Glossaire des risques
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/risques-et-societes/vocabulaire-et-notions-generales/glossaire
Acceptabilité du risque
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/acceptabilite
Voir aussi : acceptation sociale
L'acceptabilité sociale des risques est fortement liée à la reconnaissance de leur nature anthropique et à leur gestion à travers un ensemble de procédures, de controverses, d'expertises. Un risque est considéré comme acceptable (ou tolérable) par une personne ou une collectivité lorsqu'elle peut en supporter les conséquences, les dommages, au regard de sa probabilité d’occurrence (aléa). De fait, l'acceptabilité est variable dans le temps et dans l'espace. Les législations et les réglementations, en fixant des normes, des seuils, des compensations, témoignent de ces évolutions et de cette variabilité spatiale et temporelle. Des jeux d'acteurs se nouent autour des enquêtes d'utilité publique, des décisions d'aménagements du territoire, entre associations, décideurs, entrepreneurs, assureurs.
Dans les sociétés contemporaines développées, les catastrophes sont de moins en moins bien acceptées, d'autant plus qu'elles semblent échapper au contrôle des spécialistes et des experts. Le passage à des sociétés plus individualistes a pu favoriser le développement de sentiments d'insécurité, rendant plus intolérable la réalisation du risque (Beck, 2001).
Une déclinaison économique de cette notion consiste à déterminer le montant maximal que les sociétés sont prêtes à payer pour bénéficier d'une protection contre les risques (consentement à payer – "willingness to pay" ou WTP) ou, sinon, le montant minimal que ces mêmes sociétés sont prêtes à recevoir en compensation de préjudices subis ("willingness to accept" ou WTA). Le consentement à payer peut être mesuré grâce à la méthode d’évaluation contingente. Elle s’appuie sur la réalisation de sondages censés cerner la propension à payer des individus.
Des analyses coût-avantage ou coût-bénéfice sont généralement un préalable à l’évaluation du consentement à payer. Elles permettent de chiffrer le coût d’un ouvrage de protection (calibré pour un aléa d’une intensité donnée) et les bénéfices qu’il induit (indemnisation moindre car les dégâts sont moindres). Ces analyses permettent de trouver le juste calibrage des ouvrages de protection comparativement aux bénéfices escomptés.
De même, l'acceptabilité sociale des pollutions ou des nuisances est variable dans le temps et dans l'espace. Les nuisances sonores d'un aéroport peuvent devenir inacceptables lorsque les rotations des appareils s'intensifient. Les quantités de particules fines contenues dans l'atmosphère peuvent devenir inacceptables lorsqu'on a établi une relation certaine avec des surmortalités. Une eau dont la potabilité peut paraître acceptable dans certains pays du Sud ne le sera plus pour ceux du Nord.
(ST) juillet 2004. Mise à jour : mai 2005.
Références citées
- Beck U. La société du risque, Aubier, 2001. Pour compléter avec Géoconfluences
- Sur le même thème, voir le glossaire Risques et sociétés
- Sur le même thème, voir le glossaire Développement durable, approches géographiquesNo publisherLe développement durable, approches géographiquesMondes arctiques, espaces, populations, sociétésRisques et sociétés2024-02-07T08:36:33ZPloneGlossaryDefinitionAccident
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/accident
L'accident survient dans la temporalité quotidienne, son caractère peut paraître banal. À la différence de la catastrophe, il s'inscrit dans une continuité relative avec le passé et le futur. Il ne bouleverse pas les choix de société, il n'implique pas une rupture irréversible ni une perte irrémédiable de repères, à un niveau collectif du moins.
L'événement accidentel porte atteinte à la "normalité" et entraîne une situation perturbée. Dans ce cas, des fonctions spécialisées sont mises en oeuvre pour aider au retour à la normale. Mais ceci n'est valable que pour l'accident "classique", celui qui reste dans le champ de validité des capacités de régulation d'urgence et de résilience. Au-delà de certaines limites, lorsque l'événement initiateur devient un "accident majeur", ou, lorsque le système ou son cadre général sont déjà fortement marqués par le déséquilibre, on entre dans le domaine de la crise.
Mise à jour : mai 2005No publisherRisques et sociétés2013-02-28T13:45:08ZPloneGlossaryDefinitionAléa
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/alea
L'aléa (hazard en anglais) est la possibilité que se produise un événement impliquant une perturbation de l'équilibre d'un milieu. L'aléa est un phénomène résultant de facteurs ou de processus qui échappent, au moins en partie, au contrôle humain : inondation, cyclone, glissement de terrain, éruption volcanique, séisme, tsunami. L'aléa ne devient un risque qu'en présence d'enjeux humains, économiques et environnementaux, possédant une certaine vulnérabilité (fragilité). Par exemple : un typhon sur un atoll désert de l'océan Pacifique n'est pas un risque, mais un cyclone sur des secteurs habités de l'île de La Réunion devient un risque majeur et peut provoquer des dommages considérables.
Sur un espace donné, un aléa est plus ou moins probable et comporte une large part d'incertitude quant à son déroulement (moment, circonstances). L’analyse scientifique de l’aléa comporte la description de la nature du phénomène, de son intensité et de sa probabilité d’occurrence. En l'état actuel des connaissances, les accidents climatiques, par exemple, s'inscrivent dans des cycles, obéissent à des modèles, qui peuvent les rendre prévisibles. C'est beaucoup plus difficile dans le cas de l'aléa sismique.
(ST), 2010. Dernières modifications (MCD), novembre 2015 (JBB), septembre 2019, février 2023.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Elsa Peinturier, « Risques littoraux et aménagement en Louisiane : les défis d’un territoire insoutenable ? », 2015.
- Christopher Gomez, Franck Lavigne, Raphaël Paris et Sylviane Tabarly, « Séisme et tsunami à Sumatra, 2004 - 2010 : de la catastrophe environnementale et humaine à la reconstruction », 2010.No publisherRisques et sociétés2023-09-14T15:12:52ZPloneGlossaryDefinitionAménagement du territoire, aménagement des territoires
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/amenagement-du-territoire
L'aménagement du territoire désigne l'ensemble des politiques mises en œuvre pour encadrer ou infléchir les évolutions d'un territoire généralement à l'échelle de l'État en fonction de choix politique et du contexte. L'aménagement est l'une des formes de l'appropriation d'un territoire. La racine latine d'aménagement, manere, évoque la maison, le manse, le manoir. Aménager comme emménager ou déménager fait allusion, originellement, à l'espace domestique et à des actions de la vie quotidienne. L'un des objectifs de l'aménagement du territoire peut-être de corriger les déséquilibres. En France, pendant plusieurs décennies, la DATAR, une institution placée sous la responsabilité du Premier ministre, a été le chef d'orchestre de l'aménagement du territoire, dont elle définissait les grandes orientations.
Les champs d'application des politiques d'aménagement du territoire peuvent être divers : armatures et réseaux urbains ; planification et priorités en matière d'infrastructures et de grands équipements considérés comme « structurants » ; développement, localisation, relocalisation des activités productives ; définition et localisation de pôles d'innovation et de recherche et développement ; aménagement des régions à spécialisation territoriale (tourisme, montagne, littoral) ; prise en compte des dimensions supranationales et transfrontalières ; préoccupations dites de « développement durable ».
L'aménagement du territoire est apparu comme un domaine d'action autonome, identifié dans les politiques globales des États développés au cours des années 1930 et il s'est généralisé dans les années 1950. C'est par leurs politiques d'aménagement du territoire que les acteurs publics agissent pour corriger les déséquilibres et orienter les développements spatiaux à partir d'une appréhension d'ensemble et d'un projet global et prospectif. Les formes prises par l'aménagement du territoire ont une composante idéologique, dans la mesure où celui-ci consiste à réaliser un projet politique : favoriser les territoires les plus compétitifs pour attirer les entreprises et créer de l'emploi, ou maintenir une offre de services publics dans tous les territoires et pour tous les habitants, sont deux orientations différentes, même si elles ne sont pas nécessairement contradictoires. C'est ainsi qu'en France et ailleurs, l'aménagement du territoire, entendu comme le territoire national, est parfois devenu sous l'effet des politiques d'attractivité et de compétitivité l'aménagement « des » territoires, entendus comme la juxtaposition de collectivités locales mises en concurrence entre elles.
À partir des années 1980, dans la plupart des pays à économie de marché, puis dans les anciens pays socialistes, l'aménagement a progressivement cessé d'être une politique publique de long terme à visée planificatrice destinée à corriger les déséquilibres d'un territoire. C'est l'époque de la dérégulation et de l'inflexion néolibérale des politiques publiques : l'aménagement est segmenté en grands projets, conduits par des partenariat public-privé : la puissance publique identifie un besoin et lance un appel d'offre, et l'opération est réalisée par des acteurs privés, le plus souvent une grande firme transnationale (grands cabinets d'architecture ou d'urbanisme, multinationales du BTP, géants miniers...). C'est dans ce contexte que fleurissent dans tous les pays, des plus riches aux plus pauvres et encore plus dans les pays émergents, les mégaprojets mobilisant des capitaux privés considérables, mais aussi des investissements publics massifs.
Aujourd'hui, le terme est souvent utilisé sans épithète : l'aménagement.
(ST) juillet 2004. Dernières modifications (JBB) juin 2019, janvier 2022, mai 2022.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Marie Guilpain, « Aménager des espaces publics favorables à la santé en contexte rural : l’exemple du bourg de la commune d’Augan (Morbihan) », Géoconfluences, décembre 2023.
- Serge Bourgeat et Catherine Bras, « Le rond-point en France : approches plurielles d’un objet géographique émergent », Géoconfluences, mai 2023.
- Antoine Beyer, « Grandeur, décadence et possible renouveau du réseau ferroviaire secondaire français », Géoconfluences, novembre 2021.
- Antoine Grandclement, « Les pôles de compétitivité : d’une géographie de l’innovation à une géographie de la production », Géoconfluences, décembre 2020.
- Marjolaine Gros-Balthazard, « À la découverte des territoires néo-industriels français », Géoconfluences, décembre 2019.
- Laurent Carroué, « Paris-Saclay, une Silicon Valley à la française ? », Géoconfluences, mars 2017. Sommaire :
Aménagement du territoire et gestion des risques | Aménagement du territoire et santé | Aménagement du territoire et transports | Aménagement du territoire français | Aménagement du territoire européen | Aménagement du territoire chinois
Aménagement du territoire et gestion des risques La politique d’aménagement du territoire participe aux politiques de prévention dont le but est d’anticiper la manifestation éventuelle d’un risque en limitant ses effets destructeurs. On peut citer Rousseau qui, en réponse à Voltaire voyant dans le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 (plus de 40 000 morts) une pure fatalité, lui répondit, dans une lettre datée du 18 août 1756, que « la nature n'avait point rassemblé là 20 000 maisons de 6 ou 7 étages, et que si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre, et peut-être nul ».
De nos jours, différents types de documents législatifs et réglementaires fixent des cadres à la prévention, et imposent des zonages qui orienteront les choix d'aménagement des territoires :
Penser le risque en termes d'aménagement du territoire consiste à passer d'une logique de probabilité surtout temporelle à une logique de probabilité spatiale. C'est une approche indispensable à la gestion territoriale du risque. Elle pose certains problèmes dont :
- celui des arbitrages entre le caractère relativement continu des phénomènes spatiaux liés aux risques (variable selon le risque considéré cependant) et le caractère discontinu de leur gestion territoriale : délimitation de zones réglementées, protégées ; délimitation des zones aidées, des aires déclarées en « catastrophe naturelle », etc.
- celle de la nécessaire prise en compte des emboîtements d'échelle et de responsabilités, qui, selon le risque concerné, pourront aller du local au global.
Diverses échelles peuvent être prises en considération, par exemple :
- certaines unités naturelles : vallées et bassins versants par exemple pour les risques d'inondation, d'éboulements et de glissements de terrain, d'avalanches, etc.
- des aires urbaines, des bassins industriels et des axes de transport pour les risques technologiques,
- des échelles souvent transfrontalières pour les risques biologiques, chimiques, et nucléaires majeurs et pour certaines catégories de risques naturels (climatiques notamment).
Les situations à risques peuvent être localisées de manière très variée, voire atomisée selon qu'elles se situent à des niveaux collectifs ou individuels : risques urbains, risques de la mobilité (accidents de la route), risques liés à la santé et au travail (infection par le VIH, effets de l'amiante ...). Les maillages administratifs ne seront donc pas toujours pertinents et devront souvent être transgressés pour permettre une gestion adaptée du risque.
Pour prolonger dans Géoconfluences :
- La loi et le risque : réglementations, alerte, organisation des secours
- Mégapoles et risques en milieu urbain. L'exemple d'Istanbul
Mise à jour : novembre 2010
Sur le même thème, voir le glossaire Risques et sociétés
Aménagement du territoire et santé La politique d'équité territoriale par compensation volontariste des déséquilibres et des inégalités économiques et sociales trouve ses déclinaisons en matière de santé. Sa mise en œuvre vise à améliorer l'accessibilité aux soins en pratiquant une discrimination positive impliquant des choix, des arbitrages.
Dans ces perspectives, la géographie de la santé s’intéresse aux liens réciproques entre dynamiques sanitaires et dynamiques territoriales, entre organisation de l’offre de soins et aménagement du territoire, entre situations sanitaires et inégalités socio-spatiales. Elle trouve de nombreux champs d’application dans le domaine de la santé publique : critères d’allocations de ressources, gestion sanitaire des territoires, montage d’observatoires locaux de santé etc.
Pour compléter, pour prolonger dans Géoconfluences :
- L'organisation territoriale et la planification sanitaire en France
- La démographie médicale en France, le risque des déserts médicaux. L’exemple de la montagne ardéchoise. (Virginie Chasles, Alice Denoyel, Clément Vincent)
Mise à jour : mars 2013
Sur le même thème, voir le glossaire Géographie de la santé
Aménagement du territoire et transports Les grands programmes d'aménagement des territoires sont fréquemment tournés vers la réalisation de nouvelles infrastructures de transports (highways aux États-Unis, autoroutes en Europe, lignes à grande vitesse en France). Ils ont généralement pour objectif de réduire l'enclavement des territoires et de renforcer leur accessibilité, avec le projet plus ou moins affirmé d'une forme "d'égalisation territoriale" tendant vers l'isotropie.
Paradoxalement, si l'achèvement d'un réseau déjà établi (chemin de fer, autoroutes) permet de tendre vers cet objectif, tout nouveau réseau (TGV, téléphone mobile, internet haut débit, wifi) recrée de la différenciation territoriale au profit des pôles et des axes desservis.
Sur le même thème, voir le glossaire Mobilités, flux et transports
Aménagement du territoire français Le concept d'aménagement du territoire est apparu à la fin de la Deuxième guerre mondiale, mais l'idée et sa pratique en étaient plus anciennes, et remonte au moins à la création des grands corps d'ingénieurs de l'État comme l'École des mines au XVIIIe siècle ou les Eaux et Forêts plus tôt encore.
Après la Deuxième guerre mondiale et la reconstruction, l'aménagement du territoire connaît en France une impulsion sans précédent, dans la logique de l'État planificateur. L'objectif principal des politiques d'aménagement est la réduction des inégalités régionales, dans une logique de prise de décision verticale et centralisée. La loi du 1er juin 1950 crée un Fonds national d'aménagement du territoire (FNAT) et une direction du même nom.
La Délégation à l'aménagement du territoire (DATAR) est fondée en 1963. Elle a un rôle de coordination interministérielle impulsée par les Comités interministériels d'aménagement du territoire (CIAT). Le FNAT est remplacé par un Fonds d'intervention pour l'aménagement du territoire (FIAT). Nombreux ont été les dossiers pris en charge par la DATAR. On peut citer entre autre, successivement, les métropoles d'équilibre, puis les villes moyennes et enfin les pays.
En 1995 la Loi pour l'orientation et l'aménagement du territoire (LOADT ou loi Pasqua) réactive la politique d'aménagement du territoire. Le FIAT devient, après fusion avec d'autres fonds sectoriels, le Fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT). Des Directives territoriales d'aménagement (DTA) précisent les modalités d'application des lois d'aménagement et d'urbanisme en les adaptant aux spécificités locales.
En 1999, la Loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire LOADDT (ou loi Voynet) modifie la loi Pasqua : elle y intègre les notions de développement durable et de participation citoyenne, à travers une Charte de développement durable et un Conseil de développement. Elle abandonne les schémas sectoriels de la loi Pasqua au profit des Schémas de services collectifs. Le rôle des Schémas régionaux d’aménagement et de développement du territoire est de fixer les orientations fondamentales à moyen terme, de développement durable du territoire régional, en veillant à la cohérence entre les projets d'équipement des différentes collectivités territoriales avec ceux de l'État. La LOADDT modifie aussi l’organisation des pays.
Enfin, la Loi Urbanisme et Habitat du 2 juillet 2003 simplifie les procédures d'organisation et de reconnaissance des pays. Elle introduit davantage de liberté dans l’élaboration des Schémas de cohérence territoriale (SCOT), elle simplifie la procédure de constitution d’un pays, réaffirme l’échelle des bassins de vie ou d’emploi comme échelle de référence pour étudier les territoires.
L'approche de l'aménagement du territoire a donc évolué pour tenir compte des processus d'urbanisation et de métropolisation, pour prendre en compte les aspirations au « développement durable » des territoires et des populations. Les oppositions Paris/province et rural/urbain ne sont plus pertinentes pour orienter les stratégies adoptées. Au demeurant, les projets d'aménagement des territoires inspirés des logiques d'agglomération, de réseaux, de pays, de dépassement de maillages hérités ont parfois du mal à s'imposer.
Mise à jour : juillet 2005
Aménagement du territoire européen L’aménagement du territoire ne fait pas partie des attributions de l’Union européenne (UE), il est de la compétence des États-membres. Mais, pour accompagner son intégration spatiale, l'UE a une action politique et aménagiste qui repose sur les principes suivants : la subsidiarité par laquelle l’intervention se fait aux niveaux et avec les acteurs les plus appropriés ; l’engagement des États membres dans les dispositifs communautaires
L’aménagement de l'espace communautaire de l'UE s’appuie sur un certain nombre d’outils et de politiques : les réseaux transeuropéens, les fonds structurels et de cohésion dans le cadre de la politique de cohésion ; la Politique agricole commune ; la politique environnementale, les actions en faveur de la recherche et de l’innovation ; les documents d’orientation en premier lieu desquels figure le Schéma de développement de l’espace communautaire (SDEC).
Le SDEC, décidé en 1993 lors du Conseil des ministres de Liège, puis élaboré de 1994 à 1999 par le Comité de développement spatial, a été approuvé en mai 1999 par la Conseil des ministres de Potsdam. Il pose trois principes directeurs de l’aménagement du territoire européen : le développement urbain équilibré et polycentrique pour engager de nouvelles relations ville-campagne ; l'équité d’accès aux infrastructures et aux savoirs ; la promotion du développement durable. Le SDEC possède une dimension territoriale et intersectorielle et il se fonde sur un diagnostic global du territoire européen.
Mise à jour : décembre 2010
Sur le même thème, voir le glossaire Territoires européens : régions, Etats, Union
Aménagement du territoire chinois L'immensité du territoire chinois et son rapide développement posent des défis d'aménagement du territoire qui nécessitent des réponses en termes de continuité territoriale et de cohésion, de contrôle et de gestion des ressources, des mouvements migratoires quotidiens ou saisonniers, d'infrastructures, etc. Une gouvernance de nature autoritaire et centralisée, organisée autour du Parti communiste chinois, a certes les moyens de prendre les décisions et de les faire appliquer rapidement. Mais c'est en faisant souvent l'impasse de la négociation, en imposant des expropriations et des déplacements des populations.
Depuis le début des années 1990, cinq politiques principales d’aménagement se sont succédé :
1. l’aménagement du bassin du Yangzi, avec des projets phares comme la construction du barrage des Trois Gorges, mis en service en 2003 et la dérivation d’une partie des eaux du Yangzi vers le nord de la Chine à partir de 2002, puis la ligne à grande vitesse qui relie Shanghai à Chengdu (ouverte en 2012) ;
2. la politique de développement de l’Ouest en 2000, qui entend désenclaver les périphéries occidentales du territoire national avec des infrastructures de transports (dont la ligne Pékin-Lhassa en 2006) et des avantages fiscaux et économiques offerts aux entreprises chinoises ou étrangères. Dans les faits, Xi’an et Chongqing sont les villes centrales de cette stratégie et soulignent sa vraie priorité : développer la Chine intérieure des Han. Chongqing se trouve dès lors à la croisée des deux axes majeurs de développement des années 1990 et 2000 ;
3. dans la deuxième moitié des années 2000, les lignes ferroviaires à grande vitesse ont été multipliées, d’orientations nord-sud et est-ouest : Pékin-Shanghai (en 2011, 5 heures de trajet) ; Pékin-Canton (en 2012, 8 heures, desservant des villes secondaires comme Shijiazhuang, Zhengzhou, Yueyang et Changsha), Lanzhou-Urumqi (en 2014, 12 heures), Canton vers Nanning ou Guiyang en 2014 - en vue d’un raccordement aux lignes irriguant la région du Grand Mékong au-delà des frontières de la République populaire ;
4. la création de vastes pôles urbains fondés sur des conurbations en 2009, avec la désignation de « dix grandes régions urbaines » : Pékin-Tianjin-le Hebei, le delta du Yangzi, le delta de la rivière des Perles, la péninsule du Shandong, le centre-sud du Liaoning, la plaine centrale, le cours moyen du Yangzi, la rive ouest du détroit de Taiwan, Chongqing-Chengdu, et la région de Xi’an ;
5. les nouvelles routes de la soie depuis 2013 : deux axes terrestres, dont celui qui relie Lianyungang à Xi’an, Urumqi, puis au Kazakhstan, la Russie, la Pologne, l’Allemagne, Rotterdam et Anvers, et celui qui doit gagner le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, l’Iran et la Turquie ; un axe maritime au départ de Shanghai et de la province du Fujian. La Chine, nouvelle puissance globale, aménage dorénavant son territoire à une autre échelle qu’elle-même.
Au total, ces politiques d’aménagement ont permis une modernisation de l’espace national, une meilleure desserte des provinces intérieures et une diffusion du développement depuis le littoral. Un léger rattrapage a ainsi eu lieu depuis 2005.
Le ralentissement de l’économie chinoise pousse les autorités à se tourner davantage encore vers les régions les moins développées du pays, d'autant plus que certaines de ses provinces sont en proie à des mouvements contestataires ou indépendantistes.
Pour compléter
- Thierry Sanjuan, « La fin des trois Chine ? », 2016
- Julia Nawrocki, « Carte à la une. Shenzhen au cœur d’un corridor d’innovation dans le Delta de la rivière des Perles », Géoconfluences, novembre 2020. Mise à jour : janvier 2016
Sur le même thème, voir le glossaire La Chine, la modernisation encadrée d'un territoire globalNo publisherMobilités, flux et transportsGéographie critique des ressources : énergies, matières, foncierDéveloppement, inégalités, richesse et pauvretéLa France : des territoires en mutationLe développement durable, approches géographiquesRisques et sociétésTerritoires européens : régions, États, UnionLa Chine, la modernisation encadrée d'un territoire globalGéographie de la santé : espaces et sociétésgénéral2023-12-12T08:53:12ZPloneGlossaryDefinitionAssureurs et réassureurs
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/assureurs-et-reassureurs
Le risque, en tant qu’objet d’assurance, se définit par la probabilité de survenance d’un sinistre, c’est-à-dire d’un élément déclenchant la garantie d’un contrat. Le monde de l'assurance et de la réassurance (l'assurance des assureurs) est directement concerné par les incertitudes et les risques du monde contemporain. La vulnérabilité croissante face aux aléas naturels est une réalité. Les assureurs constatent à travers le monde que le coût des dommages causés par ces phénomènes augmente plus vite que la croissance économique et peut exploser brutalement au gré de phénomènes paroxysmiques. C'est le résultat de la densification des installations humaines dans des zones à aléas, de leur sophistication croissante, de la demande sociale de sécurité et de la prise en compte du "droit des victimes", alors que les États s'efforcent de réduire leurs charges budgétaires.
(ST) mai 2005.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Sylviane Tabarly, « Les coûts du risque, les assureurs en première ligne », Géoconfluences, mai 2004.No publisherRisques et sociétés2023-05-14T13:10:52ZPloneGlossaryDefinitionCatastrophe
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/catastrophe
La catastrophe est la réalisation d'un risque. c'est un risque devenu réalité qui, sur un territoire donné, par l’ampleur et le coût des dommages causés, provoque une grave interruption du fonctionnement d'une société. Dans la pratique, la catastrophe est bien souvent révélatrice du risque. Dans le cas d'une catastrophe, les pertes humaines, matérielles ou environnementales ne peuvent être surmontées par les seules ressources de la société affectée.
Différente par son ampleur, la catastrophe se distingue de l'accident en ce qu'elle désigne, étymologiquement, l'idée d'un renversement (d'une bifurcation dans le cadre de la théorie des systèmes), c'est à dire d'un "après" qui ne sera jamais plus comme "avant". Inimaginables, impensables, voilà bien les aspects fondamentaux de ces événements qui semblent échapper à l'entendement. De ce point de vue, les différents génocides, les bombardements nucléaires sur le Japon, Tchernobyl, Fukushima, les attentats sur les tours jumelles de New York, ou la pandémie de Covid-19 de 2020 sont incontestablement des catastrophes.
Le séisme de Lisbonne en 1755, les séismes et tsunamis d'Asie en 2004 et 2005, le séisme d'Haïti en janvier 2010, sont des catastrophes, généralement qualifiées de "naturelles", produits de l'aléa et de la vulnérabilité. Elles mettent à l'épreuve les capacités des États à y faire face, mais elles ne provoquent pas toujours de rupture dans la gestion et la culture du risque des sociétés affectées. Certaines sociétés, plus fatalistes ou plus démunies que d'autres, ne modifient pas radicalement leurs comportements à la suite d'une catastrophe d'origine naturelle qui ne joue pas forcément le rôle heuristique qu'on pourrait parfois supposer. Certaines sociétés peuvent être durablement affaiblies par une catastrophe. Enregistrées dans les annales ou les inconscients, elles peuvent contribuer à une mémoire du risque. Au fil du temps, la mémoire des catastrophes peut s'estomper plus ou moins rapidement et les capacités de résilience des sociétés sont variées.
Mais les situations de catastrophe naturelle peuvent avoir, par les dynamiques de solidarité induites, des effets politiques à différentes échelles. Par exemple, l'éboulement d'Elm de septembre 1881 en Suisse avait constitué un tournant pour le tout le jeune État fédéral, né en 1848 : l'assistance venue de tous les cantons avait contribué à forger l'identité nationale. Des politiques de reconstruction bien conduites après une catastrophe peuvent apporter des réponses durables pour faire face à une situation comparable. Notons enfin, d'une part, que la catastrophe dite "naturelle" fournit le prototype des risques involontaires et qu'elle a, dans son déclenchement, un caractère de soudaineté qui la distingue d'autres catastrophes aux temporalités plus étirées (épidémie du VIH-Sida par exemple).
De l'accident à la catastrophe majeure, on a pu chercher à établir une classification des catastrophes en fonction de leur degré de gravité en termes humains, financiers, voire écologiques.
(ST) Dernières modifications (JBB) septembre 2017 et juin 2020.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Dossier : Risques et sociétés
- Victor Piganiol, « Un an après, retour sur les incendies forestiers en Gironde de 2022 », Géoconfluences, septembre 2023. Pour aller plus loin
- Virginie Duvat, « Le système du risque à Saint-Martin (Petites Antilles françaises) », Développement durable et territoires, dossier 11 | 2008.
No publisherRisques et sociétésLe Japon : les fragilités d'une puissance2023-09-21T08:15:40ZPloneGlossaryDefinitionCatastrophe et rationalité
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/catastrophe-et-rationalite
La liste des menaces et des catastrophes livrée par l'actualité médiatique est longue : inondations, séismes, incendies, accidents technologiques, industriels et sanitaires alimentent des approches catastrophistes de l'information du public. Inversement, les pouvoirs publics peuvent, à l'occasion et pour ne pas effrayer l'opinion publique, être tentés par l'attitude, tout aussi discutable, du secret ou du "tout va très bien". Ces deux principes conjugués aboutissent à de la désinformation citoyenne, s'opposent à une culture du risque maîtrisé et peuvent compliquer l'adoption de politiques de prévention rationnelles.
L'apparition de la modernité avait coïncidé avec l'atténuation d'une conception religieuse de la catastrophe et la question, au XVIIIe siècle, était de savoir comment concevoir le mal une fois privé de références divines. Les idéologies du progrès des XIXe et XXe siècles y avaient répondu. Mais, après l'irruption de formes nouvelles et impensables du mal, elles paraissent ébranlées en ce début du XXIe siècle. L'imaginaire catastrophique, en pleine résurgence dans nos sociétés contemporaines, ne redevient-il pas, comme au XVIIIe, un moyen d'adaptation à une nouvelle condition humaine ?
Certains (Jeudy, 1990) voient dans la fascination dont témoignent nos contemporains pour le risque un projet de maîtrise de la catastrophe. L'égrenage des menaces et des catastrophes parvient à saturer l'espace social d'incertitudes toujours plus fortes, entretenant ainsi une inquiétude généralisée, elle-même génératrice d'une demande de sécurité et de protection. Ce qui finit par constituer, tout à la fois, un cercle vicieux et un paradoxe, les sentiments d'inquiétude alimentant le besoin de sécurité. L'incertitude, vécue négativement, remplace alors "l'indétermination" positive des trajectoires et des choix collectifs et/ou individuels. (Dobré in Y. Dupont, 2003).
Gaëlle Clavandier (2004) repère dans le discours politique autour de la catastrophe un autre passage obligé qui vise à surmonter la perte de maîtrise occasionnée par la crise. L’accent mis sur la recherche des causes et des responsabilités montre ainsi une reprise en main. Le consensus politique est de mise pour signifier un resserrement de la communauté nationale face à la catastrophe, tandis que la solidarité autour des victimes est soulignée par des déplacements sur les lieux. On s’attache aussi à mettre en évidence tous les comportements emblématiques de cette solidarité, les dons, les secours portés aux victimes par la population : il s'agit d’affirmer la pérennité d’une cohésion sociale menacée par la catastrophe. Par son ampleur, par sa violence, la catastrophe suscite des difficultés particulières liées à l’état des cadavres, aux problèmes d’identification de ces morts qui ne peuvent pas recevoir le traitement prescrit et ouvrent le champ à un imaginaire social du cadavre errant. Les rites funéraires de substitution dans ces cas de mort collective ont un caractère extrêmement codifié (chapelle ardente, cérémonie collective) et sont placés sous la responsabilité des pouvoirs publics. À l’issue de ces rituels se construit une mémoire collective, à la croisée de deux mémoires distinctes. D'abord une mémoire officielle, commémorative, qui a la particularité de permettre de circonscrire le souvenir de la catastrophe dans le temps et dans l’espace, en construisant une délimitation entre le lieu du drame et le reste du territoire. Cette mémoire évacue rituellement le souvenir et permet l’oubli. Ensuite une mémoire qualifiée d’événementielle, qui s’appuie autant sur des faits avérés que sur une représentation imaginaire collective de la catastrophe.
(ST) mai 2005.
Références
- Patrick Baudry et Henri-Pierre Jeudy - Le deuil impossible : fenêtre sur la mort - Éditions Eshel - 2001
- Gaëlle Clavandier - La mort collective. Pour une sociologie des catastrophes, (CNRS Éditions, 2004). Autour du tsunami, sur le site partenaire SES-ENS : http://ses.ens-lyon.fr/articles/une-invitee-sur-le-site-ses-ens-gaelle-clavandier-25824
- Yves Dupont (dir.) - Dictionnaire des risques - A. Colin - 2003
- Henri-Pierre Jeudy - Le Désir de catastrophe - Aubier - 1990No publisherRisques et sociétés2013-02-28T13:48:09ZPloneGlossaryDefinitionCindynique
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/cindynique
Science des risques et du danger, la cindynique (du grec κίνδυνος, danger, péril) propose « d’échapper à l’illusion de la fatalité » suscitée par les catastrophes. Elle relève d'une approche globale des risques largement fondée sur la théorie des systèmes complexes et elle en propose une approche transversale, quelle que soit leur nature (technologique, géopolitique, naturelle, etc.). Les cindyniciens, spécialistes de la gestion des risques et souvent ingénieurs de formation, peuvent avoir leur place dans les entreprises ou les organisations, ils sont souvent invités à jouer le rôle d'experts dans l'évaluation du risque et du danger.
La cindynogénèse désigne la production de danger, de risque. Une activité générant un danger est une activité cindynogène.
Pour compléter
- Pôle Cindyniques de l'École des mines de Paris : http://www.crc.mines-paristech.fr/
- L'Institut pour la maîtrise des risques (IMdR) : www.imdr.eu
Mise à jour : janvier 2017
No publisherRisques et sociétés2013-02-28T13:48:26ZPloneGlossaryDefinitionConflictualité
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/conflictualite
Alors que la guerre est censée être un état de fait manifeste et perceptible par tous, le terme de conflictualité, souvent au pluriel, permet de rendre compte des nombreux états intermédiaires existant entre la paix parfaite et la guerre totale.
L’étude de la conflictualité permet d'analyser et caractériser un éventail vaste de situations de violence collective. Elle tire son origine dans la guerre froide, lorsque les deux grandes puissances mondiales se sont opposées et affrontées avec une très grande violence, sans pour autant prendre la forme d’un conflit mondial comme pendant la première moitié du siècle. L’escalade nucléaire, le financement ou le soutien à des coups d’États ou des guérillas, ou encore des guerres localisées dans un théâtre d’opération circonscrit (Vietnam, Afghanistan), ont obligé les spécialistes des relations internationales à repenser la dualité entre guerre et paix.
L’après guerre froide a débouché sur l’étude de nouvelles conflictualités. L’ouverture ou la confirmation de nouveaux espaces de conflits (cyberespace, usage militaire de l’espace…) et l’apparition de nouvelles formes de conflictualités (conflits asymétriques, terrorisme, guerre de l’information, cyberguerre, guerre économique…) ont renouvelé les questionnements sur l’étude des guerres et des conflits.
Une partie des auteurs insiste sur la diminution globale du niveau moyen de violence, en établissant par exemple que le nombre de morts provoqué par les conflits armés diminue tendanciellement sur le temps long. Pour d’autres, cette réalité masque en fait une normalisation de la violence : des formes moins évidentes de violence (violence de la menace nucléaire par exemple) ont transformé la conflictualité, l’ont intégrée aux mentalités, sans la faire disparaître pour autant. L’apparent état de paix perpétuelle ne serait pas simplement troublé par des conflits localisés, mais masquerait en réalité un état permanent de conflictualité. La baisse du nombre de morts dans les conflits s’explique aussi par la doctrine du « no boots on the ground » (qu’on peut traduire par « aucun soldat sur le terrain ») pratiquée par les grandes puissances (qui privilégient des frappes ciblées ou des opérations menées par les forces spéciales) et par les progrès de la médecine : la mesure de la conflictualité basée sur le nombre de morts oublie les blessés et les victimes de séquelles psychologiques. Or le nombre de morts par an est le principal indicateur permettant de qualifier l’intensité d’un conflit (seuls ceux de la plus forte intensité étant considérés comme des « guerres »), même si les organismes de recherche spécialisés dans cette question ne fixent pas les mêmes seuils (David et Rapin, 2018, p. 30).
(JBB) mars 2019.
Références
- Charles-Philippe David et Alexis Rapin, « Quantifier l’inquantifiable : de la mesure de la guerre », in Benoît Pelopidas et Frédéric Ramel (dir.), Guerres et conflits armés au XXIe siècle, Presses de Sciences Po, 2018. Pour compléter
- Ninon Briot, Jean-Benoît Bouron et Pauline Iosti, « Les frontières disputées et conflictuelles dans le monde », carte à la une de Géoconfluences, décembre 2021.No publisherRisques et sociétésAfrique subsaharienne : territoires et conflits2021-12-15T07:44:58ZPloneGlossaryDefinitionCrise, crises
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/crise
1. Crise, crise économique, crise systémique La notion de crise est caractérisée par sa nature polysémique, ce qui représente un défi de conceptualisation. La crise ne doit pas être réduite à sa définition économique, mais entendue au sens large, d'où l'usage courant du pluriel "crises".
Le mot crise désigne à la fois un événement brutal, une rupture, mais aussi une évolution longue qui révèle des faiblesses structurelles, inhérentes à un système. Dans une proposition synthétique, la crise serait une rupture de la stabilité d’un système, ce qui conduit à réfléchir sur les temporalités de la crise.
Les crises étaient liées dans les sociétés pré-industrielles, à la sous-production agricole (crise frumentaire). Elles sont liées, avec l'industrialisation, à un déséquilibre entre la production et la demande solvable. Elles sont devenues de plus en plus des phénomènes d'ordre financier, quand faillites bancaires ou krach boursiers précèdent la baisse de l'activité, comme ce fut le cas lors de la Grande Dépression de 1929 ou la Grande Récession de 2007-2008.
(MCD) 2015.
Pour compléter
- Géoconfluences, dossier États-Unis : espaces de la puissance, espaces en crises
- Historiens et Géographes, dossier « Crise et basculements du monde », 2011, n° 416, p.139-160. 2. Risques et crises Accidents, catastrophes et situations de crise sont souvent associés dans la perception qu'en a le "grand public". Le mot est souvent suremployé par les médias mais sa signification scientifique est floue. Dans la médecine hippocratique, le terme de crise désignait le moment où la maladie touchait à son terme. La crise n’était donc pas un signe de maladie, mais plutôt de résistance à la maladie. Dans la tragédie grecque, la crise est le moment de vérité où le passé est révélé. Edgar Morin note qu'on en arrive aujourd'hui à des retournements complets de sens. Ce qui désignait à l'origine "décision, moment décisif d'un processus incertain", en arrive à pointer son contraire : "crise signifie indécision : c'est le moment où, en même temps qu'une perturbation, surgissent les incertitudes".
Dans le cadre de la cybernétique (théorie des systèmes), la crise s'accompagne d'une bifurcation, d'un changement radical de direction, la crise caractérisant les systèmes en mutation. Aux évolutions lentes, sur le long terme, succèdent des évolutions très brutales sur des échelles de temps très courtes.
Les catastrophes peuvent être les révélateurs des états de crise, ce qui ne sera alors pas sans conséquences dans l'évolution des systèmes socio-spatiaux (organisation de l'espace, gestion du territoire).
Pour apprécier les comportements humains en situation de crise, des recherches pluri-disciplinaires (cindyniciens, psycho-ethnologues, anthropologues, sociologues, ergonomes, etc.) ont été menées. Il convient de distinguer ce qui est à la source de la crise et ce qui permet de la gérer. Dans le premier cas, Jean-Louis Nicolet (1989) repère sept catégories d'erreurs humaines à l'origine des accidents et des catastrophes de nature technologique : erreurs de perception ; de décodage ; de représentation ; de communication homme-homme ; de non-respect d'une procédure ; de décisions prises trop tard ; d'actions mal séquencées ou mal dosées. Différents scénarios décisionnels peuvent conduire à des situations de crises génératrices d'accidents ou catastrophes : erreurs de raisonnement, aveuglement collectif, perte de sens.
(ST)
3. Crise sanitaire L'état de crise sanitaire menace la santé d'une part plus ou moins importante d'une population, à des échelles temporelles et territoriales et selon des mécanismes diversifiés : crises virales, zoonoses (HIV, grippes "aviaire" et "porcine", encéphalopathie spongiforme bovine / ESB), crises sociétales et environnementales (mésothéliome dû à l'amiante, canicule, chikungunya, choléra), etc.
En France, la loi de santé publique du 9 août 2004 définit le dispositif d'alerte et de gestion des situations d'urgence sanitaire de la façon suivante : obligation d'alerte des pouvoirs publics par l'Institut de veille sanitaire (InVS) ; mobilisation de tous les acteurs concernés ; mobilisation des moyens de lutte selon un "plan blanc d'établissement" de santé. La loi du 5 mars 2007 relative à la préparation du système de santé à des menaces sanitaires de grande ampleur a mis en place un Département d'urgences sanitaires (DUS) au sein de la Direction générale de la santé.
À des niveaux d'échelle plus petits peuvent intervenir : le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (Cepcm), le réseau mondial d'alerte et de réponse aux épidémies (Goarn) de l'OMS.
Mise à jour : juin 2012
Pour compléter
- Collectif, « La pandémie de Covid-19, regards croisés de géographes », Géoconfluences, mai 2020.
- Emmanuel Eliot, Eric Daude, Emmanuel Bonnet, Interpréter les épidémies du passé : l'exemple de l'épidémie du choléra-morbus en Normandie en 1832 (
- Sylviane Tabarly, Choléra : géographie d'une pandémie. Étude de cas : Haïti, 2010 - 2012
- Clélia Gasquet-Blanchard, Lieux d’émergence et territoires de diffusion de la fièvre hémorragique à virus Ebola au Gabon et en République du Congo
- - Institut de veille sanitaire (InVS), veille alerte, www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Veille-et-alerte
- Réseau Sentinelles France, https://websenti.u707.jussieu.fr/sentiweb/
- Ministère en charge de la santé : La gestion des alertes et des crises sanitaires
- - Centre européen de prévention et de contrôle des maladies : présentation | European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC)
- - Réseau mondial d'alerte et de réponse aux épidémies (Global Outbreak Alert and Response Network / Goarn)
- Sur le même thème, voir le glossaire Géographie de la santé : espaces et sociétés Liens vérifiés en 2020.
No publisherGéographie de la santé : espaces et sociétésRisques et sociétésGéographie critique des ressources : énergies, matières, foncier2022-06-16T07:49:29ZPloneGlossaryDefinitionCrise (gestion de)
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/crise-gestion-de
La gestion de la crise par les décideurs pose les problèmes de la relation avec les experts (élus, monde de l'entreprise) que P. Lagadec analyse en ces termes :
"Les difficultés du travail entre experts se doublent de problèmes d'interface avec les décideurs (politiques, entreprises), d'autant plus vrai que l'expert auquel on s'adresse est de culture universitaire. Tout d'abord, les experts auxquels on a recours n'ont pas toujours une habitude de la situation dans laquelle ils vont être plongés : l'urgence, des enjeux de grande envergure, une forte visibilité médiatique, un travail en relation directe avec de hauts responsables, etc. (...) Le décideur, de son côté, a tendance à rechercher des certitudes lorsqu'il sollicite l'expert. Or, la science vit de non-certitudes, et on ne saurait lui faire dire plus qu'elle ne peut dire. Quand on réunit des scientifiques, on ne recueille que des paroles non décisionnelles. Ce ne seront que des avis multiples, chacun sur un aspect limité du problème, et toujours profondément marqués par le doute. Le décideur attend une parole discriminante, le scientifique va toujours répondre "oui, mais, ça dépend…!" (...) Le décideur risque fort d'exercer une pression insupportable sur l'expert pour obtenir ses résultats le plus vite possible. On le comprend : il lui faut agir et annoncer quelque chose. (...) Les tensions en seront d'autant plus fortes et pourront aller jusqu'à des ruptures fracassantes, ayant les médias pour témoins (...) Fondamentalement, le décideur doit bien comprendre que les experts scientifiques ne pourront pas lui apporter ce qu'il cherche vraiment. (...) Il aura des avis produit par produit, institution par institution, milieu par milieu… quand son problème est de nature globale. (...) Entre le savoir mono-disciplinaire éclaté et le savoir opérationnel nécessaire, il y a un gouffre. (...) La tentation est forte aussi pour le décideur de transférer son rôle sur l'expert en lui abandonnant la responsabilité de la décision. (...) il en arrive à lui demander brutalement : "Alors, docteur, est-ce que j'évacue ?". (...)" Pour prolonger, dans le dossier santé (nouvel onglet) : Choléra : géographie d'une pandémie. Etude de cas : Haïti, 2010-2012 (Sylviane Tabarly)
- Lagadec P. - La gestion des crises ; outils de réflexion à l'usage des décideurs - Texte téléchargeable de 300 pages et 2 Mo environ : www.patricklagadec.net/fr/pdf/integral_livre1.pdf et d'autres productions de l'auteur accessibles en ligne : www.patricklagadec.net/fr
- Nicolet J.-L., Carnino A., Wanner J.-C. - Catastrophes ? Non, merci ! La prévention des risques technologiques et humains - Masson - 1989
Sur le même thème, voir le glossaire Risques et sociétés
Gestion de crise et tourisme
En dehors des crises de nature strictement économiques (situations de récession, désaffection brutale pour une destination) dont il ne sera pas question ici, les autres crises, de nature diverse, géopolitiques et sociopolitiques, sanitaires, environnementales, ... qui se succèdent dans le monde peuvent avoir des impacts conséquents sur l'activité touristique. Le tourisme n’est pas en soi une activité à risques et peu de crises ont pour origine l’activité touristique en elle-même. Mais les destinations et les activités touristiques sont vulnérables, elles sont réactives à toute perturbation de leur système et de leur cadre de fonctionnement. Elles sont particulièrement vulnérables aux risques et aux situations de crise liés aux transports : crash aérien, naufrage, accident de transport routier, ou tout simplement événements environnementaux, climatiques ou autres (cendres volcaniques du volcan islandais Eyjafjöll en avril 2010). Elles sont par ailleurs sensibles aux environnements géopolitiques et sociopolitiques dont les impacts sur leurs conditions d'exercice sont forts. Or, les lieux touristiques sont des cibles privilégiées pour le terrorisme qui en espère un large retentissement mondial.
La gestion des crises constitue donc un savoir-faire stratégique nécessaire pour les entreprises et les autres organisations engagées dans le secteur du voyage et du tourisme. Elles se trouvent confrontées à la nécessaire maîtrise des territoires, des déplacements, dans des délais très courts et avec des contraintes fortes. Les professionnels s'engagent par contrat à la bonne exécution du voyage de leurs clients (en France, loi du 13 juillet 1992, ordonnance du 20 décembre 2004 dans le Code du tourisme) et, si l'objectif du "tout sécurité" fait débat, en règle générale les touristes n'aiment guère, même lorsqu'ils revendiquent une part d'aventure, les imprévus, les aléas. Si chaque crise est sans doute unique, il y a cependant des anticipations nécessaires, des procédures à appliquer, des savoirs à diffuser. La gestion de crise ne se limite pas à la gestion "pendant" mais aussi à son anticipation, à sa prévention et, ensuite, à la gestion de ses conséquences et de ses enseignements. Ces derniers peuvent être bénéfiques et conduire à l'adoption de mesures positives pour l'organisation.
Pour compléter, pour prolonger
- en rubrique "géographie vivante" : Les entreprises du voyage et du tourisme confrontées à la gestion des crises et des risques (Sylviane Tabarly)
Sur le même thème, voir le glossaire Les nouvelles dynamiques du tourisme dans le monde
Mise à jour : janvier 2011
No publisherLes nouvelles dynamiques du tourisme dans le mondeRisques et sociétés2013-02-28T13:49:47ZPloneGlossaryDefinitionCrue décennale, centennale...
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/crue-decennale-centenale
La crue d'un cours d'eau est mesurée par son débit. Une crue décennale est une crue qui a une chance sur dix de se produire chaque année, c'est-à-dire que ce débit a une chance sur dix d'être atteint chaque année. Statistiquement, il en survient donc une par décennie, mais il s'agit d'une probabilité : deux crues décennales peuvent survenir pendant la même décennie, et aucune pendant la décennie suivante.
Une crue centennale atteint un débit qui a une chance sur cent d'être atteint chaque l'année.
Voir aussi : probabilité d'un événement
juin 2018.
No publisherRisques et sociétésgénéral2018-06-14T11:12:50ZPloneGlossaryDefinitionCulture et représentation du risque
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/culture-et-representation-du-risque
La culture du risque désigne la place occupée par le risque dans les représentations mentales collectives d'une population. Elle repose à la fois sur la mémoire du risque (la transmission de la connaissance collective des catastrophes ou des aléas passés) et sur la connaissance du risque (par l'expérience ou par la transmission, l'information, la prévention).
Plus strictement, la connaissance du risque désigne les modes de connaissance ou de communication du risque par ses principaux acteurs : décideurs économiques et politiques, formateurs, associations, simples citoyens, etc. Cette connaissance implique la prise en compte rationnelle : de l’incertitude liée au phénomène ; de la gravité de ses conséquences ; des mesures de prévention existantes (information, réaction en cas d’alerte, secours) ; de la répartition des responsabilités.
Les différences dans les représentations individuelles ou collectives du risque induisent des comportements variés en matière de prévention et d'acceptabilité. Certains groupes sociaux ont des attitudes plus fatalistes que d'autres à l'égard des catastrophes qui les frappent et qu'elles attribuent à la fatalité ou à des punitions divines. Des aléas similaires peuvent donc avoir des effets très inégaux (et par conséquent entraîner des catastrophes de gravité très inégale) selon les groupes socio-spatiaux qui y sont confrontés. Ces différences, aux facteurs socio-économiques et technologiques, s'expliquent aussi par les différences de culture du risque.
Le décalage entre « risques perçus » et « risques réels » par le public est, en partie, la conséquence de défauts de sensibilisation, d'information et de communication. Il influe sur les degrés d'acceptabilité du risque.
(ST) mai 2005 ; mise à jour (JBB), novembre 2019
Pour compléter
- Françoise Pagney Bénito-Espinal, « Construire une culture du risque efficiente ? Le cas de la Guadeloupe et de la Martinique », Géoconfluences, décembre 2019.
- Édouard de Bélizal, « Le volcan Merapi (Indonésie) : espaces et temporalités du risque sur un volcan indonésien singulier », Géoconfluences, septembre 2019.No publisherLe Japon : les fragilités d'une puissanceRisques et sociétésL'Asie du Sud-Est, carrefours et confins2021-03-15T09:46:26ZPloneGlossaryDefinitionDanger
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/danger
Le danger est une menace sur la sûreté ou l’existence des personnes, des biens, des activités et des milieux. Il provoque un état ou une situation comportant une potentialité de dommages jugés inacceptables.
En France, la loi du 19 juillet 1976 (et son décret d'application du 21 septembre 1977) sur les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE), oblige l’exploitant à réaliser une "étude de dangers", document de référence soumis à la DRIRE. Elle va permettre d’apprécier l’extension des conséquences d’accidents, les mesures de prévention et les zones de protection ( ou zones de sécurité : protection rapprochée ou protection éloignée). C’est donc un document fondamental qui vise à réduire la vulnérabilité ainsi qu’à élaborer des plans de secours et à maîtriser l’urbanisation.
Les ingénieurs cindyniciens évaluent parfois les risques et le danger sur une échelle de criticité de 0 à 16 selon le calcul : criticité = occurrence du risque x gravité du risque. Cette évaluation permet de sélectionner les risques les plus critiques qui nécessitent un traitement prioritaire.
- Jacques Donze, Les bassins du risque industriel
Mise à jour : mai 2005No publisherRisques et sociétés2013-02-28T13:50:32ZPloneGlossaryDefinitionDésastre
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/desastre
La notion de désastre désigne d’abord un événement de fréquence rare mais d’intensité de dommage comparativement élevée.
C’est la définition que propose le CRED. Le désastre y correspond à tout événement ayant provoqué au moins 10 morts et/ou 100 sinistrés et/ou le recours à une aide extérieure à la collectivité locale. Les deux premiers critères précisent le seuil d’intensité de dommage retenu, le troisième attire l’attention sur le fait que le désastre dépasse les capacités de gestion locale. La base de données du CRED permet de cartographier les désastres à l’échelle mondiale.
Cette définition est inadaptée aux bilans d’échelle plus locale. En abaissant le seuil des intensités de mortalité et de sinistrés, la base de données DesInventar permet de définir des « petits désastres », même si les critères varient d’un pays à l’autre. DesInventar rend possible la cartographie des « petits désastres », outil de compréhension et de meilleure gestion à l’échelle locale.
Voir :
- Patrick Pigeon, Notion à la une : désastre, 2014
-EM-DAT, la base de données du CRED, le Centre de Recherches sur l'Épidémiologie des Désastres,
et en particulier, ses nombreuses cartes à l'échelle mondiale.
-Desinventar, le système d'inventaire des désastres et de leurs effets
Mise à jour : avril 2014No publisherLe développement durable, approches géographiquesRisques et sociétés2014-04-17T11:09:57ZPloneGlossaryDefinition