Tourisme médical (ou tourisme de santé)
Le tourisme médical, tourisme de santé ou encore tourisme hospitalier, se réfère au déplacement dans un pays autre que le pays de résidence, dans le but de bénéficier d’un acte médical non disponible ou difficilement accessible dans son propre pays, soit pour des raisons de législation soit pour des raisons relatives à l’offre de soins (compétences, coût). Si le thermalisme, qui s’est développé à la fin du XIXe siècle, est parfois considéré comme l’ancêtre du tourisme médical, il en diffère cependant par le fait qu’il ne nécessite pas d’acte médical en tant que tel.
Depuis les années 2000, on recense plus de 4 millions de touristes se rendant dans un pays différent pour réaliser des actes médicaux, y compris de chirurgie esthétique (« tourisme esthétique »). Les destinations sont multiples et dépendent des soins proposés : Cuba, l’Afrique du Sud, la Tunisie, la Thaïlande, l’Inde, Singapour sont des destinations phare.
En 2019, avant la crise du covid 19, le marché mondial du tourisme de santé était en plein essor et était estimé à 60 milliards de dollars.
Le terme de « tourisme médical » pose cependant problème (Chasles, 2011). En effet, s’agissant de pratiques thérapeutiques déterminées par l’opportunité de soins en général et le coût en particulier, ce déplacement ne relève aucunement du tourisme, mais la confusion est entretenue par la conjonction de plusieurs éléments de nature différente : a) la rapide popularisation de l’expression par les médias ; b) l’absence d’expression de substitution ; c) la propension de nos sociétés à qualifier de touristes tous ceux qui se déplacent, sans vouloir faire la part des raisons pour lesquelles on se déplace ; d) le choix de l’Organisation mondiale du tourisme de comptabiliser comme touristes presque tous les types de déplacements, à la fois pour gonfler encore davantage les résultats obtenus et par difficulté pratique de distinguer entre ces différents types de déplacements.
L’objectif de cette mobilité est avant tout d’améliorer sa santé et non pas de se distraire. D’ailleurs, quand les soins reçus sont lourds et que la période postopératoire est délicate, les patients sont dans l’incapacité de faire du tourisme. On pourra mettre l’accent sur le ressort de cette mobilité, qui est d’exploiter un différentiel international de coût de soins et de se situer aux antipodes d’un déplacement tourné vers la recherche du plaisir, même si l’amélioration de la santé a en partage avec le tourisme la recréation qui est l’objectif fondamental du déplacement touristique (Knafou, Stock, 2003). Et c’est dans cette faille conceptuelle de la « recréation » que s’insinue dans un secteur touristique rompu à toutes les complaisances le « tourisme médical » aussi mal que durablement nommé. Dans certains cas toutefois, le voyage médical peut se doubler d'un séjour touristique. Par exemple, la Thaïlande, spécialisée dans la chirurgie thérapeutique et esthétique, a triplé la durée des visas pour séjours médicaux en 2016 (de 30 à 90 jours) pour permettre aux touristes de combiner leurs opérations avec un séjour de loisir.
(ST) janvier 2011, dernières modifications (LF) mai 2021 ; (SB et CB) novembre 2022.
Références citées
- Chasles Virginie (2011), « Se déplacer pour se faire soigner : une mobilité en expansion, généralement appelée "tourisme médical" », Géoconfluences, février 2011.
- Knafou Rémy et Stock Mathis (2003), « Tourisme », in Lévy J. et Lussault M. (dir.), Dictionnaire de géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2003.
Pour aller plus loin
- Catherine Le Borgne, « Le tourisme médical : une nouvelle façon de se soigner », Les Tribunes de la santé, n° 15, 2007, p. 47–53.
- William Menvielle et Loick Menvielle, « Tourisme médical : un secteur stratégique pour le développement des États », Revue internationale et stratégique, n° 90, 2013, p. 153–162.