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Armée, armements et stratégies en Chine et en Russie

Publié le 26/02/2013
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Armée, armements et stratégies en Chine | Armée, armements, alliances en Russie


Armée, armements et stratégies en Chine

La République populaire de Chine (RPC) est une puissance militaire majeure du monde contemporain.

L’Armée populaire de libération (APL) ou armée Rouge poursuit sa modernisation, bénéficiant d’un budget qui augmente depuis 1989 plus rapidement que son PIB pour se fixer officiellement à 145 milliards de dollars en 2015, certes encore loin derrière l’américain (585 milliards de dollars) mais bien au-dessus des dépenses militaires des autres puissances régionales ou moyennes, comme la Russie (70 milliards), le Japon (48 milliards) ou la France (53 milliards). La modernisation de l'APL se traduit par un recul de ses effectifs (2,3 millions d' hommes en 2015) et une hausse de ses investissements. L'armée Rouge a abandonné depuis la fin des années 1970, la théorie de la "guerre populaire" pour s'adapter aux exigences technologiques des conflits modernes.

L'armée Rouge chinoise poursuit, depuis 1964, des programmes de recherche et de production d'armes nucléaires ainsi qu'un programme spatial de grande ampleur. On met à son actif, entre 1964 et 1996, 45 essais nucléaires dont 23 atmosphériques et 22 souterrains. Ces essais ont lieu dans la région désertique de Lop Nor au cœur du Sinkiang. Le 15 octobre 2003, une fusée Longue Marche a mis un astronaute chinois en orbite terrestre faisant de la RPC une nouvelle puissance spatiale maîtrisant les vols habités et manifestant ainsi ses ambitions tant dans les domaines militaires que civils. Pékin possède en 2015 5 sous-marins nucléaires d'attaque, un porte-avions et des missiles intercontinentaux avec un rayon d'action de plus de 10 000 km. Dans le domaine des armes classiques, la Russie reste le premier fournisseur d'armes depuis les années 1990.

Les objectifs militaires chinois sont divers, parmi lesquels : le renforcement du poids géopolitique mondial de la Chine ; le maintien de la pression sur son environnement proche, à commencer par Taiwan ; la préparation d'éventuelles interventions destinées à sécuriser ses approvisionnements en ressources énergétiques. C'est à cette dernière préoccupation que répond la stratégie dite du "collier de perles" consistant à jalonner de points stratégiques le couloir maritime qui la relie à ses approvisionnements proche-orientaux en pétrole : contributions au développement des ports de Gwadar (Pakistan), de Chittagong (Bangladesh), d'Hambantota (Sri Lanka), construction des ports de Mergui, Dawei et Sittwe (Myanmar) ; importante station de renseignement et d'écoute dans les îles Cocos (nord de l'île d'Andaman, Birmanie). La Chine se dote aussi d'une marine de haute mer (139 navires, 51 sous-marins classiques et 5 nucléaires en 2015) pour protéger cette voie maritime : si un affrontement sino-américain devait avoir lieu à propos de Taiwan, elle craint l'asphyxie pétrolière qui résulterait du blocage des détroits stratégiques (Ormuz, Malacca), ce que les Chinois appellent le "dilemme de Malacca" car 80 % de leurs importations de pétrole passent par ce détroit. La modernisation de la flotte de guerre a été affichée aux yeux du monde lors de la parade navale de Qingdao en 2009. Parallèlement, pour contourner cette dépendance extrême à l'égard de la voie maritime, Pékin s'efforce de donner une nouvelle impulsion au corridor terrestre nommé nouvelle route de la soie, ce qui s'accompagne de présences militaires renforcées.

De plus en plus, ce sont les villes et les points névralgiques de l'économie du pays qui deviennent les priorités du dispositif de défense armée.

(Coll.) dernière modification :  janvier 2016

Pour compléter

Armée, armements, alliances en Russie

Le potentiel militaire et les armements dont la Russie dispose constituent toujours, aux côtés de la détention de ressources naturelles stratégiques, un levier géopolitique essentiel pour lui permettre d'affirmer son rôle mondial. Rappelons par ailleurs que la Russie a hérité du siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU de l'ex-URSS.

La Russie conserve un important arsenal nucléaire, comportant environ 5 000 têtes nucléaires stratégiques et sans doute environ 3 000 têtes nucléaires tactiques en condition opérationnelle. Entre 2002 et 2007 ses dépenses militaires ont progressé à un rythme d'environ 20% par an en moyenne, largement grâce aux excédents budgétaires (environ 10% du PIB en 2006), engrangés par les exportations de matières premières.

L'armée russe est toujours une armée de conscription, peu professionnalisée, dont l'effectif en uniforme est supérieur à 1,1 million d'hommes. Le climat s'y est détérioré depuis le début des années 1990 et l'insoumission y atteint des proportions très significatives (en 2003, 38 000 jeunes n'auraient pas répondu à l'appel) alors qu'un Comité des mères de soldats tente de sensibiliser l'opinion publique sur les mauvais traitements subis par les appelés, dans le cadre d'un "bizutage" qui provoquerait, selon elles, près de 3 000 morts par an. Dans ces conditions, à l'épreuve de la guerre en Tchétchénie, l'armée a recours aux Kontraktniki, mercenaires qui constituent 80% des recrues.

L'indicateur d'exportations d'armes conventionnelles établi par l'Institut de recherche internationale sur la paix (Stockholm International Peace Research Institute / SIPRI) montre une progression régulière des ventes d'armes par la Russie qui n'a cessé de gagner des parts du marché mondial depuis la fin des années 1990. Sur la période 2001-2005, la Russie est en tête du commerce international des armes conventionnelles avec 31% des parts de marché, juste devant les États-Unis (30%). Le pays a vendu aux alentours de 6 milliards d'USD d'armes conventionnelles en 2004 et en 2005.

La Russie est aussi une grande puissance spatiale, tant militaire que civile. À l'issue de l'éclatement de l'URSS, la grande base de lancement de Baïkonour s'est retrouvée sur le territoire de la République du Kazakhstan (par 45,6° N et 63,25°E). Les deux pays se sont mis d'accord, en 1994, sur un statut particulier pour le cosmodrome, loué à la Russie pour 115 millions de dollars par an. Mais les tensions et les incidents divers entre les deux pays ont convaincu Moscou de posséder un accès indépendant à l'espace et la plupart des installations techniques kazakhes ont été transférées vers les principaux sites spatiaux russes, à Plessetsk (62,8°N et 40,2 E) et Svobodny (51,2°N et 128°E). Cependant, Baïkonour, située à une moyenne latitude mieux adaptée, reste la base de lancement des missions vers la Station spatiale internationale (ISS).

Sur le plan des alliances, la situation a évolué depuis la guerre froide. Les relations avec l'OTAN sont officiellement fondées sur l'"Acte fondateur", signé le 27 mai 1997, qui établit un cadre unique de consultation et de coopération entre l'OTAN et la Fédération de Russie à travers le Conseil conjoint permanent, le Conseil OTAN-Russie (COR), institué en mai 2002.

Afin d'avoir les coudées franches, Washington a dénoncé unilatéralement, en 2002, le traité anti-missile (ABM) de 1972, sur lequel reposait largement l' "équilibre de la guerre froide". La Russie n'a pu qu'en prendre acte et ce traité, rendu caduc, a permis aux membres de l'Alliance atlantique d'avancer l'idée d'un "bouclier" anti-missile pour l'Europe, de conception américaine, basé sur des missiles à deux étages qui pourraient être installés en Pologne et en République tchèque. La Russie vit aussi comme une provocation le fait que les avions de l'OTAN assurent la sécurité de l'espace aérien des États baltes et que des bases américaines s'implantent en Roumanie et en Bulgarie.

La Russie de Vladimir Poutine a-t-elle engagé des contre-feux face à ce qui est vécu comme des humiliations. Moscou a ainsi suspendu, en juillet 2007, sa participation au traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE). Ce traité FCE limitait depuis 1990 le déploiement de forces militaires conventionnelles sur le continent. Sa révision en 1999, suite à la dissolution du Pacte de Varsovie, n'a jamais été ratifiée par l'OTAN dans la mesure où la Russie conservait ses bases militaires en Géorgie (Abkhazie) et en Moldavie (Transnistrie). Quant à l'accord Start-1 de 1991 qui limitait l'arsenal nucléaire des deux grandes puissances de la guerre froide à 6 000 têtes nucléaires chacune, il expire le 5 décembre 2009 et ni la Russie, héritière de l'URSS, ni les États-Unis n'ont l'intention de le prolonger. Enfin, si russes et américains ont signé en 2002 le Strategic Offensive Reductions Treaty (SORT) qui prévoit une réduction mutuelle comprise entre 1 700 et 2200 têtes nucléaires, il ne fixe rien en matière de destruction de missiles et de lanceurs et ne prévoit aucun mécanisme de vérification.

(ST) septembre 2007.

Pour compléter

- Le rapport du Sénat, La Russie et ses relations extérieures après la réélection de Vladimir Poutine - Rapport d'information n° 317 du 19 mai 2004 : www.senat.fr/rap/r03-317/r03-317_mono.html
- Le glossaire OTAN - Russie des termes politiques et militaires contemporains, en anglais, français et russe (en .pdf, 249 pages et 2,7 Mo) : www.nato.int/docu/glossary/fr/index.htm
- La base de données "Facts on International Relations and Security Trends" (FIRST) du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) : http://first.sipri.org
Sur le site Nuclear Threat Initiative (NTI), les pages consacrées à la Russie :
www.nti.org/db/nisprofs/russia/tc_ru.htm

Sur le même thème, voir le glossaire La Russie : des territoires en recomposition

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