagnées par le désert au cours du XX° siècle. (...) www.bulletins-electroniques.com/actualites/53744.htm

Note : on remarque que ces intéressants bulletins sont souvent inspirés des organes de la presse officielle chinoise, en particulier de l'Agence Xinhua ( version française : http://french.news.cn, des versions en anglais, arabe, russe et espagnol sont également disponibles), agence de presse officielle de la République populaire de Chine mais ils dénotent les principales tendances et les principaux objectifs des autorités.

Accès à notre sélection des bulletins des ambassades (nouvelle fenêtre)

Une politique volontariste, des positions conquérantes sur les marchés mondiaux

Il n'en reste pas moins qu'à l'aide d'une politique très volontariste et selon les sources officielles de l'Administration forestière d'État Chinois (AFE), en juin 2010, au cours des 58 dernières années le taux de couverture forestière du pays serait passée de 8,6% à 18,2% et le pays aurait planté 53,3 millions d'ha de forêts. Dans son rapport 2010 sur les évaluations des ressources forestières mondiales, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) classait la Chine au cinquième rang mondial par sa superficie forestières, après la Russie, le Brésil, le Canada et les Etats-Unis : les forêts couvrent 195,5 millions d'ha, dont 119,7 millions d'ha de forêt naturelle en 2008. Sur ce total, la Chine compte 61,69 millions d'ha de forêts de plantation, la plus grande superficie mondiale dans cette catégorie.

Depuis 1990, la Chine a engagé des opérations de boisement et de reboisement, notamment comme forêts de protection, pour la protection contre le vent, pour fixer les sols et retenir les eaux par exemple (document ci-dessous à droite). Selon les sources officielles (Beijing information), "en 2009, 590 millions de personnes ont participé au reboisement volontaire, plantant 2,48 milliards d'arbres, et à la fin de cette vingt-neuvième année de campagne nationale de reboisement volontaire, 12,11 milliards de personnes avaient planté 56,33 milliards d'arbres." Ainsi, en Chine du Nord, dans le cadre du "Projet du système des bandes forestières protectrices", 24,5 millions d'ha ont été reboisés et, en une décennie, le taux de couverture forestière dans les zones du projet aurait plus que doublé, passant de 5,05% à 10,51%.

Quelques caractéristiques de la forêt et de la production forestière chinoise

Couverture forestière en 2008 et évolution 2003-2008

Réalisation Géoclip

 

Documents : UNECE/FAO Timber Section - Trade and Timber Division, United Nations Economic Commission for Europe

De plus, la Chine est devenue un acteur majeur sur le marché mondial des produits forestiers transformés au cours de la dernière décennie, pour devenir l'un des principaux exportateurs de produits forestiers manufacturés, partenaire commercial majeur de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Le rapport de la FAO note que le secteur forestier chinois représente environ 4,8% du total du produit intérieur brut (PIB) du pays en 2008 et la croissance du secteur forestier de la Chine a suivi la croissance du PIB du pays. La Chine est également devenue le cinquième exportateur mondial de produits forestiers transformés, avec environ 8% des exportations mondiales et le premier exportateur mondial de meubles, après avoir dépassé l'Italie en 2005 (documents ci-dessus).

La Chine regarde aussi vers les promesses du "marché carbone" mondial [2] et sa politique est très clairement conditionnée par les avantages qu'il pourrait lui procurer. Ainsi, toujours selon le Beijing information : "La Chine a lancé une grande campagne du reboisement pour la séquestration de carbone. Groupes et individus peuvent faire des dons au Fonds vert pour le carbone de Chine (FVCC), pour acheter de la séquestration de carbone, puis le FVCC se charge de reboiser dans des lieux déterminés. Le FVCC, depuis sa mise en place le 16 février 2005, a reboisé environ 67 000 ha de forêts, devenant ainsi une plateforme importante de la lutte contre le changement climatique.
Selon des évaluations, entre 2020 et 2050, la réserve forestière de la Chine atteindra 16,5 milliards de stères. En faisant une conversion, ces bois absorberont 10 à 12% du total du dioxyde de carbone qui sera émis dans le pays."

Toutefois, malgré les programmes publics ambitieux mis en place depuis 2001 afin de favoriser la plantation de nouvelles forêts, la demande de matières premières dépasse de loin la capacité des forêts chinoises à fournir le bois dont son industrie a besoin. La Chine est ainsi devenue le troisième importateur mondial de produits forestiers avec 9% des importations mondiales. Elle importe principalement de la pâte et des déchets de papier en provenance des États-Unis, des bois ronds industriels en provenance de la Communauté des États Indépendants (CEI), du papier et de la pâte d'Europe. Traditionnellement, l'Indonésie était le fournisseur le plus important de la Chine en bois sciés. À partir de 2005, ces importations ont commencé à décliner, particulièrement pour les bois tropicaux, la ressource disponible s'épuisant et la fronde des mouvements écologistes s'amplifiant. C'est ainsi que la Russie est devenue le premier fournisseur de bois sciés de la Chine, devant les États-Unis, en 2005.

 

Notes

[1] La Chine devient un acteur global sur le marché des produits forestiers
> "The importance of China's forest products markets to the UNECE region", Forest Products Marketing Specialist, Trade and Timber Division (FAO) / United Nations Economic Commission for Europe (UNECE), document de travail, janvier 2010, www.unece.org/press/pr2010/10tim_p01f.htm et http://timber.unece.org/fileadmin/DAM/publications/dp-57.pdf

[2] Voir en corpus documentaire du dossier "Le développement durable, approches géographiques" (nouvelle fenêtre) : Le carbone : nouveaux marchés, nouveaux échanges dans le monde

Autres sources et ressources

> Publications and reports, www.forest-trends.org/publications.php?order=&keyword=15&date=&author=
> Markets for ecosystem services in China : an exploration of China's "eco-compensation" and other market-based environmental policies. A Report from Phase I Work on an Inventory of Initiatives for Payments and Markets for Ecosystem Services in China, Michael T. Bennett, Forest Trends, juin 2009 www.forest-trends.org/documents/files/doc_2317.pdf

 

 

Paul Arnould, professeur à l'ENS de Lyon, UMR 5600 EVS

Hervé Parmentier, UMR 5600 Environnement, ville et société,

et Sylviane Tabarly, ENS de Lyon / Dgesco,

pour Géoconfluences, le 4 octobre 2010

 

Mise à jour : 04-10-2010

 

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Pour citer cet article :  

Paul Arnould, Hervé Parmentier et Sylviane Tabarly, « La Chine, des statistiques à la carte (environnement, aménagements) - Application : une politique forestière volontariste », Géoconfluences, octobre 2010.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/etpays/Chine/ChineFaire4.htm