L’Afrique du Sud a un nouveau président (par intérim)
Vladimir Poutine (Russie), Narendra Modi (Inde), Dilma Roussef (Brésil), Xi Jinping (Chine) et Jacob Zuma (Afrique du Sud) au sommet des BRICS au Brésil en 2014. Cliché : Kremin, CC.BY (source) |
Deux des visages des dirigeants présents sur la photographie du sommet des BRICS en 2014 ont changé depuis : Michel Temer a remplacé Dilma Roussef à la présidence du Brésil en août 2016, après la destitution de celle-ci, et Cyril Ramaphosa a remplacé Jacob Zuma à la tête de l’Afrique du Sud le 14 février 2018.
Les dirigeants des BRICS au 1er mars 2018
Sources : Wikipedia, Le Monde, RFI. |
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Le contexte politique sud-africain
Ancien syndicaliste, proche de Nelson Mandela (1918–2013) et homme d’affaires fortuné, Cyril Ramaphosa a été élu président de l’ANC, le Congrès national africain, parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid et l’élection de Mandela en 1994. Ramaphosa avait échoué à conquérir le parti après le départ de Mandela et s’était lancé dans les affaires en profitant des mesures de l’État en faveur des Noirs, son entreprise Shanduka obtenant de nombreux contrats publics. L’élection à la tête de la puissante ANC est considérée en Afrique du Sud comme un tremplin pour la présidence du pays, même si le parti a perdu une partie de sa crédibilité, débordé à sa droite par les libéraux de l’Alliance démocratique et à sa gauche par les Economic Freedom Fighters. Le mandat de Jacob Zuma a été entaché de scandales à tel point qu’il a été contraint à la démission pour éviter une destitution, ce qui a permis à Cyril Ramaphosa de devenir le président par intérim jusqu’aux élections de 2019. L'une des premières mesures annoncées au début de son mandat est la lutte contre la corruption, notamment parmi les hommes d'affaires proches de son prédécesseur. Même l'influente famille Gupta n'a pas échappé aux opérations de police menées au lendemain de son élection. En Afrique du Sud, le président est à la fois chef de l’État et chef du gouvernement. Il siège à Pretoria, alors que le parlement siège au Cap, et la Cour constitutionnelle à Johannesburg. |
L’Afrique du Sud dans les BRICS
D’abord informel pour désigner les « grands émergents » ou les « économies émergées », les BRICS sont devenus une conférence diplomatique officielle lorsqu’ils ont pris la décision de se réunir annuellement en sommet, en 2011. La même année, l’Afrique du Sud est intégrée au groupe à l’invitation des quatre autres pays, en particulier grâce aux efforts du président de l'époque Jacob Zuma. Ce ralliement était aussi un signal à l'égard des pays africains et de la communauté internationale, comme l'a souligné Catherine Grant dans un article de Jeune Afrique (2013). Le pays a espéré un temps obtenir le siège de la Banque de développement des BRICS installée finalement à Shanghai. Le poids de l'Afrique du Sud, en effet, reste sans commune mesure avec celui des quatre autres membres, comme le montrent les quelques chiffres compilés dans le tableau ci-dessous.
Quelques indicateurs de la puissance des BRICS comparés à l'Union Européenne et aux États-Unis
Notes : (*) Depuis 1947, le Brésil s’exprime en premier lors des Assemblées générales (Le Monde, 2013) (**) L'Afrique du Sud possédait 6 ogives avant de mettre fin à son programme nucléaire en 1990. |
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Pour compléter
Sur l'arrivée au pouvoir de Cyril Ramaphosa
- Tirthankar Chanda, « Cyril Ramaphosa : le récit de sa prise de pouvoir », RFI, 19 février 2018
- RFI Jason Burke “Ramaphosa set to purge cabinet of Zuma cronies in war on corruption”, The Guardian, 17 Feb 2018.
- Pierre Boisselet « Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa, du commerce des mines à la tête de la nation arc-en-ciel », Jeune Afrique, 20 février 2018
- Adrien Barbier, « Afrique du Sud : cinq choses à savoir sur Cyril Ramaphosa, le nouveau chef de l’ANC », Le Monde, 18 décembre 2017.
Sur les BRICS
- Entrée de glossaire : BRICS (anciennement BRIC)
- « Qui sont les Brics qui représentent 40 % de la population mondiale », France inter, 4 septembre 2017.
- AFP « L'Afrique du Sud est-elle vraiment une puissance émergente ? », Jeune Afrique, mars 2013.
- Solène Baffi et Jeanne Vivet, « L’Afrique australe : un ensemble composite, inégalement intégré à la mondialisation », Géoconfluences, janvier 2017.
- Dossiers : « Le Brésil, ferme du monde ? », 2009 ; « La Russie : des territoires en recomposition », 2005 ; « Le monde indien : populations et espaces », 2015 ; « La Chine, la modernisation encadrée d'un territoire global », 2016