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Lois de l’espace

Publié le 18/10/2022
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Les lois de l’espace sont des lois, au sens scientifique du terme, s’appliquant à l’espace des sociétés humaines. La théorisation de lois de l’espace a connu un temps fort épistémologique en géographie des années 1970 aux années 1990, en concomitance avec l’essor de la modélisation spatiale, et grâce aux capacités de calcul permises par l’informatique. Si ce champ reste attaché à cette époque de la discipline géographique, son legs méthodologique reste vivant aujourd’hui, à travers les méthodes quantitatives, les analyses de réseaux ou les modèles gravitaires (voir polygones de Voronoï).

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« Si multiples soient les acteurs, si complexes soient les actions, si brouillées soient les images qui s’en forment et qui guident les décisions, la production de l’espace ne se résout pas dans l’informe et le désordonné. L’espace géographique est organisé, il a ses lois, ses structures et ses règles de transformation. Les lois fondamentales de l’espace géographique tiennent à la distance et à l’espacement : distance par rapport aux centres et lieux d’action, espacement des personnes et des activités. »

Roger Brunet (2017).

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Roger Brunet (2017) identifie deux composantes dont découlent toutes les lois de l’espace : la distance et l’espacement. Il en découle quatre « règles » d’usage qu’il appelle la cible, la base, le relais et le cantonnement. La cible représente ce que l’acteur veut en s’installant ici et pas ailleurs ; la base, c’est l’étendue sur laquelle s’exerce l’action, qui détermine l’espacement ; le relais est ce qui permet de se projeter au-delà de cette base ; et le cantonnement détermine les limites, imposées par la présence des voisins ou la capacité intrinsèques d’un acteur à occuper l’espace.

Le même auteur (ibid.) qui a fortement contribué à populariser l’analyse de l’organisation de l’espace à travers des lois de l’espace, notamment en proposant, avec la chorématique, une transcription efficace en direction de la géographie enseignée, n’est lui-même pas dupe des écueils de la démarche :

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« Ils [certains chercheurs] ont parfois cru, ou laissé croire, que les lois de l’espace géographique avaient une existence en soi, indépendante de l’action humaine. Or, comme l’espace lui-même, les lois de l’espace n’ont de réalité que dans la mesure où elles expriment des relations sociales, où elles ont une logique sociale. Elles concernent des populations concrètes, leurs échanges et leurs œuvres.

« La géographie se déploie ici entre deux aliénations : chercher des lois sans s’interroger sur les pratiques qu’elles recouvrent, des lois comme immanentes ou célestes ; ou nier toute loi de l’espace parce qu’il n’y aurait de loi que de la société, ou même de l’« économique », voire du « politique », non moins réifiés à leur tour. »

Roger Brunet, 2017.

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(JBB) octobre 2022.


Références citées
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