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Les frontières externes et les limites internes en Guyane, entre fragmentation, ruptures et interfaces

Publié le 11/06/2010
Auteur(s) : Patrick Blancodini, professeur agrégé d'histoire et géographie en lycée et classes préparatoires - lycée Saint-Exupéry et lycée Ampère, Lyon
Sylviane Tabarly, professeure agrégée de géographie, responsable éditoriale de Géoconfluences de 2002 à 2012 - Dgesco et École normale supérieure de Lyon

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Bibliographie | citer cet article

1. Une lente et difficile délimitation des frontières pour une France équinoxiale
2. Les fleuves et le littoral : des interfaces frontaliers perméables
3. Les limites intérieures : véritables frontières de Guyane ?

Du même auteur, lire : Patrick Blancodini, « La frontière Suriname – Guyane française : géopolitique d’un tracé qui reste à fixer », Géoconfluences, septembre 2019.

Héritage de la période coloniale, la Guyane française est la combinaison d'une géographie singulière et d'une histoire originale. Elle couvre un très vaste territoire de 84 000 km² [1], recouvert à plus de 90% d'une forêt tropicale humide [2] appartenant au vaste ensemble (plus de 6 millions de km²) forestier amazonien. En 2009, la population guyanaise compte près de 220 000 habitants [3] concentrés principalement sur la zone littorale et au nord du département. C'est dans un contexte de sous-peuplement profond et ancien que se pose la question des frontières et des limites en Guyane. D'après Michel Foucher (1991), "la frontière est une discontinuité géopolitique, à fonction de marquage réel, symbolique et imaginaire".

Le territoire guyanais est né d'une colonisation chaotique par la France, faite de phases successives d'appropriation militaire et de perte de souveraineté dans un contexte de rivalités internationales. Ses frontières sont par conséquent issues de rapports de force historiquement datés, elles sont donc des créations politiques et historiques. La Guyane  française a pour particularité de constituer le seul territoire ultra-marin continental de dimension importante encore géré par une puissance européenne, en l'occurrence la France [4]. Le temps de la colonisation n'a pas permis d'y définir des frontières précises, incontestables et reconnues par les puissances coloniales et les États limitrophes (entrée Tracés et bornages des frontières du glossaire). Alors comment, sur un territoire très peu peuplé et peu mis en valeur, au milieu difficile, la souveraineté française a-t-elle pu s'imposer au cours d'un long processus ?

Enveloppes des États, les frontières sont aussi des lignes de séparation et de contact. Les frontières externes de la Guyane, qui sont les limites politiques sensées distinguer le territoire français des pays limitrophes, ne constituent pas de véritables séparations nationales car les fleuves qui leur correspondent sont avant tout des espaces de convergence, de passage et d'échanges. En revanche, les limites internes de la Guyane, qui différencient les espaces de manière plus structurante, forment des frontières fonctionnelles (politiques, culturelles, économiques, physiques).

Une lente et difficile délimitation des frontières pour une France équinoxiale

La frontière n'a "d'existence concrète que dans une fenêtre historique déterminée" (Lévy et Lussault, 2003). Avant l'arrivée des puissances coloniales européennes la frontière dans cette région n'a pas d'objet. La colonisation française établit progressivement une souveraineté sur un territoire de conquête resté assez flou. Longtemps la Guyane n'a représenté que peu d'intérêt pour la France : les premières tentatives de mises en valeur du territoire ont été des échecs meurtriers, les efforts postérieurs d'aménagement et d'appropriation sont restés discrets. Cette période, qui va du XVIe au XIXe siècle, est un moment de défense et de délimitation molles des frontières. Mais des événements vont susciter l'intérêt de la métropole pour le territoire : la découverte de l'or en 1869 suivie d'une ruée vers les espaces forestiers de l'intérieur et, un siècle plus tard, l'installation du Centre spatial guyanais (CSG) à Kourou.

La cartographie du territoire guyanais, un enjeu géopolitique

- à gauche : carte établie par Lefevre de la Barre en 1665. Placer le sud en haut de la carte permet de mettre en perspective le territoire de conquête en direction du Cap du Nord.

- à droite : carte établie par Val d'Abbeville en 1677 in Lézy Emmanuel, Guyane, Guyanes, une géographie "sauvage" de l'Orénoque à l'Amazone, Belin, 2000).

La cartographie établie au XVIIe siècle illustre la faible maitrise du territoire. Seuls les côtes, l'Ile de Cayenne et les fleuves (qui apparaissent comme de véritables axes de pénétration) font l'objet d'une cartographie relativement précise. L'intérieur reste en blanc, un grand vide imprécis (et barré d'une chaine de montagne incertaine). En outre, l'espace exploré et occupé par les Français n'est pas délimité.

Un territoire se définit par le contrôle de l'espace, par l'autorité qui s'y exerce et par la délimitation de frontières. La France n'a pas pu affirmer sa souveraineté par un peuplement s'appropriant le territoire guyanais, les densités humaines y sont restées très lâches. Les frontières résultent donc de coups de force militaire et de négociations diplomatiques. La découverte de l'or active l'intérêt des autorités françaises qui revendiquent alors un espace plus vaste que celui réellement occupé. Mais la très faible présence des Français à l'ouest du Maroni et à l'est de l'Oyapock jusqu'à l'Amazone va desservir ses ambitions et il faudra près d'un siècle pour établir définitivement les frontières internationales de la Guyane.

En Guyane,  toutes les frontières reposent sur un élément omniprésent, l'eau : fleuves-frontières à l'est et à l'ouest, ligne de partage des eaux dans le cas de la frontière méridionale et enfin la mer de l'océan Atlantique faisant frontière au nord.

Les frontières orientale et occidentale

À la fin du XVIIe siècle, Louis XIV ordonne le renforcement du contrôle français sur la Guyane. C'est le début de conflits ponctuels, de lutte d'influence entre puissances coloniales qui, quoiqu'assez peu impliquées dans la région, vont chercher à délimiter leur territoire : ainsi, les frontière se déplacent-elles au gré des traités et des opérations militaires.

Mais, à la fin du XIXe, la découverte des ressources aurifères augmentent les convoitises. Le règlement des contestés  franco-hollandais d'une part et franco-brésilien d'autre part devient une priorité de la diplomatie française. Le règlement des problèmes frontaliers sera l'objet de longues et difficiles négociations et ne sera effectif que dans la seconde moitié du XXe siècle.

Complément : Histoire des délimitations des frontières orientale et occidentale de la Guyane

Les frontières méridionale et littorale

La frontière méridionale avec le Brésil constitue la seule frontière non fluviale de la Guyane. Située dans une région méconnue car difficile d'accès, dans l'ensemble forestier amazonien difficilement pénétrable, cette dyade est fixée tardivement. La région, domaine des Amérindiens Wayampi et Emerillon, abrite une population très peu nombreuse. Une commission, rassemblant en 1938 les trois États concernés, établit un point de trijonction entre le Surinam hollandais, la Guyane française et le Brésil. La France et le Brésil aboutissent à un accord, en 1950, pour délimiter la frontière sur la ligne de partage des eaux entre le bassin de l'Amazone et les bassins versants des fleuves de Guyane s'écoulant vers l'Atlantique. Cette frontière court sur près de 300 km. La présence de reliefs insolites tels des inselbergs [5] assez nombreux à l'Est et regroupés autour du Mont Mitaraka donne l'impression qu'une chaine de montagne limite le sud de la Guyane : les légendaires monts Tumac Humac. En réalité, ces reliefs s'élèvent rarement en dessus de 300 m d'altitude (690 m d'altitude au maximum).

Une mission de l'IGN a symboliquement déposé, en 1955, sept bornes frontières en pleine forêt pour matérialiser la limite entre les deux États. Chaque année, les légionnaires du 3e Régiment étranger d'infanterie basé à Kourou viennent nettoyer les bornes : débarqués par hélicoptère en pleine forêt, les légionnaires débroussaillent les abords des bornes pendant plusieurs jours dans des conditions parfois périlleuses. Il s'agit bel et bien de réaffirmer périodiquement la présence française dans un territoire mal approprié.

Enfin, l'étude des frontières guyanaises ne serait complète sans l'évocation de la frontière littorale limitant le nord du département. Avec ses 380 km de côtes, la ligne de rivage pourrait sembler clairement définie. Pourtant, elle est extrêmement mobile car elle est constituée en grande partie de dépôts de sédiments très fins [6] provenant de l'Amazone et déplacés par la dérive littorale née des vents dominants (alizés). Les bancs de vase de 20 à 40 km de longueur migrent généralement vers le nord-ouest. Ces sédiments sont souvent fixés par une mangrove dont les limites évoluent en fonction des évolutions morphologiques et climatiques. Le littoral est échancré par les nombreux estuaires en remaniements perpétuels et des secteurs de forte érosion modifient d'une année sur l'autre le dessin des côtes [7]. À Kourou, depuis plusieurs années, les fortes marées associées à une houle importante menacent les habitations du village amérindien pourtant situées en haut de plage, faisant ainsi perdre des étendues non négligeables à la commune.

La France exerce sa pleine souveraineté jusqu'à 12 milles marins (22 km), limite des eaux territoriales définie par le droit international de la mer. Sa zone de compétence douanière, fiscale, sanitaire et d'immigration s'étend jusqu'à 24 milles marins. Enfin, sa Zone économique exclusive (ZEE [8]) lui confère un espace d'exploitation économique réservée des eaux et de la plate-forme continentale allant jusqu'à 200 milles des côtes (370 km) et couvrant un très vaste espace maritime de 130 000 km².

Les fleuves et le littoral : des interfaces frontaliers perméables

Toute frontière résulte de décisions politiques, de rapports de force et par conséquent d'héritages historiques plus ou moins acceptés. En Guyane, les fleuves-frontières, donnant l'illusion d'une frontière "naturelle", ne sont pas des lignes de démarcation. Ils relient plus qu'ils ne séparent. Ils constituent plus des espaces centraux aux yeux des sociétés riveraines que des confins. Le tracé des frontières sur ces fleuves ne se justifie ni par des contrastes de milieu, de culture ou de peuplement, ni par des gradients de densité humaine. Par contre, des décennies d'administration française ont fini par engendrer des gradients économiques et de gouvernance évidents avec les pays limitrophes. La surveillance de ces fleuves dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine et l'orpaillage sauvage donne aux autorités françaises l'illusion du contrôle des frontières internationales.

Des frontières perméables

Les frontières internationales de la Guyane constituent des limites administratives entre États souverains qui présentent de forts contrastes de niveau de vie et de protection sociale. La Guyane constitue un îlot de richesse relative en Amérique du Sud bien que le PIB/hab ne s'y élève qu'à 46,4% de la moyenne nationale (Insee, données 2006 [9]). La Guyane française suscite donc une forte attraction sur les populations pauvres alentours, elle devenue une terre d'immigration : l'Insee estime à 60 000 le nombre d'étrangers en situation régulière en Guyane en 2008, c'est-à-dire 30% de la population totale du département. Quant aux clandestins leur nombre estimé se situe dans une fourchette comprise entre 20 000 et 40 000.

Quelques données statistiques pour des comparaisons régionales
 
Population*
(1000)
Espérance de vie à la naissance*
PIB/hab** (PPA/USD, hors secteur informel)
IDH
(2007)**
Guyane française
220
75,9
(France : 81)
13298
(euros, 2006)***
ND
(Fr : 0,961)
Brésil
191972
72,2
9567
0,813
Surinam
515
68,8
7813
0,769
Guyana
763
66,5
2782
0,729
Trinidad & Tobago
1333
69,2
23507
0,837
Venezuela
28121
73,6
12156
0,844
République dominicaine
9953
72,4
6706
0,777
Haïti
9876
61
1155
0,532

Ce tableau donne un aperçu des diversités régionales en termes de revenus et de développement humain. Les pays retenus sont frontaliers de la Guyane ou entretiennent avec elle des relations économiques ou migratoires prononcées.

Sources :
- * UN Data, estimations 2008 : http://data.un.org/CountryProfile.aspx?
- ** Rapport mondial sur le développement humain 2009 (données de 2007) :
http://hdr.undp.org/fr/rapports/mondial/rmdh2009
*** Les données permettant des comparaisons internationales et régionales ne sont pas disponibles. Cette donnée provient de l'Insee,
Tableau économique régional de la Guyane 2009 - 2010 : www.insee.fr/fr/insee_regions/guyane/themes/ter/ter2010/ter2010_gy.pdf
À titre de comparaison avec les Antilles françaises : le PIB/hab s'élève à 19 150 euros en Martinique et à 17 298 euros en Guadeloupe (2006). Le taux de mortalité infantile (un composant significatif du calcul de l'IDH) est de 12,6‰ en Guyane contre 8,2‰ en Martinique et 9‰ en Guadeloupe.

Ainsi, les frontières se révèlent être des espaces de convergences des populations plutôt que des marges. Dans les années 1980, de nombreux Haïtiens ont utilisé les vols directs Port-au-Prince / Cayenne pour immigrer et fuir la misère et les violences politiques de leur pays. Aujourd'hui 10 000 Haïtiens en situation régulière vivent en Guyane. La guerre civile au Surinam de 1986 à 1992 a déclenché un important afflux de réfugiés en provenance de l'ancienne colonie hollandaise et notamment des Amérindiens directement menacés de mort par les violences ethniques. Parmi ces personnes provisoirement déplacées du Surinam (PPDS), un grand nombre est demeuré définitivement sur le territoire guyanais et a fait venir sa famille par regroupement familial. Actuellement, près de 25 000 Surinamiens habitent légalement en Guyane, auxquels il faut ajouter les clandestins. Les Surinamiens continuent de franchir le Maroni sans difficulté technique majeure puisqu'il suffit de s'embarquer sur une pirogue à partir d'Albina (point de départ pour se rendre à la capitale du Surinam, Paramaribo) en direction de Saint-Laurent. Un bac fluvial permet aussi la liaison entre Saint-Laurent-du-Maroni et Albina. La construction d'un pont entre les deux rives n'est pas envisagée à l'heure actuelle.

L'immigration brésilienne (25 000 personnes en situation régulière) s'effectue principalement par Saint-Georges via la ville d'Oiapoque sur la rive brésilienne de l'Oyapock. Les autorités françaises et une partie des élus locaux guyanais craignent que la construction de la route nationale n°2 reliant Saint-Georges à Régina ouverte en 2003 et la réalisation du pont sur l'Oyapock [10] renforcent cette immigration. Les travaux, qui ont pris du retard, sont néanmoins largement engagés en 2010.

Le pont sur l'Oyapock, un lien entre Guyane et Brésil (Amapá)

Les travaux en cours en 2010

Localisations

Sources des documents : DDE de Guyane (2010) et Département national d'infrastructure des transports (Dnit) brésilien

 

Maquette du pont à haubans

Le maître d'ouvrage brésilien (le groupe EGESA/CMT) a été désigné au printemps 2009. Le coût des travaux, estimé à 22 millions d'euros, doit être également partagé entre France et Brésil.

Le pont s'élèvera à 15 m au dessus des hautes eaux de l'Oyapock avec un tablier de 12,9 m de large [11]. Il comportera une chaussée bidirectionnelle à deux voies et une piste vélos/piétons de trois mètres de largeur. Le site de franchissement a été établi à Pointe Morne, un lieu où la largeur l'Oyapock se réduit.

Le raccordement du pont aux réseaux routiers nationaux est en cours de réalisation et notamment la transamazonienne BR156 de Macapá à Oiapoque. La continuité routière entre la 116 française arrivant à Régina et la route brésilienne BR-156 est assurée par une route en latérite, entre Régina et Saint-Georges, achevée en 2004 par un pont sur l'Approuague.
Cependant, malgré cet axe d'ouverture vers le Brésil, l'accès aux pôles économiques régionaux majeurs comme Manaus ou Belém restera difficile.

Des ressources pour suivre l'évolution et l'actualité du chantier :

> "Un pont entre le Brésil et l'Europe", www.france24.com/fr/20080211-pont-entre-le-bresil-leurope-guyane
> Oïapoque, ville du Brésil oubliée, www.france24.com/fr/20080211-oiapoque-ville-bresil-oubliee-bresil-guyane

  • par la Direction départementale de l'équipement de la Guyane, une copieuse documentation très documentée :

> présentation et actualité du projet, www.guyane.developpement-durable.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=17
> un suivi de l'ensemble des travaux, www.guyane.developpement-durable.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=162
> www.guyane.developpement-durable.gouv.fr/article.php3?id_article=335&debut_image=0

  • par le Département national d'infrastructure des transports (Dnit) brésilien,

> évaluation environnementale et sociétale, www1.dnit.gov.br/anexo/Projetos/Projetos_edital0654_08-00_2.pdf
> pour les passionnés de ce type d'ouvrages, un document technique consistant : l'avant projet sommaire d'ingéniérie, www1.dnit.gov.br/anexo/Projetos/Projetos_edital0654_08-00_0.pdf

  • Parmi d'autres, un point de vue brésilien, celui du Jornal do Dia (9 août 2009) : "Quais são as vantagens que o Amapá ganhará com a construção da Ponte Binacional? Dentre os benefícios que a construção da obra trará ao Amapá, está a internet de alta velocidade, a abertura do mercado francês, geração e venda de energia elétrica e a cooperação técnico-científica" www.jdia.com.br/pagina.php?pg=exibir_not&idnoticia=8208%20=

Pour la France, l'objectif consiste à désenclaver la ville de Saint-Georges (3 500 habitants) mais aussi d'ouvrir une porte vers l'Amérique du Sud permettant ainsi de favoriser les échanges entre l'Union européenne et le Mercosur (marché commun sud-américain [12]). Des problèmes liés à l'ouverture de cet axe apparaissent : risque de saturation des rues de Saint-Georges qui n'ont pas été conçues pour recevoir de nombreux véhicules, poids limite  des camions (15 tonnes) que la route nationale n°2 peut tolérer, besoin de renforcer les contrôles frontaliers pour éviter les activités illicites. En effet, un site de surveillance doit être construit pour accueillir la police des frontières, la direction des douanes, les services vétérinaires et de protection des végétaux. Car pour la population brésilienne, en forte croissance, la Guyane fait figure de nouveau front pionnier, un eldorado moderne, d'autant plus que l'État voisin de l'Amapá est relativement enclavé entre l'Amazone et la Guyane et son développement économique et commercial en est freiné par rapport au reste du pays. Or, la Guyane est restée quasiment vierge, ses ressources préservées, son peuplement relativement faible, son rythme de développement comparativement entravé.

Les échanges, reflet des insuffisances de l'intégration économique régionale

Les interfaces frontaliers aériens : une activité déséquilibrée à l'échelle régionale

 

Les compagnies aériennes opérant en Guyane à partir de l'aéroport de Cayenne-Rochambeau sont :

- pour les vols vers la métropole et les Antilles, Air France et Air Caraïbes

- pour la desserte des communes enclavées et éloignées de l'intérieur (Maripasoula, Saül, ...), Air Guyane

- pour les vols à destination du Brésil (Belém, Macapá), Air Caraïbes et la compagnie brésilienne TAF.

Avec l'ouverture d'une liaison directe Paris-Cayenne par Air Caraïbes en décembre 2008, l'offre est devenue plus concurrentielle et les prix des liaisons transatlantiques ont baissé tout en restant à un niveau élevé et relativement dissuasif.

En 2008, la métropole est la première destination du trafic de passagers (52% du marché), puis les Antilles françaises avec 30% du marché. Les autres destinations régionales vers le Brésil (Belém et Macapá), Cuba (La Havane), Port-au-Prince (Haïti) et Saint Domingue restent modestes.

L'ouverture programmée par Air France d'une ligne entre Cayenne et Paramaribo n'a toujours pas vu le jour et seul un bac international, de capacité modeste, assure le transport de personnes et de véhicules entre Saint-Laurent-de-Maroni et Albina au Suriname. D'autre part, la demande d'autorisation de desserte aérienne entre Cayenne et Manaus déposée par la compagnie brésilienne "La Total" a été validée par la Direction de l'aviation civile et elle devait bénéficier d'un financement du programme européen Interreg III-B. Prévue pour la fin 2006, elle n'est toujours pas en service.

Le fret à destination des communes de l'intérieur est en progression régulière (+ 53,9 % sur cinq ans), particulièrement en direction de Maripasoula et de Saül ce qui traduit les besoins croissants des populations qui y vivent.

Les vols au départ de l'aéroport Cayenne-Rochambeau (CAY) : www.guyane.cci.fr/fr/aeroport

L'économie de la Guyane reste très dépendante de l'extérieur : à l'exception des denrées alimentaires produites localement, la quasi totalité des biens de consommation et d'équipement est importée. Les échanges commerciaux s'effectuent essentiellement avec la métropole, l'Europe, et dans une moindre mesure, avec les Antilles françaises. Sur le plan régional, les principaux partenaires commerciaux de la Guyane sont les Antilles françaises (produits divers) et Trinidad (produits pétroliers). Les échanges commerciaux enregistrés avec le Brésil et le Suriname sont marginaux, ce qui peut paraître paradoxal.

Principaux accès aériens et maritimes

Déséquilibres des échanges commerciaux régionaux

En 2008, les importations de biens en provenance de l'environnement régional (Caraïbes et Amérique latine) ont représenté un total de 127 millions d'euros et les exportations à destination de ces pays totalisaient 17,5 millions d'euros seulement, soit 18% du total des exportations guyanaises.

Les statistiques des échanges commerciaux sont issus des données douanières. Elles excluent les échanges de services et, par conséquent, les activités de transport spatial.

Dans les années 1980 avec le boom de l'or, la population d'Oiapoque est passée de 4 000 à 20 000 habitants. Du côté français, l'immigration clandestine brésilienne est d'ores et déjà devenue très importante. Les sites d'orpaillage clandestin se sont multipliés depuis 10-15 ans. On assiste à une colonisation de fait par l'installation de familles ou de groupes de travailleurs et par l'occupation de l'espace forestier ainsi que l'appropriation des ressources du territoire. On estime que la population brésilienne clandestine travaillant sur des sites d'orpaillage illégaux est comprise entre 5 000 et 10 000 personnes [13], alors que seulement 900 travailleurs sont déclarés officiellement sur des sites légaux [14]

Au total en Guyane, 250 fonctionnaires de la police de l'air et des frontières (PAF), la gendarmerie, la douane, l'armée de terre surveillent les fleuves et effectuent de nombreuses reconduites à la frontière. Par exemple, en 2007, la petite brigade de gendarmerie de Saint-Georges a reconduit plus de 700 étrangers en situation irrégulière [15]. Le 9e RIMa (régiment d'infanterie de marine) patrouille régulièrement sur le Maroni, mais le fleuve est tellement long qu'il est impossible de tout surveiller [16]. En outre, les fleuves-frontières sont considérés comme zone internationale et la liberté de circulation des populations y est garantie. Les interpellations ne peuvent donc intervenir que lorsque les individus ont mis pied à terre. La gendarmerie effectue des contrôles fréquents et plus efficaces en terme d'arrestations des migrants clandestins sur la route nationale n°1 entre Saint-Laurent-du-Maroni et Cayenne ou sur la route nationale n°2 entre Cayenne et Saint-Georges [17]. Les migrants utilisent maintenant des chemins de traverse pour éviter les contrôles routiers. Cinq escadrons de gendarmerie mobile sont affectés en Guyane (près de 600 personnes) dont deux escadrons qui effectuent exclusivement des opérations de démantèlement des mines d'or clandestines en forêt grâce à des hélitreuillages (une centaine par an). Au total, près de 10 000 reconduites à la frontière ont lieu chaque année depuis que le gouvernement français a fait de la lutte contre l'immigration clandestine une priorité au niveau national, à partir de 2005. Mais les reconduites ne tarissent pas les flux et ceux qui ont échoué auront tôt fait de recommencer (40% des individus arrêtés sont déjà connus des services français de police), d'autant plus qu'il s'agit souvent de transits, de voyages temporaires vers une destination : les migrants viennent voir de la famille en Guyane, faire des affaires puis repartent chez eux jusqu'à leur prochaine entrée dans le département...

L'espace maritime français n'est pas non plus hermétique. Bien que surveillées par la Marine nationale, les eaux territoriales sont un espace de trafics en tout genre et de passages de migrants clandestins. Une part non négligeable de l'immigration clandestine s'effectue par cabotage le long des côtes dans de frêles embarcations. La ZEE dispose d'une importante richesse halieutique [18] largement exploitée par les bateaux de pêche venus du Surinam, du Guyana, du Venezuela et du Brésil. La pêche dans l'espace maritime au large de la Guyane a toujours été une activité traditionnelle de ces pêcheurs étrangers [19]. L'institution de la ZEE française n'est pas parvenue, malgré le régime légal de limitation de l'exploitation des ressources halieutiques (réservées au pays à qui appartient la zone maritime), à éloigner les tapouilles brésiliennes, ni les canots et les pirogues surinamiennes, ni les ligneurs vénézuéliens [20].

Si les eaux territoriales ne constituent pas une frontière internationale respectée par les pays voisins, l'océan Atlantique est par contre une vraie frontière entre la Guyane et la France. Le littoral guyanais remplit mal son rôle d'interface entre un département d'outre-mer et sa métropole éloignée de 7 000 km. En effet, il existe entre les deux espaces une forte rupture de la continuité territoriale que seules des liaisons aériennes onéreuses peuvent assurer. Quant à l'accessibilité par navire, elle est rendue délicate pour les bateaux à fort tirant d'eau par les hauts fonds et les bancs de sable. Pour se protéger de la houle, les quatre ports du département  [21] sont installés dans des estuaires dont il faut draguer périodiquement le chenal d'accès.

Des zones d'interfaces

Toutes les frontières du territoire (à l'exception de la frontière méridionale en forêt profonde) sont des lieux d'échanges, des zones de passages, de contacts. Ici, les espaces frontaliers sont moins des marges que des espaces centraux où s'organisent des sociétés vivant souvent indifféremment de part et d'autre des fleuves. Ces frontières ne forment donc pas de vraies discontinuités culturelles [Gay, 1995]. Elles ne séparent pas des peuples mais au contraire les relient [22]. Le long du Maroni, une même langue, le taki-taki, permet aux différents groupes de Bushi-Nenge ou d'Amérindiens, de différentes origines nationales ou ethniques de se comprendre. Ainsi, la rive droite du Maroni constitue le deuxième pôle de peuplement du département avec près de 40 000 habitants de nationalité française ou étrangère. Les Amérindiens vivent et circulent en rive gauche ou en rive droite des fleuves. Ils revendiquent l'espace forestier dans sa totalité comme étant leur terre et exigent la liberté de circulation et d'activités. Pourtant, ils ne font pas fi de leur citoyenneté française car elle leur apporte une protection juridique, les rives françaises restant des espaces plus sûrs, des espaces refuges en cas de problèmes, de risques ou de violences commises à leur encontre. Le droit de la nationalité est donc un enjeu fondamental pour ces populations).

Les fleuves - frontières sont des liens entre populations riveraines

Clichés : P. Blancodini, 2002
- à gauche, transport de marchandises sur le Maroni
- à droite, embarcations à Saint-Georges-de-l'Oyapock, prêtes à traverser le fleuve en direction du Brésil

Par exemple, dans la région de l'Oyapock, les Amérindiens fuient les sectes protestantes intolérantes qui prolifèrent au Brésil [Privat, 2003]. Ainsi, les Amérindiens acceptent une francisation par l'école et l'administration et reçoivent aussi des soins gratuits et les prestations sociales comme le RMI, puis le RSA. Celui-ci est versé à des populations qui, de part leur tradition de vie et leur mode d'existence, n'en ont pas un besoin pressant. Ces revenus modifient en profondeur les équilibres traditionnels, sociaux et environnementaux : création de nouveaux besoins, développement de l'alcoolisme, consommation désordonnée, pillage des ressources du milieu par une prédation renforcée par les moyens techniques (la chasse au fusil conduit à un certain appauvrissement de la biodiversité autour des villages, les pirogues à moteur augmentent les périmètres parcourus). Quoi qu'il en soit, l'égalité républicaine exige que tous les résidents du territoire national, où qu'ils se trouvent, aient accès aux mêmes prestations [23].

Ces flux migratoires et monétaires ont créé une nouvelle situation qu'il faut à présent gérer. Ainsi, un réseau de villes jumelles s'est mis en place : Albina / Saint-Laurent sur le Maroni, Oiapoque / Saint-Georges et Villa Brazil / Camopi sur l'Oyapock. Les villes étrangères profitent du contraste de richesse entre la Guyane française et le reste de l'Amérique latine. Elles sont devenues des centres de commerce où les personnes de nationalité française viennent dépenser leurs revenus tout en bénéficiant des prix moins chers pratiqués au Brésil et au Surinam et de véritables plaques tournantes des trafics illicites (prostitution, drogue, contrebande). Des échanges dissymétriques rapprochent ces villes jumelles depuis une vingtaine d'années contribuant à l'enrichissement des villes situées du côté brésilien ou surinamien de la frontière. Des flux de marchandises (or, biens manufacturés, produits alimentaires) traversent le fleuve vers les villes et villages guyanais. La zone transfrontalière est par conséquent une interface dynamique entre deux mondes.

Les limites intérieures : véritables frontières de Guyane ?

À l'intérieur même du territoire guyanais se trouvent des limites qui ne sont pas des frontières au sens politique du terme mais de véritables et profondes discontinuités spatiales [Privat, 2003], marquant les milieux, les paysages et l'organisation des sociétés.

La Guyane utile est une étroite bande côtière (6% du territoire) composée de terres basses de faible altitude avec de très rares reliefs résiduels, occupées par la mangrove ou la savane. Les villes principales (Cayenne, Kourou, Saint-Laurent) et les villes secondaires (Matoury, Rémire-Monjoly, Mana, Macouria…) s'y concentrent, rassemblant 89% de la population du département, principalement des Créoles guyanais et des Métropolitains. La densité de population, 40 hab/km² y est relativement élevée par rapport à la moyenne du territoire (2,6 hab/km²). La quasi-totalité des activités économiques se situe sur cette étroite bande de terre qui accueille la majeure partie de la surface agricole utile du département consacrée principalement à l'élevage bovin ou porcin, à la riziculture (vers Mana), aux vergers, au maraîchage, les activités artisanales et commerciales, et surtout le Centre spatial guyanais (CSG), le plus important pourvoyeur d'emplois et de richesse du territoire.

La Guyane sauvage est le domaine des hautes terres recouvertes de la forêt tropicale humide qui recouvre 94% du département. Elle constitue un intérieur presque vierge, domaine de la nature sauvage et souvent perçue comme dangereuse par la population créole du littoral qui cherche plutôt à éviter ce milieu : la forêt avec ses serpents et ses insectes fait peur, elle n'intéresse pas en elle-même mais pour ses ressources éventuelles. L'intérieur forestier n'abrite que 11% des Guyanais, (principalement les Bushi-Nenghe, les Amérindiens, les Brésiliens et les Surinamiens) dans un espace très vaste, ce qui en fait un quasi désert humain avec une densité de population de seulement 0,3 hab/km².

Maillage communal et répartition de la population en Guyane

Source : Tableaux économiques régionaux de la Guyane, Insee 2009 - 2010

Les activités économiques restent traditionnelles ou parcellaires : c'est le domaine des abattis (mise en culture traditionnelle des terres après avoir brûlé la forêt), de l'orpaillage et d'un écotourisme naissant.

La limite entre le nord et le vaste espace sud constitue donc une frontière aussi bien physique que culturelle et économique. Saint-Laurent-du-Maroni et Régina sont des zones de transition d'un espace à l'autre. L'histoire de ce clivage remonte à la création du territoire de l'Inini en 1930. L'État souhaite alors mieux contrôler l'exploitation des terres intérieures de la Guyane, en instituant un territoire placé sous l'autorité directe et exclusive du gouverneur (puis du préfet à partir de la départementalisation en 1946) et ce jusqu'en 1969. La Guyane est désormais divisée en deux arrondissements, celui de Cayenne au nord et celui de l'Inini au sud. Le littoral devient le domaine privilégié des Créoles qui ont investi le pouvoir local. Cette opposition entre littoral et intérieur reproduit la division historique du territoire entre espace colonial au nord et espace tribal au sud. L'accès au territoire de l'Inini est globalement interdit ou soumis à autorisation (il s'agit de protéger les populations amérindiennes des maladies véhiculées par les voyageurs). L'accès à la zone située au sud d'une ligne Maripasoula – Camopi restera soumis à autorisation préfectorale jusque dans les années 1990. L'objet de l'institution de ce territoire à statut particulier est de faciliter la mise en valeur économique de l'intérieur forestier. Celle-ci ne vint jamais. Pendant cette période, les Guyanais sont restés privés de toutes décisions relatives à ce territoire.

Il en résulte aujourd'hui, dans l'inconscient collectif guyanais, un "syndrome de l'Inini" [24], une forme d'allergie, de rejet de tout projet reconstituant une frontière à l'intérieur du département ou créant une situation par laquelle l'aménagement du territoire échapperait aux élus locaux. C'est ainsi qu'on peut expliquer, en partie, l'hostilité de principe et les longs blocages concernant la création d'un parc national dans le tiers sud du département dont le projet remonte à 1992. Il faut attendre le décret du 27 février 2007, après de longues tractations avec les populations locales et les élus guyanais, pour que le Parc national de Guyane dénommé "Parc amazonien" voit le jour. Le projet a abouti malgré les rivalités entre acteurs et conflits d'usage de l'espace. Les blocages résultaient notamment de la difficulté à délimiter des zones où les activités humaines traditionnelles comme la pêche, la chasse ou l'abattis seraient réduites. Les Amérindiens longtemps hostiles au parc ont compris l'intérêt que celui-ci présentait pour se prémunir contre l'orpaillage clandestin et les menaces qu'il fait peser sur le milieu et les hommes.

Le parc amazonien de Guyane française : un compromis difficile entre protection de la nature et développement

Le projet de création de ce parc national a été initié en 1992 à l'occasion du sommet de Rio de Janeiro. L'aire du parc se situe dans le Sud de la Guyane et couvre environ trois millions d'ha du domaine forestier guyanais estimé à près de huit millions d'ha. L'objectif initial du projet était la protection de l'environnement et en particulier la préservation de la biodiversité de cette partie de la Guyane. Dès le début, l'objectif "naturaliste" du projet s'est heurté non seulement à la logique économique liée à l'orpaillage, mais aussi aux logiques d'utilisation du sol pour les besoins de subsistance des communautés locales constituées essentiellement d'Amérindiens et de Noirs Marrons [25]. Les travaux scientifiques ont pu mettre en évidence l'achoppement et la confrontation d'intérêts divergents exprimés tout au long du processus de création de ce parc.
En assouplissant la fonction de préservation de la nature conférée aux parcs nationaux notamment dans les zones périphériques auxquelles est proposé un rôle de "développement durable", la nouvelle loi sur les parcs nationaux, adoptée par l'Assemblée nationale française en décembre 2005, a considérablement fait avancer le projet de parc de la Guyane qui a finalement abouti en février 2007. Dans le sillage de cette nouvelle loi, le parc amazonien de Guyane est présenté non plus comme un outil de conservation/protection de la nature et de la biodiversité, mais comme un outil de protection de l'environnement et de développement ou d'accompagnement des populations dans leur développement.

Source : Tsayem Demaze Moïse, Le parc amazonien de Guyane française : un exemple du difficile compromis entre protection de la nature et développement,
http://hal.archives-ouvertes.fr/.../Article_parcGuyane_Tsayem_finale_mars2008.pdf
Avec l'aimable autorisation de l'auteur.

 

Le parc rassemble un vaste ensemble forestier en bon état de conservation et d'une exceptionnelle biodiversité,  sur une surface totale de 3,4 millions d'ha situés dans le tiers méridional du département. Il englobe dans son périmètre les bassins versants des plus grands fleuves de Guyane dont le Maroni et l'Oyapock. Plus grande aire protégée de l'UE située en milieu tropical, il concerne directement les communes de Camopi, Maripasoula, Papaïchton, Saint-Elie et Saül. Frontalier du Parc national des Montagnes Tumuc Humac (3,8 millions d'ha) situé dans l'État d'Amapa au Brésil, le Parc amazonien de Guyane permet de renforcer la dynamique de coopération internationale entre la Guyane et le Brésil. Plus de 7 millions d'ha de forêt continue se trouvent ainsi protégés. Non seulement outil de protection de la nature, le parc doit aussi être un vecteur de développement durable grâce à l'écotourisme. Enfin, le parc représente un moyen de contrôle d'un territoire enclavé où réside une très faible population de quelques 7 000 personnes.

Guyane occidentale et Guyane orientale : deux circonscriptions législatives méridiennes

Les limites internes sont également méridiennes depuis qu'un nouveau découpage administratif (décret du 17 mars 1969) scinde le département en deux circonscriptions législatives, à l'est l'arrondissement de Cayenne, à l'ouest celui de Saint-Laurent-du-Maroni, mettant ainsi fin au découpage administratif séculaire qui opposait littoral (arrondissement de Cayenne à partir de la départementalisation de 1946, le seul alors découpé en cantons et communes) et intérieur (territoire de l'Inini, puis arrondissement de l'Inini à partir de 1946).

Chacune de ces circonscriptions a une population relativement homogène qui crée un clivage entre les deux espaces. L'arrondissement de Cayenne, la préfecture, à l'ouest, accueille la majeure partie de la population (76%) et principalement les Métropolitains, les Créoles, les H'Mongs [26], les Brésiliens ainsi que les Amérindiens Wayampi et Palikour. À l'est, l'arrondissement de Saint-Laurent-du-Maroni, la sous-préfecture, ne compte que 23% de la population guyanaise composée des Bushi-Nenge, des Surinamiens et des Amérindiens Wayana et Galibi.

Par ailleurs, les fleuves qui coulent globalement du sud vers le nord contribuent au cloisonnement du territoire en bandes longitudinales correspondant aux bassins-versants. La construction de ponts ou de bacs pour franchir les cours d'eau a toujours constitué un enjeu majeur de l'aménagement du territoire guyanais. Si les fleuves représentent des contraintes lourdes pour les flux est-ouest, ils sont des axes importants de pénétration nord-sud. En effet, malgré la présence de nombreux sauts qui sont des obstacles à la circulation fluviale, les principaux axes de transport empruntent les cours d'eau.

Le maillage administratif de la Guyane

Source : Tableaux économiques régionaux de la Guyane, Insee 2009 - 2010

Largement utilisé pour le transport des personnes et des biens, le Maroni se révèle un vrai atout pour la communication en Guyane occidentale. Il est le seul moyen de rejoindre les communes d'Apatou, Grand Santi, Papaïchton ou Maripasoula  et tous les petits villages installés le long du fleuve. Mais la navigation n'est généralement possible que sur le cours inférieur ou moyen des fleuves.

Le cours du Maroni d'amont en aval : aspects physiques et occupation humaine, une sélection d'images Google Earth

1 - Maripasoula

1) Avec un territoire de 18761 km², la commune de Maripasoula est la plus vaste de Guyane et de France. Située sur le fleuve Lawa (cours moyen du Maroni), la commune est limitrophe du Surinam à l'ouest et du Brésil au sud. Cette partie du fleuve a été peuplée à partir du XVIIIe siècle de Bushi-Nenge (les Aluku) qui ont repoussé les Amérindiens Wayana et Emérillon plus au sud, sur le Haut Maroni. Le bourg de Maripasoula, visible ici, se développe à la fin des années 1960 avec l'installation d'un poste de santé. Après une longue stagnation voire une baisse de la population, la reprise de l'activité aurifère dans les années 1990 a mis fin à l'exode rural : de nombreux garimpeiros (orpailleurs brésiliens) ont afflué dans la commune, ainsi que des travailleurs en provenance du Surinam. Aujourd'hui, les habitants de la commune (4 500 habitants d'après le dernier recensement de l'INSEE de 2006) ne sont reliés au reste du département que par transport fluvial ou par l'aérodrome situé au nord du bourg (ce dernier assure la continuité territoriale).

2 - Badatabiki (Surinam)

2) Ce village surinamais parait bien isolé dans l'immense forêt tropicale humide. L'occupation humaine est ici extrêmement faible. Le fleuve constitue le seul trait d'union possible avec le reste du territoire. Les différents tons qui apparaissent dans le fleuve rappellent que les hauts fonds et les sauts sont fréquents, chacun pouvant constituer une rupture de charge en cas de basses eaux, rendant le transport des marchandises et des hommes périlleux et incertain. Ce type de village joue le rôle de relais de poste où les piroguiers peuvent s'arrêter, se ravitailler ou passer la nuit (mais strictement en fonction de leur ethnie).

3- Apatou

3) Localisée au nord-ouest du département, sur le Bas-Maroni, la commune se situe à deux heures de pirogue de Saint-Laurent-du-Maroni. Elle est peuplée de Bushi-Nenge dont une partie importante sont des réfugiés surinamais ayant fui la guerre civile qui s'est déroulée dans leur pays dans les années 1980. Les liens culturels (au niveau linguistique et ethnique) entre les habitants d'Apatou et les réfugiés surinamais  ont favorisé l'assimilation, contribuant à augmenter les effectifs de la commune (actuellement 5 900 personnes : INSEE, 2006). Une route bitumée, non officiellement ouverte à la circulation en juin 2010 (mais déjà empruntée par de nombreux automobilistes) relie Apatou à Saint-Jean au nord de la région (47 km) puis à Saint-Laurent-du-Maroni. Très ouvert sur le fleuve, le bourg possède plusieurs embarcadères (les dégrads). On peut apercevoir le bâtiment de la gendarmerie qui surplombe le virage du fleuve. Le bâti relativement dense s'est développé de façon anarchique : la propriété foncière est communale ou départementale (il n'y a pas de propriété privée, c'est le droit coutumier qui régit l'aménagement foncier). Des chemins piétonniers rarement revêtus de béton constituent une voirie sommaire.

Pointeurs sur les images Google Earth :

à Maripasoula, 4°55'37.34"N / 54°27'44.96"O

Badatabiki (Surinam), 3°38'39.26"N / 54° 1'55.67"O

à Apatou / Sania, 5° 9'21.56"N / 54°20'34.75"O


Voir aussi à partir de : http://maps.google.fr et le Géoportail de l'IGN, www.geoportail.fr/visu2D.do?ter=guyane

On peut dénombrer un peu moins d'une centaine de sauts [27] à franchir entre Saint-Laurent et Antecume Pata, village amérindien au sud de Maripasoula qui marque le début de la Litany, à partir duquel le fleuve se réduit [28]. Sur le Maroni, les sauts sont les vraies frontières entre territoires, ils séparent physiquement les différents groupes de Bushi-Nenge : les Paramka installés autour d'Apatou sont séparés des Ndjuka installés à proximité de Grand Santi par un ensemble de sauts rapprochés (Assoidé, Loka Loka Soula, Ampoumah). Les rapides Abattis Kotika constituent la frontière entre Ndjuka et Aluku ou Boni)… Le saut Aouara Soula sépare le pays Aluku et le pays amérindien Wayana.

L'organisation et la fragmentation des espaces transfrontaliers (notamment le long du Maroni) dépendent donc de ruptures de pente contraignantes pour les déplacements. Les sauts séparent non pas des individus de différentes nationalités installés sur une rive ou sur une autre (à l'est ou à l'ouest du fleuve) mais des groupes ethniques identifiés et constitués du nord au sud. Dans les représentations des populations du fleuve, les sauts symbolisent les frontières véritables du territoire, en étant à la fois des obstacles à la navigation et des limites historiques et culturelles alors que le fleuve constitue au contraire le trait d'union entre les rives et entre l'intérieur et la côte.

 

Conclusion

Actuellement, les frontières ne semblent plus être l'objet de litige même si l'État d'Amapa au Brésil conteste épisodiquement le tracé de la frontière méridionale fixé en 1950.

Les pouvoirs publics français ont réuni deux commissions, l'une franco-brésilienne à l'initiative du préfet de Guyane en 1984 et l'autre qui a abouti à un accord de coopération avec le Surinam en 1988. La France ne cherche pas le rapport de force, elle ne peut en effet rivaliser avec la puissance régionale émergeante du Brésil dont une partie de la population colonise déjà clandestinement ses territoires forestiers. D'autant plus que l'appropriation de la Guyane par une population nationale semble impossible à réaliser. Au sud du département, la présence française n'est matérialisée que par quelques bornes et la population résidente est très faible. Le territoire guyanais reste donc inachevé. La création d'un très vaste parc national amazonien dans la partie méridionale du département, recouvrant 40% du territoire total, répond en partie à ce besoin de contrôle d'un territoire que d'autres États pourraient revendiquer ou s'approprier dans les faits. Ici comme ailleurs, les frontières internationales tracées ne recouvrent pas les pratiques sociales ou réalités physiques du territoire.

 


Notes

[1] L'ancien Service géographique des Colonies est à l'origine d'une erreur involontaire en ce qui concerne la superficie de la Guyane française, erreur qui a été largement reprise par la suite. Au début du XXe siècle, une fois que le problème des frontières a été réglé, il a attribué à la Guyane une superficie de 91 000 km². Cette erreur résulte d'une mauvaise estimation de la latitude des sources de l'Oyapock. Il faut attendre les années 1960 pour que l'IGN corrige cette donnée. Mais de nombreux ouvrages ont continué à utiliser cette superficie erronée jusqu'à très récemment : par exemple, le dictionnaire Larousse dans son édition de 2008 continue à indiquer une superficie de la Guyane de 91 000 km². Il est à noter que cette superficie évolue à la marge, d'année en année à cause du mouvement constant d'avancée ou de recul de la ligne de côte.

[2] Les précipitations annuelles sur l'espace côtier sont comprises entre 2000 mm à l'ouest et 4000 mm à l'est. Le taux d'humidité est constamment élevé (75% à 100%) sauf pendant la saison sèche en septembre et octobre. L'humidité combinée à la chaleur contribue au pourrissement rapide des aliments et à la multiplication des germes.

[3] Estimation de l'Insee pour l'année 2009.

[4] Par la loi de départementalisation du 19 mars 1946, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion sont des départements français. Par la loi du 31 décembre 1982, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion sont également des Régions, mais à la différence de leurs homologues métropolitaines, leur assise territoriale est monodépartementale et leurs compétences sont étendues, notamment en matière de finances publiques locales où la Région détermine l'assiette, le taux, les exonérations et la répartition de l'octroi de mer. Les conseils régionaux bénéficient en outre des avis d'une institution spécifique : le comité de la culture, de l'éducation et de l'environnement. La réforme constitutionnelle du 28 mars 2003 a confirmé ce double ancrage institutionnel, en créant la dénomination : "Départements et Régions d'Outre-Mer" (DROM).
Par ailleurs, la Guyane est une des "régions ultrapériphériques" (RUP) de l'Union européenne. Cette notion a été reconnue pour la première fois dans la déclaration annexée au traité de Maastricht de 1992. En 1997, le traité d'Amsterdam confirme en son article 299-2 (qui prend la suite de l'article 227-2 du Traité de Rome relatif aux DOM) l'identité des sept régions ultrapériphériques (Réunion, Martinique, Guadeloupe, Guyane, Açores, Madère et Canaries) et reconnaît leurs spécificités.

[5] Les inselbergs sont des buttes formant des reliefs résiduels aux versants raids qui dominent la pénéplaine méridionale. Ils apparaissent dans le paysage comme des îles-montagnes souvent chauves surmontant l'immensité forestière.

[6] Les touristes qui aiment se baigner dans la mer doivent en Guyane s'adapter à une eau de couleur marron transportant non seulement des particules en suspension mais aussi de nombreuses branches et même des troncs d'arbre déracinés en fin de saison des pluies.

[7] "La superficie très "élastique" de la Guyane", un article de Laurent Marot diffusé par le quotidien Le Monde du 19 février 2010, extraits : "(...) Daniel Guiral (directeur de recherche à l'IRD et responsable du laboratoire d'écologie microbienne et biotechnologies à l'Université Paul-Cézanne / Aix-Marseille III) [précise] : "En Guyane, la limite entre la terre et la mer est un espace flou. C'est quasiment impossible d'avoir des cartes à jour, car cela évolue très vite". À l'origine de cette instabilité, des bancs de vase de 10 à 60 km de long sur 20 à 30 km de large et sur cinq mètres d'épaisseur, qui se déplacent le long des côtes guyanaises à une vitesse comprise entre un et plus de 5 km par an. "Les sédiments issus de l'érosion de la Cordillère des Andes s'accumulent en aval de l'Amazone, en raison du débit incroyable de ce fleuve", indique M. Guiral. "Ils sont poussés par les courants littoraux vers le Venezuela jusqu'à l'arc des Antilles. (...) "Mais on ne peut pas parler d'extension de la superficie guyanaise, car pour cela, il faudrait faire un bilan global du littoral, en tenant compte des avancées mais aussi des reculs de la mangrove".
Pour le chercheur, "la tendance serait plutôt à l'érosion, car globalement, le niveau des océans remonte", un phénomène "accentué par l'enfoncement léger et progressif du littoral est guyanais, sous le poids des sédiments amazoniens déposés au fil des ans le long des côtes". La mesure du littoral guyanais reste donc complexe. À Mana, les rizières sont en recul face aux eaux de l'océan. À Rémire-Montjoly, plusieurs propriétés d'une grande zone résidentielle sont rongées par la mer, après le retrait d'un banc de vase qui les protégeait et des prélèvements inconsidérés de sable par l'homme. (...)
Voir aussi l'Atlas illustré de la Guyane sous la direction de Jacques Barret (2002)

[8] La Guyane française dispose d'une façade maritime de 350 km et, depuis 1977, d'une Zone économique exclusive (ZEE) d'une superficie d'environ 130 000 km², dont 40 000 km² de plateau continental. La France a par ailleurs entamé une démarche auprès de l'Organisation maritime internationale (OMI) pour obtenir l'extension de sa zone économique exclusive au large de la Guyane (projet Extraplac). On peut en suivre l'actualité sur cette page : www.extraplac.fr/FR/extensions/Guyanne.php

Voir cette page de ressources documentaires (nouvelle fenêtre) : L'espace maritime français en quête d'extension

[9] En 2006, 25% des Guyanais vivent sous le seuil de pauvreté et le PIB/hab guyanais, qui s'élève à 13 298 euros / hab ne représente que 46,4% de la moyenne nationale (28 674 euros / hab). Alors que tous les autres DOM ont entamé un processus de rattrapage, la Guyane décroche et se situe désormais en dernière position de l'ensemble des régions françaises. Source Insee, Tableau économique régional de la Guyane 2009 - 2010 : www.insee.fr/fr/insee_regions/guyane/themes/ter/ter2010/ter2010_gy.pdf

[10] Le projet, lancé en novembre 1997 par les présidents J. Chirac et F. H. Cardoso, puis réaffirmé en 2005 par J. Chirac et le nouveau président brésilien Lula da Silva, enfin confirmé lors du sommet franco-brésilien du 12 février 2008 réunissant les présidents N. Sarkozy et Lula da Silva.

[11] Source : procès verbal n°100 de la séance du 6 décembre 2006 du Sénat français.

[12] Le Mercosur (Marché commun du Cône Sud) a été fondé par le traité d'Asunción signé le 26 mars 1991. Le protocole d'Ouro Preto, conclu le 14 décembre 1994, lui attribue une personnalité juridique internationale et ses caractéristiques actuelles : un modèle intergouvernemental où les positions communes demeurent dépendantes de la volonté des États membres ; un tarif extérieur commun entré en vigueur le 1er janvier 1995. La mise en œuvre intégrale de l'union douanière par tous les membres dans tous les secteurs doit se faire progressivement.
Le Mercosur comporte quatre pays membres, l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay. Depuis 1996, le Chili et la Bolivie sont des membres associés du Mercosur ainsi que, depuis 2004, l'Équateur, la Colombie et le Pérou. Le Venezuela a obtenu, depuis 2006, d'être membre à part entière. La mise en adéquation de sa législation commerciale est donc en cours et prendra des années.
Le Mercosur représente aux alentours de 44% de la population d'Amérique latine (plus de 200 millions d'hab) et 57,3% de son PIB.  www.mercosur.int/msweb

[13] Frédéric Farine, Le dossier explosif des clandestins de Guyane, RFI, 22 septembre 2005.

[14] Dans le dossier "Développement durable, approches géographiques" : Orpaillage, pollution et problèmes sanitaires : l'exemple de la Guyane française

[15] Reportage de N Ransom pour France (11 février 2008) : www.france24.com/fr/20080211-limmigration-clandestine-guyane-guyane-bresil

[16] En Guyane, les forces armées françaises participent à l'appropriation du territoire, physiquement et symboliquement. Elles effectuent avant tout des missions de souveraineté nationale, c'est-à-dire de garantie de la protection de l'intégrité du territoire. Elles agissent aussi dans le domaine de la lutte contre l'orpaillage illégal et l'immigration clandestine. 2 000 militaires stationnent principalement à Cayenne, Kourou et Saint-Jean-du-Maroni, au sud de Saint-Laurent (sources : ministère de la Défense, Etat major des Armées). Les forces terrestres sont les plus nombreuses et sont composées de deux régiments opérationnels principaux. Le 9e RIMa (Régiment d'infanterie de marine), implanté à Cayenne et à Saint-Jean-du-Maroni patrouille en pirogue et contrôle les embarcations sur le Maroni. Les hommes du 9e RIMa effectuent des missions de police aux frontières (contrôles d'identité, reconduites vers le Surinam…) Le 3e REI (Régiment étranger d'infanterie) implanté à Kourou, Saint-Georges et Régina exerce la même mission sur l'Oyapock mais il est surtout spécialisé dans les missions d'immersion en forêt  profonde. Ainsi, périodiquement, les légionnaires largués en forêt, à proximité des sept bornes frontières du Sud du département, effectuent un nettoyage symbolique des points constituant la frontière avec le Brésil (Emmanuel Lézy, Guyane, Guyanes, Belin, 2000). La Guyane dispose également d'une base aérienne à l'aéroport de Cayenne-Rochambeau et d'un centre de contrôle aérien à Kourou assurant la surveillance et la protection de l'espace aérien guyanais (notamment autour du Centre spatial guyanais à Kourou). Enfin, une petite base navale à Degrad-de-Cannes (près de Cayenne) assure les missions de surveillance maritime des eaux territoriales et lutte contre la pêche illicite dans la ZEE.

[17] Des sites d'information sur les types d'intervention des forces armées en Guyane (FAG) et les risques encourus :
> RFI, par Frédéric  Farine, le 09/01/2006, " La fièvre de l'or tue sans distinction", www.rfi.fr/actufr/articles/073/article_40946.asp
> sur le site du ministère de la Défense, des exemples d'action des forces armées en Guyane : www.defense.gouv.fr/ema/forces_interarmees/forces_de_souverainete/guyane

[18] La pêche occupe une place importante dans l'économie guyanaise : elle fournit des crevettes et des poissons (vivaneaux rouges, requins, mérous, acoupas, machoiran…). Voir : François CATZEFLIS, "Quelques données sur la pêche industrielle en Guyane française", Terres de Guyane, novembre 2004,
www.terresdeguyane.fr/articles/CAT_0003/default.asp

[19] Les pêcheurs de nationalité étrangère peuvent agir de manière légale. Annuellement, l'Union européenne accorde à certains pays une autorisation de pêche dans la ZEE au large de la Guyane française. Cette licence impose aux ligneurs le débarquement de 75% de leurs captures de vivaneaux et de 50% de leurs captures de requins auprès d'ateliers de transformation en Guyane.
Mais il peut aussi s'agir de pêche illicite ainsi qu'en témoigne la presse guyanaise (France Guyane) :
> Coup de semonce des pêcheurs (12 mars 2010) www.franceguyane.fr/.../coup-de-semonce-des-pecheurs-12-03-2010-53443.php
> À l'assaut des tapouilles surinamaises (29 novembre 2009) www.franceguyane.fr/.../a-l-assaut-des-tapouilles-surinamaises-29-10-2009-41360.php

[20] Noms des embarcations traditionnelles, Atlas illustré de la Guyane (Barret J., 2002

[21] Le port international de commerce du Dégrad-des-Cannes accueille 80% des navires, le port du Larivot sur la commune de Matoury est un port de pêche, le port de Kourou-Pariacabo, sous la tutelle du CNES, est essentiellement lié aux activités spatiales et le port de Saint-Laurent-du-Maroni est limité à l'importation d'hydrocarbures et à l'exportation de riz et de bois.
Voir : Iedom, note express n°45, octobre 2005 : Le transport de marchandises en Guyane, www.iedom.fr/IMG/pdf/note_exp_transport_guyane-2.pdf

[22] Voir : La forêt guyanaise française : entre valorisation et protection > Un territoire, des acteurs

[23] Relevons cependant les particularités de la départementalisation à Mayotte dont les prestations sociales continuent de différer sensiblement de celles de la métropole et de l'île presque voisine de La Réunion : certaines d'entre elles, comme le Revenu minimum d'insertion (RMI) ou l'Allocation parent isolé (API) n'existent pas encore, tandis que d'autres, comme l'Aide personnalisée au logement (APL) ou l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA), existent mais ouvrent des droits bien moindres qu'en métropole. Mais on y observe une évolution progressive vers le droit commun métropolitain avec le rattrapage, voire l'alignement en cours ou programmé des différents dispositifs.

[24] Expression due à Jean-Paul Gachet, du Silvolab-Guyane, un groupement d'intérêt scientifique créé en 1992 pour la recherche forestière tropicale.

[25] Le marronnage était le fait, pour un esclave, de fuir sa situation et son maître. C'était sévèrement puni, les esclaves "Marrons" (ou Noirs marrons) devaient donc se cacher en forêt. Le fleuve Maroni tire son nom des habitants de ses rives, les Noirs marrons.

[26] Réfugiés laotiens ayant fui leur pays dans les années 1970. Ils ont fondé des communautés villageoises dynamiques à Cacao et à Javouhey. Spécialisés dans les cultures maraîchères intensives, les H'Mong sont très intégrés dans la vie économique guyanaise.

[27] Les sauts sont des lieux de rupture de pente avec des rapides où les piroguiers risquent en saison sèche (basses eaux) l'échouage sur des bancs de sable ou des rochers, ou bien en saison des pluies (hautes eaux), le chavirage à cause de remous. Pour éviter les incidents, les piroguiers, quand ils le peuvent, déchargent leur cargaison et franchissent les sauts à pied en portant sur la rive pirogue et marchandises.

[28] Grand Santi et Maripasoula disposent aussi d'un petit aérodrome, une piste conduit de Saint-Laurent à Apatou.

 


Des références bibliographiques
  • Barret J. (dir.) - Atlas illustré de la Guyane, Laboratoire de cartographie de la Guyane, Institut d'enseignement supérieur de la Guyane, 2002
  • Benjamin D., Godard H. - Les outre-mers français : des espaces en mutation, Géophrys, 1999
  • Blancodini P. et Tabarly S. « La forêt guyanaise française, entre valorisation et protection », Géoconfluences, 2005.
  • Bourgarel S. - Santé et géographie en Guyane, L'Harmattan, 1994
  • Brunet R. (dir.) - Les mots de la géographie, dictionnaire critique, Reclus La Documentation française, 1992
  • Cardoso C. - La Guyane française 1715-1817 : aspects économiques et sociaux, contribution à l'étude des sociétés esclavagistes d'Amérique. Thèse de doctorat, Paris X 1971, sous la direction de Frédéric Mauro. Editée (Ibis Rouge) en 1981
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  • Foucher M. - Fronts et frontières, un tour du monde géopolitique, Fayard, 1991
  • Gay J.-C., Les discontinuités spatiales, Economica, Paris, 1995
  • Henry A. - La Guyane française. Son histoire 1604-1946, 1974 (1e édition 1950)
  • Lacoste Y. - Dictionnaire de la géographie, de la géopolitique aux paysages, Armand Colin, 2003
  • Lévy J. et Lussault M. (dir.) - Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin, 2003
  • Lézy E. - Guyane, Guyanes, une géographie sauvage de l'Orénoque à l'Amazone, Belin, 2000
  • Lézy E. - France-Brésil : histoire d'une merveilleuse rupture, in Cahiers des Amériques latines, 28/29, IHEAL, 1998
  • Mam Lam Fouck S. - Histoire générale de la Guyane française, Ibis Rouge Editions, 2002
  • Privat M.-E. - Frontières de Guyane, Guyane des frontières, Terres de Guyane, juin 2003
  • Prost G., Zonzon J. - Histoire de la Guyane, Servedit, 1996
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  • Tsayem Demaze M. - Le parc amazonien de Guyane française : un exemple du difficile compromis entre protection de la nature et développement, 2008 http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/30/89/57/PDF/Article_parcGuyane_Tsayem_finale_mars2008.pdf
  • Vidal de la Blache P. - Annales de géographie, volume 10, n° 49, 1901
  • Zimmermann M. - Annales de géographie, volume 7, n°32, 1898
Quelques ressources en ligne

Sites d'informations et d'expertises

> Tableau économique régional de la Guyane 2009 - 2010, www.insee.fr/fr/insee_regions/guyane/themes/ter/ter2010/ter2010_gy.pdf

  • Notes sectorielles de l'Institut d'émission des départements d'Outre Mer (Iedom), www.iedom.fr/iedom

> www.iedom.fr/interet_general/notes_expresses.asp
> Les rapports annuels, www.iedom.fr/guyane/publications-67/rapports-annuels-92
> Rapport annuel 2008, www.iedom.fr/IMG/pdf/ra2008_guyane.pdf

  • Les relations entre la Guyane et ses pays frontaliers,

www.cries-guyane.fr/upload/actus_4836a3f47b371.pdf

Autour du Parc amazonien de Guyane

> sommaire : www.guyane.ecologie.gouv.fr/sommaire.php3
> Cartes thématiques, www.guyane.ecologie.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=25
> Les données environnementales > cartothèque,
www.guyane.ecologie.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=9   

Informations diverses (médias, etc.)

 

 

 

Patrick Blancodini,
doctorant à l'Université de Lyon III, enseignant en CPGE

Sylviane Tabarly, professeure agrégée de géographie,
coordinatrice éditoriale, ENS de Lyon / Dgesco

pour Géoconfluences, le 10 juin 2010

 

Pour citer cet article :

Patrick Blancodini et Sylviane Tabarly, « Les frontières externes et les limites internes en Guyane, entre fragmentation, ruptures et interfaces », Géoconfluences, juin 2010.
URL : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/frontier/FrontScient9.htm

 

Pour citer cet article :  

Patrick Blancodini et Sylviane Tabarly, « Les frontières externes et les limites internes en Guyane, entre fragmentation, ruptures et interfaces », Géoconfluences, juin 2010.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/typespace/frontier/FrontScient9.htm