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Les castes au Népal

Publié le 08/04/2008

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L'ensemble des règles régissant le système a été codifié par Jayasthiti Malla, roi fondateur de la troisième dynastie Malla à la fin du XIVe siècle. Dans les années 1850, Jang Bahadur Rana, de retour d'un voyage en Europe décida de codifier le droit du Népal et modifia un peu le système, en supprimant quelques règles excessives. Cela donna naissance au code civil : "Muluki Ain". Enfin, en 1963, une refonte des institutions gouvernementales, assortie de réformes variées, prôna l'égalité de peines entre toutes les castes et abolit ainsi le système d'un point de vue purement juridique. En réalité, ce système de castes reste très présent dans l'esprit de la population et marque encore profondément les pratiques quotidiennes.

Les trois grands principes régissant le système des castes :
- Tout d'abord, un "principe de séparation" régit les possibilités de contact physique d'un individu avec le reste de la société. C'est un point essentiel pour appréhender les espaces publics katmandouïtes, puisque l'on peut définir l'espace public comme le lieu de rencontre de l'individu avec la société, des individus et des groupes entre eux. Ces règles concernent principalement tout ce qui touche à l'alimentation et aux conditions de mariage. Chaque caste est endogame : c'est la condition la plus stricte à la survie de l'ensemble du système. Actuellement, les dérogations à cette règle sont de plus en plus négociables, mais sont loin d'être généralisées.
En ce qui concerne l'alimentation, chaque caste possède ses propres interdits et les questions les plus fondamentales concernent la pureté de la personne qui prépare les repas et avec qui il est possible ou non de le partager, plus qu'à la nourriture consommée elle-même. D'un point de vue spatial, il en résulte que les basses castes se voient par exemple dotées de puits spécifiques afin de ne pas souiller l'eau des plus hautes castes.
- Le second grand principe est celui de "division" qui régit les activités religieuses comme économiques. Les castes correspondent en quelque sorte à des corps de métiers : la plus ou moins grande pureté des tâches effectuées dans un métier définit la plus ou moins grande pureté des castes qui l'exercent. Cependant, l'ensemble des métiers est indispensable au fonctionnement harmonieux de la société, ce qui signifie que chaque caste est nécessaire et fait partie d'un grand tout. Ainsi, chaque individu reçoit par sa naissance une place au sein de la société. Il s'agit d'une place au sens figuré mais aussi au sens propre : les castes sont plus ou moins précisément regroupées en quartiers distincts, en des endroits précis de la ville. Il apparaît que la spatialisation des castes, par l'emplacement de leurs fontaines ou de leurs lieux de travail, ne doit absolument rien au hasard. Mais ces séparations physiques entre les castes dans l'espace urbain n'ont plus rien d'officiel aujourd'hui, ce sont des états de fait. Les destinations de fait des fontaines ou autres lieux de vie restent très codifiés dans les mentalités, elles sont ainsi connues de tous et transmises de génération en génération, mais non écrites.
- En effet, le dernier grand principe est celui de "hiérarchisation" selon le critère de pureté. L'important n'est pas l'individu en tant que tel mais le lien social qui l'unit au groupe. Il en résulte que tous les membres d'une même caste porte le même nom de famille. Dans la vie quotidienne, les comportements sont plus communautaires qu'individuels, ce qui se lit très bien dans la pratique même des espaces sacrés. On a vu que la morphologie urbaine de la cité cherchait à donner corps au cosmos. Il en va de même avec l'organisation sociale. Concrètement, cela se lit par la place précise des individus durant les grandes fêtes collectives et leurs cortèges, ou encore par les conduites à tenir lors d'un partage d'héritage.

Marie Gibert,

pour Géoconfluences le 8 avril 2008

Pour citer cet article :  

« Les castes au Népal », Géoconfluences, avril 2008.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/breves/2008/popup/Gibert1.htm