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Division internationale du travail (DIT)

Publié le 16/06/2022
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La division internationale du travail (DIT) correspond à la répartition mondiale des productions en fonction des avantages comparatifs de chaque espace producteur. 

Dans la théorie libérale classique (Ricardo, 1817), l'abolition des droits de douane et des contrôles frontaliers doit permettre la libre circulation des marchandises et des travailleurs. De cette manière, plutôt que de produire du drap et du vin au Portugal et en Angleterre, l'Angleterre produit du drap pour les deux marchés et en exporte une partie au Portugal, et le Portugal produit du vin pour les deux marchés et en exporte une partie en Angleterre, étant entendu dans cet exemple que le Portugal dispose d'un avantage comparatif dans la production de vin, et l'Angleterre dans la production de drap.

Cette théorie a été largement appliquée à l'échelle mondiale au cours de la phase la plus récente de la mondialisation marchande, pour la circulation des marchandises seulement, et beaucoup moins pour celle de la main d'oeuvre. La fragmentation et la mondialisation des chaînes de valeurs correspond à une division internationale des processus productifs (DIPP, terme moins utilisé aujourd'hui au profit de chaîne de valeur) et implique des échanges internationaux de composants, pièces (biens intermédiaires), et non de produits finis comme dans la théorie de Ricardo. On parle aussi de commerce de tâches. La localisation des différentes activités le long des chaînes de valeurs se fait en fonction des avantages comparatifs des territoires (au sens large si on inclut la fiscalité par exemple). L'éclatement géographique de la production a été favorisé par la forte baisse des coûts de transports et de communication distante, et la libéralisation des échanges. Boeing ou l'iPhone en sont des illustrations classiques.

Schématiquement, la DIT répartit les activités d'encadrement et de conception dans les métropoles des pays à hauts revenus, l'extraction des ressources, les fonctions de production et le conditionnement dans des pays à faibles revenus, et les fonctions de commercialisation dans les foyers de consommation. Il naît de cette organisation une inégalité des termes de l'échange, c'est-à-dire des bénéfices inégaux pour chaque territoire en fonction de la partie de la chaîne de valeur qui le concerne.

Cette division internationale du travail n'est pas figée dans le temps. Ceux qu'on a appelé les pays-ateliers ont parfois capté des fonctions de commandement et peuvent être devenus des foyers de commandement. Une ville-usine littorale chinoise peut être devenue une métropole financiarisée. On a parlé d'ancienne et de nouvelle division internationale (NDIT) du travail pour décrire l'émergence économique de l'Asie de l'Est et du Sud. Dans la DIT traditionnelle, les pays pauvres étaient spécialisés dans les matières premières ou agricoles et les pays riches dans la production industrielle, avec une complémentarité des spécialisations, même si les pays industrialisés ont toujours été aussi exportateurs de produits primaires. Dans la nouvelle DIT (NDIT), les pays en développement ou émergents se sont spécialisés dans l'industrie légère, l'assemblage, voire dans des produits à plus forte valeur ajoutée, et les pays riches dans le haut de gamme, la conception et les services. La concurrence et les échanges intrabranche s’en trouvent accrus.

(JBB), juin 2019.


Références citées
  • Ricardo David (1817), Des principes de l'économie politique et de l'impôt. Voir aussi le feuilleton sur l'histoire de la pensée économique sur le site partenaire SES ENS.

 

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