Inégalités et pauvreté en Russie
Malgré l'importance des richesses naturelles de la Russie et la croissance des revenus enregistrée ces dernières années, la pauvreté touche une large part de la population. Le salaire moyen est de 200 euros par mois et il est souvent bien inférieur à cette somme en dehors de la capitale.
La fin, plus ou moins précipitée, des avantages sociaux hérités de l'URSS a fait basculer certaines couches de la population dans la précarité et la pauvreté. Les catégories les plus touchées, les plus vulnérables, sont les retraités et les populations rurales, particulièrement touchées par la fin de la gratuité de nombreux services publics. Une grande majorité des 35 millions de retraités russes, les professeurs ou les employés des grandes usines d'État paralysées, les professionnels de la santé et les chercheurs, ont vécu l'effondrement du communisme et le post-communisme comme un désastre individuel, familial et national. Beaucoup doivent cumuler plusieurs emplois, recourir à des activités du secteur informel et à la "débrouille", pour conserver des revenus suffisants.
Les inégalités des revenus sont considérables : en 2000, l'écart de revenu entre les 10% de Russes les plus riches et les 10% les plus pauvres était égal à 14. Le décile supérieur se partage 30% de l'ensemble des revenus (données 2004). À l'inverse, les 10% des familles les plus pauvres en reçoivent 2% et le fossé paraît s'accroître. L'économie informelle doit cependant être prise en compte. Un récent rapport de la Banque mondiale* évalue au 1/5e la part de la population vivant dans la pauvreté. Cependant, de 1999 à 2004, le revenu réel de la population a augmenté de 50% et le nombre de pauvres a baissé d'un tiers, ce qui résulte principalement des effets de la rente énergétique. On peut percevoir l'émergence d'une classe moyenne en Russie qui représenterait environ 20% de la population en 2004 selon une estimation du quotidien Izvestia.
Du point de vue territorial aussi, le développement de la Russie est fort inégalitaire : 80% de la richesse en Russie est concentrée à Moscou. De nombreuses oblasts, des petites villes, les campagnes dans leur immense majorité, ne participent pas au développement et constituent autant de poches de sous-développement. Côte à côte cohabitent des pôles de développement et des poches de sous-développement sans que les premiers ne réussissent à diffuser sur les seconds. Une plaisanterie russe décrit ainsi la situation : "En fait, il y a trois Russie : celle du dollar - de l'aéroport international à la banlieue de Moscou ; celle du rouble - le long des grands axes routiers - et celle du troc, c'est-à-dire tout le reste".
Le rapport de la Banque mondiale sur la Russie : http://www.worldbank.org/en/country/russia
Mise à jour : février 2005