Génocide
Le continent africain a le triste privilège d'avoir connu deux génocides au XXe siècle, et c'est sur son sol qu'est née cette pratique nouvelle du meurtre de masse. Le terme a été créé en 1944 par le juriste Raphaël Lemkin. L’ONU lui a donné une définition juridique dans la Convention du 9 décembre 1948 pour la prévention de la répression du crime de génocide (art II) : il désigne les actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Selon d’autres approches (Joël Kotek, Université libre de Bruxelles) cinq caractères sont requis pour qualifier l’entreprise génocidaire : la désignation d’un groupe humain dont l’élimination est recherchée ; une idéologie, généralement un racisme teinté d’ethno-nationalisme ; la volonté d’éliminer totalement le groupe objet du génocide ; la décision, préméditée, d’engager cette action ; l’exécution de cette entreprise au nom de l’État.
Si l’Afrique n’a pas expérimenté les premiers camps de concentration, ceux-ci ont été ouverts à Cuba en 1895 par les Espagnols, elle en a connu un développement lors de la guerre des Boers (1896 - 1901), dans la répression conduite par les Britanniques (lord Kitchener). Mais le premier massacre systématique d’une population revient à l’Allemagne de Guillaume II : après la découverte de gisements diamantifères en Namibie, de nombreuses exactions se produisent qui amènent le peuple Héréro, occupant des lieux, à se rebeller en 1904. Les troupes du général Lothar Von Trotha engagent alors un massacre systématique du peuple Héréro. Seuls 10 000 d’entre-eux survivront sur une population initiale de 80 000 personnes. Et c’est au Rwanda que se déroule, sous les yeux de la communauté internationale, le dernier génocide du XXe siècle avec l’extermination, en trois mois, du 7 avril 1994 au 4 juillet 1994, de 800 000 personnes d’ethnie tutsie, soit 1/10e de la population du pays.