Rapport 2018 du CGET sur les mobilités résidentielles en France
- Brigitte Baccaïni (dir.), Les mobilités résidentielles en France, tendances et impacts territoriaux, rapport 2018 du CGET et de l’Observatoire des territoires, 121 pages. Présentation | Rapport complet en pdf | Synthèse avec illustrations interactives | outil de visualisation des indicateurs à l’échelle des territoires
Le rapport attache une importance particulière à différencier les mobilités selon les profils d’individus, en faisant le lien avec les trajectoires des territoires. Une analyse de cinquante ans de recomposition du peuplement par les mouvements de population débouche sur celle des évolutions récentes. L’influence des mobilités sur la répartition des catégories sociales conclut à un renforcement de la « spécialisation sociale » des territoires. Une partie est consacrée à la mobilité des bacheliers et étudiants à partir des enquêtes « Génération », en différenciant les classes sociales. « Les jeunes les plus mobiles sont davantage dotés en capital social et scolaire, et de ce fait, mieux préparés à la mobilité. » (p. 95)
Un extrait
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Quelques constats dressés par ce rapport
- Les Français déménagent aujourd’hui moins et moins loin que dans les années 1990 (p. 14).
- Comparée à d’autres pays développés, la part des immigrés en France est modérée (p. 21).
- La croissance migratoire des espaces ruraux tend à rattraper celle, ancienne, des espaces périurbains (p. 28).
- En matière de croissance migratoire, la ligne Saint-Malo–Genève est aujourd’hui plus structurante que le contraste entre grandes agglomérations et communes rurales (p. 31).
- La région Île-de-France est celle qui a connu le plus grand nombre de départs entre 1990 et 2014 (un million de départs). L’Occitanie a vu arriver le plus grand nombre d’habitants (un million d’arrivées) sur la même période (p. 36). L’Outre-mer connaît globalement un solde migratoire négatif sur la période 1968-2014 (p. 35).
- En PACA, la balance migratoire globale se dégrade, mais les espaces ruraux et périurbains gagnent encore beaucoup d’habitants. (p. 41).
- Dans les petits pôles et les communes rurales, l’attractivité migratoire n’empêche pas une légère baisse de la population liée à un fort déficit naturel (p. 45).
- La part des habitants résidant dans le département où ils sont nés est la plus élevée outre-mer et dans les Hauts-de-France, et la plus faible en Île-de-France (29 %), PACA et Occitanie (45 %).
- Les mobilités favorisent un desserrement du pays, des communes les plus denses vers les moins denses (schéma p. 69).
- Les mobilités résidentielles s’accompagnent d’une forte sélection sociale, qui s’explique en grande partie par les contraintes du marché du logement (p. 71).
- Par le jeu des mobilités, la part des ouvriers dans les communes les plus denses baisse deux fois plus vite que celle des cadres (p. 73).
- Les métropoles attirent surtout des étudiants et des jeunes actifs (p. 77).
- Les mobilités ne favorisent pas la mixité : « tous les groupes socioprofessionnels renforcent leur présence dans les territoires où ils sont déjà nombreux, et la diminuent là où ils sont déjà peu nombreux » (p. 79).
- La relation entre mobilité et accès à l’emploi s’inverse selon le niveau de diplôme : positive pour les plus diplômés, elle semble pénalisante pour ceux qui le sont moins, par exemple dans la catégorie « jeunes femmes en couple » (p. 100 et suivantes). 83 % des cadres ayant déménagé entre 2009 et 2014 occupent toujours un emploi en 2014 contre 63 % des ouvriers.
Deux documents extraits du rapport
Source : Brigitte Baccaïni (dir.), Les mobilités résidentielles en France, tendances et impacts territoriaux, rapport 2018 du CGET et de l’Observatoire des territoires, 121 pages [pdf]. |
La conclusion : Dépasser le paradigme de la compétitivité au profit de celui de la coopération.
Le rapport estime en conclusion que « la concurrence des territoires pour attirer de nouveaux ménages, qui peut certes parfois être le moteur d’innovations locales, semble creuser des inégalités préexistantes en favorisant certains espaces déjà attractifs au détriment de ceux qui le sont moins, et en accentuant les disparités de répartition des différents groupes sociaux. » (p. 114).