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Grande accélération

Publié le 05/03/2024
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La Grande accélération désigne l’amplification brutale, à l’âge industriel et surtout depuis le milieu du XXe siècle de l’ensemble des processus d’origine humaine conduisant à modifier l’environnement.

L’idée d’accélération permet de rappeler que ces modifications ont toujours existé, et que les sociétés du passé ont modifié, parfois profondément, leurs environnement, des montagnes méditerranéennes aux forêts équatoriales d’Amérique ou du Congo. Mais ces processus, très lents, se sont déployés sur plusieurs siècles, voire millénaires. L’âge industriel provoque sur un temps très court des modifications brutales de l’environnement à des échelles différentes : composition chimique des sols, de l’atmosphère et des océans, biodiversité, quantité d’éléments extraits du sol et du sous-sol, changement d’usage des sols… Dans le détail, cela touche tous les domaines, de l’industrialisation de l’agriculture à la construction. Pour ne garder qu’un exemple, la production de béton a doublé en vingt ans, atteignant 4,1 milliards de tonnes en 2019, soit vingt fois plus que la production mondiale de ciment en 1956 et cinquante fois plus qu’en 1938 (Lacoste, 1957). La Chine en produit à elle seule 2,3 milliards de tonnes par an (Réseau Action Climat, 2022), et elle aurait utilisé à elle seule, en trois ans (de 2011 à 2013), autant de béton que les États-Unis pendant toute la durée du XXe siècle (Swanson, 2015).

L’ampleur de ces changements a été théorisées dans la notion d’Anthropocène, très proche de celle de Grande accélération, qui insiste davantage sur les temporalités. L’un comme l’autre sont deux grand « récits » (Boursier et Guimont, 2023, p. 19), ce qui ne signifie pas qu’ils reposent sur une fiction, mais qu’ils cherchent à mettre des mots sur des processus actuels, vastes et complexes, en tentant de mettre au jour des chaînes de causalité. L’une des illustrations les plus courantes de la grande accélération est le dépassement des limites planétaires fixées par l’école de Stockholm (ibid., p. 8).

(JBB), février et mars 2024.


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