Agentivité
L’agentivité est un néologisme forgé à partir de l’anglais « agency » qui désigne la capacité des individus (plus rarement des groupes sociaux) à être maîtres, ou en tout cas agents, de leur existence (ou, selon le contexte de leurs apprentissages, de leur réussite économique, etc.). « Au sens large, l’agency désigne la capacité de l’être humain à agir de façon intentionnelle sur lui-même, sur les autres et sur son environnement. Ce dernier est alors nommé « agent » au sens anglophone du terme, c’est-à-dire quelqu’un d’autonome, capable de définir ses propres choix et de les réaliser de manière consciente et rationnelle en leur affectant efficacement des moyens pour une finalité » (Jézégou, 2022).
L’agentivité a été promue à partir des années 1980 dans les cercles du développement et de la coopération internationale, sous l’impulsion des grandes institutions (ONU) et organismes financeurs (FMI, Banque mondiale), en réponse aux limites d’un développement fondé sur l’aide exogène, distributive et saupoudrée.
L’attention portée à l’agentivité devient l’un des piliers d’une nouvelle approche du développement, dans laquelle les individus et les communautés (village, caste, tribu, corps de métier, etc.), sont acteurs des projets dans lesquels ils sont impliqués. L’essor du microcrédit en est un exemple. Cela a pu permettre de mettre en place des projets pérennes, alors que l’aide financière distribuée peut s’évaporer rapidement. Surtout, l’agentivité est un concept particulièrement adapté à une vision néolibérale du développement, et plus généralement des rapports sociaux, en phase avec le tournant idéologique emprunté de façon revendiquée par les institutions internationales.
Annie Jézégou (2022) souligne la facette négative du paradigme de l’agentivité :
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(JBB), février 2024.
Référence citée
- Jézégou, Annie. « Agentivité », Anne Jorro éd., Dictionnaire des concepts de la professionnalisation. De Boeck Supérieur, 2022, p. 41–44.