Conduite, pipeline (gazoduc, oléoduc, aqueduc...)
Serge Bourgeat, agrégé et docteur en géographie
Catherine Bras, professeure agrégée de géographie - académie de Grenoble
Jean-Benoît Bouron, agrégé de géographie, responsable éditorial de Géoconfluences - DGESCO, ENS de Lyon.
Une conduite (pipeline en anglais) est un ouvrage destiné à transporter sur de très longues distances des liquides ou matières gazeuses sous pression : hydrocarbures comme les gazoducs (pour le gaz) et les oléoducs (pour le pétrole), eau dans le cas des aqueducs. Il s'agit donc d'axes de transport monofonctionnels de biens matériels.
Comme pour l'ensemble des opérations d’extraction, la construction et l'entretien des gazoducs et des oléoducs perturbent souvent des paysages et des milieux sensibles. Une large voie, la « piste de pose », est dégagée à travers forêts, zones humides ou écosystèmes fragiles (toundras arctiques…), ce qui augmente l'emprise au sol de l'ouvrage. L'hydrographie des lieux est perturbée. En montagne, les conduites forcées acheminent l’eau jusqu’aux turbines produisant de l’hydro-électricité ou servent à alimenter la production de neige artificielle.
La maintenance des oléoducs et des gazoducs, l'entretien des stations de compression et de pompage qui en jalonnent le parcours, exigent aussi la réalisation de routes d’accès qui réduisent ou fragmentent davantage les habitats naturels. Dans certains cas, ces travaux sont confiés à des populations autochtones, ce qui les confronte à la pollution mais peut aussi faciliter leur acceptation des industries extractives, en raison des emplois qu’elles génèrent (Buu-Sao, 2023).
Lorsqu’elles transportent des matières polluantes comme du pétrole, les conduites comportent des risques d'accident technologique : ruptures, voire explosions, suivies de fuites plus ou moins graves et maîtrisables. Mais en dehors des accidents, des fuites peuvent se produire sans être décelées et empoisonner progressivement les milieux.
(ST), 2007, dernière modification (SB, CB, JBB) septembre 2025.
Référence citée
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Buu-Sao Doris (2023), Le capitalisme au village. Pétrole, État et luttes environnementales en Amazonie. CNRS éditions. Lire aussi le compte-rendu d’une conférence de l’autrice sur La Clé des Langues – espagnol (en français).
Pour compléter avec Géoconfluences
- Jacques Guillaume, « Sous pression de la géopolitique de l’énergie, la Norvège, tiraillée entre ses intérêts et ses convictions », Géoconfluences, mai 2024.
- Stéphane Héritier, « Protéger un animal pour protéger un territoire : l'ours kermode, animal phare de la protection de l’environnement en Colombie britannique », Géoconfluences, avril 2019.
- Julien Vercueil, « Politique et géopolitique du pétrole russe », Géoconfluences, janvier 2005.
- Julien Vercueil, « Les hydrocarbures en Russie, entre promesses et blocages », Géoconfluences, février 2005.







