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Sans-terre, Mouvement des sans-terre (MST)

Publié le 10/01/2023
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Les « Sans-terre » sont les paysans d'Amérique latine qui ne possèdent pas de terre pour cultiver. Le mouvement des sans-terre (MST) désigne une organisation paysanne brésilienne militante qui œuvre pour une répartition plus équitable des terres : sur les 70 millions d’hectares cultivés au Brésil, près de 40 millions d’hectares sont détenus par un petit nombre de grands propriétaires terriens (environ 300), quand des millions de familles n’ont pas les moyens de posséder un lopin de terre. Les Sans-terre militent donc pour que les paysans ne possédant pas de terre disposent de terrains pour pouvoir cultiver.

Les revendications paysannes avaient donné lieu à des premières coordinations par les Ligas Camponesas (Ligues Paysannes, mouvement paysan fondé en 1954) ayant fait preuve d'un très fort activisme dans le nord-est brésilien jusqu'à ce qu'il ne soit devenu illégal sous la dictature militaire en 1964, mais aussi par des organisations liées à l'Église Catholique, des syndicats de travailleurs ruraux et par le Movimento dos Agricultores Sem Terra (MASTER) créé en 1958 au Rio Grande do Sul

À l'issue d'une longue trajectoire de lutte sociale clandestine sous la dictature militaire (1964-1985), avec le retour à des pratiques démocratiques, le Mouvement des sans-terre (Movimento dos Sem Terra) a été créé officiellement en janvier 1984. Pour certains, l’occupation de la fazenda Anoni (Rio Grande do Sul) en 1976 fonde le MST, puisque c’est un des principaux symboles de la lutte contemporaine pour la terre au Brésil. L'entrée en scène du MST, son ascension et sa médiatisation ont redirigé les revendications sociales rurales d'un problème de conditions d'emploi (plutôt portées par la Confédération Nationale des Travailleurs de l'Agriculture, la CONTAG) vers un problème d'exclusion et d'accès à la terre.

Le MST s'est rapidement étendu à toute la fédération. Son organisation autogérée et ses idéaux collectivistes et populaires ont séduit bon nombre d'exclus ruraux, mais aussi d'habitants des favelas. La réelle concentration foncière légitime les revendications du mouvement aux yeux d'une partie de la société et stigmatise la mobilisation sociale des campagnes. La popularisation de la cause des Sans terres au début de la présidence de Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) s'est accompagnée d'une augmentation des occupations foncières, encouragées par les déclarations du président entrant en faveur d'une redistribution des terres. Si les années 2001 et 2002 ont marqué une trêve dans les occupations foncières, elles sont reparties à la hausse après l'arrivée au pouvoir du président Lula en 2003 et après ses prises de positions marquées en faveur d'une redistribution des terres.

Néanmoins, depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro en 2019, le mouvement fait l’objet d’attaques répétées et les Sans-terre sont considérés par le gouvernement comme des terroristes. Ils sont en effet nombreux à faire l’objet d’expulsions forcées, le gouvernement soutenant largement le secteur de l’agro-industrie, l’agrobusiness et les grands propriétaires terriens. Le nombre d’homicides liés à des conflits fonciers a explosé.

Le principal mode d'action du MST, au-delà du lobbying politique, consiste à occuper des terres jugées improductives ou leurs environs (souvent des terres publiques en bordure des routes) en y installant des acampamentos, campements sauvages réunissant quelques dizaines à quelques centaines d'individus, reconnaissables aux bâches de plastique noir qui recouvre les « tentes ». Ces acampamentos sont destinés à entretenir une pression sur les propriétaires terriens et les pouvoirs publics afin d'obtenir des lots de terres sur lesquelles ils pourront installer des assentamentos.

(ST). Dernière modification (LF) en juin 2021.


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