Cadrage et problématiques générales

Publié le 11/01/2013

Mode zen

Le tourisme constitue dans le monde contemporain une réalité à fois économique (5% du PIB  mondial et 6 à 7% des emplois mondiaux) et  sociale, avec la massification des pratiques touristiques et une progression de celles-ci corrélée à l'émergence au tourisme de nouveaux groupes sociaux, pour une large part issue de pays émergents.

Si dans le passé, la géographie a pu se sentir mal à l'aise avec le tourisme, activité multiforme perçue comme difficile à cerner et à quantifier, sa présence aux différents niveaux de l'enseignement scolaire comme dans les thèmes de recherche des géographes, montre qu'il n'en est plus rien et que le fait  touristique peut, sous réserve d'utiliser démarches et outils d'analyse appropriés,  être appréhendé comme objet géographique à part entière.

Pour une approche géographique du tourisme :

Identification du / ou des niveau(x) d'échelle pertinents pour l'analyse d'un espace ou d'un flux touristique, soit,

  • échelle du monde : zones émettrices, zones réceptrices, (grands bassins touristiques mondiaux), flux ;
  • échelle des bassins touristiques : aires, pôles ;
  • échelle des États : États émetteurs,  États récepteurs ; enjeux d'aménagement, impact et enjeux économiques, sociaux, environnementaux, solde touristique ;
  • échelle régionale : tourisme et développement régional, spécialisation touristique ;
  • échelle locale : aménagements et paysages du tourisme.
     

Analyse en terme de potentialités/contraintes : cette lecture s'est substituée à la supposée "vocation touristique" anciennement utilisée par la géographie pour cerner régions et pôles touristiques ;  elle ne se limite plus à la seule prise en compte des aménités climatiques ou culturelles du lieu, mais intègre des variables comme l'accessibilité, le contexte politique (stabilité, sécurité), l'environnement, etc.

Le tourisme comme facteur de différenciation spatiale : la généralisation des transports à longue distance couplée à la diversification des pratiques (tourisme "extrême", ou d'aventure) a élargi l'oekoumène touristique au globe tout entier. Toutefois à l'échelle de la planète une différenciation s'opère, distinguant espaces émetteurs et zones réceptrices. Les "bassins touristiques" appréhendés à différentes échelles révèlent de forts contrastes, en termes de fréquentation et d'impacts, entre des lieux soumis à une forte pression et fréquentation touristique et d'autres délaissés.

Le tourisme, une forme d'échange dans lequel c'est le touriste (consommateur) qui vient au produit touristique (offre) ; la pratique touristique se distingue de l'activité quotidienne en ce qu'elle suppose un déplacement, une distance, une destination, et donc la mise en relation de lieux distincts et distants (espace du quotidien/espace touristique) ; elle repose sur le jeu d'acteurs (touristes, professionnels du tourisme et de l'aménagement, etc.) ; elle suscite des flux (flux de personnes, flux financiers).

Le tourisme, une activité génératrice d'aménagements et de paysages spécifiques : si on admet qu'il n'y a pas de "vocation touristique" à tout jamais établie, fréquentation et pratiques touristiques sont le résultat d'aménagements (pour l'accès, pour l'hébergement, pour les pratiques sportives et de loisirs) ; ces derniers marquent et modifient inégalement les lieux, éventuellement de manière agressive (barres d'immeubles en bordure de mer ou en montagne) ; parfois ces aménagements sont "en creux" et constituent, en raison même du tourisme, en une "mise en réserve" plus ou moins stricte des espaces (parcs nationaux).

Le tourisme une activité désormais appréhendée en termes de développement durable : dans cette perspective, la mesure du tourisme ne peut plus se limiter à la seule dimension économique ; elle intègre désormais une préoccupation sociale en s'interrogeant sur les bénéfices retirés ou non de cette activité par les populations des zones et pôles touristiques, mais aussi une dimension environnementale (impact sur les milieux : érosion, végétation, faune,  question de l'eau, gestion des déchets, etc.). L'articulation de ces trois dimensions permet d'apprécier, pour un lieu ou espace donné, le caractère durable ou non de l'activité touristique.

 

par Jean-Louis Carnat, IA-IPR d'histoire et géographie,
membre du comité éditorial de Géoconfluences,
le 1er septembre 2011

Pour citer cet article :  

« Cadrage et problématiques générales », Géoconfluences, janvier 2013.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/les-nouvelles-dynamiques-du-tourisme-dans-le-monde/cadrage-et-problematiques-generales