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Toponyme, toponymie

Publié le 22/01/2024
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Un toponyme est un nom de lieu, et la toponymie est l’étude des noms de lieux. Les toponymes se déclinent en de nombreuses variantes sur la même racine : hydronymes, oronymes (reliefs), odonymes (rues et espaces publics)… Le géographe Roger Brunet a consacré une partie de sa carrière à l’étude de la toponymie française, rassemblant dans une somme 25 000 noms de lieux (Brunet, 2016).

La toponymie fait partie des indices laissés par les sociétés, généralement passées, sur les territoires. Ainsi, de nombreux espaces urbanisés au cours du XXe siècle portent les noms des paysages qui les ont précédés : rue des Vignes, quartier des Charmilles, rue des Grands champs, etc.

L’étude de la toponymie est souvent cantonnée à l’exercice scolaire du commentaire de carte topographique, dans laquelle elle fournit des hypothèses pour les évolutions de temps long, tout en faisant l’objet de fréquents contre-sens, puisqu’il n’y a bien souvent plus de moulin au lieu-dit Le Moulin, pas plus que stockage de grain au lieu-dit La Grange.

Une carte dépourvue de toponymes est une carte muette, théoriquement à éviter en cartographie sauf dans un but bien précis, comme celui d’interroger les élèves.

La toponymie est aussi porteuse de conflits mémoriels, en particulier en contexte postcolonial, mais plus généralement à chaque fois qu’un toponyme renvoie à une figure contestée ou à un passé douloureux : ainsi le mont McKinley a été rebaptisé depuis son nom amérindien, mont Denali, et des villes voire des États ont été rebaptisés à l’occasion des indépendances (Rhodésie, Haute-Volta…). Les odonymes font aussi l’objet de conflits mémoriels, en particulier parce qu’ils reflètent une politique d’hommage liée à une société passée (souvent très masculine, avec invisibilisation des minorités).

En constante évolution au fil des siècles, la toponymie connaît depuis plusieurs décennies une période d'intense renouvellement, dans le monde entier, ce que les géographes appellent la néotoponymie (Giraut et al., 2008). À l'échelle des États, la décolonisation a entraîné un grand nombre de changements de noms, auxquels peuvent s'ajouter la volonté de tel ou tel régime de rebaptiser son pays (Zaïre puis R.D.C) ou sa capitale (la capitale du Kazakhstan Astana devenue Nour-Soultan de 2019 à 2022). À l'échelle des régions et des territoires locaux, la mise en concurrence pour l'attractivité, ainsi que la refonte territoriale (en France notamment) entraîne un intense renouveau des toponymes, au nom du marketing territorial (Breitenbach, 2024), mais au risque de l'uniformisation voire du ridicule (tel le choix, par un personnel politique régional méconnaissant la géographie la plus élémentaire, du nom « Hauts-de-France », pour éviter le mot « Nord » jugé dévalorisant).

(JBB), septembre 2022, janvier 2024.


Références citées
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