Lotissement
Le lotissement, au sens strict, désigne la division d’une parcelle foncière en plusieurs lots destinés à être vendus ou loués séparément, généralement pour construire une maison sur chaque lot. Bien qu’il soit couramment employé, le mot « lotissement » et les notions qu’il recouvre restent ambigus.
Dans le langage commun, il signifie le plus souvent un quartier uniforme et monotone en bordure de ville, constitué d’un habitat individuel pavillonnaire construit au XXe siècle, et qui a fait l’objet d’une conception et d’une réalisation limitées dans le temps. Il s'adresse à des classes sociales aux revenus modestes et moyens, en accord avec le niveau de l’ambition architecturale. En revanche, dans les travaux savants, il peut avoir des sens très différents selon les disciplines qui le convoquent, qu’il s’agisse de la définition du mot (qu’est-ce que lotir ?), de sa chronologie (à quand remonte la technique du lotissement ?), et des différentes formes qu’il prend (comment lotit-on et quelles en sont les conséquences formelles ?).
Paysage de lotissement à Montanay (Rhône), dans le nord de l'aire urbaine de Lyon. Le cliché est pris en direction du nord-ouest, vers le val de Saône. Cliché : Lou Herrmann, juin 2015. |
Lotir désigne l’acte de diviser et d’urbaniser un terrain d’une échelle relativement importante (plus de 2 parcelles en moins de 10 ans précise le code de l’urbanisme, art. R-315-2) appartenant à un seul propriétaire foncier. Il comprend une dimension collective qui exclut l’acte individuel d’occupation d’une parcelle. Le lotissement, à caractère souvent privé et s’appliquant sur le terrain d’un seul propriétaire, doit être clairement distingué d’un plan d’alignement et d’extension de ville ou d’agglomération, qui émane en général de collectivités publiques et concerne une multitude de propriétaires fonciers.
Dans cette acception large, le lotissement désigne un des processus fondamentaux de la fabrication des villes et de l’urbain en général, et cela sans doute depuis les toutes premières agglomérations. Une caractéristique essentielle du lotissement, c'est la très grande diversité du degré de planification, qui engendre donc une très grande diversité des solutions formelles. Les formes urbaines du lotissement sont extrêmement diverses : des plus planifiés, résultat de la projection d’un objet urbain fini dont les trois composants, viaire, parcellaire et bâti, sont imposés au même moment et en général réalisés dans un durée limitée, aux moins planifiés, ceux dont seul le réseau viaire est pensé, et qui se structurent ensuite très progressivement sur le temps long. Entre ces deux extrêmes, tous les cas de figure existent.
Anne-Sophie Clémençon, septembre 2015, dernières modifications (JBB) avril 2018, relu (SB et CB) février 2023.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Lou Herrmann, « Le lotissement en France : histoire réglementaire de la construction d’un outil de production de la ville », Géoconfluences, avril 2018.
- Résultats de la recherche « lotissement* » sur la banque d’images de Géoconfluences
Pour aller plus loin
- A.-S. Clémençon, « Du peu planifié au tout planifié : une typologie du lotissement », chapitre d’ouvrage dans Archives et Architecture. Mélanges en mémoire de François-Régis Cottin, Études réunies et éditées par Gérard Bruyère et Daniel Régnier‑Roux, Lyon, Société d'Histoire de Lyon, 2015.