Conflit environnemental
Un conflit environnemental traduit l’opposition forte entre acteurs se traduisant par différents niveaux de violence, déclenchée par un équipement, une infrastructure ou une politique de protection (en projet ou réalisés) modifiant l’environnement (considéré au sens large) familier (quotidien, hebdomadaire, saisonnier) des dits acteurs, exerçant des activités ou résidant à proximité (Laslaz 2012 et 2019). L’échelle concernée est donc locale et régionale et le conflit implique la co-présence. En effet, le conflit environnemental, comme le conflit d’usage, n’existe que dans la proximité. Ainsi, les expressions « conflit de voisinage », « conflit de proximité », tout comme « conflit d’acteurs », sont des pléonasmes. Cette opposition implique aussi des stratégies de distanciation vis-à-vis de ce que ces acteurs souhaitent bannir.
En géographie, le conflit se conçoit comme un espace-temps, avec des phases et des lieux de paroxysme et d’accalmie. L’espace n’est pas le support du conflit, la simple étendue où il se déploie (approche développée en économie et sociologie territoriales ; Kirat et Torre, 2008). Davantage que le cadre, il est l’enjeu de la polémique, il est polémique (Laslaz 2016).
Lionel Laslaz, août 2019.
Références citées
- Laslaz L., 2015, « conflit environnemental » Hypergéo, glossaire de termes géographiques en ligne,
- Kirat T., Torre A. (éd.), 2008, Territoires de conflits. Analyses des mutations de l’occupation de l’espace, Paris, L’Harmattan, 324 p.
- Laslaz L., 2012, « conflit environnemental », in Gérardot M. et Prévélakis C., dir., Dictionnaire des conflits, Paris, Atlande, Références, coll. « clefs concours », p. 160-163.
- Laslaz L., 2016, Avide d’espaces, vol. 2 - Mémoire inédit : Protéger en montagne. Une polémogéographie des politiques environnementales au défi de l’acceptation sociale. Habilitation à Diriger des Recherches, Université Savoie Mont Blanc, 437 p.
- Laslaz L., Gauchon C., Duval M. & Héritier S., dir., 2014, Espaces protégés et territoires. Conflits et acceptation, Paris, Belin, coll. « Mappemonde », 432 p.
- Melé P., Larrue C. & Rosemberg M., coord., 2003, Conflits et territoires, Tours, P.U. François Rabelais, coll. perspectives « Villes et territoires », 224 p.
- Subra P., 2007, Géopolitique de l’aménagement du territoire, Paris, Armand Colin, 326 p. [réédité 2014 Géopolitique locale. Territoires, acteurs, conflits]
Pour compléter avec Géoconfluences
- Fabrice Clerfeuille, « Le conflit autour du projet minier « Montagne d’or » en Guyane au prisme de la géopolitique locale », Géoconfluences, mars 2022.
- Pierre Gautreau, Lorenzo Langbehn, Marie Gisclard, Gabrielle Marquis-Dupont, « Réguler les fronts agricoles sud-américains ? Expériences et négociations environnementales en Argentine, Uruguay et Brésil », Géoconfluences, janvier 2022.
- Axelle Egon et Lionel Laslaz, « Résister face à Center Parcs. Les espaces de la ZAD de Roybon », Géoconfluences, septembre 2020.
- Stéphane Héritier, « Protéger un animal pour protéger un territoire : l'ours kermode, animal phare de la protection de l’environnement en Colombie britannique », Géoconfluences, avril 2019.
- Fabien Pouillon et Lionel Laslaz, 2019, « Le grindadráp aux Îles Féroé : approche géographique d’une controverse environnementale », Géoconfluences, avril 2019.
- Lionel Laslaz, 2016, « Kárahnjúkar, le diable dans l’éden. Hydroélectricité et espaces protégés en Islande », Image à la une de Géoconfluences, septembre 2016.
- Annaig Oiry, « Développer les énergies marines renouvelables sur la façade atlantique française : entre contestation et planification », Géoconfluences, novembre 2018.
Pour aller plus loin
- Léa Sébastien. « Conflits environnementaux : plus de gouvernance, moins de démocratie ». Hérodote, 2024/3 194, 2024. p. 45-60.