Vocabulaire et notions générales
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-mediterranee-une-geographie-paradoxale/vocabulaire-et-notions-generales/glossaire
Un glossaire pour : questionner, problématiser ; identifier et comprendre des mots-clefs ; faire des recherches en ligne.Aridité, sécheresse, pénurie d'eau
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Le mot « aride » qualifie un manque d'eau ; par extension, aride peut signifier stérile (Dictionnaire de l’Académie, 9e édition). Selon le géographe Jean Demangeot (2009), l’« aridité résulte de la combinaison de la faiblesse des précipitations (moins de 250 mm environ) et de la puissance de l’évaporation (plus de 2 000 mm) ». Les typologies de l’aridité sont nombreuses dans la littérature scientifique. La classification la plus diffuse est celle de W. P. Köppen. Inventée vers 1900 et remaniée tout au long du XXe siècle, elle se fonde sur le type de climat (tropical, sec, tempéré, continental ou polaire), les précipitations et les températures d’un milieu pour proposer plus de vingt classes. Demangeot (2009) distingue quant à lui quatre degrés d’aridité : la marge subhumide où le sol conserve toute l’année sa nappe phréatique, l’auréole semi-aride avec une nappe phréatique saisonnière, le noyau aride où la nappe dépend uniquement des rares averses, et enfin le désert absolu où la pluviométrie serait égale à 0 mm (cette situation est très rare). Pour déterminer chacune de ces quatre catégories il leur attribue une fourchette d’indices xérothermiques (nombre de jours secs dans une année pour un espace donné).
Classification de Köppen (source)
Parce que la « sécheresse » est difficile à définir indépendamment d’un contexte spatial, de nombreuses définitions co-existent dans la littérature ; il n’est pas aisé de proposer une définition précise du terme. On retrouve toutefois plusieurs éléments dans l’ensemble des définitions (Pigram 1986): (1) une sécheresse correspond à une période de manque d’eau, (2) ce manque est lié (au moins en partie) à un déficit en termes de précipitations, (3) les activités humaines, et notamment l’agriculture, participent à la sécheresse. Par ailleurs, la caractérisation des périodes de retour des sécheresses est souvent chose délicate (Blanchon 2013).
Depuis plusieurs années, le terme « pénurie » est de plus en plus diffusé pour désigner une situation « temporaire ou structurelle, [qui] résulte d’une insuffisance quantitative et/ou qualitative de la ressource hydrique disponible par rapport à la demande » (Honegger et Bravard 2006, p. 3). Deux numéros de la revue Géocarrefour publiés en 2006 proposent une riche discussion autour de cette notion « qui est loin de constituer une évidence et encore moins de faire l’unanimité » (Honegger et Bravard 2006, p. 3). Par ailleurs, la pénurie en eau fait l’objet de nombreux discours et représentations, et ce faisant, il peut être intéressant pour les géographes de questionner son usage et sa dimension stratégique comme le rappelle Romain Garcier (2010) : « toute pénurie est susceptible de faire l’objet d’une utilisation politique destinée à reconfigurer les jeux d’acteurs impliqués dans l’exploitation de la ressource » (p. 169).
Silvia Flaminio, février 2017.
Références citées
- Blanchon, David. 2013. Atlas mondial de l’eau. Défendre et partager notre bien commun. Paris, Autrement.
- Demangeot, Jean. 2009. Les milieux« naturels » du globe. Paris, Armand Colin.
- Garcier, Romain. 2010. « Du bon usage de la pénurie en eau ». Géocarrefour, 85(2): 169‑80.
- Honegger-Rivière, Anne, et Jean-Paul Bravard. 2006. « La pénurie d’eau : donnée naturelle ou question sociale ? ». Géocarrefour 81(1): 3‑4.
- Pigram, John J. J. (John Joseph James). 1986. Issues in the management of Australia’s water resources. Melbourne: Longman Cheshire. Pour compléter avec Géoconfluences
- Delphine Acloque, « Frontière désertique, front pionnier et territorialisation. Approche à partir du cas égyptien », Géoconfluences, juin 2022.
- Silvia Flaminio, « L'eau en Australie : de l'exploitation des ressources à la gestion des milieux ? L'exemple du bassin versant du Gordon en Tasmanie », Géoconfluences, février 2017.No publisherLa Méditerranée, une géographie paradoxaleGéographie critique des ressources : énergies, matières, foncier2023-06-14T07:59:28ZPloneGlossaryDefinitionArtificialisation
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/artificialisation
L'artificialisation est l'ensemble des transformations dues à l'homme, plus ou moins volontaires et raisonnées, qui modifient en tout ou partie la physionomie et les fonctionnements d'un milieu ou d'un paysage. L'artificialisation est un résultat final de l'anthropisation, qui est un processus.
Les sols artificialisés sont des sols ne permettant plus l'écoulement normal des eaux, ni son infiltration. Les sols naturels ou faiblement anthropisés jouent des rôles majeurs dans la dynamique de l'écoulement des eaux. Dans le cas des sols artificialisés, cette dynamique est entièrement assumée par des moyens techniques.
En France, l'objectif ZAN, pour « zéro artificialisation nette », vise à réduire progressivement le rythme de l'artifialisation des surfaces.
(JBB), mai 2019. Dernières modifications : juin 2022, février 2023.
Pour compléter
- Andréa Poiret, « Les passages pour la faune, un moyen d’atténuer les effets de la fragmentation écologique », image à la une de Géoconfluences, novembre 2021.
- Un exemple en Alsace : Gilles Muller, « Dynamiques, mutations et recompositions paysagères des territoires ruraux alsaciens », Géoconfluences, mai 2021. No publisherLes espaces ruraux et périurbains en France : populations, activités, mobilitésLa Méditerranée, une géographie paradoxale2023-02-28T13:54:35ZPloneGlossaryDefinitionBadanti
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/badanti
Les badanti désignent en italien les auxiliaires de vie des personnes âgées à domicile (sing. badante). Le terme provient du verbe « badare » qui signifie s'occuper de, soigner une personne, un enfant par exemple (proche de l'anglais to take care of).
Annalisa Ornaghi et Mara Tognetti Bordogna (2010) précisent, en citant Carchedi et al. (2003) : « Par le terme badante (que l’on peut traduire en français par auxiliaire de vie), on entend "les femmes de la migration qui effectuent un certain travail d’assistance : prendre soin de personnes âgées seules et non autonomes ou de personnes porteuses d’un handicap" ».
Dans un pays au vieillissement prononcé, les badanti suppléent aux insuffisances de l'État en matière de prise en charge du troisième et du quatrième âge, tout en rassurant les familles qui souhaitent maintenir les personnes âgées à leur domicile. Elles sont fréquemment issues de l'immigration récente. En ce sens le phénomène des badanti est révélateur d'une double évolution de la démographie italienne au cours des décennies récentes : d'une part l'ampleur de son vieillissement et d'autre part le retournement migratoire d'un pays d'émigration devenu pays d'immigration.
(JBB) janvier 2020. Dernière modification : mai 2023.
Références citées
- F. Carchedi, G. Mottura et E. Pugliese (dir.), Il lavoro servile, Milan, Franco Angeli, 2003.
- Annalisa Ornaghi et Mara Tognetti Bordogna, « Le phénomène des badanti en Italie. Caractéristiques et spécificités », Italies [En ligne], 14 | 2010. Pour compléter avec Géoconfluences
- Cecilia Fortunato et Elena Ambrosetti, « La population italienne depuis 1861, histoire d’un renversement démographique », Géoconfluences, janvier 2020. No publisherLa Méditerranée, une géographie paradoxale2023-05-14T13:25:29ZPloneGlossaryDefinitionBarcelone (processus de) et partenariat euro-méditerranéen (PEM)
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/barcelone-processus-de-et-partenariat-euro-mediterraneen-pem
La Conférence de Barcelone (1995), organisée par la présidence tournante de l’UE détenue alors par l’Espagne, a réuni pour la première fois les ministres des affaires étrangères des États membres de l’Union et leurs collègues des pays riverains de la Méditerranée : l’Algérie, Chypre, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la Syrie, la Tunisie, la Turquie, l’Autorité palestinienne, et, en qualité d’observateur, la Mauritanie. Une déclaration finale a fondé le Processus de Barcelone, nom couramment donné au Partenariat euro-méditerranéen (PEM) également appelé Euromed. Ses objectifs et ses modalités s’articulent autour de trois volets : coopération politique et de sécurité, coopération économique et financière, coopération culturelle et sociale. L’objectif final est de créer une "zone de prospérité partagée" dans une Zone de libre-échange euro-méditerranéenne (ZLEM) engagée à partir de 2010.
L’instrument financier de cette politique euro-méditerranéenne est le programme MEDA, remplacé en 1999 par le programme MEDA II. Entre 1995 et 2001, MEDA a engagé plus de 5 071 milliards d'euros. L'autre principale source de financement est la Banque européenne d'investissement (BEI), qui, depuis 1995, a prêté 7 424 milliards d'euros pour le développement d'activités chez les partenaires euro-méditerranéens.
Le processus de Barcelone répondait à "l’impérieuse nécessité" d’associer les pays du Sud de la Méditerranée à la construction européenne et il a le mérite d’exister. Mais il comporte des fragilités et des insuffisances : excluant de son champ deux dossiers majeurs, l’agriculture et les flux de population, il institue un "échange inégal" ; souple et non contraignant il est, en conséquence, d'une efficacité limitée.
Ce processus aurait pu contribuer à infléchir le cours des évolutions politico–militaires, économiques, sociales et environnementales de la Méditerranée. Le scénario idéal du partenariat consistant à enclencher une dynamique vertueuse comparable à celle observée en Europe centrale et orientale, l'ouverture commerciale appelant des réformes institutionnelles d'accompagnement bénéfiques au développement global.
Mais, plus de dix ans après le lancement de ce partenariat, les derniers rapports de la Banque mondiale sur le développement du monde arabe ou les diverses études européennes font un bilan mitigé des progrès de la région. Sur le plan économique, l'aide européenne n'a pas permis le décollage attendu : les revenus par tête au sud et au nord de la Méditerranée ont continué à diverger au lieu de se rapprocher. Sur le plan politique, les perspectives de paix au Proche-Orient ont été déçues et la démocratie n'a pas connu les avancées espérées. Est-ce du fait de la priorité donnée aux questions sécuritaires et migratoires ? Ou parce que d'autres partenaires ont davantage intéressé les pays du Sud méditerranéen ?
Ce processus est en panne, une nouvelle Union pour la Méditerranée (UPM), initiée lors du sommet de Paris, sous la présidence française de l'UE, en juillet 2008, s'efforce de le revitaliser dans une période de sérieuses difficultés économiques qui vont certainement réduire les "marges de manœuvre"
Voir aussi :
- Un dossier de la Documentation française : "Union européenne et Méditerranée". Dix ans après le lancement d’une nouvelle politique méditerranéenne de l’Union européenne, où en est-on du partenariat euro-méditerranéen ? (mise à jour nov. 2008) : www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/europe-mediterranee/index.shtml
- le PNUD a publié (en anglais et en arabe) des Rapports sur le développement humain dans le monde arabe : www.arab-hdr.org
- Le partenariat euro-méditerranéen sur le site de la Commission Relations extérieures : http://www.eeas.europa.eu/euromed/index_fr.htmNo publisherLa Méditerranée, une géographie paradoxale2013-02-15T15:48:20ZPloneGlossaryDefinitionBiodiversité
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/biodiversite
Voir aussi : biodiversité en France, outils législatifs
Le terme biodiversité a été proposé par le biologiste américain Wilson en 1987. Le concept s'est rapidement diffusé dans les milieux politiques et a été repris lors de la conférence de Rio (1992). La biodiversité regroupe la diversité des formes du vivant, végétales et animales, y compris dans ses manifestations non répertoriées par la science. La biodiversité ou richesse biologique d'un territoire, est généralement exprimée par le nombre d'espèces (ou de communautés) d'êtres vivants par unité de surface (indice de biodiversité). Elle dépend de la variété, de la connectivité et de la fragmentation des habitats ainsi que des pressions exercées par le milieu et par les humains. La biodiversité inclut toutes les formes de vie, les processus, les voies et les cycles qui lient les organismes vivants dans les populations, les écosystèmes et les paysages. Elle est sensible aux effets de l'activité humaine. Les naturalistes distinguent trois niveaux de biodiversité : génétique, spécifique et écosystémique. Les géographes y ajoutent la biodiversité paysagère.
Aujourd'hui, le nombre des espèces (biodiversité spécifique) végétales et animales vivantes, connues et décrites, s'élèverait à environ 1,8 million. Mais, dès lors que l'on tient compte des plus petits invertébrés, 15 millions (ordre de grandeur) resteraient à découvrir, estimation sujette à débats et à révisions : la métaphore de l’iceberg est alors couramment utilisée. L'érosion de cette biodiversité, à l'estimation délicate et fluctuante (on constate de gros écarts entre les estimations des experts selon les modèles utilisés), est une préoccupation contemporaine particulièrement focalisée sur des milieux sensibles : maritimes et littoraux, forestiers, etc.
Le souci de préservation de la biodiversité est, à l'origine, une préoccupation de naturalistes (écologistes, biologistes, etc.). Mais les mesures qui en découlent (aires protégées, réglementations diverses), à différents niveaux d'échelle (du local à l'international), doivent être prises en compte dans les politiques d'aménagement des territoires et d'utilisation de l'espace. Les enjeux de la préservation de la biodiversité ne sont pas strictement patrimoniaux. Ils sont aussi scientifiques et économiques : c'est souvent grâce à cette biodiversité que le communauté scientifique trouve des molécules ou des mécanismes biologiques susceptibles d'avoir des applications dans des domaines variés (médecine, alimentation, robotique par exemple). Au demeurant, ces perspectives posent le problème des droits sur le « brevetage du vivant ».
Un groupe intergouvernemental d'experts sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services / IPBES) aurait dû être constitué, à l'horizon 2010 (l’idée avait été approuvée à l'ONU en mai 2008), sous l'égide du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE / PNUD), sur le modèle du GIEC pour le climat. Les difficultés du GIEC à la suite de la conférence de Copenhague ont, au minimum, retardé cette perspective, et la création de l’IPBES est confrontée à de nombreux blocages, dont les réticences de certains pays émergents ou précaires craignant une ingérence des pays favorisés dans la gestion de leur patrimoine naturel et de leurs approvisionnements.
Les principales enceintes pour des négociations internationales concrètes sur la biodiversité sont des organisations régionales (pour la gestion des pêches, à l'échelle de sous-bassins océaniques par exemple) et la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, également nommée convention de Washington) dont l'efficacité est très inégale, ses leviers d'action, comme son intitulé l'indique, étant avant tout commerciaux. Or, les enjeux financiers, pour des espèces telles que le thon rouge, les coraux, les requins, etc., sont considérables, alors que leur valeur ne cesse d'augmenter sous la pression d'une demande asiatique, entre autre, en très forte croissance. Les situations sont contradictoires et les intérêts s'affrontent entre pays développés, ayant déjà largement prélevé sur leur propre patrimoine biologique et sur celui de la planète, et les autres, pays émergents et autres pays du Sud qui aspirent au même niveau de développement.
Encadré 1. Biodiversité en Méditerranée Zone refuge au cours des grandes glaciations quaternaires, la Méditerranée est une aire de grande biodiversité : avec 25 000 espèces de phanérogames, elle abrite 10% des plantes à fleurs du monde entier, sur moins de 2% de la surface de la Terre. Le nombre d’espèces endémiques (environ 13 000, soit la moitié de la flore totale méditerranéenne) est très élevé, ce qui en fait la deuxième région du monde pour la richesse en plantes à fleurs endémiques.
Néanmoins, la fragmentation voire la disparition de certains habitats constitue aujourd’hui une sérieuse menace pour la survie de beaucoup d’espèces. Environ 5 000 espèces de plantes méditerranéennes (17% de la flore totale) sont classées comme menacées, rares ou vulnérables par l’Union mondiale pour la conservation de la nature (IUCN) et sont inscrites sur la liste rouge des plantes en voie de disparition. L'ensemble du bassin méditerranéen est donc considéré comme un point chaud de la biodiversité par l'ONG Conservation International.
Dans l’UE, 80 % des plantes d’intérêt communautaire concernées par la Directive Habitats sont présentes dans les pays méditerranéens. Les écosystèmes formés par les milieux aquatiques, les zones humides, les espaces deltaïques, y sont particulièrement fragiles, surtout au sud : longtemps considérés comme des zones insalubres, leur valeur écologique est davantage reconnue aujourd’hui.
Les richesses faunistique et floristique de la mer Méditerranée sont menacées par les effets de la pollution et par la pression sur les ressources. Ainsi, ne subsistent plus que quelques individus de phoques moines (Monachus monachus), dans la mer Égée et sur les côtes du Maghreb où ils étaient autrefois très fréquents. Les peuplements de dauphin et de marsouin communs ont connu de sensibles régressions. Les pollutions et, surtout, la pêche des espèces pélagiques au filet dérivant, entraînent une régression sensible des peuplements naturels qu’il faut désormais strictement protéger pour en assurer la survie.
Notons enfin que de nombreuses espèces tropicales de la mer Rouge ont envahi la Méditerranée depuis l’ouverture du canal de Suez : l’atlas des espèces exotiques publié par la Commission internationale pour l’exploration scientifique en Méditerranée (CIESM) a répertorié 400 espèces tropicales inconnues au début du XXe siècle. Le réchauffement des eaux de la planète et l’augmentation du trafic maritime ont entraîné une accélération des introductions : de nouvelles espèces, venant aussi des eaux caribéennes via le détroit de Gibraltar, amènent des transformations de la biodiversité en Méditerranée : les espèces introduites peuvent dominer, voire supplanter, les résidentes.
(ST)
Voir aussi
- Lisa Ernoul, Camille Roumieux et Alain Sandoz, « Perception et adaptation au changement climatique dans les deltas méditerranéens », Géoconfluences, janvier 2020.
- Commission internationale pour l’exploration scientifique en Méditerranée (CIESM) : www.ciesm.org avec atlas des espèces exotiques (en anglais) (ST) Dernières modifications : (JBB), mai 2017, mars 2023
Pour compléter avec Géoconfluences
- Laurent Godet, « Notion à la une : biodiversité », 2017
- Lionel Laslaz, Johan Milian et Anne Cadoret, « Dans la jungle des espaces protégés. Multitude, imbrication et superposition des dispositifs de protection en France », Géoconfluences, novembre 2023.
- Magali Reghezza-Zitt, « Sociétés humaines et territoires dans un climat qui change. Du réchauffement climatique global aux politiques climatiques », Géoconfluences, avril 2023.
- Céline Clauzel, « Les réseaux écologiques, une stratégie de conservation pour concilier fonctionnalités écologiques et aménagement du territoire », Géoconfluences, juin 2022.
- Andréa Poiret, « Les passages pour la faune, un moyen d’atténuer les effets de la fragmentation écologique », image à la une de Géoconfluences, novembre 2021.
- Yanni Gunnell, Notion à la une : écosystème, 2016
- Sylviane Tabarly, « Un exemple de site Natura 2000 : les grottes de Perrier (Puy-de-Dôme) », Géoconfluences, mars 2007. ONG, institutions, et conventions internationales
- Site de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique
- UICN : Union Mondiale pour la Conservation de la Nature (World Conservation Union - IUCN)
- CITES : La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction
- L’Observatoire Agricole de la Biodiversité, Ministère de l’Agriculture
- Fondation pour la recherche sur la biodiversité Dossiers sur d'autres sites
- Ressources sur la biodiversité proposées par la FAO
- Un dossier spécial biodiversité proposé par le CNRS
- Les publications concernant la biodiversité sur Planet-Vie, le site expert ENS-Dgesco consacré aux sciences du vivant.No publisherLe paysage dans tous ses étatsLe développement durable, approches géographiquesLa Méditerranée, une géographie paradoxaleLes espaces littoraux : gestion, protection, aménagement2023-11-06T13:48:10ZPloneGlossaryDefinitionClimat méditerranéen
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/climat-mediterraneen
Le climat méditerranéen est le climat des régions tempérées, plus rarement subtropicales, caractérisant les espaces terrestres bordant le bassin Méditerranéen.
Le climat méditerranéen s'insère dans le groupe des climats dits tempérés. Ses principaux caractères résultent, en été, de l’extension vers les pôles d'anticyclones subtropicaux (d'où la chaleur et la sécheresse estivales), qui s'effacent en automne et en hiver pour laisser passer le flux des perturbations tempérées venues d'Atlantique dans sa partie ouest ou de coulées d'air polaire dans sa partie nord-orientale. En conséquence, les caractères moyens des différents climats méditerranéens sont les suivants : un rythme à quatre saisons bien contrastées ; un été chaud et sec ; un hiver marqué, bien que doux (la moyenne mensuelle n’est jamais inférieure à 0°C) ; un printemps et un automne parfois très pluvieux, avec un net avantage à l’automne.
Le climat de type méditerranéen a ainsi comme particularité la coïncidence entre le minimum pluviométrique et le maximum thermique annuels, ce dont rendent bien compte les diagrammes ombrothermiques. Pour le dire autrement, c'est le seul climat dont la saison la plus chaude est aussi celle qui reçoit le moins de précipitations. La sécheresse estivale correspond, selon la méthode proposée par H. Gaussen, aux périodes où les précipitations moyennes sont inférieures au double des températures moyennes (P2T).
La Méditerranée est la seule mer à avoir donné son nom à un type climatique régional mais son bassin, dans son extension spatiale habituellement retenue, ne se confond toutefois pas complètement avec l'aire du climat méditerranéen : des nuances, désertiques sur sa partie méridionale, continentales dans sa partie nord (Adriatique), ou relatives aux effets du relief, en complexifient la réalité.
Les quantités annuelles de précipitations sont rarement négligeables : 765 mm/an à Alger, 862 mm à Nice, et même 2 000 mm sur les Cévennes. Elles peuvent, par leur concentration dans le temps (quelques semaines, voire, quelques jours), avoir des conséquences spectaculaires si ce n'est catastrophiques : c'est le cas, en France, des « épisodes cévenols » susceptibles de provoquer des crues dévastatrices.
Au delà de ces paramètres pluvio-thermiques, le climat méditerranéen se distingue par ses durées d'ensoleillement importantes : 2 400 heures minimum au nord-ouest du bassin, 3 500 heures sur le littoral libyen.
Notons enfin que la variabilité interannuelle du climat est très forte ce qui n'est pas sans conséquences pour la gestion des ressources en eau et des risques.
(ST) 2010, dernière modification (JBB), septembre 2021.
Pour compléter
- Lisa Ernoul, Camille Roumieux et Alain Sandoz, « Perception et adaptation au changement climatique dans les deltas méditerranéens », Géoconfluences, janvier 2020.
- Agriculture méditerranéenne : Anne Lascaux, « La plaine agricole de Berre : essor et déclin d’un espace productif maraîcher français (années 1970-2020) », carte à la une de Géoconfluences, février 2022. Liens externes
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergeo : European Journal of Geography, mis en ligne le 18 juin 2010No publisherLa Méditerranée, une géographie paradoxale2022-02-08T08:05:35ZPloneGlossaryDefinitionRamsar (convention de)
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/convention-de-ramsar
La Convention de Ramsar est un traité-cadre intergouvernemental qui vise à la conservation des biotopes de zones humides (littorales ou continentales) considérées comme d'importance internationale en raison de leurs fonctions écologiques, économiques, scientifiques, culturelles et récréatives. Adoptée le 2 février 1971 à Ramsar (Iran), elle est le plus ancien traité mondial sur la protection de la nature. L'organisme dépositaire de cette convention est l'UNESCO.
Une très grande variété de milieux peuvent bénéficier du classement en site Ramsar, parmi lesquels des espaces maritimes, des marais littoraux, des marais salants, des estrans (vasières), des embouchures fluviales (estuaires, deltas...), des marais terrestres, des lacs ou des ensembles d'étangs, des vallées de cours d'eau, des bassins versants, des impluviums, des espaces maritimes, des tourbières... C'est donc une acception très extensive de la notion de zone humide qui est adoptée par la convention.
(Coll.) dernière modification (JBB) mai 2021.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Lionel Laslaz, Johan Milian et Anne Cadoret, « Dans la jungle des espaces protégés. Multitude, imbrication et superposition des dispositifs de protection en France », Géoconfluences, novembre 2023.
- Lisa Ernoul, Camille Roumieux et Alain Sandoz, « Perception et adaptation au changement climatique dans les deltas méditerranéens », Géoconfluences, janvier 2020. Liens externes
- Voir le site officiel de la Convention : www.ramsar.org qui donne accès à diverses informations en ligne relatives aux sites Ramsar. Un site portail (Ramsar Wetland Data Gateway), développé par le Center for International Earth Science Information Network (CIESIN - Earth Institute de l'Université Columbia) donne ausi accès à des données spatialisées : http://sedac.ciesin.columbia.edu/ramsardgNo publisherLes systèmes socio-écologiques face aux changements globauxActeurs et espaces du patrimoineLa Méditerranée, une géographie paradoxale2023-11-06T13:52:52ZPloneGlossaryDefinitionCulture(s)
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/culture-s
Cultures européennes | Culture et renouvellement urbain
Cultures européennes L'identification d'une culture commune participe de la quête identitaire de l'entité européenne. Avec le traité de Maastricht une place a été officiellement dévolue à la culture qui doit contribuer à "l'épanouissement des cultures des États membres dans le respect de leur diversité nationale et régionale, tout en mettant en évidence l'héritage culturel commun".
La Commission a, pendant dix ans, soutenu la coopération culturelle par le biais de programmes sectoriels. En 2000, un programme-cadre "Culture 2000" visait à mettre en place un espace culturel commun et, en 2008, un "agenda européen de la culture à l'heure de la mondialisation" va proposer de fait la première stratégie européenne complète en matière de culture.
Les secteurs européens de la culture et de la création artistique ont un poids énorme. En 2003, ils ont généré 654 milliards d'euros (2,6% du PIB de l'Union) et ont employé plus de 5 millions de personnes. De plus, ces secteurs ont un effet indirect sur la réalisation des objectifs de Lisbonne. En effet, ils encouragent l'innovation dans d'autres secteurs de l'économie, sont essentiels au développement des TIC et jouent un rôle comportant de multiples facettes dans le développement local, comme l'illustre bien la réussite des Capitales européennes de la culture.
Ainsi, parmi les dispositifs de coopération et de soutien aux actions culturelles, la manifestation annuelle de "Ville / Capitale européenne de la culture" est réputée et particulièrement structurante pour les territoires qui en bénéficient. Elle fut initiée en 1985 afin de "contribuer au rapprochement des peuples des États membres". L’événement "Ville européenne de la culture" fut renommée "Capitale européenne de la culture" en 1999 en accédant au statut d’Action communautaire.
(ST) Mise à jour : juin 2008
Pour compléter
- Le portail "Culture" de la Commission européenne : http://ec.europa.eu/culture/index_fr.htm
- Sur le même thème, voir le glossaire Territoires européens : régions, États, Union
Culture et renouvellement urbain La prise en compte du rôle de la culture dans le renouvellement (ou régénération) urbain(e) est une tendance contemporaine qui découle des dérives de nombreuses politiques d’aménagement des années 1960 et 1970 principalement qui, faute d’avoir tenu compte de la dimension culturelle de leurs initiatives, ont pu contribuer à la dégradation du tissu urbain. Les opérations de régénération urbaine mises en œuvre se sont parfois révélées contre-productives. Aussi, à partir des années 1980 et 1990, des villes aux héritages industriels marqués ont fait des activités économiques créatives et culturelles les fers de lance de leur régénération.
Loin d’être accessoires, les questions culturelles doivent se situer au cœur du développement et des projets urbains. La culture, sous des aspects très différents, peut avoir un effet régénérateur lorsqu'elle est intégrée aux autres dimensions, technique, économique et sociale, d'autant plus que les liens entre culture et économie apparaissent de plus en plus étroits.
L'économie culturelle et créative participe au développement de la ville, et de son agglomération, en lui conférant une image positive et dynamique susceptible d'attirer investissements, entreprises, populations et visiteurs. L'idée de ville ou d'agglomération créatives impliquent d'identifier des viviers et réseaux de compétence, des infrastructures et des équipements offrant un environnement favorable à l'activité culturelle.
(ST) Mise à jour : septembre 2008
Voir les articles de :
- Charles-Edouard Houllier-Guibert, Ville internationale, image internationale, le cas de Montréal
- Fabien Jeannier, Culture et régénération urbaine : le cas de Glasgow
- Jacques Fache et Marion Gobin, Des territoires métropolitains à l'heure de l'économie de la connaissance : Nantes et Sarrebruck, études comparées
- Boris Grésillon, Marseille-Provence 2013, analyse multiscalaire d’une capitale européenne de la culture, 2013
- en corpus documentaire du dossier De villes en métropoles : Des villes en compétition : quelle place pour la culture ?
- dans le dossier "Territoires européens : régions, États, Union" : Innovation et territoire, enjeu essentiel des politiques d’aménagement en Europe
- Sur le même thème, voir le glossaire De villes en métropoles No publisherLa Méditerranée, une géographie paradoxaleTerritoires européens : régions, États, UnionDe villes en métropoles2013-02-27T13:22:54ZPloneGlossaryDefinitionDémographie dans l'espace méditerranéen
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/demographie-mediterranee
La dynamique des populations est un aspect essentiel de la situation globale dans l'espace méditerranéen. D'après les données collectées par le Plan Bleu*, la population totale des 22 États et territoires riverains de la Méditerranée atteint 427 millions d’habitants en 2000 (soit 7 % de la population mondiale). Elle était de 285 millions en 1970, ce qui signifie que l'augmentation a été de 142 millions en trente ans. Les dernières projections démographiques effectuées pour le Plan Bleu donnent pour 2025 une population de 523,7 millions d’habitants, ce qui montre une décélération certaine de la croissance avec un peu moins de 97 millions d’habitants supplémentaires en 25 ans.
La population des pays du Maghreb a enregistré une croissance très rapide, de 2,2 % l'an en moyenne entre 1990 et 2000 (2,8 % de 1980-2000), contrairement aux populations de la rive nord de la Méditerranée qui sont restées relativement stables avec une croissance globale d'environ 0,3 % l'an en moyenne pour la même période. On observe depuis peu un fléchissement du taux de croissance démographique des pays du Maghreb. Ces derniers ont enregistré un ralentissement net de leur taux de croissance annuel depuis 1995 revenu à 1,9 % en Tunisie et au Maroc, 2,3 % en Algérie, 2 % en Libye. L'abaissement de la fécondité est particulièrement net en Turquie : de plus de 6 enfants par femme dans les années 1960 à 2,2 en 2000.
L’Europe vieillit inexorablement : l’âge médian de la population des Quinze, qui est, en 2000, de 38,5 ans, pourrait être de 48,5 ans en 2050. On se trouve donc en présence de deux dynamiques distinctes. Une population jeune et encore en croissance dans les pays du Sud et de l’Est et une population vieillissante et en faible croissance dans le Nord, avec même un plafonnement et une décroissance dans certains pays comme l’Italie et l'Espagne. Ces évolutions ont des conséquences majeures en matière socio-économique, environnementale, elles contribuent à fonder les mouvements migratoires et ceci d’autant qu’elles se superposent largement aux gradients de richesse/développement.
Au demeurant, notons que l'évolution démographique observée dans les PSEM au cours des dix dernières années fait apparaître une rapide baisse de leur fécondité et que ces pays accélèrent leur transition démographique.
Pour compléter :
- Gérard-François Dumont, « Situations démographiques et logiques migratoires trans-méditerranéennes », 2004.
- les données statistiques, à partir des bases onusiennes : www.un.org/esa/population/unpop.htm
- les données du Plan Bleu : www.planbleu.org (ST) 2004.No publisherLa Méditerranée, une géographie paradoxale2013-02-15T15:52:40ZPloneGlossaryDefinitionDéveloppement (économique)
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/developpement-economique
Le concept de développement désigne l’ensemble des transformations techniques, sociales, territoriales, démographiques et culturelles accompagnant la croissance de la production. Il traduit l’aspect structurel et qualitatif de la croissance et peut être associé à l’idée de progrès économique et social.
Après avoir privilégié la seule croissance de la production de richesses par des indicateurs comme le PIB, le concept de développement s'est élargi pour inclure différentes dimensions constitutives du bien-être, voire du bonheur : l'état global de santé des populations, les niveaux d'instruction, d'une manière générale, les conditions de vie.
La réflexion sur les indicateurs pertinents pour mesurer le développement prend de plus en plus en compte la dimension du bien-être (et/ou du bonheur) et il y a profusion d'indicateurs économiques, sociaux et environnementaux qui tentent de l'évaluer, le mesurer.
(ST), 2006.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Vincent Capdepuy, « Le Sud global, un nouvel acteur de la géopolitique mondiale ? », Géoconfluences, septembre 2023. Pour aller plus loin
- Sur le site partenaire SES ENS : Peut-on mesurer le bonheur ? Réflexions sur les indicateurs de bien-être. Note au lecteur : les informations contenues ci-dessous n'ont pas été mises à jour depuis 2006. Développement en Afrique Le développement économique et social a partie étroitement liée avec la pacification et l'atténuation des conflits, en Afrique ou ailleurs dans le monde. Parmi les 10 pays en bas de tableau de l'IDH en 2004, neuf ont connu un conflit violent depuis les années 1990.
Le développement peut être mû par des mécanismes endogènes. Mais, dans le cas des pays d'Afrique subsaharienne les plus démunis, divers mécanismes d'aide internationale paraissent indispensables.
L'Onu avait défini en 2000, des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)* visant à réduire l'extrême pauvreté d'ici à 2015. De nombreux États africains sont concernés. Les fonds nécessaires à leur mise en œuvre doivent être rassemblés pour 2010, l'Aide publique au développement (APD) devrait alors atteindre 130 milliards d'USD (contre 80 en 2004), soit 50 milliards supplémentaires, dont la moitié destinéeà l'Afrique. Mais, selon les derniers engagements pris par les pays développés du G8, il n'est pas précisé si les mesures d'annulation de la dette feront partie de ces montants.
Des mécanismes de taxation redistributive ont également été proposés. Par exemple, le Trésor britannique espère lever 4 milliards d'USD d'ici à 2015 par le biais d'un système de "Facilité financière internationale". Les Français, suivis par les Chiliens et les Britanniques, ont proposé une taxe sur les billets d'avion qui devrait être effective en France pour la mi-2006.
Mais l'aide au développement ne se résume pas aux différentes formes d'aide publique. Les règles des échanges mondiaux définies dans le cadre de l'OMC, ou dans des cadres bilatéraux, peuvent inciter ou, au contraire, freiner, le développement économique des pays les plus pauvres. Les financements privés, par le biais de fondations d'entreprise par exemple, jouent aussi leur rôle (par exemple, la fondation Bill et Melinda Gates, dotée de 30 milliards de dollars, investit beaucoup dans le domaine de la santé et de la lutte contre le sida). Le bilan global est donc délicat à faire.
À moins de 10 ans de l'échéance de 2015, les OMD des pays d'Afrique subsaharienne paraissent souvent loin d'être acquis : 42 des 47 pays concernés ne pourront pas atteindre la moitié d'entre eux et 12 pays ne devraient en atteindre aucun. Au demeurant, la définition de ces objectifs a mobilisé la coopération internationale contre la pauvreté en la dotant d'un contrat collectif et d'un calendrier, premier exemple d'une planification de développement à l'échelle mondiale. La gestion de l'aide a été recentrée sur la recherche de résultats plutôt que sur le suivi des moyens mis en œuvre. Des cercles vertueux d'un développement durable en Afrique pourraient en être favorisés.
La réflexion sur les conditions du développement en Afrique passe aussi par l'examen du couple développement x gouvernance. Comment fonctionne leur corrélation ? Une bonne gouvernance est-elle la condition d'un développement vertueux ou l'inverse ?
La Banque mondiale, dans son dernier rapport sur la "gouvernance mondiale" (2005), a passé en revue 209 pays en fonction de 352 critères provenant de la Banque mondiale elle-même mais aussi de la fondation Freedom House ou du cabinet d'audit PriceWaterhouseCoopers. Son constat est le suivant : l'amélioration des conditions de vie est le résultat d'une meilleure gouvernance et non l'inverse. C'est donc la démocratie qui prime, pas l'économie, du moins pour une majorité de pays car il peut y avoir des exceptions (la Chine ou les pétro-monarchies du Golfe, par exemple, dont les caractéristiques sont à bien des égards particulières). D'une manière générale, une bonne gouvernance, à savoir une redistribution équitable des richesses et des ressources, des transferts raisonnés en faveur de l'éducation, de la santé, débouche sur des conditions de vie meilleures et sur une réduction renforcée de la pauvreté. Les effets sont rapidement efficaces : l'amélioration des droits humains, l'efficacité de l'administration et des régulations publiques, la lutte contre la corruption, le respect de règles de droit ont, d'après le rapport de la Banque mondiale, des résultats en moins de 10 ans.
Rédigé en 2006.
Sur le même thème, voir le glossaire Afrique subsaharienne : territoires et conflits Développement en Chine De 1980 à 2005, le taux de croissance annuel moyen du PIB de la RPC a été d'environ 8%. La Chine, par son PIB de 7 430 milliards d'USD (en parité de pouvoir d'achat), est devenue la cinquième économie mondiale en 2004, après les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France. Et si elle ne pèse encore que 5% dans le PIB mondial, très inférieur au poids de sa population, elle contribue pour 20% à la croissance mondiale (données 2006). Ces chiffres sont à prendre avec précaution et il faut tenir compte de l'importante économie parallèle qui échappe aux statistiques, soit environ 20% d'économie "non-fiscalisée". Certains économistes pensent donc qu'ils sont sous-évalués et que les taux officiels seraient volontairement minorés pour limiter la méfiance et les accusations de surchauffe des partenaires commerciaux de la Chine.
Cette croissance rapide s'explique par un "effet de rattrapage" et elle partage plusieurs points communs avec d'autres "miracles" de la zone Asie-Pacifique (Japon, Corée du Sud, Taiwan, Singapour) : une stratégie de développement industriel volontariste et fondée sur l'ouverture libérale et la conquête des marchés extérieurs, une population travailleuse et économe dont l'épargne finance en partie le développement. Mais la croissance économique chinoise a ses spécificités : c'est avant tout une économie de flux dont l'évolution repose sur une très rapide privatisation et sur la restructuration du secteur étatique.
Un tel rythme de croissance, concernant une population aussi importante, n'est pas sans conséquences : pression sur les ressources (énergie, matières premières) tant à l'échelle régionale que mondiale, dégâts environnementaux, risques de surchauffe, risques d'amplification des disparités. Les goulets d'étranglement traditionnels de l'économie chinoise s'aggravent ainsi qu'en attestent les pénuries énergétiques (fréquentes coupures d'électricité), les engorgements des infrastructures de transport. En l'absence de correctifs adaptés, les tensions induites pourraient provoquer un ralentissement de la croissance chinoise à plus ou moins court terme.
La compétitivité de l'économie chinoise a des composantes contrastées : si elle a un faible coût du travail, elle souffre de facteurs moins favorables en termes de gouvernance, de qualité des infrastructures, de gestion environnementale. Les autorités chinoises mettent, depuis 2003, officiellement du moins, l'accent sur la "qualité de la croissance" et les "respect des grands équilibres", dans les campagnes par exemple. Parallèlement, des efforts importants sont réalisés pour compenser le retard chinois en Recherche & développement : le développement scientifique et technologique est prioritaire dans le cadre du XIe plan quinquennal (2006-2010). La Chine recrute ses meilleurs chercheurs au même niveau de rémunération qu'aux États-Unis et bénéficie du retour d'une diaspora de scientifiques formés dans les laboratoires occidentaux, principalement anglo-saxons ("reverse brain drain"). En 2003, la Chine occupait le cinquième rang mondial pour la production scientifique derrière les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et l'Allemagne avec 5,1% des publications internationales. Et elle cherche à s'affranchir de sa dépendance à l'égard des brevets étrangers en concevant de nouveaux produits, avec de nouveaux standards, basés sur des brevets chinois.
Rédigé en 2006.
Sur le même thème, voir le glossaire La Chine entre espaces domestiques et espace mondial
Développement en Russie La croissance du PIB russe est soutenue : selon le FMI, elle devrait atteindre 6% du PIB en 2004 (7,3% en 2003 et 4,7% en 2002). De 1998 à 2003, le PIB a augmenté en Russie de 25%, les investissements de 35% et la production agricole de 20%. Cette croissance est largement tirée par l'effet des recettes d'exportation, résultat du renchérissement des prix des hydrocarbures et de l'ensemble des matières premières sur les marchés mondiaux. Les secteurs pétrolier et gazier contribuent à environ 12% du PIB et 1/5e de la croissance serait exclusivement due à la hausse des cours du pétrole (données 2003). Cette rente a également permis de ramener la dette publique à 33% du PIB (contre plus de 98% en 1998). Notons aussi qu'une part non négligeable de l'économie russe relève du secteur informel, échappant donc tout à la fois aux statistiques et à l'impôt.
Mais la croissance n'est pas le développement. La dynamique d'un réel développement de la Russie n'est pas encore enclenchée. Si l'on se reporte à l'indicateur de développement humain (IDH), qui donne une mesure plus globale du niveau de bien-être, le recul de la Russie est notable : elle occupait le 34e rang en 1991, mais le 71e en 1997, se situant alors derrière la Belarus, pour revenir au 57e en 2003 (0,795).
L'économie russe n'a pas encore acquis une dynamique propre combinant production et consommation domestiques. L'exploitation de la rente énergétique place l'État dans une situation de dépendance et de vulnérabilité aux variations des cours des matières premières, d'autant plus que les recettes fiscales tirées de la vente de ces ressources alimentent en grande partie le budget fédéral. Drainant l'essentiel des investissements (75%), le secteur énergétique tend à brider le développement des autres secteurs d'activité (ce que les économistes appellent le "syndrome hollandais"). L'économie domestique n'est, de ce fait, pas en mesure de répondre à la demande intérieure, en particulier en matière de biens de consommation courante, ce qui favorise les importations.
Rédigé en 2005.
Sur le même thème, voir le glossaire Russie : des territoires en recompositions
No publisherGéographie critique des ressources : énergies, matières, foncierLa Russie : des territoires en recompositionDéveloppement, inégalités, richesse et pauvretéLa Méditerranée, une géographie paradoxalegénéralLa Chine, la modernisation encadrée d'un territoire globalL'Amérique latine : émergence, inégalités, défisAfrique subsaharienne : territoires et conflits2023-09-25T14:37:01ZPloneGlossaryDefinitionEau (accès, potabilité)
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/eau-acces-potabilite
L'eau potable est une eau qui ne contient pas d'agents pathogènes ou d'agents chimiques à des concentrations pouvant nuire à la santé. Sa définition a changé dans le temps. L'accès à l'eau désigne la capacité d'une population à accéder à une eau potable en quantité suffisante pour satisfaire ses besoins principaux. C'est une notion très différente de la disponibilité de la ressource : en maints lieux du monde, par exemple dans les régions rurales enclavées ou dans les bidonvilles urbains de la zone intertropicale, la ressource en eau est très abondante, mais l'accès à l'eau potable est très difficile. Dans certains cas extrême, un excès d’eau peut entraîner un moindre accès à l’eau : par exemple lorsqu’un événement météorologique extrême endommage les infrastructures. C’est pourquoi on stocke de l’eau en bouteille avant le passage d’un cyclone dans les îles tropicales.
La question de l'échelle est importante dans l'accès à l'eau : au-delà des moyennes nationales, certains pays accusent localement des écarts très importants, par exemple entre les quartiers riches des grandes villes et les espaces ruraux isolés. On comprend que l'accès à l'eau est fortement lié au revenu par habitant et au niveau de développement d'un espace. Les pays favorisés sont aussi concernés. Ainsi, dans les bidonvilles où vivent les migrants comoriens à Mayotte, qui sont les quartiers les plus précaires du département français le plus pauvre, 96 % des ménages n'ont pas l'eau courante (Idaroussi Tsimanda, 2023), et les habitants doivent fréquemment marcher plus de quinze voire trente minutes pour se procurer de l'eau potable (ibid.).
La question d’une définition internationale et unanimement reconnue du terme « eau potable » est un problème délicat. Les services spécialisés de l’ONU (Banque mondiale, OMS), qui évaluent pour chaque pays l’accès à l’eau potable, emploient dans leurs rapports officiels le terme d’eau améliorée. Selon eux, une eau améliorée est une eau non partagée avec des animaux et protégée de leurs déjections. Elle peut être fournie par un puits assez profond, par une fontaine ou des adductions d’eau (« eau courante »). Elle n’est toutefois pas forcément contrôlée, et rien ne garantit sa potabilité réelle. Pour cette raison, il est extrêmement difficile de connaître le nombre exact de personnes n’ayant pas d’accès à « l’eau potable » et les estimations vont en 2024 de 700 millions pour l’ONU (OMS, UNICEF) à 2 milliards de personnes pour la Banque mondiale. Ce débat est d’autant plus important qu’un des Objectifs de développement durable (ODD6) est de « garantir à tous l’accès à l’eau et à l’assainissement » d’ici 2030. C'est aussi une thématique transversale qu'on retrouve dans d'autres objectifs : bonne santé et bien-être (3), inégalités réduites (10), vie aquatique (14)...
Par ailleurs, la Banque mondiale évalue la proportion de la population qui a un accès raisonnable à une quantité adéquate d’eau potable (20 litres par jour et par personne). Par accès raisonnable à l'eau, on entend un éloignement de moins de quinze minutes de marche du point d'approvisionnement. Dans les espaces urbains, la source d’eau peut être une fontaine publique ou une borne-fontaine située à moins de 200 mètres. Dans les espaces ruraux, cela suppose que les membres du ménage n’aient pas à consacrer une part disproportionnée de leur journée à chercher de l’eau. L'indicateur d'accès à l'eau potable représente la part de la population qui dispose de cet accès.
La question de l'approvisionnement en eau, tant à des échelles transnationales que locales, est une question éminemment politique. Comme toute ressource, l'eau est sujette à des tentatives d'accaparement dans des logiques de pouvoir et de domination. La gestion de la ressource (réserves, bassins versants, cours des grands fleuves) implique nécessairement une négociation entre acteurs. Si la négociation réussit, on a une situation de coopération, par exemple transfrontalière. Sinon, la tension peut devenir un conflit, même si la notion de « guerre de l'eau » ne fait pas consensus ( voir : guerre verte). En tout cas, il y a bien une géopolitique de l'eau comme il existe une géopolitique des énergies. La gestion de l'eau n'échappe pas non plus à la question de la durabilité, car si la ressource est renouvelable, son accès est fortement différencié. Cela pose aussi le problème de la qualité de l'eau disponible, de son partage équitable, du traitement des rejets, etc.
(ST) juin 2009. Dernières modifications (JBB), janvier 2023, (SB et CB) février 2024.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Fahad Idaroussi Tsimanda, « Migrer pour un bidonville. La vulnérabilité socio-économique des migrants comoriens à Mayotte », Géoconfluences, janvier 2023.
- Judicaëlle Dietrich, « Politiques de l’eau et lutte contre la pauvreté à Jakarta, un rendez-vous manqué », Géoconfluences, 2020.
- Yvan Bertin, « La nécessaire gestion durable de l'eau en Martinique », Géoconfluences, novembre 2019.
- Yves Duchère, « La pollution de la rivière To Lich à Hanoï »,Géoconfluences, 2018.
- Léa Billen, « Jardins féminins aux portes du Sahel »,Géoconfluences, 2016.
- Bertrand Sajaloli, Génies de l’eau et protection des zones humides en pays dogon (Mali), Géoconfluences, 2016
- Emilie Lavie, Le sabīl : marquer l'islam dans la ville par des points d'eau, Géoconfluences, 2016
- Perrine Vincent, Image à la une : eau pure, eau polluée, le Gange à Varanasi (Inde), Géoconfluences, 2015
- Florence Richard-Schott, La "gestion durable des ressources en eau" dans le bassin du Rhône, de la théorie à la pratique, Géoconfluences, 2011
- Lise Desvallées, Anne Rivière-Honegger et Sylviane Tabarly, Quelles équités pour l'approvisionnement en eau des populations au Maroc ? L'exemple des fontaines à Marrakech, Géoconfluences, 2011No publisherGéographie critique des ressources : énergies, matières, foncierDéveloppement, inégalités, richesse et pauvretéLe développement durable, approches géographiquesLa Méditerranée, une géographie paradoxaleL'Amérique latine : émergence, inégalités, défis2024-03-08T15:52:47ZPloneGlossaryDefinitionÉnergie
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/energie
Énergie en Europe | Énergie dans les pays méditerranéens
Essentiels aux besoins et au développement de l'humanité entière, les systèmes énergétiques évoluent au cours de l'histoire : eau, bois, charbon, électricité, hydrocarbures, etc. Deux grandes catégories de ressources énergétiques ont toujours coexisté ou alterné : renouvelables ou fossiles. Le recours aux énergies fossiles pourrait compromettre « la capacité des générations futures à répondre » à leurs besoins, à système énergétique équivalent du moins. Historiquement, le dévelopement d'une nouvelle source d'énergie ne fait jamais disparaître les précédentes : l'essor du pétrole n'a pas fait disparaître le charbon, dont la consommation mondiale actuelle est aussi forte qu'au plus fort de l'âge industriel. De ce fait, la question énergétique est aujourd'hui très étroitement liée à celle du réchauffement climatique. Par ailleurs, la production d'énergie pouvant se faire au détriment des zones humides (lacs de barrage artificiels) ou des forêts (déboisement remplacer par des plantations d'eucalyptus destinées à la production de charbon, par exemple au Brésil), elle est liée à la question des changements globaux.
L'indicateur d'intensité énergétique est défini comme le ratio de la consommation d'énergie nationale totale par unité de PIB et par an. Mais il ne tient pas compte des énergies non commerciales et souvent renouvelables qui peuvent représenter jusqu'à 90 % des consommations énergétiques des pays les plus pauvres.
Le secteur des transports de biens physiques et des personnes est particulièrement gourmand en énergie, donc source de rejets et pollutions (gaz à effet de serre, aérosols, etc.), de nuisances (emprises spatiales, bruits). La dépendance de certains modes de transport (aérien, maritime), à l'égard des sources d'approvisionnement en hydrocarbures est particulièrement forte et sans alternative disponible à court terme.
Pour tenter de réguler ces tensions, pour répondre à ces contraintes, États et collectivités s'efforcent d'adopter des dispositifs de planification. En France, pour les villes par exemple, il s'agit des plans de déplacements urbains (PDU).
(La rédaction) 2004, dernière mise à jour : septembre 2020.
Pour compléter
- Emmanuelle Santoire, « Edmonton, Alberta (Canada). Un réveil non-conventionnel », image à la une de Géoconfluences, octobre 2020.
- Eugênia Viana Cerqueira, « Se déplacer dans une métropole presque dépourvue de transports en commun. L'exemple de Belo Horizonte », Géoconfluences, décembre 2019.
- Bernadette Mérenne-Schoumaker, « La Scandinavie, un modèle de transition énergétique ? », Géoconfluences, mars 2019.
- Annaig Oiry, « Développer les énergies marines renouvelables sur la façade atlantique française : entre contestation et planification », Géoconfluences, novembre 2018.
- Bernadette Mérenne-Schoumaker, « Afrique du Sud, les défis énergétiques et miniers d'un pays émergent », Géoconfluences, janvier 2018.
- Jacques Guillaume, « Le potentiel énergétique de l'océan mondial entre contraintes d'exploitation et enjeux de territorialisation » Géoconfluences, 2014, mis en ligne le 7 juillet 2014
- URL : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/articles-scientifiques/le-potentiel-energetique-de-locean-mondial
- Clément Dodane, Bois, forêts et carbone en France, enjeux et perspectives climatiques et énergétiques
Energie en Europe (2010) D'une manière générale, l'Europe est très dépendante d'approvisionnements extérieurs en matière de ressources énergétiques. Le Livre vert sur la sécurité d’approvisionnement énergétique, adopté par la Commission en novembre 2000, avait mis en lumière un besoin nouveau d’intervention communautaire dans ce secteur, indépendamment des choix de politique énergétique des États membres. Ce livre vert a posé la question de la place du nucléaire parmi les autres sources d'énergie dans l'UE et le problème de la sûreté nucléaire, impossible à aborder d'une manière purement nationale. En l'absence d'une stratégie réellement commune, les politiques des États de l'UE divergent et sont prises dans les contradictions du risque environnemental, des rejets atmosphériques (engagements de Kyoto), de la perspective de raréfaction mondiale des ressources en combustibles fossiles et de leur rapide renchérissement depuis le début du XXIe siècle. Ainsi, au moment où certains pays décident de moratoires (Italie, Allemagne par exemple), d'autres jugent plus judicieux de pousser les feux du nucléaire (Finlande, France par exemple), sous la forme de réacteurs de nouvelle génération (filière EPR).
Les normes en matière de sûreté des installations nucléaires et en matière de gestion des déchets ne sont pas réglementées au niveau européen. Au niveau international, le contrôle des matières nucléaires fait partie du régime de non-prolifération des armes nucléaires. À ce titre, il est placé depuis 1970 sous la responsabilité de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), une organisation des Nations unies siégeant à Vienne et à laquelle ont adhéré tous les États membres de l'Union.
Dans les PECO et les États européens de la CEI, certains réacteurs nucléaires hérités du passé sont peu sûrs et l'’UE a contribué au financement de leurs mises à niveau : programmes PHARE, pour l'Europe centrale et TACIS pour la CEI. Certains réacteurs des pays de l'UE-27 devront être fermés ce qui est un défi pour leur politique énergétique. En Lituanie, Ignalina fournissait 70% de la production d'électricité. La Slovaquie devrait perdre presque un quart de sa capacité installée et souhaite rester exportatrice d'électricité : elle envisage donc des réacteurs de remplacement, source de contentieux avec son voisinage (Autriche). Qu'il s'agisse de nouveaux réacteurs, de centrales thermiques ou d'énergies renouvelables, les investissements dédiés au remplacement de ces capacités auront un coût et vont entraîner un surenchérissement des prix de l'électricité.
D'une manière plus générale on peut considérer que l'UE a relativement peu avancé sur la coordination et la sécurisation de ses approvisionnements énergétiques. Les stratégies nationales l'emportent encore trop sur l'intérêt commun et les États membres ont peiné à trouver un terrain d'entente dans leurs relations avec leurs principaux fournisseurs, à commmencer par la Russie pour le gaz. Il n'y a toujours pas de plate-forme électrique intégrée développant les interconnexions aux frontières car les pylônes et lignes à haute tension nécessaires n'ont pas été édifiés.
Alors même que l’Union s'efforce de diminuer sa consommation d’énergie et de mettre en valeur les sources d’énergie renouvelables, sa dépendance vis-à-vis de fournisseurs extérieurs de carburants fossiles va en augmentant, ce qui s’explique avant tout par l’amenuisement de ses propres réserves pétrolières et gazières. L’Union est donc le premier importateur et le deuxième consommateur d’énergie au monde. Déjà tributaire de la Russie, de la Norvège et de l’Algérie, qui, à elles seules, assurent près de la moitié de ses approvisionnements en gaz (le moins polluant des carburants fossiles), l'Union, en l'absence de mesures radicales, devra importer 92% du pétrole et 81% du gaz qu'elle consomme à l'horizon 2030 (contre respectivement 73% et 44% en 2007) dans un contexte de demande mondiale en forte croissance.
Pour tenter de relever ces défis, le Conseil européen de mars 2007 a engagé un "plan d’action pour la protection du climat et la politique énergétique" en adoptant le "paquet intégré de mesures" proposé par la Commission européenne pour la période 2007-2009. Les propositions concrètes pour réaliser ce plan restent à préciser ou à approfondir.
Pour compléter :
- Dans le dossier Territoires européens : régions, États, Union, un article de Julien Vercueil, Union européenne – Russie : des "politiques de voisinage" de l'énergie
- Le portail "énergie et ressources naturelles" (Energy and natural resources) de la Commission européenne : http://ec.europa.eu/policies/energy_natural_resources_fr.htm
Mise à jour : décembre 2010
Energie dans les pays méditerranéens (2004) Espace essentiel de production et de transit de ressources énergétiques, la Méditerranée présente deux inégalités majeures :
- la dotation en ressources énergétiques est très fortement concentrée sur trois pays du Sud, l’Algérie, la Libye et l’Égypte, qui détiennent environ 5% des réserves mondiales de gaz naturel et 3% des réserves de pétrole.
- les pays du Nord sont plus riches et consomment beaucoup plus d’énergie que ceux du Sud.
Les pays de l'UE sont presque tous très dépendants en matière d'approvisionnements en hydrocarbures. Les nouveaux membres entrant dans l'UE en 2004 couvrent une partie de leurs besoins énergétiques à partir de gaz russe importé. Tous sont susceptibles de recourrir davantage aux ressources des pays du Sud méditerranéen. Les deux principaux gazoducs existants à ce jour sont le Transmed (Algérie,Tunisie, Sicile, Italie) et le gazoduc Maghreb-Europe (Algérie, Maroc, Espagne, Portugal) et de nombreuses liaisons sont à l’étude ou en projet pour des échanges Nord-Sud ou Est-Ouest. Or, les gazoducs créent interdépendances et solidarités.
Le renforcement des interconnexions électriques Nord-Sud et Est-Ouest peuvent avoir les mêmes effets. Il existe déjà une interconnexion électrique entre le Maroc et l’Espagne qui bénéficie aux deux réseaux. La boucle méditerranéenne n’est pas encore complète mais elle est inscrite depuis longtemps parmi les projets des entreprises électriques de la région. Des travaux du Comité maghrébin de l’électricité (Comelec) tendent à montrer que sa réalisation pourrait entraîner des réductions sensibles de coût par décalage des courbes de charge et réduction des marges de réserve nécessaires.
En ce qui concerne les approvisionnements pétroliers, l’augmentation des exportations de la Russie et le développement des grands gisements de la Caspienne (Kazakhstan et Azerbaïdjan) impliquent de développer des capacités d’acheminement et d'évacuation vers la Méditerranée, soit en passant par le Bosphore (en 2002, 7 400 pétroliers ont transporté 122 millions de tonnes de pétrole brut à travers le Bosphore), soit en rejoignant directement la Méditerranée par la Turquie. Ces perspectives d'intensification des échanges ne sont pas sans risques pour l’écologie de la zone. Il s'agit par ailleurs de questions d'importance stratégique dans la donne géopolitique de la région.
Notons enfin que tous les pays de l'aire méditerranéenne possèdent d’importants potentiels d'énergie renouvelable solaire et éolienne encore largement sous-exploités.
Pour en savoir plus :
- le World Energy Council (WEC - Conseil mondial de l'énergie), avec des informations par pays ou région, par type d'énergie
- l'International Energy Agency (IEA, agence autonome associée à l'OECD - OCDE)No publisherMobilités, flux et transportsGéographie critique des ressources : énergies, matières, foncierLe développement durable, approches géographiquesLa Méditerranée, une géographie paradoxaleTerritoires européens : régions, États, Union2022-06-16T07:48:27ZPloneGlossaryDefinitionFormations végétales méditerranéennes
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/formations-vegetales
Pour la définition générale, voir : formation végétale.
Le sentiment d'unité dans le monde méditerranéen provient largement des formes d'adaptation de la végétation à la sécheresse estivale (xéromorphie et thermophilie des végétaux) qui confère à ces régions son ambiance particulière. De telles formations se trouvent en dehors du monde méditerranéen, dans des régions également qualifiées, par européocentrisme, de « climat méditerranéen » (Australie occidentale, Afrique du Sud …).
La flore méditerranéenne se caractérise par sa xérophilie et sa thermophilie. Les arbres ou les arbustes ont des feuilles coriaces, en général persistantes, présentant des dispositifs de lutte contre la transpiration excessive de l’été (membranes épaisses, stomates protégés du soleil, concentration particulière des sucs cellulaires) : le pin parasol, le chêne vert, le chêne-liège, l'oléastre, le chêne zéen, en sont des exemples. Il faut encore citer des arbres comme le pistachier de l’Atlas, qui a des feuilles caduques en hiver et qui, bien que ses feuilles soient peu coriaces, supporte la sécheresse estivale là où le sol, profond, reste assez humide pendant l’été. La structure succulente, plus rare, est représentée par quelques euphorbes indigènes et surtout par des plantes « grasses » d’origine américaine : cactus et agaves, qui sont devenues très abondantes et souvent considérées, à tort, comme les plantes caractéristiques des pays méditerranéens.
La forêt occupe plus de 37 % des terres au nord de la Méditerranée, 14 % au sud et seulement 5 % à l’est. Ces écarts s’expliquent naturellement par les différences des conditions climatiques, mais ils sont également liés aux différences de contexte socio-économique. Au nord de la Méditerranée, la migration des anciennes populations rurales vers les villes (« exode rural ») la concentration des zones de production vers les zones les plus fertiles et les plus accessibles, ont provoqué l'abandon d'anciens terrains de parcours recolonisés par la végétation forestière.
Au sud et à l’est de la Méditerranée, les communautés rurales sont encore nombreuses et certaines continuent de croître. Les espaces boisés, qui de longue date ont été intégrés dans des systèmes agro-pastoraux, sont parfois surexploités. Ainsi, au Maghreb, le nombre de moutons et de chèvres est estimé à 50 millions, ce qui conduit au surpâturage. La consommation de bois de feu par les populations locales y est estimée à 0,35 m3 par habitant et par an.
Quoique le feu puisse constituer un mode de régénération des forêts méditerranéennes, à condition de rester peu fréquent, la multiplication des incendies est devenue localement une grave cause de régression des forêts. Dans les pays méditerranéens du nord, la progression de l’embroussaillement dans les espaces abandonnés a augmenté les risques d’éclosion et d’extension des incendies. Le changement climatique et la multiplication des mégafeux accentuent le phénomène, en Grèce par exemple.
Les formations basses sont les plus caractéristiques de la végétation méditerranéenne. Est sont dominées par les arbustes, les arbrisseaux et les sous-arbrisseaux, dont l’ensemble forme ce que les Espagnols appellent le matorral. Ces formations se divisent en plusieurs sous-types de paysages dont les noms locaux sont devenus classiques : maquis, garrigues, ermes.
Le maquis, sur substrat siliceux, contient des arbousiers, la bruyère en arbre, des calycotomes, des lentisques, parfois du buis, des daphnés (le garou), des ajoncs, le tout enchevêtré de salsepareille (Smilax) le rendant impénétrable. La garrigue, généralement sur substrat calcaire, est formée de buis, de chêne kermès (Q. coccifera), de genévrier oxycèdre, et de plantes odorantes (romarin, thym, lavande). Les phryganes en Grèce ont une physionomie analogue à celle des garrigues. La dégradation maximale donne une apparence de steppe, qu’on appelle « erme » en Provence (de erèmos, désert, voir aussi érème).
(ST) 2004, dernières modifications (SB et CB) : janvier 2024.No publisherLe paysage dans tous ses étatsLa Méditerranée, une géographie paradoxale2024-02-16T13:11:41ZPloneGlossaryDefinitionFrontière, frontières
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/frontieres
1) Au sens strict, la frontière est une limite fixée par traité entre deux États. En anglais, c'est le sens des mots border, borderline ou boundary line. La frontière comme ligne continue est historiquement récente et datée, elle a caractérisé l'apparition des États modernes, westphaliens. L'effort d'assignation de leurs limites a été rendu possible par le progrès des techniques de localisations géographiques et de cartographie. Auparavant, en l'absence de murailles ou autres fortifications, la frontière était une périphérie incertaine de « marches » à défendre ou de confins peu peuplés ou moins contrôlés.
Limites séparant deux entités territoriales différentes, les frontières, coupures ou coutures, peuvent être plus ou moins fermées, plus ou moins perméables. Tout organisme – individuel ou collectif – sécrète de la frontière, toute culture a ses limites : frontières et limites sont alors des instruments de régulation et de délimitation des systèmes socio-territoriaux. Les frontières s'accompagnent de discontinuités, d'effets de seuil (statistiques par exemple), de gradients plus ou moins accentués qui en sont tout à la fois la cause et la conséquence.
Une frontière ne saurait être « naturelle » en soi. Elle est toujours conventionnelle, produite par les sociétés humaines qui font d'éléments morphologiques de simples supports physiques destinés à en conserver le tracé. Une ligne de crête sur un relief, par exemple, n'est une frontière que si les deux États riverains s'accordent pour le décréter : les communautés locales, pastorales par exemple, s'en affranchissent au quotidien.
Les frontières, si elles peuvent être des lieux de tension, d'incertitude, de confrontation, peuvent être aussi des interfaces actives de stimulation et de compétition fécondées par la présence de l'autre, par ses différences.
2) Dans un sens plus large, la frontière peut être définie comme toute discontinuité entre deux formes différente d'appropriation territoriale, y compris à l'intérieur d'un État. C'est le sens du mot frontier en anglais, qu'on peut traduire aussi en français par front pionnier.
C'est Frederick Jackson Turner qui, en 1893, a théorisé le premier la notion de frontier, front pionnier de la conquête de l’Ouest américain et modèle de la construction du territoire des États-Unis. La frontière intérieure, mobile dans le temps et dans l’espace, répond à deux objectifs souvent concomitants. Le premier consiste à faire coïncider les limites administratives d’un État avec celles de sa maîtrise et de sa mise en valeur spatiale effectives. Dans le second cas, il s’agit de décharger d’autres espaces infranationaux de pressions, essentiellement démographiques. Sous l’effet d’une impulsion politique ou d’initiatives spontanées, l’avancée du peuplement et la valorisation économique traduisent l’intégration progressive dans le territoire national d’espaces considérés comme neufs, au détriment parfois des populations autochtones préexistantes au mouvement.
Dans un article publié sur Géoconfluences, Delphine Acloque (2022) propose une modélisation de six types de frontières, au sens large (frontier) d'après la littérature scientifique. La frontière turnerienne est ici le premier des six types.
Frontier comme processus civilisationnel Frontière = espace des terres libres et sauvages, « habitées par les populations autochtones, mais conceptuellement inhabitées » (Rasmussen et Lund, 2021)
Espace façonné par les pionniers et la « procession de la civilisation » (Turner, 1893) – commerçants, trappeurs, colons, soldats, fermiers – qui ont façonné l'identité et l'histoire de la démocratie américaine Frontière - interface Frontière = zone de contact et d'échanges entre des milieux distincts et des peuples aux pratiques et aux cultures différenciées Frontière - contrôle Frontière = espace de projection du centre et des pouvoirs centraux sur les périphéries, à l'origine d'une diversité de mécanismes de contrôle de l'espace (nationalisation des terres, délimitation de frontières administratives, sédentarisation des populations nomades) Commodity frontier* Frontière = espace résultant de la dynamique même du système capitaliste (Moore, 2000) = exploitation sans cesse renouvelée de ressources permettant l'accumulation
Production de biens (en particulier produits agricoles) sur des terres situées « aux marges du système » = condition du développement et de la reproduction capitalistes Frontière comme espace de dépossession Frontière = espace d'appropriation des ressources et de dépossession des populations autochtones (Harvey, 2001)
Définition de nouveaux droits et remise en cause des pratiques et des droits d'usage
Processus de privatisation des communs Frontière comme espace de « friction » (Tsing, 2005) Frontière = espace de tensions et de concurrences entre des forces et des processus contradictoires et complexes, où il faut se départir des catégories trop simples et dichotomiques opposant « gros » et « petit » ou encore « bon » et « mauvais » : « plus on regarde de près, plus la situation devient confuse » avec des « alliances croisées » (Eilenberg, 2014)
Frontière = espace de négociation et d'arrangements entre populations autochtones, gouvernants, entreprises privées, armée, mouvements sociaux locaux et internationaux Réalisation : Delphine Acloque, 2021 (à partir de la confrontation de sources bibliographiques diverses, dont les principales sont mentionnées dans le tableau). Les schémas modélisateurs sont proposées par Géoconfluences. Cliquez ici pour afficher les six schémas et leur légende.
*L'expression commodity frontier se traduit très imparfaitement en français par l'expression « front de production d'un bien ». J.W. Moore a notamment étudié le front du sucre au XVIe siècle et ses implications spatiales, socio-économiques et écologiques au sein des territoires de production.
(ST, JBB). Dernières modifications : septembre 2020, juin 2022.
Références citées
- Delphine Acloque, « Frontière désertique, front pionnier et territorialisation. Approche à partir du cas égyptien », Géoconfluences, juin 2022.
- Eilenberg Michael, 2014, “Frontier constellations: agrarian expansion and sovereignty on the Indonesian-Malaysian border”, The Journal of Peasant Studies, 41:2, pp. 157-182
- Harvey David, 2001, “Globalization and the 'spatial fix'”, Geographische Revue, 2001, vol. 3, n° 2, pp. 23-31
- Moore Jason W., 2000, “Environmental Crises and the Metabolic Rift in World-Historical Perspective”, Organization & Environment, vol. 13, n° 2, pp. 123–157
- Rasmussen M.B., Lund C., 2021, “Chapter 10: Frontiers: Commodification and territorialization”, in Akram-Lodhi et al. (ed.), Handbook of Critical Agrarian Studies, Edward Elgar Publishing
- Tsing Anna Lowenhaupt, 2005, Friction, Délires et faux-semblants de la globalité, [2020, La Découverte, pour la traduction française]. 420 p.
- Turner Frederick J., 1893, The frontier in American history, Hold Rinehart and Winston Pour compléter avec Géoconfluences
- Ressources de Géoconfluences sur le thème « frontières »
- Bibliographie : Jean-Benoît Bouron et Laurent Carroué, Frontières : indications bibliographiques
- Dossier : La frontière, discontinuités et dynamiques
- Dossier : Les réseaux transeuropéens de transport : relier pour intégrer ? 2018-2020
- Patrick Blancodini, « Essequibo : crise géopolitique entre le Guyana et le Venezuela », Géoconfluences, janvier 2024.
- Raymond Woessner, « Le transport aérien dans la pandémie, l’exemple de l’EuroAirport de Bâle », Géoconfluences, juin 2023.
- Hugo Mazzero et Leila Oulkebous, « Visites organisées de la zone démilitarisée entre les deux Corées : un exemple de "tourisme sombre" », Géoconfluences, mars 2023.
- Boris Lebeau et Marie Redon, « Géopolitique des jeux d'argent : la mondialisation sur le tapis », Géoconfluences, février 2022.
- Ninon Briot, Jean-Benoît Bouron et Pauline Iosti, « Les frontières disputées et conflictuelles dans le monde », carte à la une de Géoconfluences, décembre 2021.
- Yvette Vaguet, « Fronts et frontières en Arctique, quelle singularité ? », Géoconfluences, décembre 2021.
- Raymond Woessner, « Covid-19, tramway et frontière franco-suisse dans le périurbain bâlois », Géoconfluences, novembre 2020.
- David Lagarde, « Comment cartographier les circulations migratoires ? Quelques pistes de réflexions à partir du cas des exilés syriens », 2020.
- Frédéric Durand, « Timor, géohistoire des frontières stratifiées », 2020.
- Patrick Blancodini, « La frontière Suriname – Guyane française : géopolitique d’un tracé qui reste à fixer », 2019.
- Pascal Orcier, « Le Brexit, et après ? La situation en mai 2020 », 2020.
- Franck Ollivon et Florence Nussbaum, « États-Unis – Mexique, une frontière sanctuarisée, traversée, surveillée », 2019.
- Fabien Jeannier, « Le Brexit et la frontière irlandaise », 2019.
- Pascal Orcier, « Frontières et territoires frontaliers en Europe : une visite guidée », 2019.
- Pascal Orcier, « L'Europe entre associations, alliances et partenariats. L'état de l'Union européenne, de la zone euro, de l'espace Schengen et de l'Otan », mis à jour régulièrement.
- Clémence Vendryes, « Jérusalem, une guerre pour l’éternité. Conflits territoriaux autour des cimetières musulmans et juif de Bab ar-Rahma, Yosefiya et Har HaZeitim », 2016. Un exemple à l'échelle intra-urbaine.
- Anne-Laure Amilhat Szary, Sarah Mekdjian, Carte à la une : les frontières vues du sol et du ciel, navigation dans un itinéraire migratoire, 2015
- Nicolas Lambert, Carte à la une : les damnés de la mer, 2015No publisherLa frontière, discontinuités et dynamiquesLa Russie : des territoires en recompositionLa Méditerranée, une géographie paradoxalegénéralTerritoires européens : régions, États, UnionLa Chine, la modernisation encadrée d'un territoire global2024-01-18T12:40:09ZPloneGlossaryDefinitionGéopolitique
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/geopolitique
La géopolitique est l'étude multiscalaire des conflits entre acteurs. Cette branche de la géographie ne se limite pas aux conflits armés et interétatiques : les luttes d'influence au sein des structures intercommunales ou les controverses autour d'un aménagement régional peuvent, par exemple, relever d'une étude géopolitique. La géopolitique n'est pas synonyme de géographie politique, puisque toute géographie du fait politique ne relève pas de l'étude des conflits entre acteurs.
Après être entré en disgrâce du fait de son instrumentalisation par les nazis, l'emploi du terme a été progressivement réhabilité, tout particulièrement à travers les travaux d'Yves Lacoste. Le succès du mot a cependant desservi la notion, tant il est courant de l'utiliser comme un simple synonyme de politique, de géographique, de stratégique, et la géopolitique est parfois confondue avec les relations internationales. Le dictionnaire Les mots de la Géographie propose « l'idée selon laquelle il existe en permanence une dimension géographique des faits politiques, à commencer par leur distribution spatiale, et une dimension politique de la géographie : celle des acteurs et de la décision, qui fait partie intégrante des systèmes territoriaux. » (Hervé Théry, 1992, p. 240).
En somme, pour éviter au mot de perdre toute signification, il convient de le réserver aux situations dans lesquelles des rapports de force entre acteurs géographiques sont étudiés à plusieurs échelles, sans oublier l'échelle locale. Une étude exclusivement placée à l'échelle mondiale ne saurait être qualifiée de géopolitique.
La géopolitique, qui n’a longtemps été abordée qu’indirectement en géographie scolaire, est depuis 2019 enseignée en lycée en tant que telle, au sein de la spécialité HGGSP (Histoire-Géographie, Géopolitique, Sciences Politiques).
(ST), dernières mises à jour : (JBB) novembre 2019, (SB et CB) octobre 2023.
Références citées
- Théry Hervé, in Roger Brunet, Robert Ferras, Hervé Théry (dir.), Les mots de la géographie. Dictionnaire critique. Reclus, La Documentation française. 1993 (1e éd. 1992).
- Yves Lacoste, Le géographe et le politique, Géoconfluences, février 2002. Quelques exemples d'articles relevant de la géopolitique dans Géoconfluences
- Sylvain Domergue, « Notion en débat. Sécurité maritime », Géoconfluences, mars 2024.
- Marie Dougnac, « L’élection présidentielle à Taïwan ravive les tensions avec la Chine », Géoconfluences, février 2024.
- Clara Loïzzo, « Kaliningrad : une exclave territoriale russe à haute valeur stratégique », Géoconfluences, décembre 2023.
- Géopolitique et géoéconomie d'un produit alimentaire : Jérémy Denieulle, « Géopolitique du blé : une céréale dans la mondialisation », Géoconfluences, novembre 2023.
- Sud global : Vincent Capdepuy, « Le Sud global, un nouvel acteur de la géopolitique mondiale ? », Géoconfluences, septembre 2023.
- Nouvelles routes de la soie : Frédéric Lasserre, Barthélémy Courmont et Éric Mottet, « Les nouvelles routes de la soie : une nouvelle forme de coopération multipolaire ? », Géoconfluences, juin 2023.
- États, frontières et reconnaissance internationale : Thomas Merle, « Notions en débat. État failli, État de facto, quasi-État », Géoconfluences, novembre 2022.
- Revendications maritimes : Tanguy Auffret, « Le Portugal et la mer, la carte scolaire comme support des revendications maritimes », Géoconfluences, avril 2022.
- Géopolitique locale : Fabrice Clerfeuille, « Le conflit autour du projet minier « Montagne d’or » en Guyane au prisme de la géopolitique locale », Géoconfluences, mars 2022.
- Vaimiti Goin, « L’espace indopacifique, un concept géopolitique à géométrie variable face aux rivalités de puissance », Géoconfluences, octobre 2021.
- Patrick Blancodini, « La frontière Suriname – Guyane française : géopolitique d’un tracé qui reste à fixer », Géoconfluences, septembre 2019.
- Teva Meyer, « Le nucléaire et le territoire : regards sur l’intégration spatiale des centrales en France », Géoconfluences, novembre 2017.
- Farid Benhammou et Rémy Marion, « Arctique : Les dessous géopolitiques de la protection de l'ours polaire », Géoconfluences, mars 2017.
- Clémence Vendryes, « Jérusalem, une guerre pour l’éternité. Conflits territoriaux autour des cimetières musulmans et juif de Bab ar-Rahma, Yosefiya et Har HaZeitim », Géoconfluences, décembre 2016.
- Voir la liste des ressources relevant excplicitement du champ de la géopolitique sur le site Dans la rubrique Brèves
- Conférence filmée : Barbara Loyer, existe-t-il une méthode géopolitique ? Brève de 2019
- Géopolitique de l’espace cybernétique : approches géographiques. Brève de 2015
- Contributions de la géographie et de la géopolitique à l’analyse et aux débats sur les enjeux soulevés par les attentats des 7 et 8 janvier 2015. Brève de 2015. Dans les ressources pour les classes
- Ressources de Géoconfluences pour le programme de spécialité (HGGSP) en première et en terminale.No publisherGéographie critique des ressources : énergies, matières, foncierOcéans et mondialisationLe développement durable, approches géographiquesLa Méditerranée, une géographie paradoxalegénéralAfrique subsaharienne : territoires et conflitsAfriques : dynamiques régionales2024-03-18T09:00:01ZPloneGlossaryDefinition