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Football

Publié le 02/02/2024
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Le football est un objet d'étude important des sciences sociales. Comme les autres sports, il intéresse les historiens, les sociologues, ou les anthropologues, pour son rôle important et ancien dans de nombreuses régions du monde, au même titre que d'autres manifestations culturelles. 

Depuis sa codification en Angleterre au milieu du XIXe siècle (Cambridge rules en 1848, fédération anglaise en 1863), le football est devenu le sport le plus pratiqué et le plus médiatisé au monde (Augustin, 2016). Il faut y voir le résultat de la diffusion internationale du modèle culturel britannique au moment où Londres occupait une place centrale dans l'économie-monde (du règne de Victoria à la première Guerre Mondiale). La Fédération Internationale de football association (FIFA) est un acteur international puissant : elle comptait 211 associations membres en 2024, soit plus que de pays à l'ONU (194). Elles sont regroupées en six confédérations d'envergure continentale. Dans les compétitions internationales, « la FIFA et les fédérations nationales se portent garantes de l'universalité des mesures de l'espace et du temps et de l'universalité des règles   les parties de football improvisées tendent également à se rapprocher de cette universalité, compte-tenu de la diffusion mondiale de ce sport (Debarbieux, 2015, p. 37). En France, la diffusion de la pratique du football peut être évaluée à l'aune du nombre de terrains. Le projet de cartographie participative OpenStreetMap avait recensé 33 808 terrains de football en juin 2018, soit presque un terrain par commune, et un terrain pour 2 000 habitants.

 
Le monde de la Fifa : les six confédérations du football
Le monde de la FIFA : carte des confédérations

Géoconfluences, 2018, CC BY-SA. Source des données : FIFA. Voir cette brève pour en savoir plus.

 

Comme d'autres sports, le football cristallise des enjeux géopolitiques, permettant à des États en conflit ou en situation de tension de s'affronter dans un cadre normalisé et codifié. L'existence d'une fédération écossaise ou galloise séparément de l'Angleterre, l'intégration d'Israël au championnat européen, sont le résultat de décisions politiques. Les exemples de débordements liés à des rivalités territoriales autour d'un match de football sont nombreux. On parle de derby au sens strict lorsque deux clubs d'une même ville s'affrontent sur le terrain. Un classico, d'un mot espagnol d'Amérique latine est un derby ayant une grande résonnance médiatique.

Le football est aussi une industrie dont les acteurs sont la FIFA (une association à but non lucratif mais dont le budget, d'après Jean-Pierre Augustin, dépasse le PIB de 50 pays), les clubs qui fonctionnent comme des entreprises capitalistes dont les joueurs sont presque les marchandises, et qui impliquent les sponsors, et les médias, notamment les chaînes de télévision, qui achètent les droits de retransmission. L'industrie du football reproduit l'inégalité des termes de l'échange au profit des pays les plus riches, même si des pays émergents comme le Brésil occupent une place de plus en plus importante dans les circuits mondiaux, ainsi que l'ensemble du Cône Sud où ce sport est implanté presque depuis ses origines. La géographie du football est aussi largement une géographie des mobilités, qui ancre l'étude de ce sport dans celle de la mondialisation culturelle. Joueurs et entraîneurs franchissent des milliers de kilomètres au cours de mobilités très brèves, le temps d'une rencontre, ou d'une migration lorsqu'ils changent de club. Les supporteurs également se déplacent pour suivre leur équipe. L'ancrage des supporteurs de la Juventus de Turin sur la côte est des États-Unis est à relier à la présence de descendants d'immigrés italiens.

En raison de son statut de sport le plus diffusé au monde, le football est aussi à l'origine de colossaux événements médiatiques comme la CAN, Coupe d'Afrique des Nations de football, qui se tient tous les deux ans, les années impaires depuis 2013, sans commune mesure cependant avec une machine économique comme l'Euro qui a lieu tous les quatre ans. Le plus importants de ces rendez-vous sportifs et médiatiques est la coupe du monde, qui a d'importants effets sur la géographie du pays organisateurs. Ce fut notamment le cas au Brésil pour l'édition 2014, pour laquelle l'édification de nombreux stades très onéreux fut critiquée par une partie de l'opinion publique, soupçonnant le gouvernement de vouloir profiter de ces opérations pour expulser les pauvres de certains quartiers.

La mondialisation de ce sport implique aussi de tenir compte des conditions climatiques lors des rencontres internationales. Les joueurs de la coupe du monde de 1986 au Mexique ont ainsi dû s'adapter à des stades situés au-dessus de 1 500 m d'altitude, comme celui de Guadalajara. Pour la coupe du monde de 2022 au Qatar, le problème fut celui des températures, très élevées en juillet dans ce pays du golfe Arabo-persique. Sept des huit stades de la coupe du monde 2022 au Qatar étaient climatisés, et la compétition fut déplacée en hiver. Enfin, l’organisation de la coupe du monde 2030 reflète à la fois la mondialisation de ce sport et la faible prise en compte des considérations environnementales : elle se déroulera dans six pays situés sur trois continents (Argentine, Paraguay, Uruguay, Maroc, Espagne, Portugal) et engendrera des déplacements aériens sans précédent.

Depuis 2013, le mode de désignation des pays hôtes de la Coupe du monde a changé : ils sont désormais élus par l'assemblée des 221 associations nationales, chacune ayant une voix. Cette procédure a été suivie en 2018, avant l'ouverture de la coupe du monde en Russie, pour désigner le pays hôte de l'édition 2026. Une candidature conjointe du Canada, des États-Unis et du Mexique l'a emporté sur celle du Maroc.

 
La géographie du sport, une géographie électorale ?

Géopolitique du foot : votes pour le Maroc et l'Amérique du Nord en 2016 pour 2026

Géoconfluences, 2018, CC BY-SA. Source des données : FIFA. Voir cette brève pour en savoir plus.

 

Jean-Christophe Gay, dans L'homme et les limites, a bien montré comment les règles sont matérialisées par les marquages au sol et incarnées par la personne de l'arbitre : « la contrainte se métamorphose, au fil du temps, en autocontrôle ou autocontention », et les normes finissent par être intériorisées. Le sport est ainsi « une école des limites » (p. 36).

« Dans un match de football, il y a donc au moins quatre formes de spatialité mobilisées : une étendue matérielle, celle de la surface sur laquelle se déroule le match, qui participe des conditions de possibilité de l'événement ; une forme constitutive du match, qui participe des règles institutionnelles et qui rapporte les objets et les emplacements à leur fonction agentive, y compris le terrain donc ; une forme phénoménologique et praxéologique, ne l'oublions pas, qui est celle dans laquelle évolue chaque footballeur et se construit en interaction ; une forme géographique qui correspond à l'aire à l'échelle de laquelle l'institution est susceptible de fonctionner. » (Debarbieux, 2015, p. 37)

Il existe aussi une géographie du terrain de football. Les commentateurs sportifs, les entraîneurs et les joueurs, outre le vocabulaire militaire (tactique, stratégie, offensive, capitaine, débâcle...) utilisent abondamment le champ lexical de l'organisation de l'espace (milieu, arrière, déborder sur les côtés, bloquer les espaces, déploiement...). Si les Lois du jeu (IFAB, 2016, p. 34) définissent les dimensions du terrain, elles n'en donnent qu'une fourchette : de 90 à 120 m pour la ligne de touche, contre 45 à 90 m pour la ligne de but, celle-ci devant être obligatoirement plus courte que celle-là. Un terrain de football a une superficie moyenne d'environ 70 ares, soit 0,7 hectare. Cette dimension est fréquemment utilisée pour donner des ordres de grandeur de superficie, au point qu'elle semble devenir une unité de mesure pour décrire certains phénomènes (on lira par exemple, sur des sites internet d'écologie, que la déforestation de la forêt amazonienne représente 2 000 terrains de football par jour, ou un terrain toutes les 7 secondes).

(JBB), juin 2017. Mises à jour : juin 2018, (SB et CB) février 2024.


Pour compléter avec Géoconfluences
Liens externes
  • Jean-Pierre Augustin (dir.), « Le sport, une géographie mondialisée », La Documentation photographique, juillet-août 2016, La Documentation française
  • Bernard Debarbieux, L'espace de l'imaginaire, essais et détours, CNRS éditions, 2015, 306 p.
  • Bertrand Piraudeau (dir.), Le football brésilien. Regards anthropologiques, géographiques et sociologiques, Paris, L’Harmattan, 2014, 209 p. Compte-rendu de Jean-Marc Goglin sur La Cliothèque.
  • Gillon P., Grosjean F., Ravenel L., 2010, Atlas du sport mondial. Business et spectacle : l'idéal sportif en jeu, Paris, Autrement, 80 p. Compte-rendu des Cafés géo
  • Ronan David, Fabien Lebrun et Patrick Vassort, Footafric. Coupe du monde, capitalisme et néocolonialisme, éditions l’Echappée, 2010. Compte-rendu de Cyril Froidure sur La Cliothèque
  • Le Dessous des cartes sur Arte, Géopolitique du football, 2010.
  • IFAB, Les Lois du jeu, 2016 [pdf] 
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