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École de Chicago

Publié le 15/03/2024
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Le terme École de Chicago désigne aussi bien une école d’architecture (« Première École de Chicago ») influente dans les années 1880-1910, qu’une école de sociologie urbaine (« Deuxième École de Chicago »), qui joua un rôle majeur en géographie, des années 1920 aux années 1950.

On considère souvent la première École de Chicago comme fondatrice de l’urbanisme moderne étatsunien, par l’utilisation de l’architecture métallique, et notamment par la généralisation du gratte-ciel. L’incendie de 1871, qui avait ravagé la ville, a contribué à faire de Chicago le laboratoire de la modernité, bien avant New-York, systématisant le plan en damier et l’architecture verticale.

La seconde École de Chicago est une école de sociologie urbaine, à partir du premier département de sociologie américain, fondé à l'université de Chicago dès 1892. On désigne habituellement sous l’expression « École de Chicago » un ensemble de travaux de recherches sociologiques conduites, entre 1915 et 1940, par des enseignants et des étudiants de l’université de Chicago.

L’École de Chicago a entrepris une série très abondante d’études sur les problèmes auxquels la ville de Chicago était alors confrontée du fait de sa très forte croissance (5 000 habitants en 1840, un million en 1890). Elle a surtout consacré nombre de ses travaux à un problème politique et social majeur, qui concernait alors toutes les grandes villes américaines et débordait le seul cadre d’une sociologie de la ville : celui de l’immigration et de l’assimilation des millions d’immigrants à la société américaine. La sociologie urbaine voit la ville comme un agencement de populations d'origines différentes dans un même milieu et un même système d'activités.

Par ailleurs, l’une des contributions majeures des sociologues de l’École de Chicago a été de développer des méthodes originales de recherche : utilisation scientifique de documents personnels, travail sur le terrain systématique, exploitation de sources documentaires diverses. Nettement orientées vers ce qu’on appelle aujourd’hui les méthodes qualitatives, ces méthodes ont été contemporaines des premiers développements, à Chicago même, d’une sociologie quantitative qui allait ensuite la supplanter à partir de la Seconde Guerre mondiale.

Cette sociologie urbaine eut un grand retentissement grâce, en 1925, à l'ouvrage de synthèse The City d’Ernest Burgess (1886–1966), Roderick McKenzie et Robert Park. Il s'intéressait à la répartition des groupes sociaux dans l'espace et modélisait les transformations urbaines qui accompagnent les vagues d'immigration. Ces travaux furent enrichis et nuancés par Homer Hoyt (1895–1984), qui mit au point en 1939 un modèle sectoriel. Le modèle de Hoyt montra que si la localisation des services et des industries est effectivement liée à la répartition du marché du travail et du pouvoir d'achat, elle est largement dépendante de la localisation des autres secteurs et des transports. Le rôle de ces derniers fut confirmé par ses successeurs, Harris et Ullman, qui proposèrent en 1945 dans The nature of cities un modèle polycentrique, montrant que l’organisation de l’espace s’articule autour de pôles secondaires (ce que l’on nommera plus tard les edge cities) et des axes de transport. Ces analyses furent prises en compte dans l’aménagement de nombreuses villes étatsuniennes dans les années 1950 à 1970.

Les travaux de l’École de Chicago font un large usage des concepts issus de l’écologie végétale, au risque de naturaliser les faits sociaux (domination, compétition, conflit, ségrégation, invasion, regroupement, succession, accommodation, symbiose...), ce qui justifie le terme d'écologie urbaine qui qualifie l'École de Chicago. Cette écologie urbaine est aussi une écologie de la mobilité.

(MCD) juillet 2015, dernière modification (SB et CB), mars 2024.


Pour aller plus loin
  • Coulon Alain, L’École de Chicago, 2012, Paris, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2012, 128 p.
  • Grafmeyer Yves, Joseph Isaac, L’École de Chicago. Naissance de l’écologie urbaine, 1990, Paris, Aubier, 377 p.
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