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Langues et dialectes

Publié le 02/07/2024
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Une langue est un système de signes permettant l'intercompréhension à l'intérieur d'un groupe humain. Il n'existe aucune limite claire, sur le plan linguistique, entre une langue, un dialecte, un parler, ou un patois : on parle au contraire d'un continuum linguistique. Cette expression désigne plus précisément l'existence, au sein d'un groupe linguistique, d'un éventail de dialectes intercompréhensibles, c'est-à-dire ayant chacun des différences entre eux n'empêchant pas aux locuteurs de se comprendre aisément. Ainsi, il y a un continuum linguistique entre les différents dialectes de l'arabe, qui est un cas limite en raison de son extension spatiale : l'intercompréhension est possible d’un pays à son voisin, mais elle est loin d’être évidente entre deux dialectes éloignés géographiquement (l'arabe du Maroc et celui du Yémen par exemple).

Ce qui différencie la langue du dialecte ou du parler est le degré de reconnaissance officielle de leur statut, décrétée par l'État ou une autre forme de pouvoir dominant (une Église par exemple). Pour reprendre l'exemple de l'arabe, c'est le statut social, religieux et intellectuel de l'arabe littéral (véhiculaire) qui le différencie des formes vernaculaires de cette langue. D'une certaine manière, une langue est un dialecte qui a réussi à s'imposer aux autres. En retour, la reconnaissance d’une langue contribue à la stabiliser, notamment à l’écrit, et à lui assurer les locuteurs, tandis qu’un dialecte risque davantage l’affaiblissement si le nombre de ses locuteurs s’amenuise.

Une situation, comme en France, ou la langue officielle, le français, a remplacé comme langue maternelle la plupart des dialectes, sauf pour certaines régions et pour les langues créoles parlées outre-mer, est plutôt l'exception. Dans une grande partie des pays du monde, une ou plusieurs langues officielles se superposent à plusieurs langues vernaculaires ou régionales. Le multilinguisme est ainsi une compétence partagée par une majorité des humains, possédant deux langues ou plus et capables à passer de l'une à l'autre en fonction des contextes et des situations (notamment selon une séparation entre sphère publique et sphère privée). Si on change d'échelle, cette situation se retrouve pour la France à l'échelle de l'Union européenne, dans laquelle le français n'est qu'une langue parmi les 24 langues officielles de l'Union. En revanche, à la différence d'autres mosaïques linguistiques comme le Canada, la Russie, l'Inde ou la Chine, l'Union européenne ne possède pas de langue véhiculaire partagée par une grande majorité de locuteurs.

(JBB) juin 2018. Dernières modifications : décembre 2021, février 2023.

 
Complément. Les langues en Europe

L'Europe, dans son ensemble, compte 225 langues, une diversité qui est le reflet tout à la fois de sa complexité et de ses richesses.

Avec les élargissements de 2004, 2007 et 2013, 13 nouvelles langues, de statut égal, se sont officiellement ajoutées aux 11 langues antérieures. Chaque document officiel de l'UE est traduit dans chacune des 24 langues officielles et plus d'un fonctionnaire de l'UE sur cinq est affecté au service linguistique ! Il est loisible au citoyen de correspondre avec les institutions de l'Union dans la langue officielle qu'il désire.

Au niveau du Conseil, les langues de travail sont l'anglais et le français, et, de plus en plus, l'allemand. La Cour de justice des Communautés européennes de Luxembourg n'utilise que le français.

Au Parlement, le nombre des langues devrait faire évoluer les pratiques de l'interprétariat. Du suédois vers le portugais, il est déjà difficile de trouver des interprètes pour chaque session parlementaire. D'où la méthode de la « langue pivot » comme l'anglais, le français et, parfois, l'allemand, bien que cette solution peut présenter le risque de multiplier les approximations.

ST, juin 2004.


 
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