Adivasi
En Inde, on appelle "Adivasi" ou "tribales" ou "aborigènes" ou encore "autochtones", des communautés aux contours difficiles à définir. En effet, il n'existe pas un seul critère spécifique pour définir les tribaux. Si certaines communautés tribales peuvent revendiquer leur caractère aborigène, d'autres ont migré plus récemment à travers l'Inde ou en provenance de régions voisines. Des tribus hindouistes pastorales du Rajasthan aux élites tribales christianisées et diplômées du Nord-Est de l'Inde, la catégorie tribale masque des réalités religieuses, sociales et économiques très variées et une forte fragmentation de ces communautés.
Le territoire est au cœur de la reconnaissance de l'identité tribale et de la place de ces minorités dans la société indienne.
La catégorie des "tribaux" apparaît dans les recensements de la population menés par les Britanniques au XIXe siècle. L'invention des tribaux comme groupe répondait à des objectifs contradictoires de protection de communautés perçues comme primitives par leur mode de vie et leurs traditions, mais aussi d'exploitation de leurs territoires riches en ressources naturelles (forêts, mines). La catégorie tribale devient le dénominateur commun des communautés, qui ne sont ni musulmanes, ni hindoues et sont donc exclues du système de caste. Suite à l'Imperial Act de 1935 et son application en 1936, une liste des « tribus primitives » ainsi que des zones d'exclusion pour les non-tribaux sont établies.
À la décolonisation, la nouvelle Constitution indienne de 1950 donne naissance à une Liste des Tribus Répertoriées (Scheduled Tribes) et une Liste des Zones Répertoriées (Scheduled Areas) qui s'appuient sur les critères définis par l'administration coloniale en 1935-36. La définition d'une tribu répertoriée répond alors à des critères variés et non-exclusifs où se mêlent caractéristiques géographiques (isolement), socio-économiques (agriculture primitive), et culturelles (langue, religion, traditions). En 1976, les Zones Répertoriées ont été abandonnées comme critère de sélection, car de nombreux tribaux vivaient en dehors de celles-ci. Il reste la liste des Tribus Répertoriées devenue au fil du temps un enjeu majeur de mobilisation politique par les avantages qu'elle offre dans le cadre d'un programme de discrimination positive, qui cible aussi les ex-intouchables (Scheduled Castes).
Le nombre de tribus répertoriées par le recensement est ainsi passé de 664 à 705 entre 2001 et 2011. Selon le dernier recensement national de 2011, les tribaux répertoriés rassemblent plus de 104 millions de personnes, soit 8,6 % de la population indienne, (Census of India, 2011).
Au Népal, il est d'usage d'utiliser le terme "groupe ethnique" (en népali janajati), tant parmi les anthropologues qu'au sein de la population et de l'administration.
(MCD) 2015.
Pour compléter
- Bertrand Lefebvre, « Les minorités tribales dans les territoires de l'Union indienne », 2015.