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La Chine entre espaces domestiques et espace mondial

Contrastes territoriaux en Chine continentale

Publié le 21/09/2006
Auteur(s) : Sylviane Tabarly, professeure agrégée de géographie, responsable éditoriale de Géoconfluences de 2002 à 2012 - Dgesco et École normale supérieure de Lyon

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NB. Le contenu de cet article est obsolète. Il donne des informations disponibles au moment de sa publication en 2006.

>>> Pour des informations plus à jour, lire Thierry Sanjuan, « La fin des trois Chine ? », Géoconfluences, février 2016.

 

Le maillage administratif de la Chine (RPC)

La Chine est officiellement constituée de trois niveaux administratifs emboîtés : provincial, districal et cantonal. Dans les faits, c'est plus complexe : il existe également un niveau préfectoral, situé juste sous le niveau provincial, et un niveau communal, placé sous la juridiction des cantons.

  • Au niveau supérieur, les "provinces", au nombre de 22 (la RPC en revendique une 23e : Taiwan), les "régions autonomes", au nombre de 5, les "municipalités spéciales", au nombre de 4 (Pékin, Shanghai, Chongqing et Tianjin), et 2 régions administratives spéciales (Hongkong et Macao). C'est ce niveau supérieur du maillage qui est pris en compte pour les cartes choroplèthes ci-dessous.
  • Le niveau préfectoral regroupe majoritairement des villes-préfectures (283), composées en général d'un centre urbain et d'une banlieue rurale, des préfectures (17) situées dans les régions du Xinjiang et du Tibet et des préfectures-autonomes (30), identifiant des minorités ethniques et bénéficiant d'une autonomie supérieure aux autres préfectures.
  • On trouve ensuite les départements autonomes, les districts (ou "bannière"), les districts autonomes.
  • Puis les cantons, les cantons ethniques et les bourgs. Le canton est réapparu au début des années 1980 en remplacement des communes populaires, il est doté d'un gouvernement cantonal. Caractéristique du monde rural, il fait le lien entre l'agriculure et l'activité urbaine des bourgs.
  • Enfin l'unité administrative du "village" regroupe villages, hameaux et marchés ruraux. Sa représentation est assurée par des "comités de villageois" selon la législation de 1987.

 

Aspects démographiques, santé et éducation

Le 5e recensement général de la population chinoise a été réalisé en 2000. La Chine comptait alors une population de 1 266 millions d'habitants (non comprises les Régions administratives spéciales). Par comparaison avec les données du recensement précédent de 1990, le nombre d'habitants a augmenté de 132,15 millions d'habitants, soit un accroissement de 11,66% en 10 ans.

Avec 1,7 enfant par femme en moyenne, la Chine se situe au même niveau que les pays industrialisés et ce taux est sensiblement inférieur à celui nécessaire au renouvellement des générations. Aussi, la plupart des démographes prévoient une diminution de la population à partir de 2030-2040 entraînant un vieillissement inéluctable. L'espérance de vie est en moyenne de 72 ans, dont 73,7 pour les femmes (107e rang mondial) et 70,4 pour les hommes (78e rang mondial).

Densité de population (2003)

La population des 65 ans et plus (2003)

Espérance de vie en 1990

Espérance de vie en 2000

La durée de scolarité des plus de 15 ans était de 8,3 années en 2004 atteignant ainsi le niveau moyen des pays à revenus intermédiaires. Le niveau d'instruction des classes ouvrières s'est amélioré, passant de l'école primaire au collège. Cependant, l'abandon des études est un problème encore non résolu en Chine, notamment dans les régions rurales où le taux moyen de déscolarisation dans les  lycées est de 43% et peut même parfois atteindre 74%. Sur un total de plus de 180 millions d'élèves dans le primaire et le secondaire de 1er cycle, plus de 2,3 millions d'élèves arrêtent leurs études avant la fin des neuf années d'enseignement obligatoire. Le taux d'illettrisme des jeunes et adultes dans le pays est passé sous la barre des 4% en 2004 et le nombre d'illettrés a diminué de 8,03 millions entre 2001 et 2004, soit environ 2 millions par an.

D'après un document de l'Ambassade de France en Chine : www.ambafrance-cn.org

L'illettrisme (2003)

 

Création de richesses, revenus et activités

PIB par habitant (2003)

Valeur ajoutée du secteur industriel (2003)

Parts régionales du produit fiscal total (2003)

Toutes sources fiscales confondues

Évolution du revenu rural annuel moyen par habitant

Classement par ordre alphabétique

Répartition sectorielle des actifs (2003)

Recherche & développement (2004)

La politique nationale de la science et de la technologie a été promue objectif prioritaire mais, plus qu'une politique d'innovation, on assiste à une prolifération d'initiatives locales très fortement liées aux entreprises et la réalisation de cette politique dépend essentiellement des gouvernements locaux. Ainsi, chaque province (sheng), voire chaque municipalité (shi) et chaque bourg (zhen) adopte des mesures en accord avec cet impératif général mais dans des proportions et selon des modalités très différentes. Il en résulte un grand éparpillement des initiatives en même temps qu'une adaptation au terrain et un pragmatisme des mesures mises en place. Il faut aussi relever que politique industrielle et politique scientifique et technologique relèvent de compétences différentes dans la structure administrative de l'État chinois, de ministères concurrents. Ainsi, par exemple, dans la province du Guangdong, deux départements, celui de l'industrie et du commerce d'un côté, et celui de la science et technologie de l'autre, se sont retrouvés en "compétition" pour la mise en place de centres d'innovation et de secteurs industriels localisés (clusters industriels).

Dès le début des années 1980 on avait assisté en Chine à la création de parcs technologiques, incubateurs scientifiques, zones de développement technologique. On en dénombrait 85 en 2004, plus 58 parcs scientifiques universitaires de plus petite taille. La politique des Zones économiques spéciales s'est aussi traduite par la création de cinq grandes zones d'ampleur régionale dont la plus ancienne et la plus célèbre est la zone de Shenzhen créée en 1980. L'effet de ces zones sur l'espace économique est réel, faisant se succéder les zones industrielles sur la côte de la mer de Chine, depuis Dalian au nord jusque Zhanjiang au sud. Aujourd'hui le gouvernement chinois cherche à  rééquilibrer l'espace économique vers l'intérieur.

Parallèlement aux zones économiques, dont la clientèle était avant tout l'investisseur étranger, le gouvernement chinois a promu des zones de développement économique et technologique. Ces jinji jishu kaifa sont physiquement très variées en taille : il peut s'agir d'un quartier urbain de taille réduite (quelques immeubles, notamment quand l'industrie est le software) ou de très vastes espaces géographiques, comme la zone de développement de Guangzhou qui occupe pratiquement tout l'est de la zone urbaine de la municipalité.

D'après : Rigas Arvanitis, "La politique d'innovation en Chine, un essai d'interprétation", Institut de Recherche pour le développement (IRD, Savoirs & Développement), note publiée par l'Antenne expérimentale franco-chinoise de sciences humaines et sociales à Pékin -www.ur105.ird.fr/article.php3?id_article=51

 

Échanges, infrastructures et aménagement du territoire

Part régionale du total des exportations de la Chine (valeur, 2003)

Part régionale du total des importations en Chine (valeur, 2003)

Évolution du volume de fret portuaire : 1990 et 2003

Système national d'autoroutes (National Trunk Highway System / NTHS)

La Chine construit des voies rapides à un rythme soutenu et un réseau complet est conçu à l'échelle nationale. Ainsi, 24 000 km de voies nouvelles ont été programmées pour la période 2001 - 2005 (4 800 km par an), soit l'équivalent des réseaux canadiens et allemands cumulés. La longueur totale des voies rapides en Chine était de 41 000 km fin 2005, ce qui la mettait à la seconde place mondiale derrière les Etats-Unis (90 000 km en 2005). Alors qu'en 1988 la Chine n'avait pas un seul km de voie rapide, il est prévu qu'il y en ait 65 000 km en 2010. Dans les provinces côtières les populations devraient pouvoir atteindre des bonnes routes (pas toujours des voies rapides) en moins d'1/2 heure depuis leur domicile. En Chine centrale ce serait 1 heure et 2 heures dans les régions occidentales.

Le système national d'autoroutes interprovinciales (National Trunk Highway System / NTHS ou réseau 7918) est un système d'autoroutes comparable au système des highways des Etats-Unis, destiné à desservir un milliard d'habitants. Le réseau planifié est constitué de sept principaux axes rayonnant à partir de Pékin, de 9 axes complémentaires selon une direction nord - sud et de 18 autres selon une direction est - ouest : d'où le nom de "7918 network" . Les radiants principaux sont les suivants : Beijing – Shanghai (Jinghu Expressway) ; Beijing – Taipei (Jingtai Expressway) car le pouvoir chinois envisage la continuité vers la "23e province" ; Beijing – HongKong – Macao (Jingzhu Expressway) ; Beijing – Kunming (Jingkun Expressway) ; Beijing - Lhasa ; Beijing – Urumqi ; Beijing – Harbin (Jingha Expressway). Ainsi que les ramifications suivantes : Jinggang'ao Expressway, Jingla Expressway and Jingwu Expressway. Un tel réseau rayonnant à partir du centre du pouvoir politique peut traduire le souci de contrôler l'ensemble du territoire.

Le lourd financement des travaux doit être assuré par des taxes sur l'achat des véhicules, des impôts locaux, l'État et l'investissement privé de l'étranger. L'exploitation de presque toutes les routes du réseau "7918" doit être confiée à des entreprises privées qui se rémunèreront par le biais de péages. L'idée d'imposer une taxe sur l'essence pour financer la construction des autoroutes à péage n'a pas été retenue.

D'après les sources suivantes : officielle du National Trunk Highway System (NTHS ou réseau "7918") :

 

La base correspondante avec données et graphiques complémentaires : à télécharger en .xls


Mise en page web et documentation : Sylviane Tabarly,

Cartes et graphiques conçus et réalisés par Hervé Parmentier

Première mise en ligne de la page : 20/09/2006

Mise à jour :   21-09-2006

Pour citer cet article :  

Sylviane Tabarly, « Contrastes territoriaux en Chine continentale », Géoconfluences, septembre 2006.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/etpays/Chine/ChineDoc3.htm