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Islande : compter et attirer les touristes pour les faire revenir

Publié le 02/04/2021
Auteur(s) : Martin Charlet, PRAG, formateur en histoire-géographie - INSPÉ de l'académie de Lyon, université Claude Bernard Lyon 1
Depuis 2010 et la paralysie du trafic aérien liée à l'éruption du volcan Eyjafjöll, les regards se tournent vers l'Islande à chaque éruption volcanique. Aujourd'hui, l'absence des touristes est liée à la crise sanitaire et les autorités réfléchissent à la façon de les faire revenir.

Citer cette brève

« Quatre visiteurs ont été repérés au Parc national de Thingvellir (Þingvellir en islandais). […] Ils ont apprécié leur voyage de ces quatre dernières semaines en Islande, dépourvue de touristes. À la même date l’an dernier, 3 322 touristes avaient été comptés au niveau de la faille d’Almannagjá. »

C’est sur le site officiel du Parc national de Thingvellir que cette information peut être lue, accompagnée d’une description de ces touristes français et belges, dont un qui a « disparu dans la brume de la faille. » Ce haut-lieu de la nation islandaise, situé sur la dorsale médio-atlantique, fait partie du « Cercle d’or » mis en avant par les opérateurs touristiques, incluant notamment la zone géothermale de Geysir et la cascade de Gullfoss (source). Si la communication du Parc National semble s’amuser de cette brève dans ses actualités du 18 février 2021, elle dépasse pourtant l’aspect anecdotique. En effet, elle interroge les conséquences économiques de la pandémie pour un pays qui, avec plus 8 % de son PIB, a fait du tourisme une activité majeure (source : Vingt minutes).

islande

Un groupe de randonneurs longe le Thingvallavatn, le plus grand lac d'Islande, qui s'étend sur la dépression tectonique de Thingvellir. Cliché : Delphine Charlet, juillet 2014, avec l'aimable autorisation de l'autrice.

 

Dans le même temps, les regards se tournaient vers l’Islande. En effet, depuis l’éruption de l’Eyjafjöll qui avait en partie paralysé le trafic aérien européen et mondial en 2010, chaque nouvelle activité volcanique est scrutée de près. Cette fois, d’ailleurs, les coulées de lave qui s’échappent du Fagradalsfjall ne sont pas explosives (source : Géo) mais le spectacle qu’elles provoquent a entraîné une arrivée massive de milliers de touristes, notamment islandais, venus profiter de ce réveil d’un volcan situé à 40 km de la capitale Reykjavik, dans la péninsule de Reykjanes (Ouest France). Les images de touristes jouant au volley avec, en arrière-plan, le volcan en éruption, ont depuis fait le tour du monde, offrant une image attractive et très locale, les joueurs et joueuses portant des pulls typiquement islandais (Sud Ouest). De plus, Björk,  l’artiste islandaise mondialement connue, a médiatisé l’éruption en rappelant que le volcan avait servi de cadre au tournage d’un de ses clips (Le Figaro).

Interdite dans un premier temps, la zone a effectivement été ouverte par les autorités. L’éruption est aussi diffusée en direct grâce à une webcam et est filmée depuis des drones dont les images sont relayées sur des sites d’informations et des chaînes youtube malgré les dommages causés par le volcan aux appareils chargés des prises de vue (source : Iceland monitor). Cette reprise de l’activité volcanique, aux risques limités, vient relancer l’intérêt de l’Islande comme destination touristique, d’autant plus qu’elle est concomitante à une décision sanitaire décisive. Le gouvernement a ouvert le 18 mars son territoire aux voyageurs vaccinés contre le Covid-19 avec les vaccins autorisés par l’Agence européenne de médicaments et par l’OMS. Le but est de faire revenir au plus vite les touristes hors Schengen, notamment originaires des États-Unis et du Royaume Uni, qui avaient représenté en 2019 plus du tiers des deux millions de visiteurs de l’île (France Info).

Par ailleurs, les autorités viennent de s’engager à améliorer l’accès des sites naturels aux visiteurs, par plan d’investissement de 2,6 milliards de couronnes islandaises (environ 17,5 millions d’euros) porté par les ministères du Tourisme, d’une part, de l’Environnement et des Ressources naturelles, d’autre part (source : Icenews).

Ainsi, par un effet d’aubaine lié à l’éruption volcanique, une communication positive et des décisions sanitaires propices à l’ouverture, l’Islande semble bien se préparer à accueillir de nouveau sur son territoire des touristes aussi nombreux que possible.

Martin Charlet


Sources
L’Islande dans Géoconfluences
Le volcanisme dans Géoconfluences

 

Pour citer cette brève :

Martin Charlet, « Islande : compter et attirer les touristes pour les faire revenir », Géoconfluences, avril 2021.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/islande-compter-et-attirer-les-touristes-pour-les-faire-revenir