Glossaire sur le tourisme
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/les-nouvelles-dynamiques-du-tourisme-dans-le-monde/vocabulaire-et-notions-generales/glossaire
Un glossaire pour : questionner, problématiser ; identifier et comprendre des mots-clefs ; faire des recherches en ligne.Acculturation
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/acculturation
L'acculturation est un concept commun aux sciences sociales, désignant « d'une manière minimaliste, presque simpliste, (...) l'ensemble des phénomènes et des processus qui accompagnent la rencontre entre deux cultures différentes. » (Courbot, 2000). Deux groupes humains caractérisés par des attributs culturels différents, s'ils ont en contact de manière régulière, s'influencent réciproquement, éventuellement l'une des deux cultures prenant le pas sur l'autre.
La conquête et la domination coloniale, l'intégration territoriale ou sociale au sein de constructions impériales ou étatiques, la domination économique et linguistique, ou encore plus récemment la mise en tourisme d'un espace, peuvent être à l'origine de processus d'acculturation. La romanisation dans l'antiquité ou l'américanisation des modes de vie au XXe siècle peuvent en être des exemples, sans perdre de vue l'idée que la culture dominante est toujours influencée en retour par les cultures intégrées ou assimilées. Le degré de coercition et de violence est variable selon les formes de colonisation, entre une danisation des Groenlandais reposant d'abord sur la modernisation économique (ce qui n'exclue pas des formes de violence) et la sinisation des Ouïghours en Chine actuellement qui implique des crimes de masse.
L'historienne antiquisante Cécilia Courbot a critiqué la notion, qu'elle estime datée et problématique, d'abord en raison du flou persistant derrière ce qu'on veut entendre par « culture » et ensuite parce que « son utilisation amène, le plus souvent, à aborder des notions aussi polémiques que celles de la race, de l’ethnie, du rapport entre société dominante/société dominée, de la colonisation ».
(JBB) mars 2018. Dernière modification : janvier 2021.
Références
- Courbot Cécilia, « De l'acculturation aux processus d'acculturation, de l'anthropologie à l'histoire. Petite histoire d'un terme connoté », Hypothèses, 2000/1 (3), p. 121–129. Pour compléter avec Géoconfluences
- Andréa Poiret, « La politique de « danisation » des populations locales groenlandaises et ses effets à travers la mémoire des habitants d’Ilulissat », Géoconfluences, janvier 2021.
- Fabienne Joliet et Laine Chanteloup, « Le prisme des représentations paysagères arctiques des Inuits et des Qallunaat : l’exemple du Nunavik (Canada) », Géoconfluences, janvier 2020.No publishergénéralLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeMondes arctiques, espaces, populations, sociétésAfriques : dynamiques régionales2023-06-23T14:48:39ZPloneGlossaryDefinitionActeurs et opérateurs (économiques) du tourisme
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/acteurs-et-operateurs-economiques-du-tourisme
En dehors des touristes eux-mêmes, agents qui sont les principaux maîtres d'œuvre de l'activité touristique, trois catégories d'acteurs concourent à la satisfaction des besoins des touristes : les entreprises commerciales ; les associations et les organismes à vocation sociale ; les pouvoirs publics. Ces différents acteurs peuvent être animés de stratégies collectives par le biais, par exemple, d'institutions comme les offices du tourisme, les collectivités.
Les entreprises du secteur du tourisme et celles qui leur sont associées (transport) sont caractérisées par la coexistence d'une multitude d'entreprises artisanales à petits effectifs et de quelques grandes sociétés.
On observe une tendance croissante à la spécialisation des entreprises touristiques, tant à l'égard du produit, de l'offre, que de son environnement : hébergement, transport, loisirs et organisation de voyages et séjours, distribution. Plusieurs formes de regroupements permettent aux entreprises touristiques ou de transport de mieux assurer leur gestion et leur promotion : les chaînes volontaires, regroupements d'entreprises indépendantes mettant des moyens en commun et/ou une labellisation (par ex. en France la Fédération internationale des logis qui distribue le label "logis de France") ; la franchise avec ses variantes, très présente dans l'hôtellerie ; les alliances technico-commerciales avec des formules variées de coopération dans le domaine de la réservation par exemple (système Amadeus).
Mais le secteur du tourisme fait aussi l'objet de concentrations, horizontales, verticales ou en conglomérats. Ainsi observe-t-on des chaînes hôtelières intégrées (groupe Accor pour la France, Marriott, Hilton, Best Western, Global Hyatt aux États-Unis, etc.). Les agences de voyages connaissent une concentration particulièrement accentuée dans certains pays, notamment en Allemagne où trois groupes, World of TUI, Thomas Cook et Rewe Touristik contrôlaient 65,1% des parts du marché des agences en 2006.
La concentration est également verticale. Ainsi, par exemple, le groupe TUI AG (TUI Aktiengesellschaft) s'est développé dans différents secteurs ainsi distribués en 2009 : celui du voyage (TUI Travel) avec 3 500 agences de voyage et voyagistes et une flotte de 140 avions (Hapagfly, Hapag-Lloyd Express, Corsairfly, etc.), le groupe opérait, sous 200 marques différentes ; le secteur de l'hôtellerie (TUI Hotels & Resorts) qui comprend 243 hôtels offrant 154 000 lits dans 28 pays dans le monde sous les marques Riu, Grecotel, Grupotel, Iberotel, Dorfhotel, Robinson and Magic Life, etc. ; le secteur des croisières (TUI Cruises) avec Hapag-Lloyd Cruises (Hapag-Lloyd Kreuzfahrten) dont la flotte comprend une gamme diversifiée, du 3 au 5 étoiles, de dix navires. Ainsi structuré, le groupe emploie 65 000 salariés dans le monde au service d'environ 30 millions de clients. Il investit également dans le transport par conteneurs (Hapag-Lloyd AG) : avec 115 porte-containers sa capacité de transport est de 470 000 Equivalent vingt pieds (EVP).
En France, le Club Méditerranée, Havas voyage sont également entrés dans la voie de l'intégration verticale de même que les transporteurs comme Air France ou la Sncf qui s'engagent dans les secteurs des voyages ou de l'hôtellerie par exemple. De grands groupes industriels ou de la distribution diversifient aussi leurs activités dans le secteur du tourisme : ainsi, entre autre, Fnac Voyages et E. Leclerc Voyages.
Les diverses professions du tourisme se sont regroupées au sein d'associations interprofessionnelles, nationales ou internationales, qui les défendent, font du lobbying en leur nom et leur fournissent des services, des études, une assistance. Ainsi par exemple les associations nationales d'agents de voyages ont créé la Fédération universelle des associations d'agences de voyages (Fuaav) en 1966. À l'échelle européenne, le Groupement des unions nationales des agences et organisateurs de voyages (ECTAA), fondé en 1961, compte aujourd'hui des membres des 27 États membres ainsi que de Suisse et de Norvège.
Dans certains pays l'offre de tourisme est également caractérisée par le rôle d'un important secteur associatif et d'organismes sociaux. En France par exemple, associations à but non lucratif selon la loi de 1901, comités d'entreprise et caisses d'allocations familiales animent le secteur. Les premières associations de ce type sont apparues durant la seconde moitié du XIXe siècle : le British Alpine Club en 1857 ; les premières colonies de vacances en 1875 ; les premières maisons familiales et le Touring club de France en 1890 ; les premières auberges de jeunesse en Allemagne en 1909. Mais c'est avec la généralisation des congés payés et au lendemain de la Seconde guerre mondiale que le mouvement associatif a pris son essor.
Parmi les associations de tourisme familial françaises, le groupe Villages Vacances Familles (VVF) vient largement en tête : en 2006, 500 000 personnes ont été accueillies dans 59 villages, hôtels-clubs ou résidences locatives en France ou ailleurs dans le monde. Mais, au début du XXIe siècle, le secteur associatif du tourisme traverse une crise profonde et, un peu abandonné par les pouvoirs publics, il n'est pas toujours en phase avec les aspirations et pratiques des consommateurs de produits touristiques.
Enfin, les conséquences territoriales, économiques et sociales du tourisme nécessitent l'implication des pouvoirs publics. En France, un Code du tourisme rassemble, depuis 2006, des textes dispersés : urbanisme, collectivités territoriales, travail, impôts, etc. L'État, les régions, les départements et les communes ont vocation à intervenir en faveur du développement du tourisme. Le tourisme est, pour certains pays, une priorité nationale et il vient souvent compléter des ressources nationales insuffisantes. L'encadrement de l'activité touristique par les autorités peut parfois être sourcilleux lorsqu'il s'agit de pouvoirs forts et centralisés.
(ST), janvier 2011.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Victor Piganiol, « Les escales de croisière maritime à Bordeaux, entre retombées et nuisances », Géoconfluences, mai 2023.
- Victor Piganiol, « Image à la une. Les escales de croisière maritime à Bordeaux », Géoconfluences, avril 2023.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le monde2023-05-22T08:19:24ZPloneGlossaryDefinitionActeurs spatiaux, action spatiale
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/acteurs-spatiaux-action-spatiale
Les acteurs sont, en géographie, l'ensemble des agents (individus, groupes de personnes, organisations) susceptibles d'avoir, directement ou indirectement, une action sur les territoires. Le féminin est actrice (une entreprise actrice d'un territoire). Les échelles de l'action vont de l'individu à l'État et aux structures transnationales, en passant par les entreprises, les collectivités locales, les associations, etc. Les acteurs ont leurs représentations mentales et patrimoniales, leurs pratiques socio-spatiales des territoires ; leurs intérêts, leurs objectifs et donc leurs stratégies. Ils peuvent passer des alliances, faire du lobbying, arbitrer, s'opposer, ou encore entrer en conflit ( voir conflit d'acteurs). L'étude des acteurs permet de mettre en récit une situation géographique, autant que d'éclairer cette situation par des questionnements pertinents (qui fait quoi ? dans quel but ? pourquoi ici et pas ailleurs ? quels sont les rapports de force).
De même qu'au théâtre, les acteurs se font donner la réplique, il est rare qu'un acteur géographique soit seul sur scène : il est en interaction, et parfois en conflit, avec les autres acteurs. Le jeu d'acteurs désigne ces interactions à l'œuvre à travers les choix législatifs, réglementaires, les politiques d'aménagement adoptées. Dans ce cadre, sont considérés comme des acteurs faibles ceux qui ne disposent que de peu d'atouts dans une négociation du point de vue de leur rayonnement, de leur pouvoir ou de leurs réseaux de relations, pour faire valoir leurs choix et défendre leurs intérêts. Les acteurs forts sont ceux qui disposent des attributs inverses.
La puissance publique dispose d'outils juridiques pour intervenir au nom de l'intérêt public. En France par exemple, depuis 1962, la zone d’aménagement différé (ZAD) couvre le périmètre dans lequel les projets d'aménagement doivent se réaliser. Une partie d'entre elles, infimes au regard de l'ensemble des procédures mises en places depuis la création de ce dispostif, ont fait l'objet de jeux d'acteurs très médiatisés : ce sont les ZAD au sens second (zones à défendre) voir ZAD (zone d'aménagement différé ; zone à défendre).
Des actions des différents acteurs résultent, d'une part, le mode de fonctionnement d'un espace (systèmes de transports, systèmes de production et distribution, implantation des services, choix d'urbanisme, etc.), et d'autre part le paysage ainsi produit.
(La rédaction). Dernières modifications : février 2013, décembre 2020, mai 2022.
Pour compléter → Voir aussi : Acteurs et opérateurs (économiques) du tourisme
Des exemples de jeux d'acteurs sur les territoires :
- La multinationale AirBnB en France : Victor Piganiol et Vincent Aulnay, « La France d'AirBnB », Carte à la une de Géoconfluences, mai 2021.
- Florian Pons, « Penser la ville de demain en sixième : un exemple de démarche prospective au cycle 3 (quartier Valmy, Lyon) », Géoconfluences, janvier 2021.
- Axelle Egon et Lionel Laslaz, « Résister face à Center Parcs. Les espaces de la ZAD de Roybon » Géoconfluences, septembre 2020.
- Jean Renard et Cécile Rialland-Juin, « Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : les rebonds d’un aménagement conflictuel » Géoconfluences, février 2013.
- Stéphane Merle, « L’Euro 2016, révélateur des enjeux de l’aménagement des grands stades en France », Géoconfluences, 2016.
- Les grands stades et l'aménagement du territoire, deux études de cas : Geoffroy-Guichard à Saint-Etienne, un stade rénové sur fonds publics / OL Land à Lyon, un stade ex nihilo sur fonds privés.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeGéographie critique des ressources : énergies, matières, foncierGéographie de l'école, géographie à l'écoleLa France : des territoires en mutationLe développement durable, approches géographiquesgénéral2023-02-16T15:29:36ZPloneGlossaryDefinitionAgence de voyages, voyagiste, tour-opérateur
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/agence-de-voyages-vs-voyagiste-tour-operateur
Les opérateurs du tourisme sont les acteurs de ce secteur économique, organisés en filière.
Une agence de voyages est une entreprise qui commercialise des prestations de services et des produits de voyages, de séjours, de croisières et de loisirs. Elle joue le rôle d'intermédiaire et/ou d'agrégateur de services entre les clients et les différents prestataires sur le marché du tourisme : compagnies aériennes, hôteliers, loueurs de voiture, compagnies d'assurances, etc. À la différence du voyagiste ou tour-opérateur, l'agence ne fait que revendre les produits des prestataires. Elle fait office d'intermédiaire entre le tour-opérateur et le touriste en vendant des circuits et des séjours, percevant au passage une commission. Elle n'est donc pas rétribuée par le client mais directement par ses fournisseurs. Les agences de voyage proposent des séjours soit à destination de l'étranger, soit dans le pays où elles sont implantées (agences réceptives).
La profession de voyagiste est ancienne, elle a été inaugurée par Thomas Cook en 1841. Un voyagiste (terme recommandé en France et au Canada) ou tour-opérateur (de l'anglais Tour Operator) est un assembleur, entreprise chargée d'organiser des séjours touristiques en réunissant plusieurs prestations de différents fournisseurs (compagnies aériennes, hôteliers, autocaristes, restaurateurs, guides etc.) à des prix négociés et en les vendant à un prix tout compris sous forme de "forfait" ou de "package". Il affrète les avions et les places charters ou négocie les tarifs auprès des compagnies régulières, à la différence de l'agence de voyages qui fait de la revente.
La frontière entre distributeur et assembleur tend à s'estomper, du fait notamment des pratiques nées du e-tourisme, de l'Internet, du "forfait ou package dynamique" permettant à un client de composer, sur le site du prestataire, un voyage sur-mesure, à la carte, comme pourrait le proposer un agent de voyage.
(ST) janvier 2011.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Hugo Mazzero et Leila Oulkebous, « Visites organisées de la zone démilitarisée entre les deux Corées : un exemple de "tourisme sombre" », Géoconfluences, mars 2023.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le monde2023-03-27T07:10:01ZPloneGlossaryDefinitionAirbnb
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/airbnb
Airbnb est une plateforme en ligne de réservation de logement permettant de réserver sur internet un logement en entier ou une chambre, une ou plusieurs nuits chez l’habitant ou en hébergement touristique. Elle peut être rangée, au côté des GAFAM et des BATX, et au même titre que d’autres plateformes, au rang des entreprises du numérique jouant un rôle majeur dans nos existences. L’entreprise, fondée en 2008 et d’une capitalisation de 90 milliards de dollars en 2021, est aussi un exemple de start-up californienne devenue une multinationale (les fameuses « licornes »).
En raison de son ampleur, du nombre d’inscrits et des sommes en jeu, l’entreprise californienne est devenue une actrice géographique mondiale de première importance. Dans le domaine touristique en tout premier lieu : en augmentant l’offre dans un premier temps, elle a démultiplié les capacités de chacun (en tout cas des personnes ayant accès à internet) à voyager, à se loger hors de chez soi, y compris avec un budget limité. Airbnb a fondé sa communication sur l’idée que plus aucun lieu de l’écoumène ne serait hors de portée. En fait, l’augmentation de l’offre permise par Airbnb se fait surtout dans des territoires déjà touristiques (Bouquet et al., 2019, Piganiol et Aulnay, 2021). Dans un second temps, un regard critique pourrait voir une situation de quasi-monopole, un service hôtelier déguisé sans contrepartie – donc une évasion fiscale massive –, et finalement un étouffement de l’offre touristique locale.
Sur certains espaces très liés au secteur touristique, l’entreprise a des effets locaux puissants qui dépassent largement ce secteur économique. Le géographe Victor Piganiol, qui lui a consacré sa thèse, parle même d’un « briseur de villes » (2021). En effet, la manne financière d’une location Airbnb, avec une contrainte faible pour le loueur, a déréglé l’équilibre de quartiers voire de villes entières, en faisant sortir du marché locatif traditionnel une part important du parc de logements. La disparition des habitants, remplacés par des voyageurs de passage, peut détruire les liens sociaux nécessaires aux habitants des quartiers populaires mis en tourisme, en particulier pour les personnes âgées. Ce processus est parfois appelé « airbnbsation » (Blain, 2024). Parmi toutes les nuisances propres à l’économie de plateformes numériques (résumées par l’expression « ubérisation » de la société, du nom d’une autre plateforme), la déresponsabilisation des acteurs est un trait saillant : en cas de conflit lié à la présence de la multinationale sur un territoire, les acteurs locaux n’ont aucun interlocuteur vers qui adresser leurs plaintes.
Des tentatives se sont fait jour pour réintroduire des formes de régulation dans l’activité de la firme californienne. Certaines municipalités ont obligé l’entreprise à référencer ses annonces et à reverser une taxe de séjour comme c'est le cas dans le secteur hôtelier, et des États ont cherché à taxer les activités de l’entreprise sur leur territoire, comme pour n’importe quelle autre activité économique. Du fait de sa taille et du nombre d’annonces en circulation, les contrôles restent très difficiles à mettre en œuvre. De son côté, l’entreprise, qui cultive pourtant une image de « capitalisme cool », entretient un très grand secret autour de son fonctionnement et se plie de mauvaise grâce aux tentatives de régulation. Elle a licencié un cinquième de son effectif en 2021 en raison des effets de la pandémie de covid 19 sur l’économie touristique.
(JBB), janvier 2022, dernière modification : février 2024.
Références citées
- Blain Jeffrey, « Le modèle des super-îlots à Barcelone : un exemple de régénération d’une ville », Géoconfluences, février 2024.
- Bouquet Claire, Vacher Luc et Vye Didier, « Que nous dit l’offre Airbnb sur l’évolution des territoires touristiques ? Le cas de La Rochelle/Île de Ré », Mappemonde [En ligne], 125 | 2019, mis en ligne le 1er janvier 2019.
- Piganiol Victor, « Airbnb ou la géopolitique (mondialisée) d’un hébergement touristique contesté. De la disruption magnifiée aux conflictualités généralisées... », Via [En ligne], 19 | 2021, mis en ligne le 26 juillet 2021.
- Piganiol Victor et Aulnay Vincent, « La France d'Airbnb », Carte à la une de Géoconfluences, mai 2021.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeActeurs et espaces du patrimoineDéveloppement, inégalités, richesse et pauvretéDe villes en métropoles2024-02-09T12:05:50ZPloneGlossaryDefinitionAltérité
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/alterite
L'altérité est un concept culturel qui renvoie à l'autre et à l'ailleurs.
Selon l'Équipe MIT, le concept d'altérité appliqué au champ du tourisme permet « l’exploitation dynamique d’un différentiel d’identité géographique ou social à travers la mise en relation d’un individu avec des lieux ou des individus qui lui sont autres, dans un processus de mobilité. L’altérité est relative à un capital spatial accumulé au cours des déplacements. Elle exprime toutes les facettes de ce qui est autre : divers, disparate, dissemblable, différent, hétéroclite, hétérogène et étranger, voire autrui. Elle s’applique tant aux lieux qu’aux êtres humains. Constitutive des pratiques touristiques, elle implique une rencontre avec un autre soi-même, d’autres lieux, d’autres personnes, d’autres temps, un ailleurs, à la faveur du déplacement. L’altérité des lieux est un élément de définition de l’identité des lieux, laquelle est relative et évolutive (l’altérité des lieux évolue, selon l’accessibilité et les pratiques). Dans le domaine du tourisme, l’ailleurs comme dimension géographique de l’altérité joue un rôle essentiel dans l’imaginaire et la pulsion d’aller dans des lieux autres. »
(ST, JBB) janvier 2011, modifié en novembre 2018.
Pour compléter
- Pascal Clerc, « Monastère, agora, forteresse ou nœud d’échanges. Quatre modèles pour définir les relations entre les écoles et leurs environnements », Géoconfluences, janvier 2021. No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeMondes arctiques, espaces, populations, sociétésGéographie de l'école, géographie à l'école2022-05-06T12:47:56ZPloneGlossaryDefinitionAménités
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/amenites
Au sens strict, les aménités sont les éléments naturels de l’espace représentant un attrait pour les habitants, permanents ou temporaires. Le terme d’aménité recouvre le plus souvent les éléments du paysage ou du milieu (climat...), perçus comme « naturels » et exerçant une attractivité touristique ou résidentielle, mais le sens peut être étendu aux aménagements destinés à faciliter l’accès à ces éléments. Dans un sens plus large, le terme est utilisé comme synonyme d’atout : on parle ainsi d’aménités culturelles pour décrire la densité d’acteurs culturels susceptibles d’entrer en interaction en contexte urbain (Mouate, 2019).
Dans le cas d'une résidence principale, la recherche d'aménités peut être l'un des paramètres influençant la localisation du lieu de résidence, mais elle intervient en second lieu après des critères comme le coût ou la distance aux lieux de travail des membres du foyer. En revanche, elle peut être primordiale pour les touristes dans leur choix des lieux de vacances, ou pour les résidents secondaires.
Le terme peut être critiqué. D’abord il peut conduire à évacuer trop rapidement la subjectivité de ce que chacun considère comme agréable ou appréciable, entraînant un flou dans l’usage de la notion. Ensuite, il semble faire de la nature un gisement et du paysage une ressource, que les habitants (touristes ou résidents) exploiteraient pour leur bien-être. C’est aussi faire peu de cas du rôle des acteurs géographiques dans l’aménagement de l’espace. Dans le cas des espaces ruraux ou extérieurs aux villes, par exemple, l’utilisation du concept d’aménité peut ainsi conduire à une analyse biaisée, urbanocentrée, d’espaces considérés depuis l’extérieur comme « naturels », par simple méconnaissance du jeu des acteurs par lequel ils sont, comme tout espace géographique, des espaces sociaux.
(JBB) avril 2021.
Références citées
- Mouate, Olivier. « Vers une meilleure compréhension du concept d’aménité culturelle dans le contexte urbain », Revue d’Économie Régionale & Urbaine, vol. n° 3, juin 2019, p. 517-538. Pour compléter avec Géoconfluences
- Jeanne Léna, « L'opposition entre la métropole d’Istanbul et le gouvernement turc dans l'aménagement des îles aux Princes », Géoconfluences, décembre 2022.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeLes espaces ruraux et périurbains en France : populations, activités, mobilitésLe paysage dans tous ses étatsGéographie critique des ressources : énergies, matières, foncier2022-12-01T08:25:11ZPloneGlossaryDefinitionApproche géographique du tourisme
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/approche-geographique-du-tourisme
L'approche géographique du tourisme s’attache à mettre en évidence la dimension spatiale du tourisme, c’est-à-dire à décrire et à expliquer les éléments et les interrelations du système touristique. Le développement et la qualité des lieux touristiques, la géographicité des acteurs du tourisme (touristes, guides, entreprises, etc.) sont du ressort de l’approche géographique du tourisme. Dans ses ambitions scientifiques comme dans sa mise en œuvre, la géographie du tourisme comprend deux volets liés : 1) l'application des concepts géographiques à l’étude du tourisme (distance, espace, lieu, place centrale, etc.), 2) la fécondation de la géographie par le transfert de nouveaux concepts et savoirs issus du champ du tourisme.
(ST) janvier 2011. Dernière modification (JBB), mars 2023.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Rémy Knafou, « Le tourisme, indicateur et outil de transformation du Monde », Géoconfluences, février 2011.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le monde2023-03-08T10:06:24ZPloneGlossaryDefinitionAprès-tourisme, post-tourisme
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/apres-tourisme-post-tourisme
Les termes d'après-tourisme et de post-tourisme désignent tous les deux la phase durant laquelle les stations et régions touristiques perdent leur activité touristique, soit par abandon définitif, soit par reconversion : résidentialité périurbaine ou secondaire, industrialisation, nouvelle activité de loisirs. Cette mutation se traduit dans le paysage par des délaissés d'équipements et des friches immobilières et peut aller jusqu’à la disparition des équipements par renaturation.
Philippe Bourdeau introduit une différence entre après-tourisme et post-tourisme :
- L’après-tourisme est une notion englobant toutes les formes d’évolution du tourisme moderne.
- Le post-tourisme désigne le dépassement des cadres de pensée, de structuration et de pratique du tourisme à la fois du fait de l’évolution sociétale globale et de l’évolution sectorielle du champ récréatif. Il renvoie à une dynamique de décloisonnement de l’ici et de l’ailleurs, du temps ordinaire et du temps extraordinaire, de l’« habiter » et du « visiter ». (ST, MCD) dernière modification avril 2014. Dernière modifiation (JBB), mai 2023.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Philippe Bachimon, Philippe Bourdeau, Jean Corneloup et Olivier Bessy, « Du tourisme à l'après-tourisme, le tournant d'une station de moyenne montagne : St-Nizier-du-Moucherotte (Isère) », 2014. Pour aller plus loin
- Philippe Bourdeau, « De l’après-ski à l’après-tourisme, une figure de transition pour les Alpes ? », Revue de Géographie Alpine | Journal of Alpine Research, 97-3 | 2009.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le monde2023-05-14T13:22:15ZPloneGlossaryDefinitionAttraction et attractivité
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/attraction-attractivite
Dans un modèle gravitaire, l’attraction, force centripète et agrégative, est le contraire de la répulsion, centrifuge et distributive. Les logiques d’attraction, inspirées de la physique et des sciences expérimentales, relèvent de la géographie quantitative et leur utilisation repose nécessairement sur une mesure. On peut ainsi mesurer l’attraction démographique comparée de plusieurs villes, ou la capacité de territoires à attirer des capitaux.
L’utilisation du terme est toujours délicate lorsqu’elle sort du champ de la mesure pour se placer dans celui de l’appréciation : l’attraction supposée d’un territoire ne saurait être postulée à partir d’un ressenti personnel, du discours des acteurs locaux, ou des seuls témoignages d’habitants, quand bien même (ou d’autant plus que) ces discours ont une dimension performative.
L’attractivité désigne la capacité d’un espace à attirer. Avec le tournant néolibéral des politiques publiques, à toutes les échelles, à partir du dernier quart du XXe siècle, l’aménagement du territoire, devenu aménagement des territoires, est passé d’une logique planificatrice, centralisée, redistributive, à une logique de compétitivité, dans laquelle chaque territoire doit valoriser ses atouts pour améliorer l’attractivité. Parmi les exemples de ces politiques d’attractivité à différentes échelles, on retrouve parmi tant d’autres les zones franches (telles que les ZES), les incitations fiscales, les pôles de compétitivité, les pépinières et clusters d’entreprises, le marketing territorial, ou encore les priorités définies par la Commission européenne pour l’attribution des fonds structurels (« more competitive and smarter », plus compétitifs et « intelligents »).
La plupart du temps, l’attractivité est considérée comme un but en soi sans que ne soit jamais précisé ce qui doit être attiré. Il peut être question d’attirer les actifs, les étudiants, les riches, les cadres, les touristes, ou toute catégorie « désirable » pour les pouvoirs publics, ou bien d’attirer les équivalents monétisés de ces catégories (des emplois qualifiés, des retombées financières, des taxes, des devises étrangères…). Les discours officiels indiquent rarement ce qui n’est pas désirable, ce qu’on ne souhaite pas attirer. L’autre vide de la notion d’attractivité est l’absence de questionnement sur la capacité d’un seul territoire à être attractif pour des catégories si différentes : un territoire attractif pour les entreprises et les investissements peut s’avérer trop cher pour les étudiants ou trop pollué pour les touristes.
Si des effets de croissance forts sont observés à l’échelle locale, à l’échelle régionale et nationale, les politiques d’attractivité tendent à accentuer les inégalités entre les territoires. D’après un rapport de 2021, jusqu’en 1980, la part des inégalités entre pays par rapport aux inégalités internes aux pays ne cessait d’augmenter. Depuis 1980 les courbes se sont inversées et les inégalités à l’intérieur des pays ont pris le pas sur les inégalités entre pays.
Depuis les années 2010, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’inefficacité des politiques d’attractivité. Les chercheurs Michel Grossetti et Olivier Bouba-Olga (2021) ont ainsi appelé à se « désintoxiquer » de ce qu’ils appellent la « mythologie CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence) ».
Voir aussi : Attraction et attractivité des lieux touristiques
(JBB) janvier 2022.
Références citées
- Bouba-Olga Olivier et Grossetti Michel, 2018. « La mythologie CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence) : comment s’en désintoxiquer ? », HAL. 23 novembre.
- Chancel Lucas (dir.), Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, Rapport sur les inégalités mondiales 2022, Word Inequality Lab, déc. 2021. Pour compléter avec Géoconfluences
- Déconstruire le mythe de l’attractivité des territoires, brève de janvier 2022.
- Sébastien Bourdin, « La Politique de cohésion pour 2021-2027 : vers une plus grande territorialisation ? », Géoconfluences, octobre 2020.
- Laurent Carroué, « Paris-Saclay, une Silicon Valley à la française ? », Géoconfluences, mars 2017.
- Antoine Grandclement, « Les pôles de compétitivité : d’une géographie de l’innovation à une géographie de la production », Géoconfluences, 2020.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeMobilités, flux et transports2023-05-14T13:04:01ZPloneGlossaryDefinitionAttraction et attractivité des lieux touristiques
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/attraction-et-attractivite-des-lieux-touristiques
Voir : attraction et attractivité
Il est courant de qualifier les lieux touristiques d’attractifs du fait notamment de leurs aménités naturelles. C’est là passer sous silence tout le travail de construction sociale de la nature, de la ressource et finalement de l’attractivité. Considérer un lieu touristique comme attractif peut en effet servir un discours déterministe expliquant la fréquentation des lieux touristiques par leur seul « génie des lieux » et minimisant de fait le rôle de la mise en tourisme et plus profondément de la construction du regard (ou artialisation). L’historien Alain Corbin a montré combien le rivage n’a pas été de tout temps attractif en Europe : jusqu’au XIXe siècle, il est même plutôt considéré comme laid, vide et inutile. Le regard porté par les peintres d’alors, associé notamment à un discours hygiéniste et médical valorisant l’air du large et les bains de mer contre les miasmes de la ville, ont joué un rôle fondamental dans la construction finalement tardive du bord de mer comme destination touristique.
Les éléments attractifs des lieux mis en tourisme sont de natures variées : ressources « naturelles » (plage, faune et flore, paysages remarquables, etc.) ; socioculturelles et patrimoniales (monuments et musées, manifestations et événements, etc.) ; autres (réalisations technologiques, parcs, etc.). Souvent, à l'origine, l'attractivité d'un lieu repose sur un élément principal, une seule attraction. Dans un premier temps, pour en faire une destination, des services supports se greffent autour de l'attraction, puis ils se diversifient et se complexifient ; de nouvelles attractions vont pouvoir alors s'implanter. On pourra distinguer l'attraction primaire, celle qui motive principalement le voyage, des attractions secondaires, tertiaires qui justifient la durée du séjour, les dépenses effectuées et qui varient d'un individu, d'un groupe à l'autre.
À une époque où la demande mondiale de pratiques touristiques est en forte expansion par le fait principalement de la croissance économique des pays émergents, les offres attractives se multiplient, de nouveaux lieux sont mis en tourisme mais ils entrent aussi en concurrence.
(ST), janvier 2011. Dernière relecture : mai 2023.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Dossier : Les nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeNo publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeActeurs et espaces du patrimoine2023-05-14T13:02:50ZPloneGlossaryDefinitionBulle touristique
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/bulle-touristique
1. Les bulles touristiques, traduction de l'anglais « tourism bubbles », sont des enclaves touristiques fortement isolées de leur contexte spatial, de façon à éviter aux touristes le contact avec la réalité sociale et culturelle des lieux qu'ils visitent. « Propre, esthétique, balisée et sécurisée, telles sont les principales caractéristiques de [la] bulle touristique » (Lepan, 2013). L'expression se rencontre encore fréquemment avec les guillemets. L'enclavement de la bulle touristique est relatif, du cas extrême des parcs de loisirs placés littéralement sous des bulles de protection, à celui des quartiers de certaines villes qui sont mis en scène par les autorités, comme à Doubaï (Semple, 2017), de manière à attirer les touristes en balisant leur séjour, en passant par les stations touristiques.
La notion, issue des tourist studies, est d'origine anglo-saxonne et s'applique initialement aux États-Unis, espace régi par un fonctionnalisme important et une longue tradition de zonage séparant les différentes activités. Les bulles touristiques génèreraient de l'hétérotopie, de la différenciation avec l'espace environnant. Sa transposition à d'autres espaces fait débat : Léopold Lucas (2014) affirme ainsi que « les lieux touristiques des villes ne sont pas des enclaves ».
2. L'expression « bulle touristique » peut également désigner un phénomène de forte croissance du secteur touristique dans un espace restreint, avec une dimension spéculative, par transposition de la bulle immobilière ou de la bulle financière.
(ST) 2011, dernière modification : (JBB) janvier 2017.
Références citées
- Lucas Léopold (2014), « Les lieux touristiques des villes ne sont pas des enclaves », EspacesTemps.net, 22 août 2014.
- Lepan Laurie (2013), L’espace touristique de la grande ville : une approche par les pratiques et les mobilités touristiques. Le cas de la destination Paris. Université d’Angers, 2013. p. 28 (pdf).
- Semple Laure (2017), « Le mégaprojet du Dubai Water Canal : fabrique d’une ville mondiale à travers la construction d’un réseau touristique », Géoconfluences, janvier 2017. Pour compléter avec Géoconfluences
- Tourisme hors-sol
- Raphaël Languillon, « Tôkyô Disney Resort et Disneyland Resort Paris : deux modèles originaux d’aménagement touristique au Japon et en France », Géoconfluences, 2011.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le monde2023-03-12T17:06:48ZPloneGlossaryDefinitionCapacité d'accueil / capacité de charge touristique
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/capacite-d-accueil-capacite-de-charge-touristique
La capacité de charge touristique est le nombre de touristes qu’un lieu (/ un système touristique) peut recevoir sans en être durablement modifié. Les multiples définitions de ce terme reposent toutes sur la volonté de trouver quantitativement le nombre idéal de touristes pouvant fréquenter un lieu sans le transformer de manière préjudiciable, ce qui est évidemment une illusion. Ce terme a été forgé à partir des sciences physiques, le lieu mis en tourisme étant conçu comme un matériau solide sur lequel s’exerce une pression l’étirant et pouvant provoquer à terme sa modification irrémédiable.
Cette définition pose problème, pour plusieurs raisons :
a) parce qu’il n’existe pas d’activité humaine sans effet sur son environnement ;
b) parce qu’on ne sait pas calculer la contenance théorique d’un site à aménager ;
c) parce qu’on ne sait pas définir un optimum de "charge" d’un lieu existant ;
d) parce qu’on est fondé à se demander pourquoi il faudrait considérer les lieux touristiques à travers cette notion et pourquoi ne le ferait-on alors pas pour une ville.
On se trouve donc en présence d’une notion d’allure scientifique mais de contenu totalement soumis aux représentations de ceux qui la produisent et/ou l’utilisent.
Il n’en reste pas moins que des professionnels du tourisme utilisent encore cette notion, notamment pour servir de caution à des produits estampillés tourisme durable, vert, équitable ou solidaire. Sans l’afficher ouvertement, la capacité de charge devient alors un prétexte justifiant, sous des allures rationnelles, la fermeture d’un site à certaines populations jugées trop pauvres et/ou trop incultes pour l’apprécier vraiment (mise en place de péages au prix prohibitif, accessibilité filtrée par des autorisations, etc.).
Certains opérateurs touristiques plus avisés lui préfèrent la notion plus vague de "capacité d’accueil". Si la quantification d’une capacité de charge repose sur une illusion scientifique, il n’en demeure pas moins que les gestionnaires des lieux touristiques peuvent être fondés à limiter le nombre des touristes dans un lieu, en fonction de la prise en compte de la qualité de la visite touristique comme du souci d’atténuer l’impact d’une fréquentation sur un milieu jugé fragile.
En France, la loi "littoral" se borne à suggérer les moyens de l'estimer : "Son estimation doit découler d'une approche globale portant sur des unités de territoire qui, par leur homogénéité de caractéristiques géographiques, naturelles, paysagères, constituent des entités résidentielles et touristiques. Son estimation porte sur la totalité des urbanisations existantes ou à créer et prend en compte les espaces naturels qu'il faut préserver d'une fréquentation excessive". La capacité d'accueil est ici conçue comme capacité d'urbanisation. Une circulaire du 22 octobre 1992 précise que la capacité d'accueil résulte "d'une appréciation des possibilités d'urbanisation des unités de territoire. La part de cette capacité d'accueil qui peut être consacrée au tourisme constitue la capacité d'accueil touristique". Elle prend alors en compte l'ensemble des équipements et des infrastructures.
La capacité d'hébergement désigne le nombre de lits qu’offre l’ensemble des hébergements d’une destination touristique. On distingue généralement les hébergements relevant du secteur marchand (camping, hôtels, résidences de tourisme, locations mises sur le marché) du secteur non marchand (chez des parents et amis).
Pour compléter, pour prolonger :
- On peut évoquer l'exemple de l'île de Pâques (Rapa Nui en polynésien), dont le patrimoine, notamment les statues moai, attire chaque année environ 65 000 visiteurs. Sous la pression des 5 000 habitants de l'île, les autorités chiliennes avaient rendu obligatoire une "Carte spéciale visiteurs" (TEV) à obtenir à l'aéroport de Santiago du Chili, le seul à desservir Rapa Nui. Cette carte a été jugée illégale par la cour suprême chilienne en octobre 2009.
Parc national de Rapa Nui : http://whc.unesco.org/fr/list/715
Mise à jour : janvier 2011No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeLes espaces littoraux : gestion, protection, aménagement2013-01-29T13:09:05ZPloneGlossaryDefinitionCartepostalisation
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/cartepostalisation
Voir aussi : disneylandisation, mise sous cloche, muséification
La cartepostalisation est un néologisme qui désigne en géographie du tourisme le fait que de nombreux sites soient transformés, consciemment ou inconsciemment, afin d’évoquer des paysages de cartes postales, et donc une image standardisée, ce qui a tendance à gommer leurs spécificités pour les faire ressembler à d’autres lieux référents.
Le phénomène de cartepostalisation a été étudié en géographie du tourisme suite aux travaux de Rémy Knafou et du MIT (2002 ; 2005) avant d’être repris par plusieurs chercheurs en géographie culturelle. Ce néologisme a été créé par Jacques Derrida (1980) pour désigner le devenir de tout écrit public, indépendant des intentions de son auteur. Tout texte acquiert en effet une signification autre que celle pour laquelle il a été écrit, car il est lisible par tous et non par ses seuls destinataires initiaux, en intégralité ou de manière fragmentée. Il acquiert donc une signification différente de la volonté initiale de son auteur, d’autant plus qu’il peut ou non se greffer dans un contexte culturel très différent de celui de l’écrivant. Les lieux ont le même devenir. Créés dans un but autre par des sociétés locales, ils sont modifiés en fonction d’un contexte culturel de plus en plus mondialisé.
La notion de cartepostalisation est donc concomitante de celle d’archétype. La transformation d’un site de bord de mer, par exemple, passe souvent par la plantation de palmiers, même si ceux-ci ne sont pas adaptés au milieu local. Le but est de « tropicaliser » le lieu, pour l’assimiler à l’idée que l’on se fait d’un littoral attrayant, « dépaysant ». Ce type d’aménagement a été particulièrement mené sur les bords de la Méditerranée. Cette cartepostalisation peut être volontaire ou non. Elle est parfois sciemment proposée par les aménageurs ou des politiques ; elle est surtout inconsciente et correspond aux schémas culturels dominants qui imprègnent ces mêmes acteurs. Ce phénomène s’est accéléré dans un contexte de mondialisation culturelle. Sylvie Brunel (2006) a même pu parler de disneylandisation pour dénoncer cette standardisation effectuée dans le but d’attirer des touristes.
La cartepostalisation produit donc du territoire car elle contribue à modifier les lieux et à les rendre comparables à d’autres lieux référents : la plage tropicale et ses palmiers (tropicalisation), la station de ski et ses chalets (helvétisation), le village du « Sud » de la France et ses lavandes (lavandisation, Tommasi 2018)… Le cinéma et la télévision, et désormais Internet, ont particulièrement contribué à la diffusion de ces archétypes (Bourgeat et Bras, 2014). Mais il existe également une cartepostalisation immatérielle comme en témoignent certaines pratiques : est-il pensable de faire un séjour au ski sans manger un soir une tartiflette, même si la station n’est pas située dans les Alpes savoyardes, et alors même que ce plat n’est en rien une tradition, mais une création récente ?
Serge Bourgeat et Catherine Bras, décembre 2019.
Références citées
- Bourgeat Serge et Bras Catherine (2014). « Le monde de James Bond : logiques, pratiques et archétypes ». Annales de géographie, 2014/1-2 n° 695-696.
- Brunel Sylvie (2006). La planète disneylandisée. Chroniques d’un tour du monde. Éditions Sciences humaines. 2006.
- Derrida Jacques (1980), Spéculer sur Freud. La carte postale, de Socrate à Freud et au-delà. Aubier-Flammarion 1980.
- MIT (mobilités, itinéraires, territoires), Tourismes 1. Lieux communs, Paris 7, Belin 2002. 319 pages.
- MIT (mobilités, itinéraires, tourismes), Tourismes 2. Moments de lieux, Paris 7, Belin 2005. 349 pages.
- Tommasi Greta (2018), « La gentrification rurale, un regard critique sur les évolutions des campagnes françaises », Géoconfluences, avril 2018.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Serge Bourgeat et Catherine Bras, « Mise en tourisme et cartepostalisation : le cas des Anses-d’Arlet (Martinique) », Géoconfluences, janvier 2020.
- Andréa Poiret, « L’essor touristique sur le temps long d’un site aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial, le fjord de Geiranger (Norvège) », Géoconfluences, janvier 2024.
- Florian Laval, « Carte à la une. Les "panneaux marron" sur les autoroutes du Massif central, fabrique d'un récit touristique », Géoconfluences, janvier 2024.No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeActeurs et espaces du patrimoine2024-03-25T14:48:02ZPloneGlossaryDefinitionClubbisation
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/clubbisation
Processus de sélection, de distinction sociale de certains groupes en fonction de leur niveau de vie ou d'autres paramètres (tranche d'âge, pratique culturelle ou sportive). Le prototype en est le golf résidentiel (un golf réservé aux habitants d'un quartier résidentiel fermé comme on en trouve sur la côte méditerranéenne).
Éric Charmes a analysé la clubbisation dans les périphéries des grandes villes françaises dans son ouvrage : La ville émiettée. Essai sur la clubbisation de la vie urbaine, PUF, 2011. Il y montre que les communes périurbaines deviennent des clubs résidentiels plus que des communautés politiques locales. Dans ces communes, l’acquisition d’une maison individuelle ressemble à l’acquisition d’un ticket d’entrée dans un club résidentiel. La clubbisation consiste à développer des stratégies de fermeture et de mise à distance de telle ou telle population.
(MCD) avril 2014
Pour compléter
- Un exemple : Philippe Bachimon, Philippe Bourdeau, Jean Corneloup et Olivier Bessy, « Du tourisme à l'après-tourisme, le tournant d'une station de moyenne montagne : St-Nizier-du-Moucherotte (Isère) », 2014.
- Éric Charmes, « Au-delà du rêve de village : le club et la clubbisation », Métropolitiques, 16 mai 2011.
No publisherLa France : des territoires en mutationLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeDéveloppement, inégalités, richesse et pauvreté2022-01-05T02:58:24ZPloneGlossaryDefinition