"Banlieusard et fier de l’être" : Kery James, ou le retournement "à vif" du stigmate spatio-symbolique
Par Élias Burgel. La pièce « À vif » du rappeur Kery James, représentée au théâtre du Rond-Point à Paris, invite à une réflexion géographique sur l’emploi récurrent, dans les textes de l'auteur, de l’épithète « banlieusard ». L’article montre que cette revendication d’une appartenance spatiale, qui repose sur l’essentialisation d’une catégorie territoriale, « la banlieue », structure une représentation binaire de la société française et de sa conflictualité. Réapproprié dans des œuvres artistiques (textes, musique et pièce de théâtre), le stigmate spatio-symbolique est retourné pour devenir le support d'un militantisme politique et social, mais aussi pour servir les exigences artistiques propres au genre du rap, au risque de véhiculer une représentation simpliste du monde social.