La frontière États-Unis–Mexique, entre réalité et représentations
Un article mis en ligne en novembre 2017 aborde cette frontière sous l'angle de ceux qui l'ont traversée malgré les contrôles, en renouvelant les études migratoires sur cette région :
- Anna Perraudin, « Garder ses distances. (Dés)activation des réseaux communautaires et territoires migratoires, entre Mexique et États-Unis », Espace populations sociétés [En ligne], 2017-2 | 2017, mis en ligne le 30 novembre 2017.
On peut compléter avec deux articles plus anciens :
- Marie L. Mallet, « La frontière comme symbole de puissance ou de faiblesse ? », Hommes et migrations, 1304 | 2013, 85–92.
Marie Mallet rappelle que la frontière américano-mexicaine joue un rôle symbolique important : aux États-Unis comme rempart contre une population perçue comme différente, au Mexique comme un obstacle dans la recherche d'une vie meilleure. L'auteure rappelle que la militarisation de la frontière a un coût élevé, en moyens humains avec le nombre de gardes-frontières nécessaires, mais surtout en vies humaines. Le renforcement de la frontière a entraîné un renchérissement du prix de passage, une criminalisation des réseaux de passeurs, et une plus grande mortalité parmi les migrants clandestins. En outre, l'auteure montre les effets pervers de la frontière : les migrants qui parviennent à rentrer sont enfermés aux États-Unis. Ne pouvant pas circuler entre les deux pays, ils préfèrent tenter de faire venir leurs proches plutôt que de risquer un retour. D'autant que les risques encourus incitent les migrants à embellir leur situation auprès de leurs proches restés au pays, pour justifier leur choix, ce qui a un effet incitatif.
- Emmanuelle Le Texier, « Mexique/États-Unis: de la frontière intelligente au mur intérieur », Politique étrangère, 2010/4 (Hiver), p. 757–766.
L'auteure rappelle l'impossibilité de penser la frontière en d'autres termes que sous l'angle sécuritaire, et ce des deux côtés de la frontière. Pourtant, si la frontière est une barrière dans les mobilités humaines, elle est une interface pour les échanges économiques, au centre d'un commerce bilatéral d'une valeur de 320 milliards de dollars en 2009. Les insistances pour renforcer la barrière physique, incarnées dans l'orientation de la présidence actuelle, trouvent leur origine dans un discours auto-alimenté sur la criminalité supposée imputée aux migrants d'origine latino-américaine. Ces discours xénophobes font l'objet d'une forte opposition de nombreux acteurs qui expriment leur désaccord avec les milieux ultraconservateurs.
Faire le point en vidéo : Le point géographique de Thibaut Sardier sur le mur à la frontière mexico-étatsunienne, novembre 2016. (voir sur Youtube)
Aller plus loin en audio : Emmanuelle Perez Tisserant, États-Unis et Mexique : une frontière cruelle, dans Concordance des temps, France Culture, 18 novembre 2017 (59 min)
En voir plus en photos : Forget the fence: these are the real markers of the US-Mexico border – in pictures. The Guardian. Des photographies de David Taylor montrant la variété des séparations frontalières, de la simple borne au mur en passant par la palissade, la grille, le grillage...
Faire le lien avec les SVT : Un article paru en mai 2017 dans Bioscience affirme que le mur est une barrière pour la biodiversité. La coupure qu'il introduit pour la circulation de certaines espèces perturbe les écosystèmes. C'est même le cas pour certaines espèces d'oiseaux, notamment celles qui ne volent pas très haut comme une espèce vernaculaire de hibou. Source : Lesley Evans Ogden, "Border Walls and Biodiversity: New barriers, new horizons", BioScience, volume 67, issue 6, 1 June 2017, pages 498–505.
Un mur coupe en deux les villes jumelles de Nogales, Arizona (États-Unis) et Nogales, Sonora (Mexique) depuis le milieu des années 1990. Ces photographies ont été prises côté états-unien, aux abords de l'entrée piétonne vers le Mexique. Cliché : Anne-Lise Boyer, 19 décembre 2015. Libre de droits pour l'usage pédagogique dans la classe. (Voir aussi de la même auteure : Anne-Lise Boyer, « Green Valley, Arizona : vivre vieux et heureux au pied d’une mine à ciel ouvert », Image à la une de Géoconfluences, décembre 2016.) |
La barrière frontalière à proximité d'El Paso, en août 2017. Photographie du Congrès des États-Unis, libre de droits. |
Pour compléter avec Géoconfluences
- Le dossier consacré aux frontières : La frontière, discontinuités et dynamiques (2008–2012) | Glossaire du dossier (42 entrées)
- Le dossier consacré aux États-Unis : États-Unis : espaces de la puissance, espaces en crises (2015–2016) | Glossaire du dossier (66 entrées)