Paysages des "Terres virtuelles" : le rêve d'Icare à domicile
NB. Le contenu de cet article donne des informations disponibles au moment de sa publication en 2007.
C'est une vieille histoire et un vieux rêve. Icare, ce jeune dieu grec fougueux, en sait quelque chose. Pour avoir cru possible de voler et s'être trop rapproché du soleil, cet imprévoyant a payé de sa vie son défi. On ne survolait pas impunément l'univers en ces temps immémoriaux. Le poète Pétrarque (1304-1374) n'avait-il pas eu l'impression de franchir une frontière invisible en gravissant le mont Ventoux et de pénétrer un monde inconnu, abandonné des hommes...
Aujourd'hui, des centaines de millions d'êtres humains survolent la Terre chaque année. Et découvrent ou redécouvrent le plaisir de surplomber en avion leur Terre, la beauté et la grandeur des paysages du Nord et du Sud. C'est devenu un besoin. S'échapper par le haut. Quel que soit le point de vue. Les uns dorment dans les arbres ; les autres s'aventurent sur le viaduc de Millau ; d'autres encore grimpent sur le Toit du monde dans l'ébriété d'un air quasi inviolé.
Le survol est désormais à la portée de tous. Un vol gratuit, disponible à domicile. Un clic sur Internet, et vous voilà dans les airs. Pionnier en la matière, Google Earth a révolutionné les perspectives. (...) Cette fois, c'est l'Institut géographique national (IGN) qui propose à chacun de s'envoler au-dessus de la France et de zoomer à volonté sur les lieux qui lui sont le plus chers grâce au site Géoportail. (...) Comme si la France tout entière n'attendait que cela : se regarder, se contempler, s'admirer en son beau miroir.
(...) Interrogeons-nous [plutôt] sur les raisons de ce formidable succès, comme sur le sacre planétaire du photographe Yann Arthus-Bertrand avec ses clichés pris du ciel et cette course au stockage d'impressions neuves. On aime survoler la Terre et la maison de son enfance dans un grand écart savant, on adore planer au-dessus de sa ville, on se surprend à jubiler en passant en rase-mottes au-dessus de sa rue. Une manière de se réapproprier le monde, de se rassurer en visionnant sous un angle inattendu des paysages familiers. Loin de la grande Histoire, on raffole de ces lieux de notre mémoire personnelle. Ce n'est plus une mode, mais un droit ! (...).
"Le ciel et la Terre à domicile", extraits - Laurent Greilsamer, Le Monde quotidien, 4 juillet 2006
Ces extraits de l'article de Laurent Greilsamer expriment avec force ce qui contribue largement à l'attractivité, voire à la fascination, qu'exercent ces images, bien au-delà de leurs seuls intérêts et usages scientifiques et pédagogiques.
Zoom sur les paysages urbains, l'exemple du Grand Lyon
Les deux vues ci-dessous ont été réalisées à partir de Google Earth (Digital Globe). Pour télécharger et installer la version gratuite de Google Earth : http://earth.google.fr. Les coordonnées géographiques sont données en degrés décimaux (degrés, minutes, secondes puis en centièmes) dans le système géodésique WGS84 (ellipsoïde IAG GRS 80).
Si vous ne pouvez disposer de ce logiciel il est possible d'utiliser les coordonnées indiquées pour retrouver ces lieux à partir de Google Maps : http://maps.google.fr/maps. Il suffit alors de copier coller ces coordonnées dans leur forme ci-dessous (par exemple 43°13'16.67"N, 2°16'47.00"E) dans la barre de "recherche d'adresses". On peut alors choisir de consulter l'image satellite, le plan ou une forme mixte. Le format de restitution est différent de celui obtenu avec Google Earth.
(cliquer pour agrandir les images miniatures)
Le Parc de la Tête d'Or à Lyon
Les commandes de navigation
sur Google Earth
Les angles de vue peuvent être obliques (restitutions 3D). Dans ce cas, le survol de l'espace urbain permet de repérer le corridor vert en rive gauche du Rhône, les grands parcs du Grand Lyon (la Tête d'Or, repère 1, et, au-delà en direction du Nord-Est, le parc de Miribel-Jonage). En direction de la périphérie urbaine, des espaces agricoles désormais enclavés au sein de l'agglomération.
Pour un accès direct sur l'image, cliquer sur le petit globe (fichier .kmz) après avoir préalablement installé le logiciel Google Earth ou utiliser les coordonnées géographiques indiquées : 45°46'51.26"N et 4°51'13.37"E
Le pilotage des images Google Earth, d'après l'exemple de l'image ci-contre :
- barre supérieure : Curseur d'inclinaison pour incliner l'image et obtenir une vue latérale (vues obliques et restitution 3D) ; pour l'accès à la restitution 3D, cocher l'option "relief" dans la fenêtre de sélection ("infos pratiques", voir ci-dessous) ;
- barre latérale : curseur de zoom avant et arrière ;
- compas d'orientation cardinale de l'image
- au centre, un joystick pour évoluer dans l'image et déplacer le point central de la vue.
Pour les territoires français le Géoportail de l'IGN www.geoportail.fr donne un autre cadrage et d'autres possibilités. Utiliser la "recherche avancée" (> aller sur un point) mais certaines fonctionnalitées proposées sur Google Earth ne sont pas (ou pas encore) disponibles et les coordonnées doivent être entrées de manière séquentielle, ce qui est plus long à réaliser. Par contre, le Géoportail permet de disposer de la superposition cartographique avec les fonds topographiques de l'IGN.
Les dessous des images Google Earth
Il est inexact de dire, comme on peut parfois l'entendre, qu'on ne sait rien de la façon dont sont réalisées les images Google Earth. Il s'agit de mosaïques d'images optiques à très haute résolution (dégradées pour les versions gratuites) fournies par Digital Globe. Les images sont précisément datées ce qui permet de connaître le degré d'actualité de la mosaïque.
Les informations disponibles sur les images
sources des mosaïques Google Earth
À gauche de l'écran, la fenêtre de sélection "infos pratiques" :
l'item Digital Globe doit être sélectionné
D'autres ressources autour des usages et applications des "Terres virtuelles"
- Sylvain Genevois, NASA Worldwind, Google Earth, Géoportail à l'école : un monde à portée de clic ? :
- L'Observatoire des pratiques géomatiques de l'INRP
Repères et localisations spatiales
Différents types de documents peuvent être associés pour faire varier les regards, les points de vue et pour entraîner les capacités de repérages dans l'espace. Par exemple : images satellites de différentes sources, mosaïques, orthophotographies, photographies obliques, points de vue de webcam, cartes topographiques, etc. L'élève pourra tracer l'angle de vue, repérer les éléments caractéristiques du paysage, les identifier, les nommer éventuellement. L'exercice est particulièrement intéressant pour l'apprentissage de la situation dans l'espace, du passage de la vision paysagère au plan, etc.
Travail dynamique sur les représentations mentales, le rapport au "beau" et au "pittoresque"
À partir de photographies paysagères, faire émerger les sensibilités des élèves : que trouvent-ils "beau" ? laid ? pourquoi ?
Des catalogues des voyagistes et autres tours-opérateurs aux émissions télévisées (Ushuaia, Thalassa, etc.) en passant par les expositions et ouvrages de Yann-Arthus Bertrand, les paysages virtuels de Google Earth et du Géoportail, la sensibilisation au paysage passe par de multiples canaux et médias hors de l'école. Sur quels affects reposent-ils ? Quelles interprétations et acquisitions de connaissances induisent-ils ?
Propositions, sélection documentaire, mise en page web : Sylviane Tabarly
Mise à jour : 28-04-2007
Pour citer cet article :
« Paysages des "Terres virtuelles" : le rêve d'Icare à domicile », Géoconfluences, avril 2007.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/paysage/PaysageFaire2.htm