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Global et local, "penser global pour agir local"

Publié le 01/12/2023
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L’articulation entre la plus grande échelle (locale) et la plus petite (globale) est l’un des lieux communs de la géographie de la mondialisation, et de celle du développement durable. Le lien entre les deux n’est pas fortuit : d’après Paul Arnould et Laurent Simon (2007, cités par Landy, 2022), la formule « penser global pour agir local », devenue un slogan pour les promoteurs du développement durable, serait à attribuer au… PDG de la multinationale Sony.

La mondialisation est par essence transcalaire : l’une de ses manifestations les plus concrètes est l’irruption du mondial dans le local (le smartphone dans notre proche, l’uniformisation d’un paysage par les marques), et l’irruption du local dans le mondial (le porte-conteneurs bloqué dans le canal de Suez qui interrompt les échanges commerciaux mondiaux ; le virus apparu à Wuhan en 2019 et devenu pandémique…). Les exemples peuvent être multipliés à l’infini.

Il en va de même pour le développement durable : les problèmes sont globaux, et certes les réponses trouvées ne pourront l’être qu’avec une concertation à l’échelle mondiale, mais leur mise en œuvre passe nécessairement par une réappropriation locale.

L’opposition « global/local » n’est pas suffisante en géographie, discipline dont l’un des principaux outils d’analyse est l’approche multiscalaire, qui nécessite de mobiliser tous les niveaux intermédiaires, notamment l’échelle du territoire, de la région, de l’État et de l’association d’États. Les auteurs cités ci-dessus l’expriment avec clarté :

«

"Penser global pour agir local" [disait le PDG de Sony]. La géographie ne saurait admettre une telle approche sans la discuter, car si des problèmes comme le réchauffement climatique ou le développement des espèces invasives affectent bien l’ensemble des continents et des océans, ils le font dans des contextes écologiques et sociaux différenciés qui appellent des réponses contextualisées et territorialisées. Il faut aussi penser local pour agir global. […] C’est bien la réalité d’un territoire qui doit ici guider l’action et non des principes globaux souvent inadaptés aux situations particulières ».

Paul Arnould et Laurent Simon (dir.), Géographie de l’environnement, Belin, 2007, p. 8., cité par Frédéric Landy (2022), « En Inde, nul besoin des changements globaux pour expliquer la pauvreté agricole », in Éloïse Libourel et Alexis Gonin, Agriculture et changements globaux, Atlande.

»

Le localisme peut également être une réaction, ou en tout cas une réponse, à la mondialisation, ou au « globalisme ».

(ST) juillet 2004. Réécrit (JBB) en juillet 2023.


Références citées
  • Arnould Paul et Simon Laurent (dir.), Géographie de l’environnement, Belin, 2007, p. 8.
  • Landy, Frédéric (2022), « En Inde, nul besoin des changements globaux pour expliquer la pauvreté agricole », in Libourel Éloïse et Gonin Alexis, Agriculture et changements globaux, Atlande.
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