Dépatrimonialisation

Publié le 08/11/2024

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Le terme dépatrimonialisation (ou dé-patrimonialisation) désigne deux réalités différentes.

1) Il s’agit tout d’abord, très concrètement, du déclassement des monuments ou des sites jusque-là considérés comme un patrimoine. C’est par exemple le cas du port de Liverpool figurant dans la liste du patrimoine mondial jusqu’en 2021 et désinscrit par l’UNESCO du fait de nombreuses nouvelles constructions ayant « dégradé sa valeur patrimoniale ». À une autre échelle, le déclassement de monuments historiques, souvent pour des raisons économiques, l’abandon et la désaffection de sites patrimonialisés, voire leur destruction, constituent des processus de dépatrimonialisation volontaire ou involontaire. Pour des raisons évidentes, les pays en guerre sont ceux où les processus de dépatrimonialisation sont les plus nombreux, parfois dans le cas d’un urbicide planifié.

2) La dépatrimonialisation est également un courant actuel des études du patrimoine qui met l’accent sur les limites du processus de patrimonialisation, dans la continuité des études critiques de patrimoine (critical heritage studies). La dépatrimonialisation vise à remettre en question les évidences du patrimoine, en réaction au « tout patrimoine » : pourquoi patrimonialiser ? Que patrimonialiser ? Comment sortir des impasses induites par les logiques de patrimoine ?

C’est par exemple se poser la question de la muséification, ou de la « mise sous cloche » des territoires, des lieux, des pratiques, et c’est se demander si le poids de la mémoire sur le présent n’est pas excessif (la mémoire consistant à ne pas tout oublier, mais aussi à faire le tri et à ne pas se souvenir de tout).

(JBB) mars 2021, dernière modification (SB et CB) octobre 2024.