Affirmer sa puissance : forces sous-marines et dissuasion nucléaire, enjeux géographiques et géostratégiques
Laurent Carroué, inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche, directeur de Recherche à l’IFG - université Paris VIII
Bibliographie | citer cet article
Depuis 1945, les équilibres géostratégiques entre puissances de rang ou à vocation mondiale sont structurés par la dissuasion nucléaire. Elle a gelé depuis 75 ans tout affrontement militaire direct entre elles, au risque d’une destruction complète de l’humanité. Un phénomène géohistorique inédit par rapport au premier XXe siècle qui connut deux guerres mondiales dévastatrices. Depuis la fin de la « Guerre froide », le duopôle États-Unis/URSS a fait place à une architecture mondiale de plus en plus polycentrique dans un monde plus instable et conflictuel.
Le nucléaire demeurant la pierre angulaire des rapports de forces mondiaux, il convient de s’intéresser comme géographes aux forces nucléaires stratégiques sous-marines. Car comme le souligna dès 1976 Yves Lacoste, « la géographie, ça sert d‘abord à faire la guerre » – ou la paix d’ailleurs, même armée. Et il n’y a rien de plus géographique que la mise en œuvre et le déploiement des SNLE, le Sous-Marin Lanceur d’Engins (balistique), ou pour le sigle anglo-saxon le SSBN (Sub Surface Nuclear Balistic). Et il n’y a pas meilleures praticiennes d’une géographie océanique que les sous-marinades.
Il y a plusieurs raisons à cela. À l’échelle mondiale, les SNLE sont au cœur de l’arsenal nucléaire stratégique des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de la Chine ; ils vont l’être à moyen terme pour l’Inde. À l’échelle continentale, le déploiement des patrouilles dans les espaces maritimes du globe doit arbitrer entre de multiples facteurs géographiques, géopolitiques et géostratégiques et le maintien de la crédibilité de leur seule et unique mission – la mise en œuvre de la dissuasion nucléaire – qui les contraint de rester indétectables. Enfin, aux échelles régionale et locale, ces puissants systèmes d’armes ont besoin pour leur mise en œuvre et leur projection maritime de ports d’attache et de bases navales efficientes qui construisent des territoires spécifiques. Par leur rôle névralgique, ceux-ci figurent d’ailleurs parmi les lieux les mieux protégés au monde.
1. Géographie des arsenaux nucléaire et dissuasion nucléaire
Pendant longtemps dominée par l’affrontement entre États-Unis et URSS, la géographie de la dissuasion est aujourd’hui plus multipolaire tandis qu’émerge un nouvel acteur face aux États-Unis, la Chine. À un relatif désarmement mondial pourrait succéder une nouvelle course à l’armement.
1.2. Les équilibres géostratégiques nucléaires mondiaux actuels
En 2023, neuf États sont reconnus comme des puissances nucléaires militaires : les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine, l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord. Selon le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute, institut de référence en matière d’études et de recherches sur les conflits), ces États disposent de 12 512 armes nucléaires (nuclear weapons). Sur ce stock, 3 844 armes (27 %) sont actuellement déployées dans des forces opérationnelles et 2 000 sont rapidement mobilisables en cas d’alerte, soit 46 % du stock mondial. Si les États-Unis et la Russie disposent de 90 % du stock mondial, un des grands enjeux réside dans la lutte contre la prolifération nucléaire afin de maintenir le statu quo prévalant depuis le TNP - Traité de Non-Prolifération entré en vigueur en mars 1970 et qui compte 190 États signataires. Si celui-ci a connu quelques échecs (Inde, Pakistan, Corée du Nord), il a aussi rencontré des succès (l’Afrique du Sud qui a mis fin à son programme nucléaire en 1990).
Document 1. Répartition du nombre total d’ogives nucléaires dans le monde
Source : SIPRI, 2020, 2023 |
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Washington et Moscou ont annoncé en 2018 avoir atteint les objectifs fixés par le traité sur le désarmement New START qui expire en 2021. Signé à Prague en 2010 par Barack Obama et Dimitri Medvedev, il limitait pour chaque partie à 700 le nombre de missiles balistiques déployés et à 1 555 le nombre de têtes nucléaires installées sur ceux-ci. Or, non seulement Washington comme Moscou refusent d’enclencher un nouveau cycle de négociation sur une réduction des armements nucléaires existants, mais ils relancent actuellement de nombreux programmes et de nouvelles armes. Le traité limitant le déploiement de missiles antimissiles balistiques (ABM) est rompu en juin 2002 et Donald Trump dénonce en février 2019 le Traité NFI (Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, INF Treaty en anglais). Dans le même temps, la Chine, et secondairement l’Inde et le Pakistan, renforcent leur arsenal, tout comme la Corée du Nord.
Document 2. La forte réduction du stock mondial d’armes nucléairesTraduction : Géoconfluences. Source : https://fas.org/issues/nuclear-weapons/status-world-nuclear-forces/ Document 3. Évolution du budget nucléaire du Département de la défense des États-Unis : les hausses de l’administration TrumpTraduction : Géoconfluences. Source : Nuclear Posture Review 2018 du DOD |
À une période de relatif désarmement semble succéder une nouvelle période de réarmement. L’invasion de l’Ukraine par la Russie au printemps 2022, l’affirmation croissante de la rivalité géostratégique des États-Unis et de la Chine, ainsi que la montée des tensions géopolitiques dans de nombreuses régions (entre Chine et Inde par exemple), se traduisent par un processus de réarmement dans un cadre de nouvelles logiques et échelles de conflictualités. C’est dans ce cadre général de montée des tensions mondiales qu’il convient de replacer la dissuasion nucléaire française dont les deux composantes – navale et aérienne – représentent une dépense totale de 25 milliards d’euros dans la Loi de programmation militaire pour la période 2019-2023, soit 12,6 % du budget de la défense, lequel se monte à 198 milliards d’euros, et 20 % des 172,8 milliards d’euros de crédits d’équipement.
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1.3. La place des sous-marins dans la « triade nucléaire » Terre-Air-Mer
Les armes nucléaires peuvent être mise en œuvre par trois types de vecteurs – aériens, terrestres ou maritimes – constituant la « triade nucléaire ». Chaque vecteur présente des atouts géostratégiques différents, dans l’espace géographique et dans le temps. Concernant la « triade », il n’y a pas de modèle géostratégique unique. Les choix réalisés dépendent de l’histoire, de la géographie physique (masses continentales étasunienne, russe ou chinoise face au système insulaire britannique et à l’ouverture atlantique de la France), des moyens et arbitrages financiers réalisés. Les États peuvent disposer de la panoplie complète de la « triade » comme les États-Unis, la Russie ou la Chine, ou bien de seulement deux composantes (France : sous-marins et avions), voire d’une seule (Royaume-Uni : sous-marins).
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En 2001, si l’arme sous-marine ne dispose que de 37,5 % des vecteurs (y compris donc les missiles non nucléaires), elle assure déjà le déploiement de 43,5 % des têtes nucléaires. En 2001, la Chine était encore la grande absente, et sa montée en puissance constitue aujourd’hui pour les stratèges de Washington un problème géostratégique. Comme le justifie James Mattis, Secrétaire d’État à la Défense de Donald Trump, en présentant en janvier 2017 la new nuclear posture review (NPR) adoptée par les États-Unis : « Since 2010 we have seen the return of Great Power competition » (« Depuis 2010 nous avons vu le retour de la compétition entre Grandes Puissances [les États-Unis et la Chine] »).
Document 4. Le poids des forces sous-marines dans les armes nucléaires en 2001
Source : Center for Defense Information, Almanac 2001-2002, p. 12. |
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2. Les spécificités de l’arme sous-marine
Pour s’intéresser aux sous-marins, aux armes sous-marines et à leurs dynamiques géographiques, géopolitiques et géostratégiques, il convient de clarifier les termes et les enjeux. Le qualificatif de conventionnel ou nucléaire pour définir un sous-marin concerne son mode de propulsion, et non celui des systèmes d’armes embarquées. On distingue donc deux types de sous-marins, en fonction de leur propulsion : les sous-marins conventionnels, qui représentent la plus grande partie de la flotte mondiale, et les sous-marins nucléaires.
Parmi ces derniers, la grande majorité des sous-marins nucléaires sont des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA, ou SSN selon le terme anglo-saxon pour subsurface nuclear) qui ont un panel de missions varié, mais ne mettent pas en œuvre d’arme nucléaire. Une petite part seulement des sous-marins nucléaires sont des SNLE (SSBN – sub surface balistic nuclear – armés de submarine-launched ballistic missiles (SLBM)), qui constituent les composantes océaniques de la dissuasion. S’ils sont peu nombreux (cf partie 3), les SNLE jouent un rôle déterminant dans les grands équilibres géostratégiques mondiaux.
2.1. Au cœur des mers et des océans : l’essor contemporain de l’arme sous-marine
Avec 361 millions de km², soit 71 % de la surface du globe, 85 % de la population mondiale vivant à moins de 500 km d'un rivage et 85 % des États ayant une frontière maritime, les mers et océans jouent aujourd'hui un rôle essentiel dans la mondialisation et dans la géopolitique mondiale. En reliant l’ensemble du globe en un seul système océanique mondial, ils sont un enjeu géostratégique majeur dans l’affirmation des ambitions et des rivalités entre puissances. Ainsi, l’US Navy – de loin la première marine du monde - mobilise 340 000 personnes et 28 % du budget militaire des États-Unis, soit 194 milliards de dollars en 2019.
Document 5. Un seul océan mondial, neuf bases pour les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins |
Le sous-marin est un système d’armes souple, puissant et très mobile. Tapi dans l’océan, largement indétectable, silencieux, il autorise une discrétion opérationnelle. Il constitue une menace diffuse en étant capable de pénétrer sans se faire repérer dans des théâtres d’opérations d’échelles spatiales et géostratégiques variables selon son type de propulsion.
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Si les sous-marins de combat sont largement utilisés durant les deux Guerres mondiales, on assiste à partir des années 1950 à un sensible élargissement de leurs capacités opérationnelles : lutte anti-sous-marine, attaque mer/terre (lancement de missile de croisière), protection des groupes aéronavals, opérations spéciales, dissuasion nucléaire... Ces dernières décennies se caractérisent par un essor et une large diffusion de l’arme sous-marine puisque plus de 41 États s’en sont dotés (Inde, Malaisie, Pakistan, Brésil, Australie, Vietnam…), avec une prolifération notable en Asie face à la Chine.
Pour autant, tous les sous-marins ne se valent pas. En 2023, environ 70,5 % des 490 sous-marins de la flotte mondiale sont des sous-marins conventionnels, de taille réduite et aux capacités opérationnelles limitées du fait de leur système de propulsion classique AIP – Air Independant Propulsion (propulsion diesel-électrique, pile à combustible…). Malgré un rayon d’action géographique limité, ils jouent un rôle croissant dans le contrôle et la défense des zones littorales ou des ZEE des États côtiers.
De plus, on relève cette dernière décennie l’apparition de puissants drones sous-marins de grande taille (« XLUUV », pour extra large unmanned underwater vehicule), en quelque sorte des sous-marins automatiques sans équipage. On peut se demander s’ils ne vont pas transformer la guerre sous-marine dans toutes ses dimensions (combat, communications, détection acoustique, renseignement...). En avril 2022, l’US Naval Sea Systems Command a ainsi testé son premier sous-marin autonome, l’Orca, fabriqué par Boeing ; long de 26 mètres et d’une capacité de 50 tonnes, il peut descendre à 3 000 mètres de profondeur et parcourir en autonomie jusqu’à 10 500 km. Les câbles sous-marins de l’internet, les câbles électriques, les conduites (oléoducs et gazoducs) et le contrôle des grands fonds sont des objectifs militaires jugés de plus en plus stratégiques.
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2.2. La révolution de la propulsion nucléaire : les SNA et les SNLE
C’est dans ce contexte que la maîtrise de la propulsion nucléaire constitue une révolution géostratégique en apportant trois avantages décisifs.
- Premièrement, le passage du moteur diesel au nucléaire est un progrès considérable en matière de furtivité et de discrétion. Les SNA et SNLE sont extrêmement silencieux (niveaux d’émission, richesse du spectre de la signature acoustique, portée…). Concernant leur performance acoustique, le bruit généré est inférieur au niveau du bruit de fond des océans.
- Deuxièmement, le réacteur – ou chaufferie – nucléaire comme moteur assure au bâtiment une autonomie énergétique complète, de qualité et de très longue durée. Cette technologie augmente les performances de vitesse, d’endurance et d’autonomie.
- Enfin, troisièmement, elle allonge considérablement la durée de navigation, qui passe de plusieurs semaines à plusieurs mois, et surtout les distances parcourues dans les mers du globe. Aujourd’hui, les contraintes ne sont plus matérielles et technologiques mais fondamentalement humaines : combien de temps un équipage de 120 à 200 marins peut-il rester enfermé sous la mer dans un espace réduit, sous tension permanente, sans voir la lumière du jour et sans contact avec les familles ? Pour l’instant, les patrouilles s’étalent de 70 à 100 jours.
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La maîtrise de la propulsion sous-marine nucléaire est réservée à un club d’États très fermé du fait du très haut niveau scientifique et technologique exigé : États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni et Chine. Le système de propulsion – classique ou nucléaire – introduit ainsi un critère majeur de différenciation opérationnelle dans la flotte sous-marine.
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2.3. Le rôle majeur des SNA, Sous-Marins Nucléaires d’Attaque
Le parc mondial de 91 sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) est détenu par seulement six États : États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine et Inde. Souple et puissant, le SNA est un système d’armes qui joue un rôle essentiel dans le « sea control » (contrôle maritime) et les opérations de projection à long rayon d’action. En particulier, une de ses fonctions est d’escorter un groupe aéronaval. Au plan diplomatique et géostratégique, il est donc très complémentaire du porte-avions comme instrument de puissance et de projection.
Du fait de l’intérêt de ce système d’armes, on assiste actuellement à un profond renouvellement des flottes de SNA avec l’arrivée de bâtiments de nouvelle génération : Virginia étasunien, Astute britannique, Yasen russe, Suffren français, Shang chinois. En décembre 2019, l’US Navy – qui dispose de 55 SNA, dont 35 vieux Los Angeles construits entre 1972 et 1996 – commande 9 nouveaux SNA pour 22 milliards de dollars pour moderniser sa flotte.
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3. Le SNLE : un système d’armes exceptionnel
Comme les sous-marins nucléaires d'attaque (SNA), les 41 sous-marins nucléaires lanceurs d'engins demeurent l’apanage d’un club très restreint de puissances de rang mondial. Depuis l'entrée de l'Inde dans ce club, seulement six marines en disposent, et seulement cinq sont en mesure de maintenir en permanence à la mer des SNLE en alerte opérationnelle : les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine.
3.1. Les SNLE : un outil géostratégique fondamentalement politique
Les SNLE sont un système d’armes très complexe dont la seule vocation est de déclencher le feu nucléaire stratégique. Cette arme de dissuasion est à la main exclusive du pouvoir politique. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Paris et Washington envoient un message à Moscou : la France déploie en mars 2022 trois de ses quatre SNLE à la mer alors que l’US Navy procède en juin en pleine mer à un changement d’équipage pour signifier que le SNLE peut prolonger ses patrouilles sans retourner à sa base d’attache.
Dans ce cadre, la zone de patrouille et l’itinéraire du SNLE d’un côté, le choix des cibles de l’autre relèvent du secret-défense le plus absolu. La question de la transmission de l’ordre de déclenchement des frappes nucléaires aux SNLE en patrouille dans l’immensité océanique pose de redoutables problèmes de sécurité. Chaque État s’est donc doté de centres de transmission qui jouent un rôle crucial.
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3.2. La difficile mise au point des SNLE
Après de nombreux tâtonnements, le premier SNLE à entrer en service est le George Washington en 1960. Viennent ensuite la Russie en 1961, le Royaume-Uni en 1967, la France – le Redoutable – en 1971-1972, la Chine en 1987 et l’Inde en 2013. Comme l’illustre l’évolution des quatre générations de SNLE étasuniens entre 1959 et aujourd’hui, un SNLE est bien un système d’armes articulant un sous-marin et un système de missiles balistiques. On doit souligner l’ampleur des coûts financiers de ces programmes et la durée des cycles de conception, de fabrication puis de mise en œuvre. La génération des Washington est opérationnelle durant 26 ans, celle des Ethan Allen 31 ans, celle des Lafayette 26 ans…
Document 7. États-Unis : les quatre générations de SNLE de 1959 à 2020
Nom de série |
George Washington |
Ethan Allen |
Lafayette / Franklin |
Ohio |
Columbia |
Nombre de SNLE |
5 |
5 |
31 |
18/14* |
12 |
Datés d'activité |
1959-1985 |
1961-1992 |
1976-2002 |
1981-aujourd'hui |
2028/2031 ? |
Longueur |
116 m |
125 m |
129 m |
170 m |
170 m |
Largeur |
10 m |
10 m |
10 m |
12,8 m |
12,8 m |
Déplacement en plongée |
6 700 t |
7 900 t |
8 250 t |
18 750 t |
20 815 t |
Nb tubes Missiles |
16 |
16 |
16 |
24 (20 en 2018) |
16 |
Missiles |
Polaris A-3 |
Polaris A-3 |
Posseidon C-3 et Trident I C-4 |
Trident II D-5 |
Trident II D-5 |
Diamètre du missile |
137 cm |
137 cm |
188 cm |
210 cm |
210 cm |
Longueur du missile |
984 cm |
984 cm |
1 036 cm |
1 341 cm |
1 341 cm |
Poids du missile |
16 329 km |
16 329 kg |
29 483 / 33 112 kg |
58 967 kg |
58 967 kg |
Portée du missile |
4 600 km |
4 600 km |
4 600 / 7 400 km |
12 000 km |
12 000 km |
*Du fait des accords de désarmement, certains SNLE sont désarmés de leurs missiles balistiques nucléaires qui sont remplacés par des missiles mer/sol conventionnels.
Source : Congressional Research Service, rapport 2 juin 2020.
Les actuels SNLE Classe Ohio emportent généralement 24 missiles balistiques mer-sol Trident dotés de têtes nucléaires W76 de 100 kilotonnes. Du côté russe, les six Typhoons furent les SNLE les plus imposants jamais construits au monde : 173 mètres de long, 179 marins, 48 000 tonnes en plongée et 20 missiles mer-sol balistiques stratégiques R-39. Mais cette course à la taille se heurte cependant à certaines limites : coût financier unitaire très élevé, contraintes de navigation accrues, adaptation des bases navales…
Comme l’indique le tableau ci-dessus, les accords de désarmement entre Moscou et Washington se traduisent par une réduction des SNLE. Aux États-Unis, ils tombent de 31 à 18 puis à 12 unités. Les quatre plus anciens Ohio sont transformés en sous-marins lanceurs de 150 missiles conventionnels Tomahawk. De son côté, la composante sous-marine russe passe de 58 SNLE et 3 000 ogives nucléaires en 1991 à 26 SNLE et 2 272 têtes en septembre 2000, pour tomber à 12 SNLE et environ 1 000 têtes en 2022. En France, le nombre de SNLE tombe de 6 à 4 entre 1985-1991 et aujourd’hui. Mais si le parc se réduit, ces unités gagnent largement en puissance du fait d’une autre révolution majeure, celle des missiles.
3.3. Les mutations des systèmes de missiles : une autre révolution géostratégique
La construction de navires de taille de plus en plus importante (longueur, largeur…) est en lien direct avec l’évolution des familles de missiles nucléaires. Taille, poids, portée, largement liés au carburant emporté, efficacité de pénétration et capacité de destruction sont de plus en plus considérables. Signalons par exemple qu’un seul missile Trident II D5 des États-Unis peut emporter de 3 à 12 têtes nucléaires, sa portée variant de 7 000 et 12 000 km.
Document 8. L’augmentation de la portée géographique des missiles étasuniens et français |
Géographiquement, la multiplication par quatre de la portée des missiles en quarante ans bouleverse les rapports géostratégiques, en modifiant les espaces maritimes de patrouille des SNLE d’un côté, en dilatant considérablement l’aire terrestre potentielle de frappe à partir de la mer de l’autre. Par exemple, en 1971, Le Redoutable devait patrouiller très au nord, en Mer de Norvège, pour pouvoir menacer Moscou alors qu’aujourd’hui les zones de patrouille peuvent être sensiblement élargies. De même, à l’échelle locale, les bases sous-marines connaissent régulièrement de grandes opérations d’aménagement et d’agrandissement (ainsi l’Île Longue en rade de Brest à partir de 2006 pour l’accueil du M51) pour suivre ces évolutions.
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4. Les SNLE au cœur des équilibres géopolitiques et géostratégiques mondiaux
La tendance actuelle est à la réduction du nombre de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et à la modernisation du parc existant. Si la Chine participe à ce nouveau cycle d’armement, l’Inde peine encore à entrer dans la course.
4 .1. Un nouveau cycle pour les puissances déjà installées
Les années 2015-2030 sont celles d’une fin de cycle historique, ce qui explique que les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Russie se sont engagés dans un nouveau cycle de modernisation de leurs flottes de SNLE afin de pérenniser leurs capacités de dissuasion tout en les adaptant aux nouveaux besoins géostratégiques en train d’émerger, lesquels sont liés au développement des armes anti-missiles. Ainsi, aux États-Unis, la « Revue de posture nucléaire » (NPR) de 2018 engage d’ici 2030 le remplacement de 14 SNLE de type Ohio par 12 SNLE de type Columbia afin de réponde aux nouveaux défis posés par la Russie mais surtout, de plus en plus, par la Chine.
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Document 10. La modernisation de l’arsenal nucléaire maritime des États-Unis : un système fondé sur un sous-marin, un missile, une tête nucléaire
Source : Center for Arms Control and Non-Proliferation, Factsheet du 17 oct. 2016. |
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Dans son sillage, le Royaume-Uni fait de même dans le cadre de la Special Relationship (« relation particulière ») nouée durant la Seconde Guerre mondiale avec les États-Unis. Les quatre SNLE actuellement en service de classe Vanguard, entrés en service en 1993-1999, sont conçus et construits au Royaume-Uni mais sont armés de 16 missiles Trident II fournis par Washington. Londres projette de remplacer dans la décennie qui vient ses 4 SNLE actuels par 4 SNLE NG de classe Dreadnought, dont le premier exemplaire devrait entrer en service vers 2030. Devant mettre en œuvre le même missile balistique « Trident » fourni par Washington, ils doivent donc disposer du même « compartiment missiles » que les 12 futurs SSBN-X de l’US Navy. En France, le budget de la dissuasion double entre 2012 et 2025 pour atteindre un coût de 31,6 milliards d’euros, dont 92 % pour les SNLE. Le programme de renouvellement va s’étaler entre 2020 et 2033 avec l’entrée en service de la nouvelle génération de SNLE remplaçant Le Triomphant vers 2035 et Le Terrible vers 2048.
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Pour la Russie, le maintien de sa dissuasion nucléaire en mer – en particulier dans le Grand Nord et l’Atlantique d’un côté et l’océan Pacifique de l’autre – demeure une priorité. Depuis 2018, la Russie dispose de 12 SNLE. Les unités d’ancienne génération de classe Delta III et Delta IV, entrées en service pour l’essentiel entre 1982 et 1986, sont remplacées par la nouvelle génération des Boreï. Cinq nouveaux Boreï doivent être livrés entre 2018 et 2022. Chaque Boreï emporte 16 missiles Bulava RSM-56. En mai 2018, le nouveau SNLE Boreï Iouri Dolgorouki immergé en mer Blanche a tiré une salve de quatre missiles balistique mer-sol RSM-56 sur une cible située à des milliers de km dans le polygone de tir de Koura au Kamtchatka, dans l’Extrême-Orient russe.
4.2. L’essor de la Chine : un bouleversement géostratégique majeur
Pour des raisons historiques, la Chine a longtemps orienté ses efforts – relativement limités – sur la seule défense de son territoire continental et ses abords maritimes immédiats. Il faut attendre les années 1990 pour assister à une hausse continue des budgets militaires, une nette modernisation des armées (renseignement, spatial, cyberdéfense…) et l’acquisition de nouvelles capacités de projection de puissance, en particulier maritimes (missiles anti-navires, sous-marins nucléaires et conventionnels, nouveaux porte-avions, flottes de combat, navires amphibie…). La Chine disposerait de 422 navires contre seulement 286 à l’US Navy en 2022, même si ces statistiques masquent largement le maintien d’un net différentiel qualitatif. L’essor maritime et naval de la Chine constitue en tout cas l'un des principaux facteurs de bouleversement des équilibres géostratégiques mondiaux actuels, en particulier en mer de Chine orientale et en mer de Chine méridionale (Paracels et Spratleys). Au plan nucléaire, après avoir fait porter ses efforts sur son arsenal nucléaire terrestre et aérien, Pékin a lancé un important programme de SNLE afin de disposer d’une force de dissuasion sous-marine crédible.
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4.3. Pour les autres acteurs : l’exemple de l’Inde, un fossé difficile à franchir
L'Inde est encore loin de disposer de la triade nucléaire fiable et crédible à laquelle elle aspire, du fait des considérables efforts financiers et technologiques que supposerait cet objectif (miniaturisation d’un réacteur, développement de têtes nucléaire fiables et d’un missile…). New Dehli loue ainsi à l’URSS puis à la Russie des SNA depuis 1988 afin de développer les compétences de ses personnels qui demeurent limitées comme l’ont illustré des accidents en 2014 et 2017. En 2017, une écoutille restée ouverte a inondé l’Arihant I et l’a immobilisé à quai durant six mois. Il a donc fallu attendre novembre 2018 pour que le SNLE Arihant I réalise enfin sa première « patrouille de dissuasion » de 20 jours et l’année 2022 pour que son second SNLE entre en service alors qu’il a été mis sur cale en mai 2011 avec un lancement alors annoncé pour 2016.
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5. La géographie des grandes bases sous-marines de SNLE : des lieux névralgiques
Les exigences de site et de situation propre à la localisation des bases sous-marines dessinent une géographie à toutes les échelles, depuis leur position sur l’océan mondial jusqu’à leur insertion dans l’organisation régionale et, dans certain cas, le tissu urbain.
5.1. Aux échelles nationale et mondiale : les facteurs géostratégiques maritimes
Un État ne peut déployer ses moyens maritimes – en particulier ses SNLE – sans disposer de ports d’attache et de bases navales efficientes et sécurisées. Du fait de la complexité des systèmes d’armes mis en œuvre, les bases de SNLE sont peu nombreuses : on en compte neuf dans le monde (document 5) : deux aux États-Unis (Kings Bay sur l’Atlantique, Kitsap-Bangor/ Seattle sur le Nord Pacifique), deux en Russie (Mourmansk/presqu’île de Kola en mer de Barents, Petropavlovsk-Vilioutchinsk sur le Pacifique), deux en Chine (Jianggezhuang-Quingdao au nord, Yalong au sud), une en France (Brest/ Ile longue), une au Royaume-Uni (Faslane, Écosse) et une en Inde en construction (Rambilli, Andhra Pradesh). Pour une étude détaillée de chacune d’elle ou une démarche comparative entre elles, le site Géoimage du CNES met en ligne de nombreuses ressources.
La localisation des grandes bases dépend de nombreux paramètres. Aux échelles nationale et mondiale, les facteurs géostratégiques et maritimes prédominent : chaque base s’ouvre sur une grande façade maritime et une grande aire océanique de patrouille. À l’échelle du globe, deux océans sont privilégiés puisqu’ils permettent de menacer directement les centres vitaux – politiques, démographiques, économiques et urbains – des puissances ennemies potentielles.
L’Atlantique et ses marges furent longtemps prédominants, en particulier durant la Guerre froide. On y trouve dans un face-à-face Mourmansk (7 SNLE) contre Faslane (4 SNLE, opérationnelle en 1968), Brest (4 SNLE, 1971) et Kings Bay (6 SNLE, 1978). La rivalité entre l’URSS/Russie et les États-Unis se retrouve aussi, bien sûr, dans l’océan Pacifique avec les bases de Petropavlovsk (4 SNLE, 1938) et Kitsap-Bangor/Seattle (opérationnelle en 1977). L’émergence de la Chine, qui se dote en 2008 de la nouvelle base de SNLE de Yalong (4 SNLE), située dans l’île d’Hainan tout au sud du pays, bouleverse les équilibres géostratégiques mondiaux et accroît l’importance stratégique de l’océan Pacifique. Pour y répondre, Washington renforce entre 2003 et 2005 la flotte de SNLE basée à Kitsap-Bangor/ Seattle sur le Pacifique (8 SNLE) au détriment de l’Atlantique (6 SNLE).
5.2. Aux échelles locale et régionale : situations d’ouverture et sites défensifs
Aux échelles locale et régionale, la localisation des bases répond à un certain nombre d’arbitrages concernant les atouts et handicaps relatifs d’un site local et d’une situation régionale. Elles valorisent les qualités d’ouverture sur l’espace maritime, en particulier la proximité d’une profondeur suffisante autorisant l’immersion (-200 m en général) liée à la bordure du plateau continental, et la profondeur du chenal d’accès pour des unités au fort tirant d’eau (SNLE Le Triomphant : 10,5 m).
Mais la localisation doit aussi tenir compte des capacités de défense et de protection des ports d’attache offertes par les reliefs et la morphologie du littoral. Situées en relativement haute latitude, les bases de Bangor, Faslane ou Mourmansk se réfugient dans des côtes à fjord, au prix parfois d’un long trajet pour atteindre la haute mer. Par contre, Brest/ l’Île longue, Petropavlovsk/Vilioutchinsk et Yalong valorisent des sites de rades ou de grandes baies bien abritées. Seule Kings Bay fait exception par son site quasi-insulaire sur un littoral atlantique bas, marécageux et amphibie à la limite de la Géorgie et de la Floride.
Enfin, l’insertion des bases de SNLE s’inscrit dans des contextes régionaux très différents. Faslane, Petropavlovsk/Vilioutchinsk ou Yalong fonctionnent comme des isolats maritimes et militaires. À l’opposé, Kings Bay appartient à la grande aire métropolitaine de Jacksonville, un des grands pôles militaires atlantiques des États-Unis, alors que Kitsap-Bangor est proche de la grande métropole de Seattle, capitale de Boeing et de Microsoft. De même, Mourmansk est un vaste complexe industriel et urbain fortement militarisé alors que Brest est en position intermédiaire en étant une métropole régionale fortement marquée par la présence de la Marine mais en voie de diversification.
5.3. Les grandes bases : de vastes complexes territoriaux intégrés
À l’échelle locale, les grandes bases comprennent des quais, des darses et des bâtiments pour l’accueil, le soutien, la maintenance et la préparation des SNLE et l’embarquement des missiles complets dans le sous-marin. On y trouve aussi des zones pyrotechniques pour l’assemblage des têtes des missiles nucléaires, des bâtiments pour toutes les fonctions de gestion et de commandement, le soutien logistique, la sécurité et des bâtiments pour les zones-vie. Le stockage des missiles, des têtes nucléaires et des combustibles nucléaires est soit intégré, soit dévolu à un site extérieur spécialisé (Faslane, l’Île longue). De même, les opérations de grands carénages réalisées régulièrement peuvent être soit intégrées localement, soit réalisées dans ses sites plus ou moins proches (France : bassin 8 de l’arsenal de Brest ; Royaume-Uni : chantiers de Devonport dans le sud des îles Britanniques).
Document 11. Les moyens d’action concourant à la dissuasion nucléaire françaiseSource : CESM, revue Études marines, oct. 2016, p. 48. |
Comme l’illustre le schéma ci-dessus, la mise en œuvre d’un SNLE mobilise de nombreux moyens d’action concourant à sa sécurité qui construisent au total un système défensif de premier plan qui font de ces bases les endroits géographiquement les mieux protégés au monde. Dans le système brestois, la base de l’Île longue a été décidée par le Général de Gaulle en 1965 et est devenue opérationnelle en 1971 pour assurer la mise en œuvre du Redoutable qui commence sa première patrouille en janvier 1972. De petite taille (2 km de long et 500 m large, 150 ha), elle assure l’accueil, le soutien, la maintenance et la préparation des SNLE en mobilisant de nombreux moyens (ingénieurs, ouvriers, marins, marins pompiers, commandos Marine, gendarmerie maritime…). Mais elle mobilise aussi de nombreux sites et équipements stratégiques à Brest avec par exemple la présence du Centre Opérationnel des Forces sous-marines (Centops FSM) qui sont commandées par un amiral, l’Alfost. Dans la presqu’île de Crozon et au delà se trouvent de nombreuses installations complémentaires (base aérienne de Lanvéoc-Poulmic, CTM…)
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Enfin, par l’importance des emplois directs et indirects, le logement et la consommation des familles, les salaires versés, les achats aux fournisseurs et les investissements réalisés, les bases sous-marines de SNLE sont des acteurs majeurs du dynamisme des économies locales ou régionales dans lesquelles elles sont insérées. Ces logiques de transferts dépendent directement des stratégies définies à l’échelle nationale et des moyens financiers affectés à leur fonctionnement par les centres (d’où une grave crise à Mourmansk ou Petropavlovsk lors de l’implosion de l’URSS). L’existence de ces « villes ou régions d’État » participe à leur manière aux politiques d’aménagement des territoires en valorisant des espaces littoraux souvent en positions périphériques ou ultra-périphériques.
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Conclusion
La rapide analyse des forces sous-marines révèle les enjeux d’un monde maritimisé, dans lequel les mers et les océans peuvent être perçus comme un océan global, autour duquel les différentes parties du monde se lient en une seule humanité. Dans ce monde, la sécurité est une affaire collective dans laquelle la dissuasion nucléaire joue un rôle majeur.
Cet océan mondial aux enjeux géostratégiques accrus est l’espace où s’opèrent de profonds bouleversements, sous l’effet des rivalités de puissance. La géographie apporte des clés indispensables à leur compréhension, parce qu’elle convoque le raisonnement multiscalaire, comme outil intellectuel pour saisir l’expression de nouvelles recompositions géopolitiques et mettre à jour leurs enjeux. L’éventualité d’un cycle de réarmement invite à mesurer le rôle géopolitique acquis très récemment par la Chine, la prédominance toujours affirmée des États-Unis, et des rapports de puissance qui oscillent entre dualité et multipolarité. Les patrouilles sous-marines tiennent compte des passages stratégiques et des points de tension géopolitique, comme les rivages chinois, où s’entremêlent les enjeux locaux, régionaux, nationaux et mondiaux. La localisation et le rôle des bases sous-marines doivent être compris avec cette grille de lecture, en référence à la fois à l’environnement proche dans lequel les bases s’insèrent, mais également aux échelles des façades et des grandes aires océaniques sur lesquelles elles s’ouvrent et enfin aux nouveaux équilibres mondiaux et à l’importance stratégique désormais majeure du Pacifique.
Bibliographie
Sur Géoimage du Centre National d’Études Spatiales (CNES), notre partenaire
Le site Géoimage met en ligne des dossiers sur l’ensemble des grandes bases sous-marines nucléaires stratégiques (États-Unis, R. Uni, France, Russie, Chine).
- États-Unis - Kitsap-Bangor : la plus grande base sous-marine nucléaire stratégique au monde
- États-Unis - Kings Bay : la grande base sous-marine nucléaire stratégique de l’Atlantique
- Royaume-Uni - Faslane : la base navale sous-marine écossaise au rôle géostratégique
- Bretagne - Brest : une agglomération aux fonctions militaires stratégiques à la reconquête de son identité urbaine et maritime
- Russie - Mourmansk, capitale arctique et port militaire stratégique
- Russie - Petropavlovsk : la base navale du Kamtchatka au rôle géostratégique dans l’océan Nord-Pacifique
- Chine - Hainan : les bases navales de Yulin et Yalong, projection de puissance et conflits frontaliers en Mer de Chine méridionale
Le site Géoimage du CNES offre aussi de nombreuses ressources sur les enjeux géopolitiques et géostratégiques des mers et océans : grands points de passage et de contrôle (axes, détroits, canaux comme Gibraltar, Suez, Panama, Bad el-Mendeb, Ormuz…) et les grandes bases navales (Cherbourg, San Diégo, Guantanamo, Guam, Hawaï, Diego Garcia, Kaliningrad, Djibouti, Abou Dabi..).
États-Unis
- The Trump Administration’s Nuclear Posture Review (NPR),
- Office of the US Secretary of Defense : Nuclear Posture Review (NPR), february 2018.
- United States Navy. Fleet Ballistic Missile Submarines. Fiche de présentation de janvier 2019.
- Hans M. Kristensen & Matt Korda : “Chinese nuclear forces, 2019”, Bulletin of the Atomic Scientists, 75:4, 171-178.
France
Sites institutionnels et ressources officielles
- République française : Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017.
- Ministère français de la Défense. Présentation du concept de dissuasion.
- SIRPA Marine : présentation des forces sous-marines et de la force océanique stratégique
- Magazine Top La Vue publié par la Force Océanique Stratégique française, en ligne sur le site de l’AGASM : https://www.agasm.fr/toplavue/
- Site du Centre d’Etudes Stratégiques de la Marine : Cesm.marine.defense.gouv.fr
- Centre d’Études Stratégiques de la Marine : « Stratégie », collection Études marines, n°17, janvier 2020. Belles études de synthèse des grandes marines avec cartes.
- Maître Emmanuelle (2020) : « Où en est la composante océanique indienne ? », Observatoire de la dissuasion de la Fondation pour la Recherche Stratégique, bulletin n° 72, janvier 2020.
- Masson Helène et Delory Stéphane : « Impact économique de la filière industrielle composante océanique de la dissuasion », revue Défense et Industrie, Fondation de la Recherche Stratégique, n°9, avril 2017, Paris. Un état des lieux de l’impact industriel, technologique et géographique de la filière, avec cartes.
Ouvrages et articles
- Bonnet Francois-Xavier (2020) : « Cartographie des voies sous-marines en Asie du Sud-Est », Revue Hérodote, n°176, 1er trimestre 2020.
- Dupont François (2019) : Du Terrible au Triomphant, La vie secrète des sous-marins, Autrement, Paris. Un livre témoignage d’un amiral, commandant de SNA puis de SNLE.
- Moore Robert (2018) : Sauver le Kursk, Edition de l’Archipel, Paris. Un journaliste britannique analyse les efforts russes pour sauver leur nouveau SNLE qui fit naufrage en Mer de Barents par 110 m de fond en août 2000 à la suite de l’explosion d’une torpille.
- Tertrais Bruno (2019) : Atlas militaire et géostratégique, Autrement, Paris.
- Wodka-Gallien Philippe (2019) : La dissuasion nucléaire française en action. Dictionnaire d’un récit national, Decoopman Éditions, Saint-Laurent-le-Minier (30440).
Cinéma
- Le Chant du Loup, par Antonin Baudry (réalisateur) : le film met en scène de manière assez réaliste l’univers clos d’un SNLE français de la FOST en patrouille lors d’une crise.
Catherine BIAGGI
Géographe, inspectrice générale de l’IGESR, auditrice à l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale (IHEDN)
Laurent CARROUÉ
Géographe, inspecteur général de l’IGESR, directeur de recherche à l’Institut Français de Géopolitique (IFG) de l’université Paris VIII.
Mise en web : Jean-Benoît Bouron
Pour citer cet article :Catherine Biaggi et Laurent Carroué, « Affirmer sa puissance : forces sous-marines et dissuasion nucléaire, enjeux géographiques et géostratégiques », Géoconfluences, septembre 2020 (mise à jour en septembre 2021). |
Pour citer cet article :
Catherine Biaggi et Laurent Carroué, « Affirmer sa puissance : forces sous-marines et dissuasion nucléaire, enjeux géographiques et géostratégiques », Géoconfluences, septembre 2020, dernière mise à jour en septembre 2023.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/articles-scientifiques/puissance-sous-marins-nucleaires
Pour citer cet article :
Catherine Biaggi et Laurent Carroué, « Affirmer sa puissance : forces sous-marines et dissuasion nucléaire, enjeux géographiques et géostratégiques », Géoconfluences, septembre 2023.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/articles-scientifiques/puissance-sous-marins-nucleaires