BE Adit : décembre 2013 à mai 2014

Publié le 19/05/2014

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Europe et Proche Orient


Allemagne

14/05/2014. Un nouveau portail internet sur l'état de l'eau en Allemagne http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75884.htm

A l'occasion de l'IFAT, le Salon mondial des technologies d'environnement, qui s'est tenu à Munich du 5 au 9 mai 2014, l'Institut de recherche en économie écologique (IOW) de Berlin a présenté son nouvel outil en ligne, qui présente l'état des ressources en eau en Allemagne.
Sur cette plateforme, les internautes pourront trouver des informations sur la répartition des ressources hydriques sur le territoire de la République fédérale, des scénarios illustrant l'impact des changements climatiques sur celles-ci, ou encore des données portant sur l'utilisation et la consommation en eau de l'industrie ou des ménages. Largement agrémenté de vidéos, de cartes interactives et d'infographies, ce site s'adresse autant au grand public qu'aux chercheurs spécialisés dans ce domaine.
Le principal apport de cet outil réside dans la grande précision des données qu'il offre. Rassemblées depuis 2011 par les chercheurs impliqués dans le projet, elles sont en effet proposées à l'échelle de l'arrondissement (Landkreis). Cela permet un maillage fin de l'ensemble du territoire allemand, organisé autour de plus de 300 subdivisions.
Réalisé en partenariat avec l'Institut fédéral allemand d'hydrologie (BfG), l'Association allemande pour la gestion de l'eau, des eaux usées et des déchets (DWA), ce projet a reçu le soutien du Ministère allemand de l'enseignement et de la recherche, dans le cadre de l'initiative "Gestion durable des ressources en eau" (NaWaMa).

Pour en savoir plus, contacts : Site internet du portail (en anglais et en allemand) : http://www.bmbf.wasserfluesse.de/


17/01/2014. Nouvelle opportunité pour l'exploration des ressources minérales marines http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74854.htm

L'Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles (BGR) [1] a effectué une demande de licence d'exploration des amas sulfurés [2] présents sur les fonds de l'océan Indien. Cette demande a été effectuée auprès de l'Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM) [3] fin 2013. Celle-ci concerne une zone de 10.000 km2 située au sud-est de Madagascar.
Carte des fonds marins selon les types de ressources minérales et la profondeur.
Crédits : Agence allemande des matières premières (DERA)

Les amas sulfurés, tout comme d'autres types de ressources minérales marines (nodules polymétalliques, encroûtements cobaltifères,...) contiennent un large éventail de métaux qui sont essentiels dans de nombreux domaines industriels et technologiques.
Amas sulfurés, connus sous le nom de "The Brothers", dans l'espace maritime néo-zélandais.
Crédits : U.S. Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)

La licence demandée par l'Allemagne a une double importance :
1) Etudier le potentiel d'exploitation de nouvelles sources pour répondre aux besoins en matières premières, avec pour objectif la production de produits technologiques.
2) Développer le savoir-faire allemand en ingénierie minière marine afin de se positionner comme leader dans l'exploration et le transport des ressources minérales océaniques. L'Allemagne souhaite proposer des systèmes respectueux de l'environnement et nécessitant peu d'entretien ; et ainsi assurer le rôle du "Made in Germany" dans ces nouveaux marchés.

En 2006, l'Allemagne a également obtenu les droits pour une surface équivalente à deux fois la taille de la Bavière dans la zone de Clarion-Clipperton (océan pacifique). Cette zone, riche en nodules polymétalliques est prospectée par de nombreux pays, dont la France. Avec cette deuxième licence l'Allemagne sera parmi les rares Etats à explorer le potentiel de différentes matières premières minérales marines. En 2013, un atelier réunissant chercheurs, industriels et étudiants avait eu lieu à Kiel afin de discuter des questions scientifiques, techniques, écologiques et juridiques entourant l'extraction des minerais dans les océans (voir BE Allemagne 608).

[1] L'Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles (BGR) est sous tutelle du ministère fédéral de l'Economie et de l'Energie (BMWi). Son siège se trouve à Hanovre. Il est l'organisme central de conseil du gouvernement fédéral en matière de géosciences. Le BGR oeuvre en faveur de l'utilisation durable des ressources naturelles et de la préservation de l'habitat humain.
[2] Les amas sulfurés : également connus sous le terme fumeurs noirs ("black smokers" en anglais), sont des dépôts issus de l'activité volcanique le long des limites tectoniques océaniques à des profondeurs de 500 à 5000 mètres. La profondeur est un paramètre très important car la pression influence le point d'ébullition de l'eau (265°c à -500m, 400°c à -3000m). Constitués principalement de sulfures de fer (pyrite, marcasite, pyrrhotite), ils contiennent des quantités variables de sulfures de métaux (cuivre, plomb, zinc) et sont parfois riches en or. Leur composition varie relativement peu à l'échelle de la planète.
[3] Les ressources océaniques situées dans les eaux internationales sont considérées comme bien commun de l'humanité par la convention des Nations Unies de 1982. Les demandes d'exploration et d'exploitation se font auprès de l'Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM ou ISA en anglais). Créée en 1996, l'AIFM a pour mission de développer un cadre réglementaire pour la gestion des ressources des fonds marins dans les eaux internationales. Que ce soit pour la prospection, l'exploration ou l'exploitation, la surface allouée n'est pas détenue par l'état demandeur, elle est utilisée en tant que patrimoine commun de l'humanité sous l'administration de l'AIFM pour une durée déterminée. La réglementation autour des amas sulfurés a été élaborée en 2010. L'Allemagne contribue activement aux activités de l'AIFM.

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Espagne 

17/02/2014. Mise en service des trois premières installations de stockage d'électricité connectées au réseau en Espagne http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75197.htm

Endesa, l'un des principaux producteurs et distributeurs d'électricité en Espagne a annoncé le 3 février la mise en service et la connexion au réseau de trois installations de stockage d'électricité, situées dans les Iles Canaries, dans le cadre du projet "STORE". Ce résultat est le fruit d'un investissement de 11 millions d'euros, notamment financé par le Centro para el Desarrollo Tecnologico Industrial (CDTI), l'agence espagnole de soutien à la recherche industrielle et de l'innovation.
Le stockage de l'énergie est un enjeu majeur des politiques énergétiques. Il vise en particulier à ajuster le rythme de production ou d'approvisionnement à celui de la consommation, qui peut varier fortement selon les périodes. L'une des options consiste à accumuler des stocks de matière première contenant l'énergie, le combustible, afin de pouvoir l'utiliser ultérieurement et faire face à des pics de demande. C'est pourquoi les Etats se sont ainsi constitués des stocks de pétrole, de gaz ou de charbon.
Mais l'exigence de réduction des émissions de gaz à effet de serre et l'épuisement des réserves d'hydrocarbures ont conduit l'Union européenne à promouvoir un accroissement de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Celles-ci étant intermittentes, il est nécessaire de concevoir des dispositifs permettant de stocker l'énergie produite pour pouvoir assurer l'approvisionnement en fonction des variations de demandes, indépendamment de la variabilité de la production. Une problématique nouvelle de solutions de stockage associées à la production d'électricité renouvelable s'est donc développée récemment.
Plusieurs techniques de stockage de l'énergie sont connues : le stockage mécanique, avec par exemple les Stations de Transfert d'Energie par Pompage (STEP) ou les volants d'inertie ; le stockage électrochimique en batteries et condensateurs, le stockage thermique, et le stockage chimique, via l'hydrogène. Le projet STORE a pour fonction de démontrer la viabilité technique et économique de trois technologies différentes à grande échelle, et dans un environnement insulaire où les problématiques de stockage d'énergie acquièrent une importance accrue en raison de l'isolement des réseaux et des risques accrus qui en découlent pour la stabilité de l'approvisionnement.
Sur l'île de Grande Canarie, un système de stockage électrochimique reposant sur des batteries lithium-ion et d'une puissance d'1 MW pourra fournir 3 MWh d'énergie pour tester sa capacité à servir de source d'appoint au même titre que les unités de production conventionnelles utilisées aujourd'hui, et à réguler la tension sur le réseau. Sur l'île de la Gomera, la technologie utilisée est celle du volant d'inertie, d'une puissance de 0,5 MW permettant de délivrer 18 MWs (megawatt seconde). Sa fonction première est de stabiliser la fréquence et la tension sur le réseau. Enfin, à La Palma, Endesa a mis en place un dispositif de supercondensateurs, qui permettent d'emmagasiner et de restituer l'énergie beaucoup plus rapidement que les batteries classiques (mais en moindre quantité). D'une puissance de 4 MW pour 20MWs d'énergie, ce dispositif doit permettre d'apporter une meilleure stabilité et robustesse au système.
Ces trois installations permettront de valider en conditions réelles le potentiel de ses technologies pour fournir des services de stabilisation des réseaux électriques et de sources d'appoint aux énergies renouvelables intermittentes.


17/02/2014. L'éolien devient la première source d'électricité en Espagne http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75196.htm

Selon les chiffres provisoires communiqués par Red Electrica de Espana (REE), l'entreprise gestionnaire du réseau électrique espagnol, la technologie éolienne est devenue la première source d'électricité en Espagne sur l'ensemble de l'année 2013. C'est la première fois que l'éolien devient sur la durée d'une année entière la première source de couverture de la demande d'électricité, en Espagne mais aussi dans le monde.
Dans un contexte de recul de la demande électrique, qui baisse pour la troisième année consécutive, de 2,3% par rapport à 2012, la puissance installée en Espagne s'est légèrement accrue de 556 MW en 2013, soit 0,5%. Cette hausse provient surtout de l'énergie solaire, thermoélectrique (+ 300 MW soit 15%) et photovoltaïque (+140 MW, soit 3,3%).
La répartition de production par sources fait apparaître une forte croissance de l'hydraulique par rapport à 2012 en raison d'une pluviosité supérieure en 2013, une augmentation de 14,2% de la production issue de sources renouvelables, et à l'inverse une forte baisse de la production par cycle combiné (-27,3%), ou issue du charbon (27,3%). La baisse de 8,3% de la production d'électricité d'origine nucléaire s'explique notamment par l'arrêt de la centrale de Garona, suite à la décision de son exploitant de ne pas solliciter une prolongation de sa durée de vie comme l'y incitait pourtant le gouvernement. L'éolien est ainsi devenue la première source d'électricité en termes de couverture de la demande, avec 21,1% contre 18,1% en 2012, dépassant pour la première fois sur l'ensemble d'une année, le nucléaire qui recule de 22,1% à 21,0% en 2013. Le total d'énergie produite par le nucléaire reste légèrement supérieur à celui de l'éolien, mais la consommation électrique des centrales nucléaires elles-mêmes étant supérieure, la couverture de la demande électrique est moindre que celle de l'éolien. REE souligne par ailleurs que les énergies renouvelables ont couvert en 2013 42,4% de l'ensemble de la demande électrique en Espagne, soit 10,5% de plus qu'en 2012, ce qui a permis une réduction des émissions de CO2 de 61,4 millions de tonnes, 23,1% de moins qu'en 2012.
Cette montée en puissance des énergies renouvelables dans le mix espagnol ne suscite pourtant aucun triomphalisme au moment où le gouvernement annonce de nouvelles mesures pour lutter contre le "déficit tarifaire" de près de 30 milliards d'euros accumulés depuis une dizaine d'années en raison du différentiel existant entre le prix payé par le consommateur et les coûts de production et de distribution d'électricité.
Les primes à la production versées aux énergies renouvelables, d'un montant total estimé de 50 milliards d'euros entre 1998 et 2013, sont notamment en cause et après avoir suspendu, au début de l'année 2012, les primes pour l'installation de nouvelles capacités, le gouvernement annonce qu'il va désormais s'attaquer aux primes versées aux capacités renouvelables déjà existantes. Il s'agit de plafonner à 7,39% de l'investissement le niveau des primes. Les installations les plus anciennes, antérieures à 2005, ne toucheraient plus aucune prime à la production, ce qui affectera notamment le secteur éolien, puisque 37% de la capacité installée dans ce domaine est potentiellement concernée par cette mesure.


France 

20/03/2014. La Grande Muraille Verte : un projet africain qui concerne toute la planète http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75458.htm

En février dernier, à l'occasion de la 4ème édition des Trophées du mécénat d'entreprise pour l'environnement et le développement durable, le ministère de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie a récompensé 8 projets exemplaires. Parmi ceux-ci, le projet développé par le CNRS et l'Institut Klorane qui mise sur le potentiel de résistance et d'adaptation au milieu hostile du Dattier du désert. Un projet ambitieux de développement durable qui comprend notamment un volet de recherches universitaires sur la restauration écologique et la régénération forestière. Récompensé dans la catégorie "Recherche et prospective énergétiques et environnementales", celui-ci est mené dans le cadre d'un projet plus global, d'une ampleur colossale, baptisé "Grande Muraille Verte", dont l'objectif est de faire émerger une sorte de longue bande forestière large d'une quinzaine de kilomètres, constituée de diverses essences, sur plus de 7.700 kilomètres, traversant le continent africain d'Ouest en Est, de Dakar, au Sénégal, à Djibouti. Retour sur un projet aux dimensions planétaires auquel participent notamment des chercheurs français de l'Unité Mixte International Environnement, Santé, Sociétés (UMI-ESS) [1] et l'Observatoire Hommes-Milieux International de Téssékéré (OHMi), deux structures basées au Sénégal et dirigées par l'anthropologue Gilles Boëtsch.
Gilles Boëtsch, directeur de l'Unité Mixte International Environnement, Santé, Sociétés (UMI-ESS) et de l'Observatoire Hommes-Milieux International de Téssékéré (OHMi), deux structures basées au Sénégal
Crédits : CNRS Photothèque / Sébastien GODEFROY

L'idée de créer une ceinture végétale transcontinentale a été lancée dès juin 2005 par le Président nigérian Olusegun Obasanjo, au cours 7ème Sommet des leaders et chefs d'Etat de la Communauté des Etats sahélosahariens (CEN-SAD) à Ougadougou, au Burkina Faso. "Cette Grande Muraille Verte vise à densifier les espèces végétales existantes. C'est un projet de lutte contre la désertification, certes, mais aussi un projet où l'homme est présent en permanence à tous les niveaux, à commencer par les éleveurs des régions que cette ceinture doit traverser", résume Gilles Boëtsch. Et celui-ci de rappeler que la désertification, qu'il ne faut surtout pas confondre avec ce que l'on appelle l'avancée des dunes du Sahara, est un long processus de sécheresse extrêmement sévère qui a commencé en 1973. Le manque de pluie en est évidemment la cause, chaque année dans cette région de l'Afrique étant rythmée par une saison sèche, longue, qui dure de 9 à 10 mois, et une saison humide, avec la mousson, de 2 à 3 mois, durant laquelle la pluviométrie est relativement incertaine, qui plus est avec des variations importantes. A cela s'ajoute ce que les chercheurs appellent la "pression anthropique", ces zones étant parcourues par d'immenses troupeaux de zébus, de moutons et de chèvres qui, en essayant de se nourrir et de survivre, agissent profondément sur leur environnement et, en particulier, l'eau. "Ce projet est donc une réponse complexe à cette climatologie perturbée", estime-t-il. Il s'agit en effet de lutter à la fois contre les aléas climatiques mais aussi contre cette pression anthropique exercée par les hommes et leurs troupeaux.
La Grande Muraille Verte, 7700 km à travers 11 pays d'Afrique
Crédits : CNRS Photothèque/OHM-Axel Ducourneau

Premières actions au Sénégal
Le Sénégal a été le premier des onze pays impliqués dans ce projet [2] a relever le défi. Dans ce pays, cette bande forestière large de 15 kilomètres doit traverser 3 régions et 5 départements sur une distance de quelque 545 kilomètres. Ainsi, dès 2008, ont débuté des opérations pilotes avec la production de 2 300.000 plants et une superficie plantée de 5 200 hectares. "Il a fallu faire des choix et parcourir l'ensemble de 11 pays impliqués dans le projet global, afin de déterminer quelles seraient les principales espèces que nous allions planter [3]", indique l'universitaire sénégalais, Aliou Guissé, professeur d'écologie à l'UCAD, l'Université Cheikh Anta-Diop de Dakar, et co-directeur de l'OHMi. Deux critères ont été privilégiés : la capacité d'une espèce à vivre dans des zones de pluviométrie annuelle se situant entre 200 et 400 millimètres d'eau et leur intérêt pour les populations, vis-à-vis de leur alimentation, de leurs besoins en matière de médecine traditionnelle et de leur utilisation dans la cosmétique locale. "Certaines des espèces végétales que nous avons choisies sont endémiques à cette région traversée par la Grande Muraille Verte, mais avaient tendance à disparaître, alors que d'autres poussaient aux alentours. Aussi avons-nous essayé d'intégrer ces dernières au projet", explique le chercheur sénégalais. En parallèle, des études ont été menées pour essayer d'améliorer ces espèces en termes de rendement et de croissance.
Une pépinière de jeunes plants d'acacias à Widou Thiengoli au Sénégal, avant qu'ils ne soient plantés dans les parcelles de la Grande Muraille verte (GMV) à la saison des pluies
Crédits : CNRS/Photothèque - Axel Ducourneau

Dans la foulée, il a fallu former des jeunes, et en particulier des femmes, pour pouvoir mettre en place les pépinières nécessaires. Principalement des femmes parce que "plus méticuleuses", tient à souligner Aliou Guissé, "dont nous avons rémunéré le travail". D'où pour celles-ci un allégement des travaux ménagers et notamment une dispense de la corvée d'eau quotidienne qui nécessite parfois une marche de 10 kilomètres. Désormais, ce sont donc les hommes qui s'en chargent. Des feux de brousse survenant chaque année dans cette région, des pare-feux ont été aménagés afin de protéger au mieux les pépinières. D'ores et déjà, les chercheurs de l'OHMi ont pu observer que les espèces animales et végétales commençaient à réapparaître au coeur des parcelles reboisées. Des résultats extrêmement positifs et encourageants, certes, mais pour que le projet lancé et développé au Sénégal soit véritablement un succès, "il fallait qu'il soit accepté par les populations locales", précise Gilles Boëtsch. Et celui-ci de rappeler que le principal souci d'un pasteur est de trouver de l'eau et de la nourriture pour son bétail. Or la Grande Muraille Verte, brièvement résumée, est une zone où les arbres plantés sont protégés afin que les animaux ne viennent pas les manger. "Il a donc fallu proposer à ces éleveurs quelque chose en échange et ne pas se contenter de leur dire : ces terres-là sont perdues pour vous".
Un doctorant en écologie végétale à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar suit l'évolution de l'espèce "Balanites aegyptiaca", dattier du désert, sur le tracé de la Grande Muraille verte.
Crédits : CNRS Photothèque - Axel Durcourneau

C'est ainsi que quand les sécheresses sont trop fortes, la Direction des Eaux, Forêts, Chasse et de la Conservation des Sols (DEFCCS) du Sénégal autorise les pasteurs à venir prélever de l'herbe, certes sèche, dans ces zones protégées. Aussi ont-ils compris tout l'intérêt de protéger celles-ci et le fait que la Grande Muraille Verte ne vient nullement "mordre" sur leurs ressources, bien au contraire. Autre motif de satisfaction pour ces populations, les jardins polyvalents dans lesquels la même DEFCCS a installé un goutte-à-goutte grâce auquel de nombreuses femmes peuvent aujourd'hui pratiquer le maraîchage. Ainsi, dans un village comme Widou Thiengoli, près de 270 femmes, appartenant à une coopérative, cultivent désormais de petites quantités de fruits et de légumes de qualité qu'elles consomment. "Elles nous ont expliqué que leur alimentation traditionnelle, composée de lait caillé et de coucous de mil, est en train de changer", observe le directeur de l'OHMI. Preuve que la Grande Muraille Verte commence à produire ses effets. Des effets que l'on observe également au niveau de la santé, notamment avec une prise de conscience des problèmes sanitaires sur le long terme qu'a entraîné la multiplication des visites médicales sur le terrain. "Certaines personnes chez lesquelles nous avions diagnostiqué un diabète ou de l'hypertension il y a 3 ou 4 ans, mais pour lesquelles nous n'avions pas les moyens de prescrire un traitement préventif sur le long terme, se sont ensuite rendues dans un dispensaire pour se procurer des médicaments auprès d'un médecin, n'hésitant pas à vendre l'une de leurs bêtes pour régler les dépenses", résume Gilles Boëtsch. "C'est tout à fait nouveau", ajoute-t-il avec enthousiasme.

Tous concernés par ce projet d'envergure planétaire
Le développement de ce projet entraîne évidemment un flux incessant de chercheurs dans ces zones tout au long de l'année. Certains vont prélever des végétaux, d'autres des échantillons biologiques, d'autres encore s'intéressent aux oiseaux et rongeurs, sans oublier les spécialistes de différentes disciplines du secteur des sciences humaines. "Toutes ces activités créent une dynamique très particulière dans ces zones", souligne les deux chercheurs. L'occasion pour Gilles Boëtsch de rappeler que cette année, un travail a été mené en collaboration avec les instituteurs locaux. Ainsi une vingtaine d'élèves, qui vivent au milieu de la Grande Muraille Verte, mais ne l'ont vraiment jamais vu, sont allés sur le terrain un matin. L'après-midi, on leur a demandé de dessiner cette fameuse muraille. "Curieusement, ils n'ont dessiné que des camions et des gens qui vont planter. C'est en effet l'image qu'ils ont de la Grande Muraille Verte". Preuve, là encore, qu'il ne suffit pas de rassurer les parents, mais aussi de former intelligemment les enfants qui seront les éleveurs de demain. D'où l'importance qu'ils soient conscients des problèmes environnementaux auxquels ils sont et seront confrontés. Conscients, les pays développés devraient l'être également et s'interroger au plus vite sur la nécessité de s'impliquer pleinement dans un projet d'envergure planétaire comme la Grande Muraille Verte. Car si cette bande forestière avance au Sénégal et s'esquisse, hélas trop lentement, dans 1 ou 2 autres pays partenaires du projet, il est urgent que de grandes nations y apportent leur concours. Certes il s'agit d'un projet africain. Mais ne sommes-nous pas tous concernés par ses objectifs ?

[1] l'UMI-ESS associe le CNRS (Marseille, France), le CNRST (Ouagadougou, Burkina Faso), l'UCAD (Dakar, Sénégal), l'UGB (Saint-Louis, Sénégal) et l'USTTB (Bamako, Mali)
[2] Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Ethiopie, Erythrée, Djibouti.
[3] Acacia senegal, Acacia raddiana, Ziziphus mauritania, Acacia nilotica, Balanites aegyptiaca, Tamarindus indica

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Pologne 

 31/01/2014. Bilan sur les gaz de schiste http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75015.htm

L'année 2013 s'est conclue sur des résultats marquants du point de vue de l'exploration des gaz de schiste en Pologne. En effet l'entreprise Lane Energy Poland et la société San Leone ont toutes deux annoncé extraire de leurs concessions respectives Lebien LE-2h (région de Lebork en Poméranie) et Lewino-12 (à l'ouest de Gdansk) des débits de gaz satisfaisants pour être qualifiés de "réussites expérimentales".
L'exploitation de ces gaz de schiste est un enjeu crucial pour la Pologne alors qu'elle ambitionne de diversifier son mix énergétique et de réduire sa dépendance par rapport au gaz Russe. Le déroulement à Varsovie des conférences "Shale gas as a bridge energy carrier - From fossile fuels to green energy" et "shale gaz world" à seulement quelques jours de la COP19 de novembre sur le climat rappelle l'importance d'une question qui doit être comprise dans toute sa complexité et les multiples dimensions qu'elle adresse : énergétique, économique, environnementale et politique.
Les annonces optimistes du gouvernement ne cachent cependant pas que les questions de la possibilité technique et de la viabilité de l'exploitation des gaz de schistes sont toujours ouvertes. Les explorations nécessaires pour apporter une réponse à la hauteur des enjeux se mettent en place progressivement au prix d'investissements de recherche et développement importants mais les obstacles techniques qui persistent sont nombreux.
Suite remaniement gouvernemental intervenu pendant la COP19, le nouveau ministre de l'environnement M. Maciej Grabowski a annoncé que les trois priorités fixées par son ministère restaient l'accélération de la prospection des gaz de schiste, la révision de la loi sur les déchets et la transposition des directives européennes dans la loi polonaise de gestion de l'eau. C'est dans ce cadre que le gouvernement doit présenter au début de cette année une loi sur l'exploitation des gaz de schiste qui facilitera les forages pour obtenir plus rapidement les quelques 200 à 250 forages qui doivent permettre de conclure quand la viabilité d'une exploitation à l'échelle industrielle.
Actuellement 105 concessions d'exploration fonctionnent en Pologne. Celles-ci sont délivrées par le Ministère de l'environnement à une trentaine de sociétés appartenant pour la plupart à des groupes Polonais (PGiNG, PKN Orlen, Lotos et Petrolinvest) ainsi que des sociétés étrangères en majorité nord américaines et britanniques.
La majorité de des concessions se situent en Poméranie (nord de la Pologne), et les forages ayant extrait du gaz en débit satisfaisant sont respectivement à Lebork (société Lane Energy Poland) et à l'ouest de Gdansk (société San Leone). En décembre, la compagnie énergétique Chevron a conclu avec PGNiG un accord de coopération pour l'exploration des gaz de schiste dans le sud est de la Pologne, près de Lublin. Les deux parties comptent ainsi repartir le coût et les risques de l'exploration. La compagnie polonaise bénéficierait en outre de l'expérience américaine en matière d'exploration et d'exploitation des gaz de schiste.
Ces premiers résultats positifs ont amené le gouvernement à faire de l'exploration sa priorité et l'annonce du commencement d'une exploitation commerciale au cours de l'année 2014 à même été faite. Pour l'heure, 51 forages ont été réalisés en Pologne dont 11 horizontaux. La fracturation hydraulique a été employée pour 20 d'entre eux. D'ici à 2021, il est prévu de réaliser 343 forages dont 115 relèvent d'obligations contractuelles relatives aux concessions. Ces prévisions s'inscrivent dans une perspective d'accélération du rythme d'exploration que les industriels et les investisseurs du secteur jugent trop lents ; à l'instar de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) par la voix de son directeur pour le secteur gaz, charbon et marché énergétique.
Répartition des concessions pour la prospection des gaz (rose : gaz de schiste, gris : gaz conventionnels. Les teintes claires et foncées distinguent les demandes déposées des concessions déjà accordées, respectivement) [1].
Crédits : Actualités du site Polish Shale gas

En réponse à ces remarques, le nouveau ministre de l'environnement M. Grabowski a rencontré le 11 décembre des représentants des explorateurs de gaz, des géologues et des représentants des autres ministères afin de définir un cadre législatif à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste en Pologne. A l'heure actuelle, deux versions du projet ont été proposées conjointement par le ministère du trésor et celui de l'environnement. Ces projets doivent être entérinés au plus tard courant février 2014. Ces projets proposent d'établir un opérateur national des ressources énergétiques (NOKE). Celui-ci investira dans chaque prospection à hauteur de 5%, et sera rémunéré en proportion. Il sera également chargé de veiller au respect des obligations réglementaires en accord avec les standards géologiques et miniers.
L'enthousiasme polonais est motivé par l'exemple des Etats Unis pour lesquels l'exploitation des gaz de schistes a conduit à une croissance importante du secteur énergétique, à la réduction des émissions de CO2 de 8 à 10% par rapport aux niveaux de 2005 et in fine un prix du gaz 3 à 4 fois moins élevé qu'en Europe. Les gaz de schiste placent les Etats Unis en bonne position pour remplir l'objectif de diminution de 17% des gaz à effet de serre d'ici à 2020 tout en devenant exportateur net d'hydrocarbures et en dynamisant des secteurs économiques gros consommateurs d'énergie ou de composées chimiques organiques.
Au niveau européen, la prudence répond à l'enthousiasme polonais. Interrogé sur le sujet des gaz de schistes à l'occasion de la COP19, Michael Schuetz, directeur général pour l'énergie à la commission européenne, prend note des opportunités liées au gaz de schistes mais rappelle que la priorité européenne reste la diminution des émissions de CO2 et la promotion des énergies renouvelables (par opposition aux énergies fossiles, dont font partie les gaz de schiste). Néanmoins la commission a adopté mercredi 22 janvier 2014 une recommandation permettant l'exploitation du gaz de schiste en Europe à condition de respecter "des principes communs" minimaux, notamment sanitaires et environnementaux.
Après le moratoire allemand sur la fracturation hydraulique, la Pologne et la Grande Bretagne sont les uniques pays en Europe à poursuivre l'exploration en matière de gaz de schistes. La Pologne a exprimé sa déception quant à l'adoption par le parlement européen le 9 octobre 2013 d'une proposition de la commission visant à exiger une étude complète d'impact environnemental en préalable à l'exploration d'un site. La Pologne juge cette proposition trop contraignante et incompatible avec la politique de diversification des ressources énergétiques adoptée par le parlement en mai 2013. Elle y voit l'effet d'un groupe de pression anti-gaz de schiste qui serait composé d'organisation écologistes, de partisans de l'énergie nucléaire, des promoteurs d'énergies renouvelables et des représentants des intérêts gaziers russes.
Un sondage réalisé en aout 2013 a montré la population polonaise est dans l'ensemble favorable au gaz de schistes. En effet, la population des régions les plus concernées par l'exploration (Poméranie et Lublin) se prononce à 72% favorable l'exploitation : à condition que des garanties environnementales soient mises en place. Dans ce cas, 60% acceptent que l'exploitation ait lieu à côté de leur domicile. Les résultats de la consultation lancée par la commission européenne en décembre 2012 s'étaient conclus sur l'annonce que 64% des européens étaient contre le gaz de schiste. Si la méthodologie de cette étude a été vivement contestée par la Pologne (les réponses reçues par la commission étaient pondérées du poids démographique des états membres) il reste avéré que les organisations écologistes polonaises et étrangères se positionnent quasi unanimement contre l'exploitation des gaz de schistes et la méthode de de fracturation hydraulique.
En France, la loi du 13 juillet 2011, interdit la fracturation hydraulique ce qui pour l'heure, en l'absence de techniques alternative respectueuses de l'environnement, condamne l'exploration. Selon les estimations géologiques la France disposerait de ressources comparables à celles de la Pologne.
Dans le cadre d'une étude sur les gaz de schistes commencée au début de l'année 2013, des représentants l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologique (OPECST) se sont rendus en Pologne du 22 au 25 septembre. Les visites effectuées par le député Christian Bataille et le sénateur Jean Claude Lenoir portaient sur le thème des techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, et visaient à compléter leur étude démarrée au début de l'année 2013 [2]. Le programme comportait des rendez-vous au niveau politique et administratif (Ministère de l'environnement, Voïvodie de Poméranie, bureau des mines), au niveau entrepreneurial (Total Polska, ENI Polska, PGNiG), avec une ONG, et avec une équipe de chercheurs de l'académie technique militaire (WAT). La visite d'un site de forage exploratoire a été effectuée en présence de M. Piotr Wozniak, le précédent secrétaire d'état et géologue national en chef du ministère de l'environnement.
La délégation s'est ainsi entretenue avec le directeur de PGNiG pour l'exploration et exploitation pour lequel la fracturation hydraulique est pour l'heure la seule technique efficace et rentable et il estime qu'elle peut être employée dans le respect de l'environnement. Les rencontres avec les opérateurs industriels ENI Polska et Total Polska ont également permis de constater un certain climat d'attentisme lié à l'attente de l'évolution des moyens techniques et surtout de la législation polonaise.
Le directeur l'institut de géologie polonais (PiG, équivalent du BRGM français) le Pr Jerzy Nawrocki a rappelé que le PiG a mis en place des méthodes rigoureuses de suivi des opérations de forage qui permettent d'évaluer la gestion de déchets, des rejets, le respect du site et la gestion de nuisances sonores. A l'occasion de sa rencontre avec l'OPECST, il a rappelé qu'en raison de la nature des roches polonaises, avec les techniques actuelles de fracturation hydraulique, seulement 1% à 10% du gaz contenu dans la roche mère pourrait être récupéré, le reste étant définitivement perdu (par comparaison, on observe aux Etats Unis des taux de récupération situés entre 20 et 40% [3]). Le PiG préconise à ce titre que la recherche de techniques ne sacrifiant pas 90 à 99% de la ressource en gaz de roche mère doit être une priorité actuelle.
La technique de fracturation hydraulique peine à convaincre les ONG environnementales de son innocuité, notamment en raison des quantités d'eau élevées et des nombreux des additifs employés. Les considérations environnementales motivent également la recherche de techniques de fracturation alternatives. Citons à ce titre les travaux de la WAT, (l'académie militaire technique de Varsovie) qui a reçu la délégation de l'OPECST. Celle-ci s'est rendue dans le laboratoire du Pr Tadeusz Niezgoda, directeur du centre de technologies énergétiques avancées qui travaille à l'utilisation de CO2 à l'état super critique pour réaliser la fracturation de la roche mère. Par comparaison avec les techniques standards, les chercheurs de la WAT émettent l'hypothèse que le CO2 injecté pourrait rester dans la roche, l'affinité de cette dernière avec le CO2 étant meilleure qu'avec le méthane. Si cette hypothèse s'avérait exacte, la méthode proposée, en plus de permettre l'extraction du gaz de schiste, permettrait d'effectuer le stockage du CO2 dans les roches profondes. Pour l'instant, cette méthode de fracturation se base uniquement sur des calculs et des expériences réalisées en laboratoire [4].
Tous les pays abritant des ressources potentielles de gaz de schiste souhaitent une exploitation économiquement rentable, respectueuse de l'environnement, qui se déroulerait dans un climat social apaisé. Cependant, même en Pologne, pays le plus avancé en Europe en matière de gaz de schiste, il subsiste des obstacles importants à la réalisation d'un tel projet.
Le premier obstacle réside dans la difficulté à évaluer les réserves exactes polonaise. Rappelons à ce titre que les premières estimations américaines, de l'ordre de 5000 milliards de m3, sont de loin supérieures aux estimations les plus récentes du PiG qui les estime plutôt autour de 1920 milliards de m3. Organisateur de la conférence "Shale gas as a bridge energy carrier" le PiG rappelait à cette occasion que les réserves sont très difficile a estimer compte tenu de la profondeur des roches, plus élevée qu'aux Etat Unis (entre 3000 et 5000 m). Ces prévisions reposent encore essentiellement sur des modélisations et les incertitudes quant aux estimations des quantités et de la disponibilité des gaz restent importantes, d'autant plsu que le sous-sol profond n'a été que peu exploré. Le PiG met en avant le besoin d'accumuler des données suffisantes afin de constituer des modèles fiables. Il s'agit d'une difficulté également relevée par le l'organisation des industries polonaises d'exploration et d'exploitation (OPPW) qui souligne que le manque de cartes géologiques détaillées et les difficultés technologiques ralentissent considérablement l'exploration. Or le rythme cette dernière devra être considérablement augmenté afin pouvoir conclure dans un délai raisonnable sur le potentiel des gisements polonais. L'OPPW estime notamment que les investissements devront atteindre 3,5 milliards d'euros d'ici à 2021 pour atteindre les 300 forages exploratoires indispensables pour tirer des conclusions. A titre de comparaison, notons que sur la période 2010-2013, 500 millions d'euros avaient été investis à ce titre.
Afin de stimuler l'innovation technologique polonaise dans le domaine de l'extraction des gaz de schiste et la mise en place de ces technologies en Pologne, le programme Blue Gas a été mis en place sous la prise en charge conjointe du centre national pour la recherche et le développement (NCBiR) et l'agence pour le développement industriel (ARP S.A.). Le projet s'adresse aux consortiums de recherche industriels et vise à constituer un fond de 500 millions d'euros d'investissement sur la période 2012-2022. Le programme Blue Gas s'adresse à des projets qui seront testés en conditions réelles pour une application à l'échelle industrielle. Les candidatures se déroulent en deux vagues, dont la deuxième s'achèvera le 26 février 2014. La liste des projets sélectionnés fin 20123 lors de la première vague est consultable sur le site du NCBiR.
Le directeur du PiG, Mr Jerzy Nawrocki, a rappelé à l'occasion de la conférence "Shale gas as a bridge energy carrier" l'importance des études d'impact environnemental. Le PiG reste le seul institut à étudier le lien entre facturation hydraulique et séismes en Pologne. La responsable des risques hydrogéologiques, Malgorzata Woznicka, a présenté les travaux du PiG dans la gestion du cycle de l'eau utilisée pour la facturation, risque environnemental majeur lié à cette technique. Afin de stimuler les activités de recherche dans la gestion des risques environnementaux, le programme GEKON a été conjointement mis en place par le NCBiR et le fond national pour la protection de l'environnement et la gestion de l'eau (NFOSiGW). Celui vise à financer les projets de R&D, les développements expérimentaux, et l'implémentation de technologies écologiques notamment dans les domaines de l'énergie, de la gestion de l'eau et de l'exploitation des ressources non-conventionnelles. L'appel à projet lancé en mars 2013 prendra fin en mars 2014 pour lancer la phase de R&D fiancée à hauteur de 120 millions d'euros. Une phase de réalisation des projets retenus sera alors financée à hauteur de 160 millions d'euros.
A l'heure où tous les yeux sont désormais tournés vers la Pologne et son programme d'exploration, Sean Leone a découvert des gisements de "tight gas" dans ses concessions de Nova Sol. Ces gaz dont la répartition dans la roche mère est moins diffuse [4] seraient plus faciles à exploiter que les gaz de schiste. Ils pourraient avoir la préférence des investisseurs si les gisements s'avéraient importants et que dans le même temps aucune solution technique convaincante à l'exploitation des gaz de schiste en Pologne n'était apportée. Ici encore, des éléments de réponse sont attendus concernant le volume des gisements potentiels de "tight gas"et le ministère de l'environnement vient de commander au PiG des estimations en ce sens.
Cette accélération devient vitale pour la Pologne dans la mesure où malgré ces premiers résultats encourageants, ont lieu de nouveau départs d'investisseur étranger. En effet après Exxon en 2012, pour le canadien Talisman et de l'américain Marathon Oil en 2013, c'est au tour de l'italien ENI de s'apprêter à renoncer à explorer les gisements qui lui avaient été attribués.
L'accélération des travaux de prospection reste donc en ce début d'année 2014 la priorité du ministère de l'environnement. En ce sens, un nouveau géologue en chef remplace M. Piotr Wozniak depuis le 19 décembre. Il sera attendu de M. Slawomir Brodinski, ancien haut cadre exécutif de la Haute Autorité des Mines, d'intervenir dans les discussions de janvier sur la législation des gaz de schiste.

Sources :



Amériques

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Etats-Unis 

9/05/2014. Rapport sur les impacts du changement climatique aux Etats-Unis : "it's happening now !" http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75831.htm

Le troisième "National Climate Assessment" (rapport national sur le climat) a été publié le 6 mai 2014. Ce rapport, qui est le résultat du travail de près de 300 scientifiques et de 13 agences fédérales au cours des quatre dernières années, présente un état des lieux des connaissances sur les impacts du changement climatique aux Etats-Unis, avec un niveau de détails particulièrement élevé. Il est présenté comme "l'étude la plus complète, la plus fiable et la plus transparente jamais publiée sur les conséquences du changement climatique aux Etats-Unis [1]". Un évènement pour la présentation de ce rapport a été organisé à la Maison Blanche, avec certains de ses auteurs et des représentants de l'administration au plus haut niveau (John Holdren, Conseiller scientifique du Président Obama, Kathy Sullivan, Administratrice de l'Administration Nationale Américaine pour les océans et l'atmosphère (National Oceanic and Atmospheric Administration - NOAA) et John Podesta, Conseiller du Président Obama) qui ont rappelé le bilan et les engagements du président et appelé les américains à s'informer sur les conséquences du réchauffement climatique dans leur Etat ou leur région.

Le National Climate Assessment
Crédits : Site internet dédié au rapport nca2014.globalchange.gov
Le rapport est organisé selon 7 secteurs clés de l'économie américaine : santé, eau, énergie, transport, agriculture, forêts et écosystèmes et évoque également les interactions entre ces secteurs et leurs impacts pour les populations indigènes et les communautés rurales. Il présente aussi les impacts du changement climatique selon les différentes régions (Nord-Est, Nord-Ouest, Sud-Est, Alaska, Mid-Ouest, Hawaï et les îles du Pacifique, les Grandes Plaines et les côtes du Sud-Ouest). Le message est assez clair: "le changement climatique n'est pas une menace distante et ses conséquences aux Etats-Unis sont perceptibles dès aujourd'hui".
Dans une première partie, le rapport présente l'état des connaissances scientifiques, ainsi que les principales causes du réchauffement climatique (émissions de gaz à effet de serre provenant principalement de la combustion d'énergies fossiles, la déforestation et le secteur agricole) et ses conséquences au niveau mondial et national (augmentation de la température globale, de la fréquence et de l'intensité des évènements climatiques extrêmes, notamment des précipitations, fonte des glaces, acidification des océans, augmentation du niveau des mers ...).
A la suite du récent rapport du GIEC [2] (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), les auteurs de ce rapport réaffirment qu'il existe un consensus scientifique sur la réalité, l'origine anthropique et l'ampleur du réchauffement climatique, qui ne fait que croître avec l'avancée des connaissances. Les scientifiques ont également pu affiner les modèles, mieux comprendre les phénomènes et, in fine, préciser les prédictions et les impacts. Le rapport indique par ailleurs que les seules "surprises" par rapport aux prédictions existantes sont la fonte des glaces en Arctique et la montée du niveau de la mer, dont la rapidité dépasse ce que les pires estimations laissaient envisager [3].

Aux Etats-Unis : des changements déjà visibles
Les données scientifiques permettent de montrer que les conséquences du réchauffement climatique sont déjà visibles sur le territoire américain, notamment en observant l'évolution des températures, des précipitations, des saisons, du niveau des mers, de certains évènements climatiques extrêmes ou encore des glaciers. Ainsi, le rapport montre, qu'en moyenne, les températures sur le territoire américain ont augmenté et vont continuer à augmenter, comme en témoignent les records des dernières années [4]. Il existe des différences selon les régions (le Nord est particulièrement touché, contrairement au Sud-Est) et les périodes, en raison de la variabilité climatique naturelle, mais la tendance est claire. Depuis 1895, la température moyenne aux Etats-Unis a augmenté de 1,3°F (0,72°C) à 1,9°F (0,77°C) et elle pourrait augmenter encore de 2°F (1,1°C) à 4°F (2,2°C) dans les prochaines décennies. D'ici à la fin du siècle, les scenarii les plus optimistes quant aux réductions d'émissions anticipent une augmentation des températures de 3°F à 5°F et, si les émissions continuent à augmenter, les températures devraient augmenter de 5°F à 10°F.
Une courte vidéo de John Holdren, présentant le National Climate Assessment, résume ces impacts (en anglais)
Crédits : Vidéo de la Maison Blanche

Au niveau des Etats, les impacts du changement climatique diffèrent selon les zones mais sont perçus par l'ensemble de la population. Ceux qui vivent depuis des décennies dans certains Etats témoignent de vagues de chaleurs anormalement longues, d'hivers plus courts et plus chauds, de pluies torrentielles, de changements dans la faune et la flore qui les entourent. Les zones côtières et certaines villes du Mid-Ouest et du Nord-Est sont plus régulièrement inondées. Les prix des assurances ont considérablement augmenté dans certaines zones. Autant d'observations diffuses et variées selon les régions mais qui vont toutes dans le même sens : le changement climatique est en cours et est désormais perceptible à l'échelle d'une vie humaine.
Pour ne donner que quelques exemples évoqués par le rapport, les régions dépendant fortement de l'agriculture ou des ressources naturelles (maïs en Iowa, sirop d'érable au Vermont par exemple) ou encore des ressources halieutiques (Washington) sont particulièrement touchées par les changements observés dans les saisons ou les températures. Les Etats côtiers (l'Alaska, l'ensemble de la côte Est en particulier la Floride ou encore la ville de New-York) doivent faire face à la montée du niveau des mers et au risque accru d'érosion, d'inondation et de tempête. Plusieurs Etats du Sud-Ouest ont connu des sécheresses importantes alors que d'autres ont dû faire face à des inondations majeures (régions des grandes plaines, Mid-Ouest ou encore Nord-Est). L'ensemble des évènements climatiques extrêmes de l'année 2012 a coûté plus de 100 milliards de dollars aux Etats-Unis [5].
Les effets du changement climatique auront un impact pour de nombreux secteurs. Le secteur agricole, par exemple, est directement affecté par les évènements climatiques extrêmes et l'augmentation de la température. Si cela peut permettre dans certains cas d'améliorer la productivité (notamment au nord du pays), ces changements présentent globalement une réelle menace pour la productivité des sols et, in fine, la stabilité des denrées agricoles. Le changement climatique a également un impact direct sur la quantité et la qualité de l'eau. La modification des précipitations (avec des zones de sécheresse et d'autres avec des pluies torrentielles conduisant à des inondations) risque de conduire à de plus en plus de situations de pénuries. Dans le domaine de la santé, le changement climatique augmente les risques d'accidents ou de maladies (vagues de chaleur, inondations, tempêtes, ...). Le rapport évoque enfin la disparition de certains écosystèmes et d'espèces protégées, en raison de l'industrialisation, de l'urbanisation mais également de l'augmentation du niveau marin. Ces espèces et aires protégées contribuent à l'économie de certains Etats, en particulier pour le tourisme. Ces écosystèmes, comme les barrières de corail, les mangroves ou encore les marais, jouent par ailleurs un rôle protecteur important en cas de tempêtes et pour lutter contre l'érosion. Leur disparition fragilise les zones côtières.

Agir pour atténuer ces impacts et leurs conséquences
Face aux impacts présentés dans la première partie du rapport, les derniers chapitres présentent des solutions pour atténuer les impacts du changement climatique, à la fois par la baisse des émissions et par une meilleure préparation, en amont des risques.
Les auteurs rappellent qu'il est encore possible d'agir pour limiter l'ampleur du réchauffement climatique dans les années à venir, en particulier en agissant sur les émissions de carbone noir (la "suie") ou le méthane qui ont une durée de vie dans l'atmosphère relativement courte. Le rapport présente des actions en cours dans le pays, mises en oeuvre par les autorités locales ou régionales, le secteur privé, des ONGs ou même des individus. Si ces efforts (et leurs co-bénéfices pour la santé notamment) sont salués par l'administration, les données montrent qu'ils ne sont pas suffisant face à l'ampleur de l'effort nécessaire. En effet, les auteurs estiment que pour limiter l'augmentation globale des températures en-deça de 2°C d'ici à la fin du siècle, des réductions d'émissions de GHG ambitieuses et durables ("aggressive and sustained") de la part des Etats-Unis seront nécessaires.
Néanmoins, compte-tenu de la quantité de gaz à effet de serre déjà présente dans l'atmosphère, les auteurs reconnaissent que le changement climatique ne peut déjà plus être complètement évité et le rapport insiste donc sur la nécessité pour les gouvernements nationaux, régionaux et locaux de se préparer à ces risques en tenant compte des données scientifiques disponibles, en adaptant leurs outils, leurs plans de prévention et en renforçant la résilience de leurs infrastructures. Les auteurs estiment également que davantage d'efforts et de recherches sont nécessaires pour mieux accompagner ces processus et fournir les données et les outils nécessaires aux autorités locales et fédérales. Le déplacement du président en Californie à la fin de la semaine permettra certainement de préciser les ambitions de l'administration pour accompagner ces efforts pour renforcer la résilience du pays.

Un rapport scientifique, utile à la politique du Président Obama
L'évènement organisé à la Maison Blanche pour le lancement de ce rapport, a été l'occasion de présenter les principaux résultats du rapport, de manière scientifique et non partisane, mais également de rappeler les mesures prises par le Président Obama [6] pour lutter contre le réchauffement climatique et mieux se préparer à ses conséquences [7]. L'administration espère que ce rapport permettra d'informer la population afin que chaque américain puisse se renseigner sur les conséquences que le réchauffement climatique aura dans son Etat ou dans sa région et réalise que ce n'est plus ni un problème futur ou extérieur mais bien une menace immédiate pour le pays [8]. Cela rejoint l'évolution que l'on a pu observer au cours des dernières années dans la communication sur le changement climatique aux Etats-Unis, qui insiste désormais de plus en plus sur ses conséquences (en particulier au moment d'évènements climatiques extrêmes) immédiates et actuelles pour la population.


Pour en savoir plus, contacts :

  • Un site internet présentant le rapport, ses principales conclusions et de nombreuses données interactives au niveau régional et national a également été lancé : http://nca2014.globalchange.gov/ .
  • De nombreuses données interactives, ainsi qu'une présentation des politiques de l'administration pour lutter contre le changement climatique, sont également présentées sur les pages dédiées au climat sur le site de la Maison Blanche : http://www.whitehouse.gov/climate-change
     

Sources :


9/05/2014. Impact économique des biocarburants http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75834.htm

D'après une étude publiée par Fuels America fin avril [1], une organisation qui milite pour le développement des carburants alternatifs, l'industrie des biocarburants a créé près de 500.000 emplois dans le Middle West et injecte environ 100 milliards de dollars dans l'activité économique de la région. Le rapport, publié fin Avril, a retenu comme biocarburant les additifs issus de plantes pour le diesel et l'essence conventionnelle. C'est-à-dire principalement l'éthanol issu du maïs, ainsi que l'éthanol cellulosique obtenu à partir de déchets d'usine (tiges de maïs et autres résidus de plante).
Crédits : MS&T, Source Fotolia

L'étude a estimé que 174.000 emplois sont directement impliqués dans l'industrie des biocarburants dans le Middle West, avec plus de 80% d'entre eux dans l'agriculture et le reste dans le secteur manufacturier, commerce de détail et de gros. Le montant total des salaires directs s'élève à 11 milliards de dollars. Les emplois induits par cette activité biocarburant chez les fournisseurs et les biens et services sont également très importants puisque près de 290.000 emplois supplémentaires sont ainsi générés. Les deux poids lourds du secteur sont l'Illinois et l'Iowa avec respectivement 75.000 emplois et 19 milliards de dollars injectées dans les économies locales.
L'étude intervient alors que l'industrie des biocarburants subit une pression croissante. L'agence américaine de protection de l'environnement EPA a radicalement baissé ses objectifs pour l'éthanol cellulosique quand seulement environ 810.000 gallons ont été produits contre les 6 millions attendus, selon Bloomberg News. D'autres réductions sont encore possibles alors que la production totale se rapproche de la "limite de mélange", ce qui signifie que la production de biocarburants atteint les 10% de la consommation d'essence. Les combustibles à plus de 10% de biocarburants ne sont pas autorisés aux Etats-Unis, même si certains pays permettent des mélanges avec des teneurs plus élevées. Les biocarburants sont également menacés sur la colline du Capitole. Un projet de loi été déposé le 10 avril 2014 par le républicain Bob Goodlatte. Selon cette proposition de loi, l'EPA ne pourrait plus approuver de carburants avec plus de 10% d'éthanol. Ce projet de loi a été transmis au sous-comité sur l'énergie et l'alimentation.
Les adversaires des biocarburants affirment qu'ils faussent le marché libre et augmentent le coût des céréales pour la consommation humaine et animale. Des études récentes ont également suggéré que l'utilisation de biocarburants pourrait avoir des conséquences imprévues sur l'environnement, comme encourager les agriculteurs à utiliser les terres protégées pour la culture du maïs, ce qui augmente la pollution par l'utilisation des engrais et met en péril l'habitat des animaux. Jon Doggett, vice-président pour la politique publique de la "National Corn Growers Association", a fait remarquer que ces critiques ne tiennent pas compte d'éléments importants tels que la réduction des importations de pétrole, ce qui réduit la pollution et le déficit commercial. Les biocarburants permettent aussi une agriculture économiquement viable pour les jeunes qui, autrement, se tourneraient vers des emplois urbains. Et beaucoup de fermiers sont très attachés au fait de voir leurs enfants prendre leur suite dans les exploitations.
Adam Monroe, président de la société de biotechnologie Novozymes, a souligné que les sociétés comme la sienne créent des emplois de haut niveau en recherche et développement dans le secteur des biocarburants. Il pense que l'industrie pétrolière se sent menacée par les progrès des biocarburants car ils réduisent la demande en carburants fossiles. Et on sait combien le lobby des pétroliers est puissant aux Etats-Unis.
Il n'en reste pas moins que les biocarburants issus de l'agriculture, biocarburant de première génération, représentent une menace pour l'environnement, mais ils génèrent par ailleurs une activité économique importante qui présente les avantages d'être décentralisée et non délocalisable. Il est donc important de conserver le bénéfice économique mais d'éliminer la menace écologique. La solution pourrait voir le jour avec l'arrivée des biocarburants de deuxième génération, pour lesquels les plantes non alimentaires et les déchets végétaux sont utilisés. L'exploitation de cette ressource présente en plus l'avantage de contenir de nombreuses molécules d'intérêt pour la chimie verte et la pharmacie. Ces molécules sont très importantes car elles permettent d'une part d'augmenter le rendement économique du procédé de production de biocarburants, et d'autre part elles permettent de rendre moins polluantes les voies de synthèse utilisées par les industries chimiques et pharmaceutiques. Le bénéfice écologique s'étend donc bien au-delà de la simple production de carburant alternatif.
Les biocarburants de première génération ont permis la mise en place d'une filière industrielle viable économiquement, comme nous l'avons vu précédemment. Mais il est temps maintenant d'évoluer vers un modèle durable.

Pour en savoir plus, contacts : Fuels America http://www.fuelsamerica.org/


7/02/2014. Services écologiques : le nouvel élan humaniste des sciences environnementales ? http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75118.htm

Que vaut une forêt tropicale ? Combien rapporte une abeille sauvage ? Si ces questions paraissent d'abord naïves, elles occupent actuellement l'esprit d'un certain nombre de scientifiques et décideurs. Sacrilège, s'écrient certains, que de vouloir mettre un prix sur la Nature ! Il suffit de faire l'expérience d'une randonnée en forêt, d'un coucher de soleil sur l'océan, ou d'une dégustation de châtaignes ramassées dans un bois voisin pour comprendre que la Nature ne saurait être réduite à des chiffres sur un tableur Excel. Naïveté, répondent d'autres, de ne pas voir que les pressions actuelles dégradent rapidement les écosystèmes naturels, trop rapidement sans doute pour que les générations futures puissent en profiter.
Peut-on mettre un prix sur la Nature ?
Crédits : MS&T

Si le débat sur les services écologiques (ou écosystémiques) n'est pas simple, il parait intéressant de décrypter les positions des scientifiques et décideurs sur le sujet.
Fixons d'abord les idées avec une simple définition, tirée de l'Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire (MEA) [1] : les services écologiques sont les bénéfices que les humains tirent des écosystèmes. Rien de révolutionnaire ici. Les écologues ont depuis longtemps étudié les interactions complexes définissant les écosystèmes naturels, dont certaines bénéficient directement aux humains : les plantes assimilent le carbone et produisent les fruits qui nous nourrissent, les sols purifient naturellement l'eau que nous buvons, etc. De leur côté, les économistes savent pertinemment qu'il existe des "externalités" dans leurs modèles : un débit fluvial réduit lors d'une période de grande sécheresse va par exemple affecter le rendement d'un barrage hydroélectrique situé en aval, sans que le fleuve ne doive compenser ces pertes économiques.
Si ces idées ne sont pas nouvelles, le concept des services écologiques a récemment séduit scientifiques, ONG environnementales comme le WWF (World Wildlife Fund) ou The Nature Conservancy [2], ou encore les institutions internationales telles la Banque Mondiale ou le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) [3]. A en croire les moteurs de recherche scientifiques [4], l'expression "ecosystem services" est 50 fois plus populaire qu'il y a 20 ans, alors que le concept émergeait tout juste, et 10 fois plus populaire qu'il y a 5 ans ! Les études foisonnent donc, s'attachant à quantifier les bénéfices apportés par les services écologiques afin de mieux les prendre en compte dans les décisions de développement et de planification territoriale.

Un langage commun pour les scientifiques et les décideurs
Comment expliquer cet engouement ? Pour les écologues et spécialistes en sciences de la terre, le concept de services écologiques est l'opportunité de mettre leur compréhension du monde au service de leurs contemporains. L'idée est séduisante de pouvoir apporter des preuves "scientifiques" qu'il faut préserver notre planète, ne serait-ce que pour bénéficier de ses services de purification, production de biens, contrôle de l'érosion ou encore de ses aspects récréatifs et culturels (tourisme, traditions locales).
Pour les économistes, sans doute trouve-t-on des motivations similaires, avec l'idée que les outils économiques peuvent être optimisés pour prendre en compte le capital naturel et améliorer les conditions d'un plus grand nombre. Un exemple en est les programmes de "Paiement pour Services Ecologiques" qui se multiplient actuellement à travers le monde. Ces programmes s'appuient sur la monétisation d'un service écologique, par exemple la purification de l'eau par les sols des forêts, pour compenser financièrement les habitants d'une région qui ont choisi de préserver ces forêts [5,6].
Le grand avantage de cette approche est donc d'apporter un langage commun aux économistes, écologistes, et décideurs afin d'élaborer des politiques en accord avec "ce qui compte" pour les contemporains. Une phase clef d'une approche utilisant les services écologiques est en effet de définir ces valeurs avec les acteurs locaux : biodiversité, ressource en eau ou contrôle de l'érosion auront ainsi plus ou moins d'importance selon les contextes socio-environnementaux. L'étape suivante consiste à s'accorder sur la manière de les chiffrer, pour comparer des scénarios de développement ou compenser financièrement des initiatives qui bénéficient au bien commun. Une approche humaniste en quelque sorte, qui explique sans doute son succès : en mettant les valeurs humaines au coeur des décisions, le degré d'implication des acteurs augmente spontanément.

Une vision simple - ou simpliste ? - de la réalité
A-t-on dès lors trouvé la clef ouvrant les portes institutionnelles, la clef permettant de mettre la conservation de la Nature au coeur des débats politiques ? Un pas a été fait, si l'on en croit l'engouement global des institutions et banques de développement mais certains points noirs subsistent. D'abord peut-être, les limites de nos connaissances en sciences de la terre restreignent un certain nombre d'études. Si l'on doit quantifier le capital naturel, il faut comprendre les processus biologiques ou physico-chimiques qui caractérisent les écosystèmes. Or les scientifiques peinent encore à prédire l'impact exact d'un changement d'utilisation des sols sur, par exemple, le débit aval ou sur le nombre d'abeilles qui survivront sur un territoire.
Outre ces lacunes épistémiques, qui peuvent être comblées avec le temps, d'autres paramètres sociétaux viennent compliquer les décisions. On parle alors de "wicked problems", des problèmes extrêmement complexes qui ne sauraient avoir de solution unique, puisque leur définition repose sur des conditions toujours changeantes, conflictuelles, ou incertaines : le changement climatique, les normes institutionnelles, ou encore les tendances de l'économie globale vont ainsi affecter ces décisions de long terme, d'une manière que les modèles risquent de ne jamais pouvoir représenter.
Enfin, nous l'avons vu, le concept des services écologiques est éminemment anthropocentrique. Si cela participe à son succès, c'est aussi un problème lorsque l'approche est utilisée de manière trop littérale. Par exemple, en utilisant une valorisation exclusivement monétaire, un développement résidentiel lucratif, accompagné d'une station de traitement des eaux performante, sera toujours privilégié à des hectares de forêts dont le rendement économique est moindre. Le choix des valeurs, par essence subjectif, influence donc fortement les décisions et permettrait aux décideurs de modifier les critères afin d'aboutir "rationnellement" à n'importe quelle décision, y compris les moins respectueuses de l'environnement. Certains spécialistes de la conservation environnementale se montrent donc sceptiques et dénoncent un concept trop réducteur, abaissant l'extraordinaire richesse du monde naturel à des services pour les hommes. Qu'adviendra-t-il de cet insecte que nous estimons inutile à notre survie ? Et avons-nous la certitude qu'il ne participe pas, à son échelle, à l'équilibre naturel ?
Au vu de l'intérêt actuel pour les services écologiques, il semble crucial d'élucider ces questions et de clarifier le cadre opérationnel de cette approche. Comme pour toute science, l'expérimentation est nécessaire et elle passera par une multiplication de projets et une réelle coopération scientifique. Un passage obligé pour consolider ce qui apparaît comme une réelle opportunité de donner une voix à la préservation de l'environnement dans les politiques de développement territoriales et mondiales.

Pour en savoir plus, contacts :


7/12/2013. Smart agrobusiness : développement local et préservation de l'environnement en perspective http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74493.htm

Les grands groupes agroalimentaires américains sont souvent présentés comme des machines à profit et, à ce titre, associés à des productions peu respectueuses de leur environnement écologique ou social. Les consommateurs sont sensibles à ces informations, qui se répercutent sur les ventes. Après les premières tentatives infructueuses de greenwashing [1], on observe la naissance d'une tendance durable, où relocalisation des chaînes de production et renforcement des capacités des producteurs permettent concomitamment aux entreprises agroalimentaires de développer leur image et de sécuriser leur chaîne d'approvisionnement. Et les consommateurs apprécient.

La prise de conscience des consommateurs
Les trois dernières décennies ont souvent été le théâtre d'affrontements, dépassant parfois le cadre idéologique, entre adeptes du développement économique et partisans de la préservation de l'environnement. Les intérêts financiers étaient alors opposés aux intérêts environnementaux et sociaux, et une majorité de secteurs sont encore concernés aujourd'hui (industrie, transport, etc.).
Le secteur de l'agroalimentaire n'est pas en reste : si l'exemple du modèle productiviste agricole breton apparaît rapidement pour tout français sensibilisé à ces thématiques, il en est de même aux Etats-Unis pour certaines productions. Citons par exemple les élevages bovins intensifs au Texas (feedlots) [2], la multiplication des fermes à poissons au dépend de toute considération environnementale [3], le ruissellement des apports azotés [4], ou l'utilisation d'herbicides dont l'impact environnemental est plus que controversé.
Tous ces exemples ont un point commun : la volonté de produire des quantités importantes de denrées alimentaires dans un espace et une durée limitée. Il y a encore quelques années, les dérives sociales et environnementales que ces modèles productivistes engendraient n'étaient souvent connues que de certains professionnels et politiques, sans que le grand public y soit forcément sensibilisé.
Pour autant, la multiplication des recherches relatives aux préoccupations environnementales, leur vulgarisation, ainsi que l'impact des différentes actions de communication des militants écologistes, ont permis au grand public de disposer d'arguments susceptibles d'influencer leur consommation, selon le dogme du "consommer responsable et politiquement correct". Car le grand public consomme, et les informations en sa possession ont un impact sur ses décisions d'achat.

Impact des écolabels sur les produits de consommation
Force a été de constater pour les industriels que l'image que générait un élevage de poulet en batterie - indépendamment de toute considération agricole - n'était pas des plus positive pour les ventes. La production industrielle a très rapidement souffert d'une réputation négative, malgré le faible de coût d'achat des produits concernés - et l'attrait qu'ils engendrent de fait auprès des consommateurs.
Une alternative à cette production industrielle à faible coût s'est révélée nécessaire, et le consommateur a pu constater l'apparition dans les rayonnages de produits répondant à ses préoccupations de "manger local", "manger sain", "manger tout en respectant l'environnement", ou toute autre considération relative au bien-être animal. Ces labels engendrent une augmentation du coût d'achat des produits. Mais, si en France et en Europe, plusieurs études ont démontré le consentement des consommateurs à payer plus cher pour consommer "responsable" [5], les consommateurs américains semblent peu enclins à augmenter leur budget alimentaire pour de tels arguments [6].
Les stratégies à mettre en oeuvre par les entreprises américaines ont donc dû dépasser le focus "produit", et utiliser une autre arme pour attirer les consommateurs : l'image de l'entreprise elle-même, par le biais des "Public Relations".
Les Public Relations, ou PR, sont considérées aux Etats-Unis comme un capital à part entière pour une entreprise, au vu de la sensibilité des consommateurs. Des ressources sont dédiées au développement de la communication, à l'interface entre marketing direct et politique d'entreprise. Ces ressources ont permis de déterminer quelle approche adopter et promouvoir pour développer une image positive des entreprises par le biais des produits qu'elles vendaient, tout en maintenant les prix à des niveaux acceptables pour les consommateurs.
L'implication des entreprises dans des causes "nobles" est rapidement apparue comme un vecteur positif pour les ventes de l'entreprise. Ainsi, on a pu constater l'engagement de MacDonald's auprès d'agriculteurs américains [7], de IHOP et d'Applebee en faveur du bien-être animal [8], de Walmart dans la production biologique et locale [9], etc. Les exemples ne manquent pas.

Sécuriser les approvisionnements par le développement local
Il est donc facile de croire que ces protagonistes cherchent juste à développer leurs ventes en courtisant les consommateurs avec la perception de "bien faire". Mais c'est plus qu'une affaire "d'éco-blanchissement" (greenwashing) : le secteur agroalimentaire a intégré la nécessité de s'engager dans une l'agriculture durable [10]. En effet, un autre aspect fondamental est pris en compte par les groupes agroalimentaires qui s'engagent dans de telles démarches : le renforcement de la chaîne d'approvisionnement. A titre d'exemple, une chaîne de restaurants travaillant sur des spécialités locales, ou une industrie agroalimentaire utilisant des produits tels que la vanille, le chocolat, ou le thé - souvent cultivés par les petits agriculteurs dans les pays en voie de développement - a tout intérêt à se préoccuper de sa chaîne d'approvisionnement.
Plusieurs initiatives d'entreprises américaines consistant à appuyer directement les petits producteurs ont vu le jour ces dernières années. A la base de la chaîne, ces derniers sont essentiels aux produits transformés qui seront ensuite commercialisés à travers le monde. Néanmoins, leurs pratiques agricoles peuvent être préjudiciable à la qualité du sol et à l'environnement, dépassées, voire inefficaces. De fait, soutenir les petits agriculteurs dans l'amélioration de leurs pratiques, en leur donnant accès à des formations et à des intrants et semences de meilleure qualité, par exemple, permet d'augmenter considérablement les rendements tout en préservant le capital de production (les terres agricoles).
Si l'entreprise investit efficacement maintenant, les exploitations agricoles vont se développer pour fournir des produits en quantités et de qualités plus régulières dans les années à venir. Ce qui profite, in fine, à la sécurisation de la chaîne d'approvisionnement. Restent à définir les modalités de partenariat entre agriculteurs et multinationales, et espérer que les modalités de partenariat laissent la place à un certain libre arbitre des agriculteurs bénéficiaires.
Le smart agrobusiness n'a donc rien d'une démarche philanthropique. Pour autant, pour une entreprise agroalimentaire, renforcer son image auprès des consommateurs en soutenant sa chaîne de production semble bénéfique à tout point de vue. Il semble même qu'en ce faisant, il soit possible d'asseoir autour d'une même table des intérêts distincts au profit d'une cause commune, développement local et préservation de l'environnement en perspective.

Sources :



Asie - Océanie

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Chine 

27/03/2014. La Chine intensifie les moyens de lutte contre la pollution de l'air http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75522.htm

La Chine souffre de la pollution de l'air depuis de nombreuses années et la situation ne semble pas s'améliorer. Un épais brouillard engloutit régulièrement la capitale chinoise, sensibilisant la population à ce problème et incitant le gouvernement à déployer des mesures d'urgence. Les polluants proviennent essentiellement de la combustion du charbon des centrales électriques environnantes, des émissions d'échappement des véhicules, des tempêtes de poussière en provenance du nord et de la poussière des constructions locales.
Pollution de l'air
Crédits : kentoh

Le 5 mars 2014, le Premier ministre chinois LI Keqiang a annoncé devant l'Assemblée nationale populaire (le parlement chinois) que le gouvernement "déclarait la guerre à la pollution". L'objectif vise à réduire les PM2.5, particules fines de polluants dont la taille est inférieure à 2,5 micromètres et particulièrement nocives pour la santé car elles pénètrent dans les alvéoles pulmonaires. L'indice de PM2.5 peut s'élever jusqu'à plus de 600 microgrammes par mètre cube lors des pics de pollution dans les grandes métropoles chinoises alors que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande que cet indice ne dépasse pas 25 microgrammes par mètre cube pour une exposition de plus de 24 heures.
Parmi les nouvelles mesures, le gouvernement a promis une amélioration de l'organisation des industries lourdes, une limitation de la consommation d'énergie, une augmentation des sources d'énergie non-fossiles et la réduction du volume des gaz d'échappement des véhicules. Cinquante mille chaudières à charbon de taille moyenne devraient également être supprimées et six millions de véhicules usagés mis à la casse.
Afin de permettre aux scientifiques de concevoir de nouveaux moyens de réduire la pollution de l'air, le gouvernement a approuvé, fin février 2014, la construction d'une nouvelle installation qui permettra de créer de la pollution de manière artificielle. Le gouvernement a accordé plus de cinq hectares de terres dans le district de Huairou à Pékin et 500 millions de yuans (environ 60 millions d'euros) pour le financement. Ce complexe devrait rivaliser avec la plus grande installation de simulation atmosphérique au monde, le photoréacteur européen Euphore en Espagne. En effet, l'installation chinoise devrait être en mesure de tester 600 mètres cubes d'air pollué, soit 50% de plus que son homologue européen. La construction devrait commencer en 2016 mais pourrait être avancée car le gouvernement souhaite résoudre le problème de la pollution le plus rapidement possible. De nombreux scientifiques, provenant de divers domaines, ont été mobilisés à l'échelle nationale, en particulier ceux des instituts et universités de recherche de Pékin et Shanghai. Des centaines de millions de yuans [1] sont engagés pour financer ces recherches.
Cependant, les scientifiques restent perplexes sur les causes de la pollution en Chine. Il existe un manque de compréhension précis sur les réactions chimiques à l'origine de la plupart des particules fines présentes dans le brouillard de pollution. Les théories et les modèles mathématiques développés par les scientifiques pour expliquer la formation de ces particules en Europe et aux Etats-Unis se sont avérés être inadaptés pour les villes chinoises.
En parallèle de ces études et depuis plusieurs années, des avions et des drones à voilure fixe sont déjà utilisés pour pulvériser des produits chimiques et disperser le brouillard en entrainant les polluants vers le sol. Un nouveau concept de drone développé par l'Aviation Industry Corporation de Chine (AVIC) est en test. Doté d'une aile de parapente ce qui lui permet de multiplier sa capacité de transport par trois par rapport à la version à voilure fixe, ce drone est, selon le fabriquant, 90% plus efficace et moins cher. Il devrait pouvoir transporter 700 kg de produits chimiques pouvant être utilisés dans un rayon de cinq kilomètres. Des essais devraient être conduits par l'Administration météorologique de Chine et effectués fin mars dans des aéroports et des ports.
Le défi de l'environnement en Chine est de taille et les autorités s'appuient sur les résultats scientifiques pour prendre des mesures. Elles s'intéressent également aux technologies développées à l'étranger et encouragent les coopérations internationales.

[1] Taux de change au 10 mars 2014 : 1 euro = 8,52 yuans chinois (http://www.xe.com/fr/ )


20/12/2013. Engorgement de déchets à Hong Kong http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74698.htm

En 30 ans la population de Hong Kong a augmenté de 36%, dans le même temps sa production de déchets domestiques s'est accrue de 80% [1] et la gestion de ces déchets arrive aujourd'hui à un point critique.
Le rapport 2013 de "World Wide Fund for Nature" (WWF) [2], concernant l'empreinte écologique de Hong Kong, alerte sur la surconsommation du territoire qui excède plus de 150 fois sa "bio-capacité" (rapport entre le territoire nécessaire pour produire les ressources naturelles consommées, et le territoire réellement disponible). Le rapport souligne que l'empreinte écologique de Hong Kong est la deuxième plus importante d'Asie après celle de Singapour. Cette surconsommation a pour consequence directe, entre autre, une sur-production de dechets. D'après le bureau environnemental de Hong Kong [1], sa production de déchets domestiques est, elle aussi, largement supérieure à celle d'autres villes asiatiques de développement comparable. Hong Kong produit ainsi chaque jour 1.36 kg de déchets municipaux solides par personne, quand Seoul n'en produit que 0.95 kg et Tokyo 0.77 kg. Or la capacité de la ville à absorber ces déchets est en passe d'atteindre ses limites.
On distingue 3 catégories principales de déchets : les déchets "municipaux" (domestiques, commerciaux et industriels), les déchets de construction et de démolition, et les déchets spéciaux :
=> Les déchets municipaux représentent plus de 6 millions de tonnes par an. Ils sont collectés à travers la ville et déposés dans des "stations de transfert" où ils sont compactés avant de rejoindre leurs destinations finales, qui sont principalement des centres d'enfouissement des déchets (ils representent 67% des déchets mis en decharges: 45% d'origine domestique et 22% d'origine commerciale et industrielle). 16 sites d'enfouissement ont été ouverts à Hong Kong depuis les années 60, dont seulement 3 sont encore opérationnels dans les nouveaux territoires (les autres, une fois saturés, ont été convertis en parcs, golfs, aires de jeux...) : un au sud-est (SENT, exploité par une filiale de Veolia Environnement), un au nord-est (NENT, exploité par une filiale de Suez Environnement) et un à l'ouest (WENT, exploité par une filiale de Suez Environnement) [3]. Moins de la moitié des déchets municipaux est aujourd'hui recyclée, il s'agit principalement du papier, des métaux et des plastiques. Il existe en réalité très peu d'entreprises de recyclage sur le territoire de Hong Kong, et les points de collectes se contentent en majorité d'exporter les matières recyclables. En 2011 par exemple, sur 843 200 tonnes de plastique hongkongais recyclé, seulement 0.5% avait été recyclé localement [4].
=> Les déchets de construction sont en grande partie inertes (90%) et peuvent être valorisés (travaux publics, recyclage du béton et de l'asphalte). Cependant en pratique ils constituent plus du quart des déchets mis en décharge [3].
=> Les déchets spéciaux doivent être traités sur site, en décharge ou dans des centres spéciaux de traitement, avant de pouvoir être enfouis [3].
Ce mode de gestion des déchets atteint ses limites de façon critique. En effet, on estime que les 3 sites d'enfouissement encore ouverts auront atteint leur capacite maximale d'ici 2020 (voire 2015 selon les projections les plus pessimistes) [1,3,6]. De plus, la Chine a récemment durci sa politique d'importation des déchets recyclables ("Operation Green Fence") et des milliers de tonnes de déchets plastiques se sont ainsi entassés sur le territoire hongkongais [4,5]. Il apparait donc urgent pour les autorités de redéfinir la politique de gestion des déchets de Hong Kong et de trouver des solutions immediatement.
Le plan d'action du gouvernement de la région administrative spéciale de Hong Kong comporte 3 volets: une législation visant à réduire les déchets, une mobilisation de la population pour limiter le gaspillage et encourager le tri, et l'investissement dans des infrastructures permettant une gestion plus efficace et durable des déchets [1]. L'objectif est de réduire la mise en décharge de 40% d'ici 2022. Les deux mesures phares du volet législatif sont la mise en place d'une taxe d'ordure ménagère, inexistante a ce jour, pour laquelle une consultation a été lancée en septembre, ainsi que la mise en place du PRS (Producer Responsibility Schemes) qui entérine les concepts de pollueurs-payeurs et d'éco-responsabilité. En ce qui concerne les infrastructures, de nombreux projets sont à l'étude. En plus du projet d'extension des décharges existantes, des terrains ont été alloués à l'industrie du recyclage pour des loyers modérés, une étude pour le traitement biologique des déchets organiques a été menée et deux premières usines devraient être construites d'ici 2017, enfin un incinérateur devait être construit sur une ile artificielle mais le projet se heurte à la réticence de la population. Hong Kong possédait auparavant 4 incinérateurs qui ont été fermés dans les années 90 pour des raisons environnementales. Les technologies ont aujourd'hui évolué et le gouvernement voit maintenant l'incinération comme l'une des solutions les plus viables pour réduire considérablement le volume des déchets tout en récupérant de l'énergie. Cependant la population, déjà réticente a l'idée d'extension des décharges existantes, s'oppose toujours fermement au projet de construction d'une usine d'incinération des déchets, craignant des conséquences négatives sur l'environnement et en particulier sur la qualité de vie des résidants proches [7,8].

Pour en savoir plus, contacts : HK Environmental protection dpt: Waste - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/7LXoF


Inde 

20/01/2014. L'Himalaya a perdu 13% de ses glaciers en 40 ans http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74893.htm

Environ 443 milliards de tonnes (Gt) de glaces auraient été perdues ces dernières années. Selon une étude d'Anil V.Kulkarni et Yogesh Karyakarte, de l'Indian Institute of Science (IISc, Bangalore), publiée dans Current Science, la masse totale d'eau glaciaire serait désormais de 4000 milliards de tonnes. En se basant sur des études de terrain, des images satellitaires, cartes, et bibliographie, les auteurs donnent une image globale de la chaine, passant en revue 11.000 km2 carré de glaciers himalayens.
En termes de superficie, le retrait des glaciers serait variable, allant de quelques mètres à 61m par an. Les pertes se seraient cependant accélérées. Elles étaient en moyenne de 9 Gt/an dans la décennie 1975-1985 à 20Gt/an pour les années 2000-2010. Quant aux prédictions, les auteurs alertent sur les effets d'un réchauffement climatique de 1,8°C à 4°C.



20/01/2014. Pollution en Inde : des taux 10 fois supérieurs à la limite http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74894.htm

Début décembre, l'alerte était donnée en France, la pollution aux particules fines, au diamètre inférieur à 10 microns (PM10) tournait autour de 80 microgrammes de particules par mètre cube d'air. Le seuil d'information (50 microgrammes de particules par mètre cube d'air) était dépassé, les recommandations données. En Inde, fin décembre, les taux étaient plutôt autour de... 700. Avec un pic à plus de 1000, à Delhi, jeudi 26 décembre notamment ; selon les mesures du Delhi Pollution Control Committee.
Selon le rapport "Global Burden of Disease 2013", la pollution extérieure est la cinquième cause de décès en Inde, après l'hypertension, la pollution intérieure, le tabac, et la malnutrition. Ainsi, en 2010, la pollution extérieure a été à l'origine de 620.000 morts prématurées, contre 100.000 en 2000. Des 180 villes indiennes dont l'air était mesuré en 2012, seules deux était conformes aux critères de faibles pollutions.
A l'origine de ces taux : les pots d'échappement. A Delhi, selon un chercheur du Centre pour l'Environnement et la Science, 1400 véhicules supplémentaires sont mis en circulation chaque jour. Entre 2003 et 2013, sur l'ensemble du pays, le nombre de véhicule serait passé de 50 à 130 millions. Avec la majorité des villes qui suivent les standards d'émissions Euro 3, mis en place en 2001, alors que l'Europe en est à la règle Euro 5, plus contraignante. Cependant, de plus en plus de auto-rickshaws passent au gaz (CNG), moins polluant que l'essence.
La pollution de l'air à l'intérieur dépasse elle aussi les seuils critiques. En Inde, la limite permissible est fixée à 100 microgramme par mètre cube pour les PM10. Dans les maisons, en campagne, elle est plutôt de 500 à 600 microgrammes par mètre cube, notamment à cause des chullahs dans les des maisons, sorte de feux faits de briques ou de pierres, pour cuire les aliments. Des programmes sont cependant en place pour remplacer ces chullahs, et diminuer les fumées.
Avec de tels taux, l'Inde vole plusieurs fois par an la vedette à la Chine.

Pour en savoir plus, contacts :


Japon

7/04/2014. Mesures pour lutter contre le réchauffement climatique http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75625.htm

Le gouvernement japonais met en place des mesures pour limiter l'impact des activités agricoles et humaine sur le réchauffement climatique, au niveau national et local. Cette décision a été prise après les conclusions rendues en septembre 2013 de l'Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) stipulant que les activités humaines avaient un réel impact sur le réchauffement climatique et que les mesures actuellement en place dans le monde n'étaient pas suffisantes.
Crédits : gunnar3000

Le réchauffement climatique affecte notamment la production de riz japonais. En effet, depuis quelques années, la température moyenne estivale dépasse les normales saisonnières et empêche le riz d'arriver à maturité. Ainsi, le riz a vu sa qualité diminuer progressivement. Pour remédier à ce phénomène, une nouvelle espèce a été développée, hybride de deux espèces japonaises, supportant mieux les nouvelles contraintes climatiques et étant ainsi de meilleure qualité que ses cousines.
L'institut national des sciences agro-environnementales prédit une chute de la qualité du riz japonais d'ici la fin du siècle à cause du réchauffement climatique ainsi qu'une importante difficulté à le cultiver dans les régions de Kyushu et Chugoku. Le risque d'inondation est également pris sérieusement en compte par les japonais qui améliorent les capacités de décharges des barrages. Le projet du barrage Tsuruda à Kagishima ajoute des tuyaux de décharges à 65 mètres sous la surface de l'eau, permettant ainsi d'améliorer le contrôle du barrage en cas d'inondation.
Le gouvernement affirme que le risque d'inondations et de débordement des rivières augmentera entre 80 et 340% d'ici la fin du siècle à cause de la hausse des températures.

Pour en savoir plus, contacts : Site de l'IPCC : http://www.ipcc.ch/


24/03/2014. Lancement de la première centrale géothermique japonaise depuis 15 ans http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75493.htm

Chuo Electric Power Co se prépare à mettre en fonctionnement un nouveau projet de centrale géothermique japonaise, le premier depuis 15 ans. Cette nouvelle centrale géothermique devrait se situer dans la ville d'Oguni, au sud de l'île de Kyushu, une région très connue pour ses sources chaudes naturelles et son activité volcanique. La centrale devrait avoir une capacité maximale de 2000kW et l'entreprise espère la démarrer en mai 2014. Chuo Electric Power a également pour objectif d'ouvrir 5 nouvelles centrales dans les 5 prochaines années.
Le Japon possède un très fort potentiel géothermique estimé à 23 millions de kilowatts, soit la troisième plus grande capacité mondiale. Avec le besoin de trouver de nouvelles sources d'énergie depuis l'arrêt des centrales et la pression publique, le gouvernement promeut les énergies renouvelables dont la géothermie et cette nouvelle centrale, la première à être en projet depuis 1999, a déclenché le lancement de projets similaires à travers tout le pays.
Des entreprises telles que Toshiba ou Orix ont créé une société conjointe de production géothermique en novembre dernier et souhaitent construire une centrale dans la préfecture de Gifu l'année prochaine. D'après les médias japonais, environ 60 lieux sont actuellement à l'étude pour de futures installations de centrales.

Pour en savoir plus, contacts : Site de l'entreprise Chuo Electric dédié à la géothermie : http://www.denryoku.co.jp/geo/global/project/index.html


Singapour

15/05/2014. Sècheresse record à Singapour : la gestion des ressources en eau au coeur du débat http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75924.htm

Le mois de février 2014 aura été le mois le plus sec de Singapour depuis 1869, battant un record vieux de presque 150 ans. Sur les 64 stations pluviométriques, les enregistrements montrent des taux de précipitation inférieurs de 45 à 100% par rapport à la moyenne habituelle des mois de février (161 mm). Plus de la moitié des stations, principalement dans les zones du sud et de l'est, ont enregistré des précipitations en dessous de 10 mm de pluie pour le mois entier, conduisant à un autre record, celui du plus bas taux d'humidité depuis 1868 (74,5%).
Ce climat particulier selon l'Agence Nationale de l'Environnement (NEA, [1]), qui a duré encore quelques semaines au mois de mars, appelle au questionnement concernant la consommation en eau de la cité-Etat. En effet, à cause de sa petite superficie, le stockage des réserves en eau à Singapour est plus problématique que dans certains pays et ces conditions climatiques inhabituelles peuvent potentiellement générer un épuisement des stocks à plus long terme.
Marina Reservoir
Crédits : chensiyuan

L'eau consommée à Singapour provient de 4 sources différentes décrites ci-après, qui sont appelées les quatre "robinets" nationaux et qui sont gérées par l'agence gouvernementale PUB, le Public Utilitity Board [2]. Dans un premier temps, des accords entre les deux pays permettent à Singapour d'importer de l'eau de Malaisie. Toutefois, le dernier contrat expirera en 2060 et le but affiché de Singapour est de devenir complètement autonome d'ici cette date [3]. De ce fait, des solutions sont sans cesse envisagées et la cité-Etat a consacré plus de 2/3 de la superficie du pays pour la création de réservoirs d'eau de pluie, devenant l'une des premières villes mondiales à utiliser ce système à si grande échelle. Plus de 17 réservoirs sont répartis sur le territoire, dont le Marina Reservoir, le plus récent et le plus grand d'entre eux, en plein coeur de la ville avec une capacité de plus de 10.000 ha. Par ailleurs, l'ouverture de la première station de désalinisation remonte à l'année 2005. Depuis 2013, une seconde station, la plus grande d'Asie, est en construction pour augmenter la capacité globale de production et atteindre 25% de la demande en eau d'ici 2060 [4].
De plus, le développement de la technologie de purification des eaux usées Newater en 2003 a permis à Singapour de s'affranchir en partie de sa dépendance aux conditions climatiques et couvre désormais 30% de la demande. Cette eau ultrapure obtenue par combinaison de trois traitements de filtration (microfiltration, osmose inverse, et purification par UV [5]) est majoritairement utilisée dans l'industrie mais permet aussi de compléter les réservoirs en période de sécheresse. A long terme, grâce aux quatre stations de production, cette technologie devrait permettre d'atteindre 55% de la demande globale en eau.
Les questions liées à l'eau font actuellement partie des axes prioritaires du gouvernement, et en 2015, son investissement devrait atteindre plus de 1,7 milliards de dollars singapouriens [6]. C'est pourquoi les instituts et sujets de recherches fleurissent sur ce thème et des collaborations avec de grands noms industriels sont mises en place : DHI, General Electrics Water, Agilent, Veolia, Toray Industries...etc. En 2013, les deux universités singapouriennes, la Nanyang Technological University (NTU, [7]) et la National University of Singapore (NUS, [8]) ont d'ailleurs été classées respectivement 2ème et 1ère universités mondiales en matière de recherches sur le thème de l'eau par l'agence Lux Research [9].
Le vivier industriel est également très actif et de nombreuses entreprises s'installent ou se développent à Singapour, autant en conseil, qu'en génie des procédés, ou encore en technologie de purification [10]. L'organisation annuelle de la Semaine de l'Eau de Singapour [11], comme vitrine des nouvelles technologies en est un bon exemple.
Ainsi, si une campagne de prévention et des mesures légères ont été préconisées pour éviter un épuisement des ressources en eau le mois dernier (limitation de la consommation pour l'arrosage, ou le lavage des voitures), la situation est bien différente en 2014 par rapport à 1869. 150 ans plus tard, la désalinisation et la technologie Newater permettent à Singapour de fournir 55% de la demande en eau, indépendamment des précipitations ou de l'importation malaisienne. La situation est donc loin d'être alarmante pour le gouvernement puisque le Ministre de l'Environnement et des Ressources en Eau, Vivian Balakrishnan, a déclaré que: "peu importait la durée de la période de sécheresse, tout ira bien".

Pour en savoir plus, contacts :

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Pour citer cet article :  

« BE Adit : décembre 2013 à mai 2014 », Géoconfluences, mai 2014.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/developpement-durable-approches-geographiques/veille-de-lactualite-scientifique-et-technologique-internationale/be-adit-decembre-2013-a-mai-2014