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Internet, les sources et la géographie : enjeux civiques

Publié le 10/02/2017
Auteur(s) : Jean-Benoît Bouron, agrégé de géographie, responsable éditorial de Géoconfluences - DGESCO, ENS de Lyon.
Qu'est ce qu'une source « fiable » sur internet ? Peut-on se passer de Google ? Comment se servir intelligemment de Wikipédia ? Quel est le rapport entre une endive, le partage du savoir collaboratif, et les droits d'usage des images ? Où trouver des fonds de carte libres de droit ? Ce guide cherche à répondre partiellement à ces questions en donnant des pistes pour réfléchir et faire réfléchir les élèves et les étudiants sur l'information géographique et internet.

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Le regard des enseignants

La presse

Les sources journalistiques et médiatiques peuvent être utilisées en géographie. Dans la géographie scolaire, les manuels les emploient abondamment pour leurs qualités de synthèse et leur capacité à traiter d'événements récents. La géographie scientifique, elle, peut s'appuyer sur un corpus d'articles de presse pour analyser, de manière quantitative et qualitative, l'évolution du traitement d'un sujet par la presse sur une période longue, et pour étudier les représentations des journalistes et par leur biais, celles de la société. Si un article de presse n'est pas une référence scientifique proprement dite, il peut cependant être cité parmi d'autres sources, en particulier pour traiter les aspects les plus récents d'une question. De nombreux titres de la presse quotidienne sont financés par des entreprises privées. En théorie celle-ci n'intervient pas dans les choix de la rédaction, mais il est difficile de penser qu'elle n'exerce aucune influence. Certains journaux comme l'hebdomadaire Le Canard enchaîné revendiquent leur indépendance financière comme gage de leur liberté de ton. Le journal en ligne The Conversation publie des articles rédigés par des universitaires qui doivent accompagner leurs textes d'une déclaration d'intérêts.

Par ailleurs, certains titres de la presse papier, en plus que leur version numérique, proposent une plate-forme d'hébergement de blogs. Un blog est un site personnel tenu généralement par un seul chroniqueur, profesionnel ou amateur. Certains blogs, comme Les Décodeurs ou Libé Désintox évoqués plus bas, sont le fait de journalistes faisant partie d'une rédaction. D'autres sont simplement hébergés et leurs idées ne reflètent par nécessairement celles de la rédaction du journal. Les chaînes de télévision ont également des sites internet d'information. Comme pour la presse écrite en ligne, l'information peut être utilisée mais il est toujours préférable de la vérifier en la croisant avec une autre source primaire. 

Depuis plusieurs années, le journal Le Monde réalise un important travail de fact checking, de vérification des faits. C'est l'objet de la page Les Décodeurs, qui vérifient notamment les affirmations tenues par les personnalités politiques ou les sujets mis en avant par l'actualité. Il en existe d'autres comme Libé Désintox et Checknews.fr du quotidien de gauche Libération. Le même journal a une version jeune, Le p'tit Libé, qui propose un questionnaire destiné aux élèves pour réfléchir à la validité des sources sur le changement climatique : P'tit Libé dans la jungle de l'information. Le site Africacheck est plus spécifiquement destiné à la vérification de nouvelles concernant l'Afrique. Le site Hoaxbuster permet de vérifier un grand nombre de hoax, mot anglais désignant les canulars, notamment sur internet. 

Les Décodeurs du Monde ont lancé en 2017 un outil, le Décodex, afin de mettre en garde les internautes sur les écarts de fiabilité des sources médiatiques sur internet. Il répond à la multiplication des sites se présentant comme des sites d'information mais comportant un important biais idéologique tacite. C'est le cas de certains sites d'extrême-droite relayant des « faits alternatifs » et se présentant comme des sites de « réinformation », assimilant l'ensemble de la presse généraliste ou d'opinion à de la « désinformation ». Malgré les 600 références enregistrées, certaines font défaut, comme le site Sputnik qui diffuse la voix du gouvernement russe à l'étranger sans l'anoncer explicitement.

Le Décodex a suscité de vives réactions, notamment de la part des sites classés comme peu fiables par les deux journalistes auteur de l'application, mais aussi d'autres titres généralistes. On a reproché aux auteurs, et indirectement au journal Le Monde, de distribuer les bons points et de faire preuve de partialité. Les auteurs ont d'ailleurs annoncé que l'outil allait devoir évoluer. On lui reconnaît au moins le mérite d'exister et la controverse qu'il a soulevé est une étude de cas intéressante pour aborder la question de la pluralité des médias et son rôle dans le débat démocratique. Il convient de préciser que Le Monde est généralement considéré comme un journal de centre-gauche ou social-démocrate. 

Certains sites internet se présentent comme des sites d'information tout en relayant les idées de groupuscules d'extrême droite. L'information neutre n'existe pas, mais dans ce cas l'idéologie très marquée de ces sites n'est jamais révélée qu'entre les lignes. Ces sites sont parfois regroupés sous l'appellation péjorative de « fachosphère », désignant un réseau de sites internet animé par un petit nombre d'activistes d'extrême-droite. L'un de leur signe distinctif est de se présenter comme des sources de « réinformation », ce qui est une manière d'insinuer que l'ensemble de la presse et des médias traditionnels « désinformeraient ». L'appartenance à la fachosphère se définit par une surreprésentation des thèmes électoraux de l'extrême-droite comme l'immigration ou l'islam. Certains prennent l'apparence de sites régionaux : voir Samuel Laurent, « Nordactu, Breizh Info, Info-Bordeaux... Les vrais faux sites d’infos locales des militants identitaires », Le Monde, 2 novembre 2016.

Les revues scientifiques

Les revues et les ouvrages scientifiques respectent un certain nombre de normes qui en font des sources fiables. Les auteurs sont des chercheurs qui ont fait l'objet d'une validation institutionnelle lors de l'obtention de leurs titres universtaires. Ils s'appuient sur d'autres travaux, également validés, en citant systématiquement le nom et la date dans le texte, et la référence complète en bibliographie. La présence de notes de bas de page est l'un des indices permettant de repérer un texte scientifique. Un article scientifique doit également exposer ses méthodes et si possible leurs biais et leurs limites. Généralement, les articles comportent un cadre de citation qui permet d'y faire référence dans les travaux ultérieurs. Une revue scientifique possède un comité de lecture composé de chercheurs qui évaluent la validité scientifique des articles qui leur sont soumis, et acceptent ou non de les publier.

Le propre de la recherche scientifique est de porter des affirmations qui sont démontrées et peuvent être contredites par des recherches ultérieures. Une affirmation scientifique n'est pas vraie en soi, elle ne l'est que parce qu'elle repose sur l'état des connaissances scientifiques de son époque, et ce tant que de nouvelles recherches ne la démentent pas.

Les sources officielles et institutionnelles

Une source officielle ou institutionnelle n'est pas fiable par essence, mais dans certains cas elle fait autorité. Une source officielle permet de distinguer ce qui relève du droit et ce qui relève de l'opinion. Elle n'est théoriquement jamais une production individuelle, et toute communication officielle fait normalement l'objet de plusieurs relectures, à laquelle peut s'ajouter une validation par la hiérarchie. Quelques exemples de sources institutionnelles :

  • Data.gouv.fr, site officiel pour le partage et la diffusion des données publiques.
  • Legifrance.gouv.fr donne accès à tous les textes de loi.
  • Le Bulletin officiel de l'Éducation nationale fait référence en matière de programmes scolaires. Voir à ce sujet notre tableau récapitulatif des programmes d'histoire-géographie. Ces bulletins sont accessibles depuis Éduscol, la plate-forme ministérielle dédiée aux professionnels de l'éducation. Tous les sites portant la marque publique Éduscol, y compris Géoconfluences (voir plus bas), sont des sites institutionnels.
  • Vie-publique.fr est un site officiel présentant de manière accessible les institutions françaises et européennes et le fonctionnement de la République.
  • Plusieurs sites officiels sont des sources fiables pour comprendre les institutions européennes comme Europa.eu ou Touteleurope.eu.
  • Les sites en .gouv.fr ne sont pas nécessairement des sites gouvernementaux mais ce sont des sites officiels. Ils émanent d'un ministère ou d'un service de l'État.
  • Certains organismes publics font des recommandations en matière d'orthographe et de toponymie. Voir à ce sujet notre guide des toponymes
  • Les institutions internationales produisent également des données fiables en matière de développement (Banque mondiale) mais aussi des données plus générales sur les pays du monde (Organisaton des Nations Unies, UNdata...).
  • Les organismes de statistiques nationaux sont généralement fiables, en tout cas dans les pays démocratiques. Aucune statistique n'est exempte de subjectivité : dans le choix des thèmes abordés, le traitement des données, la définition des seuils et des critères, par exemple. L'Insee et l'Ined publient un grand nombre de données fiables sur la France. Le US Census bureau est également une source fiable, notamment sur les États-Unis. La page Data and Statistics about the United States recense les différents sites de données statistiques états-uniens (sur des thèmes variés comme la santé, l'énergie, le revenu)

Les médias sociaux

Les médias ou réseaux sociaux ne sont pas des sources d'information. Comme un moteur de recherche ou une bibliographie, ils donnent accès à des informations provenant de sources variées, fiables ou non, officielles ou non, et parfois mensongères ou manipulées. Comme les résultats sur Google ou les vidéos sur Youtube, les informations apparaissant dans le fil d'actualité d'un utilisateur de Twitter ou de Facebook sont le résultat d'un algorithme, c'est-à-dire d'une suite de calculs opérée par le site à partir des données de l'utilisateur. En fonction des pages qu'il a visitées, de celles qu'il a aimées et partagées, des liens sur lesquels il a cliqué, de l'activité de ses « amis », de ses données personnelles (âge, sexe...) et d'autres critères, l'algorithme propose à l'utilisateur des contenus qui devraient lui plaire ou l'intéresser.

Les médias sociaux créent donc autour de l'utilisateur une bulle de confort informationnelle : ils censurent des contenus qu'ils estiment être indésirables pour lui, et au contraire ils favorisent les contenus susceptibles d'éveiller son intérêt. À ce tri opéré par l'algorithme s'ajoute la sélection des contenus par les contacts de l'utilisateur, qui partagent des informations qui les ont intéressées, et qui sont souvent du même milieu socio-professionnel que lui. L'algorithme renforce cet entre-soi virtuel en proposant davantage à l'internaute des contenus qui ont été partagés par ceux de ces contacts avec lesquels il est habituellement d'accord. Chacun d'entre nous, lorsqu'il utilise des médias virtuels, est donc exposé à une source d'information qui tend à confirmer ce en quoi il croit déjà, et à une très faible altérité ou diversité de points de vue. La bulle de confort informationnelle est susceptible de renforcer l'adhésion à des idéologies extrêmes ou aux thèses complotistes chez les utilisateurs les plus fragiles.

Un réseau social propose donc surtout des contenus et des points de vues avec lesquels l'utilisateur est censé être déjà d'accord (ou avec lesquels il sera si fortement en désaccord qu'il aura envie de réagir). Plus une information a de succès, plus elle a de chances d'apparaître dans le fil d'actualité de l'utilisateur. C'est cet effet cumulatif qui est à l'origine des buzz, et de la mauvaise publicité qui peut en découler pour une personne, une entreprise ou une institution (le bad buzz), d'autant plus si ceux qui sont concernés cherchent à masquer l'information (c'est l'« effet Streisand »). L'anonymat et l'usage de pseudonymes sur les réseaux sociaux, s'ils sont préconisés aux mineurs pour préserver leur identité numérique, peuvent aussi inciter à des propos plus agressifs ou moins réfléchis que lorsqu'on signe avec sa vraie identité. 

Lorsqu'une information fait une bulle (ou un buzz), alors qu'elle est fausse, il s'agit d'une fausse information ou fausse nouvelle, fake news en anglais. Pour éviter de relayer ces informations mensongères, quelques pratiques élémentaires sont à respecter : réfléchir avant de s'exprimer, ne pas partager ou relayer sous le coup de l'émotion, vérifier que la source de l'information est bien la source première, sinon rechercher la source première, et confronter l'information avec ce qu'en disent les médias traditionnels. Les sites se revendiquant comme des sites humoristique et ceux s'annonçant comme des sites de buzz relaient fréquemment des fausses informations (voir plus haut les hoax dans la section La presse).

Pour compléter : 

Les sites de curation

Certains sites permettent de republier du contenu facilement. Les internautes gèrent une ou des pages à partir de laquelle ils republient des articles qui correpondent à un sujet ou un centre d'intérêt. Certains sites sont des collections d'images (Tumblr, Pinterest...), d'autres des articles ou des pages (Scoop-it, Pearltrees...). Dans tous les cas, il ne s'agit que de liens vers d'autres sources, le « collectionneur » n'est donc pas propriétaire des droits des images qu'il republie, pas plus qu'il n'est garant de la validité des sources. Les mêmes précautions que pour les médias sociaux s'appliquent donc. Cependant, pour certaines pages, comme les scoop-it ci-dessous, l'identité du responsable est connue et ses choix font l'objet d'une sélection réfléchie.

Deux scoop-it réalisés par l'académie de Rennes :

D'autres scoop-it géographiques à suivre :

>>> NB : L'entreprise Scoop-it a changé sa politique commerciale, et plusieurs des sites présentés ci-dessus ont annoncé leur fermeture ou sont abandonnés par leurs auteurs. 

Les moteurs de recherche

L'utilisation de Google comme moteur de recherche n'était pas une évidence aux origines de l'Internet, et elle peut ne pas le devenir complètement. 

Le moteur de recherche est alimenté par des robots qui naviguent en permanence sur internet pour lire le contenu des pages web et les répertorier. Les concepteurs des sites internet les aident souvent en améliorant le référencement de leurs pages web à l'aide d'un titre et de mots-clés (tags), qui ne sont pas forcément visibles de l'internaute. Le référencement par Google est gratuit, mais l'entreprise propose également des options payantes permettant à un site d'apparaître en haut de la première page de résultats, identifié par le mot « Annonce ». Google utilise également un algorithme basé sur les recherches précédentes de l'utilisateur afin de l'orienter vers des résultats susceptibles de l'intéresser. Il le maintient donc dans une bulle de confort informationnelle, de même que les médias sociaux (voir plus haut). On ne peut donc pas se fier aux résultats d'une recherche google sur son ordinateur personnel pour tirer des conclusions sur la manière dont un sujet est traité sur internet : la page de résultats diffère d'un individu à l'autre. 

Bon à savoir

La recherche avec des guillemets permet de rechercher un groupe de mots placés uniquement dans cet ordre. Rechercher "Lac Victoria" éliminera toutes les pages où le mot Victoria existe mais n'est pas placé après le mot Lac. L'utilisation du signe moins permet d'exclure un mot de la recherche. La recherche Victoria -reine éliminera les pages où le mot reine est présent.

D'autres moteurs de recherche, respectueux de la vie privée, existent comme l'américain DuckDuckGo, le néerlandais Startpage (Ixquick) ou le français Qwant. Ce dernier est d'une efficacité comparable à Google mais s'engage à ne pas tracer l'utilisateur ni relever ses données personnelles. C'est, comme Google, une entreprise privée à but commercial, mais tous ses services sont basés en France (Paris, Nice et Rouen), ainsi que ses serveurs. Il revendiquait 21 millions d'utilisateurs en mai 2016 (Source : Pixels, un blog du Monde, 2016). Le moteur Startpage est basé sur le moteur de Google mais ne relève aucune donnée personnelle de l'utilisateur. L'inconvénient des moteurs de recherches respectueux des données personnelles est qu'ils obligent l'utilisateur à sortir de sa bulle de confort. Il est alors confronté à des sources d'informations non fiables qu'une recherche tracée lui aurait peut-être évitées.

« Dégoogliser internet »

L'association Framasoft propose un grand nombre d'outils pour échapper au monopole de Google. Tous sont des logiciels libres. À l'inverse, les outils proposés par Google ne sont pas libres puisqu'ils sont financés par la publicité (« si c'est gratuit, c'est toi le produit »). Framasoft propose ainsi, parmi des dizaines d'outils, un padlet, un outil de sondage, un outit de choix de date, et un outil cartographique

Wikipédia

Wikipédia est une encyclopédie collaborative en ligne, libre et gratuite. Elle est gérée par une organisation non gouvernementale à but non lucratif, financée par les dons des internautes, la Fondation Wikimédia. Il s'agit d'un outil unique et qui, au moins par le nombre d'entrées, n'a pas d'équivalent sur internet ou en papier.

Chaque internaute est invité à collaborer pour édifier ce projet collectif. Dans les faits, une communauté de plusieurs milliers de personnes participe réellement de manière active et suivie à l'élaboration du site qui nécessite une auto-formation préalable pour sa prise en main. Wikipédia propose de nombreux articles traitant de son fonctionnement. La lecture de l'article « Wikipédia » dans Wikipédia est recommandée. Comme tout outil, Wikipédia n'est ni bonne ni mauvaise en elle-même, mais son bon usage dépend de la compréhension de son fonctionnement.

  • Wikipédia n'est pas une source scientifique mais une ressource de vulgarisation scientifique.
  • Wikipédia n'est pas une source première. Pour affirmer quelque chose, les auteurs participant au projet ont l'obligation de citer une référence : c'est la référence d'origine qui fait foi et pas sa citation.
  • Wikipédia est transparente. Chaque article est doublé d'une page « discussion » qui permet le débat entre contributeurs. On peut accéder à toutes les versions précédentes qui sont archivées dans l'onglet « historique ». Les articles ne citant pas assez leurs sources ou posant problème sont indiqués clairement.
  • Le fonctionnement collaboratif peut conduire certains utilisateurs à pratiquer des actes de vandalisme. Dans la plupart des cas, l'autocontrôle est efficace et la communauté de contributeurs répare rapidement les dégâts. Une page humoristique de l'encyclopédie fait l'histoire des guerres d'éditions les plus futiles relevées sur la version francophone (comme la célèbre guerre de l'endive contre le chicon).
  • La fiabilité varie d'un article à l'autre et d'une version à l'autre. La version anglaise, qui a plus de contributeurs et a fait l'objet de nombreuses études, est réputée plus fiable que les autresUn article de Nature (en anglais) a fait date en affirmant que Wikipédia en anglais était aussi fiable que l'Encyclopaedia Britannica en 2005. 
  • La plupart des images de Wikipédia appartiennent à leurs auteurs mais sont sous licence CreativeCommons et sont donc libres de droits, sous condition (voir plus bas)
  • Une partie des articles sont générés automatiquement. Par exemple, les 35 500 communes françaises ont une page sur Wikipédia, mais celle-ci est parfois vide faute de contributeur humain. Certains articles sont seulement des traductions de l'anglais et reflètent donc la recherche anglophone.
  • Il est donc préférable de privilégier les sources premières. Écrire « Source : Wikipédia » est souvent insuffisant et revient presque à écrire « source : Google ». Dans tous les cas, une citation de Wikipédia devrait toujours préciser le numéro de la version et la date de l'article, puisque c'est une source évolutive. 

Une endive (ou chicon), symbole d'une guerre d'édition âpre au sein de la communauté francophone de Wikipédia. Photographie de David Monniaux, 2008, image publiée dans Wikipédia sous licence CreativeCommons–Paternité.

Un demi-milliard de personnes utilisent l'encyclopédie chaque mois dans le monde, soit un quatorzième de l'humanité (en 2014, source... Wikipédia). D'une manière générale, on peut utiliser Wikipédia, parmi d'autres sources, lorsqu'on cherche à explorer un domaine en première approche, pour vérifier une donnée factuelle, ou pour sa culture personnelle, par exemple dans un exposé. En revanche, on devrait éviter d'utiliser Wikipédia lorsqu'on cherche à produire un contenu original respectant les règles de la production scientifique, par exemple dans un mémoire d'études.

Wikipédia en classe : quelques pistes :

Quelques lectures sur Wikipédia :

  • Barbe, Lionel, Merzeau, Louise, et Schafer, Valérie (dir.). Wikipédia, objet scientifique non identifié. Nouvelle édition. Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2015. ISBN : 9782821862326. DOI : 10.4000/books.pupo.4079.
    Premières lignes de la présentation : « Parmi les dix premiers sites visités au monde, Wikipédia est désormais d’un usage courant dans le milieu éducatif et scientifique. Mais quelles sont exactement les relations que les chercheurs ont nouées avec la plus célèbre encyclopédie participative et collaborative en ligne ? Tel est l’objet de ce livre collectif et interdisciplinaire, où alternent études de cas et réflexions transversales. »

Les images et leurs droits

Bien que la pratique soit courante, y compris dans certains cas sur Géoconfluences, il n'est théoriquement pas légal de prélever une image sur un site internet pour la reproduire sur son propre site ou sa propre page. Une image quelle qu'elle soit est, sauf mention contraire, la propriété de son auteur. Dans les faits, une souplesse existe, et il est très difficile de contrôler la diffusion d'une image sur internet. 

Certaines images sont libres de droits et chacun peut en faire usage. C'est le cas des images appartenant au domaine public, souvent parce que la durée pendant laquelle les droits d'auteurs s'appliquent a expiré. C'est le cas des documents de la Bibliothèque Nationale du Congrès des États-Unis (en anglais) ou des documents que la Bibliothèque Nationale de France (BNF) a numérisé sur le site Gallica

Les sites Wikimedia Commons et Flickr proposent des images sous licence CreativeCommons, dite aussi licence libre. Ce type de licence autorise la réutilisation des images, selon plusieurs modalités possibles : réutilisation seule, réutilisation et modification autorisées, réutilisation mais sans but commercial, obligation de citer la source ou non. Sur ces deux sites, les images sont accompagnées d'une légende, ce qui permet de les citer correctement, de connaître leur contexte, et ainsi de limiter les erreurs d'interprétation.

Le moteur de recherche Google (voir plus haut) permet de rechercher une image libre de droits ou sous licence CreativeCommons. Il faut lancer une recherche dans Google Images, cliquer sur Outils puis droits d'usages. Cela permet de choisir des images utilisables avec ou sans but commercial. Exemple d'une recherche sur le Lac Victoria.

Google permet aussi la recherche inversée à partir d'une image, en cliquant sur images et sur l'icône représentant un appareil photo. Cela permet de téléverser une image pour chercher son origine probable. Cela fonctionne mieux avec des images relativement connues et anciennes qu'avec des images rares, récentes ou virales.

Dans certaines conditions, on peut utiliser une image sous droits d'auteurs. On peut contacter l'auteur ou le détenteur des droits (un éditeur par exemple) pour demander l'autorisation d'utiliser l'image. Si c'est impossible, il faut tâcher d'identifier de la manière la plus certaine possible la source première de l'image et l'indiquer clairement sous l'image ou juste à côté. Les trois informations les plus importantes sont l'auteur, la date et un lien vers la source de l'image originale.

Les images présentes sur les réseaux sociaux sont très rarement légendées, souvent sorties de leur contexte, et parfois manipulées. Leur provenance ainsi que l'intention de leur auteur doit toujours faire l'objet d'une vérification.

Quelques photothèques : 

Les cartes et images satellites

Comme toute image, les cartes proposées par les sites internet sont l'oeuvre d'un ou plusieurs auteurs, dont elles reflètent les présupposés culturels et idéologiques, et elles sont soumises au droit d'auteur.

Google propose deux services de cartographie : Google Maps et Google Earth. Google Earth est un globe virtuel sous forme de logiciel à télécharger et à installer. De nombreuses pistes d'exploitation pédagogique existent pour cet outil. 

Google Maps est un site de cartographie en ligne reposant sur la puissance d'information de Google. Il est associé à Google Street View qui permet d'accéder à des photographies du paysage, prises par des voitures spécialisées appartenant à l'entreprise.

Les critiques de cet outil sont au moins de deux ordres :

  • sur le plan technique, pour faciliter le zoom, la carte est en projection de Mercator. Aux échelles petite et intermédiaire, cela aboutit à de très importantes déformations. Ainsi à l'échelle mondiale, le Groenland est presque aussi grand que l'Afrique (dans les faits il est 15 fois moins vaste). L'échelle indiquée sur l'image correspond en fait à l'échelle du centre de l'écran, sans que cela soit précisé. Lire : Laurent Jégou, Denis Eckert, « Quel planisphère de référence pour Google Maps ? », dans Mappemonde
  • sur le plan géopolitique, Google est régulièrement accusé de publier des cartes différentes dans chaque pays de manière à flatter les pouvoirs en place et à considérer des territoires renveniqués comme des territoires acquis. C'est le cas par exemple pour le Cachemire ou l'Arunachal Pradesh dont les limites diffèrent dans les versions indienne et chinoise de Google maps. Lire : Éductice, Les frontières dans Google Maps, un enjeu géopolitique, avril 2011.

Les saisies d'écran des cartes de Google maps, des images de Google earth, et des photographies de Street view sont autorisées dans la mesure où il s'agit d'une citation et non d'une reproduction in extenso, et à condition de citer les sources (pour les images satellites Google n'est pas la source première). Voir : Usage raisonnable dans les conditions d'utilisation de Google Maps, Earth et Street view.

Utiliser une capture d'écran du Géoportail

En revanche, les images satellites de la NASA sont libres de droits pour un usage non commercial, en particulier pour un usage pédagogique, et sauf mention contraire. De même que les images produites par l'Agence spatiale européenne, depuis le 20 février 2017 (cette disposition ne concerne pas les images visibles sur le site de l'ESA mais provenant d'autres sources). Source : Nasa, Media Usage Guidelines et L'ESA adopte une politique de libre accès à ses images. Depuis 2017 le Centre National d'Études Spatiales (CNES) propose un site spécifiquement conçu pour les enseignants : Géoimage.

Le projet Open Street Map propose en revanche une cartographie détaillée, collaborative et libre de droits sous réserve de citer la source. La quantité d'informations représentée dépend du nombre de contributeurs ayant participé pour chaque espace donné, et la mise à jour des cartes est plus rapide que sur Google maps. Le site permet également possible de télécharger des cartes au format svg ou pdf. 

Les cartes d'OpenStreetMap ont le même défaut que celles de Google Maps en termes de projection cartographique : de l'échelle mondiale à l'échelle nationale, les distances sont très déformées.

Framasoft propose un outil pour créer des calques en surcharge de la carte d'Open Street Map, Framacarte.

Fonds de carte

Il existe de nombreux fonds de carte libres de droit proposés par le portail Histoire-géographie de l'académie d'Aix-Marseille, Pacha cartographie, le Cget ou encore l'IGN. Cartostat.eu permet aussi de réaliser en quelques clics des cartes statistiques sur de nombreuses thématiques. Encore plus de ressources cartographiques ici : Sélection d'outils et de ressources cartographiques sur Éductice.

Pour les plus aguerris en cartographie, quelques fonds de cartes vectoriels : collectivités locales (à jour) sur Admin express ou Geofla ou encore Contours des EPCI par data.gouv.fr. Sur le site Visionscarto.net, vous trouverez également des planisphère et fonds de carte vectoriels libres de droits. Les applications de cartographie (logiciels ou en ligne) fournissent souvent leur propre jeu de fonds de carte comme Philcarto ou Khartis. >>> Voir aussi : Quels outils pour la cartographie numérique avec les élèves ? (brève de décembre 2017).

Géoconfluences

Géoconfluences n'est pas une revue scientifique en tant que telle dans la mesure où elle ne réunit pas tous les critères cités plus haut. C'est une revue de médiation scientifique, dans laquelle les universitaires présentent leurs travaux, ou des synthèses, à un lectorat composé en partie de non-spécialistes de la discipline. Géoconfluences est pilotée par le ministère de l'Éducation nationale (par l'intermédiaire de la Direction générale de l'enseignement scolaire) par l'École normale supérieure de Lyon. Il s'agit donc d'une source institutionnelle, mais les propos tenus par les chercheurs n'engagent que leur responsabilité, sur le plan scientifique, et pas celle de la revue. Les grandes orientations éditoriales, notamment les thèmes des dossiers, sont définies par un comité éditorial annuel (voir Qui sommes nous ?) et par l'inspection générale. Les articles font l'objet d'une double relecture du responsable éditorial et d'une (ou un) universitaire. 

L'ensemble des ressources du site appartiennent à leurs auteurs mais leur usage est libre pour l'usage pédagogique dans le cadre de la classe ; il est évidemment toujours recommandé de citer la source. Pour tout autre usage, en formuler la demande via le formulaire de contact.

Références citées dans l'article

Liens utiles

>>> Voir la page Liens utiles de Géoconfluences.

 

Jean-Benoît Bouron pour Géoconfluences. CC BY-SA.
Première version : février 2017 — Dernière mise à jour : juin 2018

 

Pour citer cet article :

Jean-Benoît Bouron, « Internet, les sources et la géographie : enjeux civiques », Géoconfluences, 2017.
URL : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/outils/sources-internet-geographie

Le contenu de cet article est sous licence Creative Commons attribution, partage sous la même licence.

Pour citer cet article :  

Jean-Benoît Bouron, « Internet, les sources et la géographie : enjeux civiques », Géoconfluences, février 2017.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/outils/sources-internet-geographie