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Classement de Shanghai

Publié le 25/04/2025
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Le classement mondial des universités par l’université Jiao Tong de Shanghai, (parfois mal traduit par classement « académique » des universités, ce qui est un anglicisme), plus communément appelé classement de Shanghai, est un classement qualitatif des établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans le monde apparu dans les années 2000 (Delage et al., 2023, p. 37). L’université de Shanghai elle-même est à la 38e place du classement (sur 1000, en 2024). Il est fondé à la fois sur des critères qualitatifs (par exemple le nombre de médailles Fields ou de prix Nobel — le prix Vautrin Lud n’apporte hélas aucun point —) et sur des critères qualitatifs : le nombre de publications et de citations.

Le classement reflète ainsi l’excellence universitaire telle qu’elle est perçue par des universitaires chinois. Les sciences exactes ou expérimentales sont valorisées par rapport aux sciences humaines et sociales : seules les publications dans les deux revues anglophones Nature et Science sont prises en compte, ce qui exclue les publications dans d’autres champs scientifiques et dans d’autres langues. L’université de Shanghai propose un classement par discipline, mais la géographie est classée avec les sciences « naturelles », et l’histoire est absente de la liste des sciences sociales. Les humanités (philosophie, linguistique, etc.) sont absentes également.

Les très gros établissements sont favorisés. Par ailleurs, le classement valorise une recherche publiant un très grand nombre d’articles, au détriment d’un travail de fond ou des autres fonctions des universités (la qualité de l’enseignement, très difficile à mesurer, n’est pas prise en compte). Les universités anglophones, principalement étatsuniennes, dominent le classement de façon écrasante : en 2024, les 12 premiers établissements sont anglo-américains, dont 10 étatsuniens, le 13e étant un établissement français, Paris-Saclay. Au classement général, 38 universités sur les 100 premières classées sont étatsuniennes, en 2024 toujours.

Ces limites majeures seraient sans gravité si le classement de Shanghai n’avait aucun effet sur les choix politiques. Mais dans un contexte de concurrence mondiale des universités pour attirer investissements et étudiants, il a des effets très concrets, à la fois sur les stratégies d’établissement et sur celles des États. En France, l’évaluation des universités sur les publications plutôt que sur la capacité à réduire les écarts sociaux entre étudiants, ainsi que les regroupements d’établissements, sont des conséquences des classements internationaux, en particulier celui de l’université Jiao Tong. Le classement contribue à renforcer les effets métropolitains : en France, les quatre universités classées en 2024 (sur 100) sont des grands établissements franciliens : Paris-Saclay (13e rang), Paris Sciences et Lettres (33e), Sorbonne Université (41e) et Paris Cité (60e). Tous ont été créés récemment à partir de regroupements et de fusions d’établissements plus petits, respectivement en 2019, 2022, 2018 et 2022.

(JBB), mars 2024, dernière modification avril 2025.


Références citées
  • Delage Aurélie, Giband David, Mary Kevin, Nafaa Nora, Géographie de l'éducation. Concepts, enjeux et territoires. Armand Colin (Dunod), 2023, 240 p.
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