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Crise (gestion de)

Publié le 31/10/2025
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Voir aussi : crise, crises.

La gestion de crise est, pour une collectivité, l’ensemble des procédures visant à atténuer les conséquences d’une crise. Elle se compose classiquement de trois étapes : « l’alerte, l'intervention coordonnée des secours et l'analyse rétrospective du déroulement et des effets des deux premières phases » (gouvernement français, 2012). La gestion de crise est donc en lien direct avec les catastrophes avérées ou potentielles.

La gestion de crise ayant d’abord pour but de se préparer à une crise, elle recoupe en cela les notions de prévision et de prévention. Mais il s’agit aussi de la mobilisation de moyens pour faire face à cette crise « et en atténuer les conséquences » (ibid.). La question de la communication est donc essentielle : les décideurs informant les citoyens, victimes ou non, des différentes mesures.

Les difficultés de la gestion de crise par Patrick Lagadec

Selon ce chercheur, directeur de recherche honoraire au CNRS, inventeur du concept de « risque technologique majeur » et spécialiste de la gestion de crise, celle-ci pose les problèmes de la relation avec les experts (élus, monde de l'entreprise) :

« Les difficultés du travail entre experts se doublent de problèmes d'interface avec les décideurs (politiques, entreprises), d'autant plus vrai que l'expert auquel on s'adresse est de culture universitaire. Tout d'abord, les experts auxquels on a recours n'ont pas toujours une habitude de la situation dans laquelle ils vont être plongés : l'urgence, des enjeux de grande envergure, une forte visibilité médiatique, un travail en relation directe avec de hauts responsables, etc. (...) Le décideur, de son côté, a tendance à rechercher des certitudes lorsqu'il sollicite l'expert. Or, la science vit de non-certitudes, et on ne saurait lui faire dire plus qu'elle ne peut dire. Quand on réunit des scientifiques, on ne recueille que des paroles non décisionnelles. Ce ne seront que des avis multiples, chacun sur un aspect limité du problème, et toujours profondément marqués par le doute. Le décideur attend une parole discriminante, le scientifique va toujours répondre "oui, mais, ça dépend !" (...) Le décideur risque fort d'exercer une pression insupportable sur l'expert pour obtenir ses résultats le plus vite possible. On le comprend : il lui faut agir et annoncer quelque chose. (...) Les tensions en seront d'autant plus fortes et pourront aller jusqu'à des ruptures fracassantes, ayant les médias pour témoins (...) Fondamentalement, le décideur doit bien comprendre que les experts scientifiques ne pourront pas lui apporter ce qu'il cherche vraiment. (...) Il aura des avis produit par produit, institution par institution, milieu par milieu… quand son problème est de nature globale. (...) Entre le savoir mono-disciplinaire éclaté et le savoir opérationnel nécessaire, il y a un gouffre. (...) La tentation est forte aussi pour le décideur de transférer son rôle sur l'expert en lui abandonnant la responsabilité de la décision. (...) il en arrive à lui demander brutalement : "Alors, docteur, est-ce que j'évacue ?". »

Patrick Lagadec (1991), La gestion des crises ; outils de réflexion à l'usage des décideurs. McGraw-Hill, mars 1991 [pdf integral].

De très nombreux domaines sont touchés par la gestion de crise. On peut par exemple citer dans le domaine géopolitique, l’évacuation des ressortissants nationaux en cas de trouble dans un pays tiers.

Dans le domaine de la santé publique, la pandémie de covid 19 a montré en 2020-2021 que la gestion de crise était très variable d’un pays à l’autre : confinement plus ou moins souple, vaccination généralisée ou pas, communication plus ou moins forte des décideurs.

Dans le domaine du tourisme, les crises, de nature diverse, géopolitiques et sociopolitiques, sanitaires, environnementales, etc., peuvent avoir des impacts conséquents sur l'activité touristique. Le tourisme n’est pas en soi une activité à risques et peu de crises ont pour origine l’activité touristique en elle-même. Mais les destinations et les activités touristiques sont vulnérables, elles sont réactives à toute perturbation de leur système et de leur cadre de fonctionnement. Elles sont particulièrement vulnérables aux risques et aux situations de crise liés aux transports : crash aérien, naufrage, accident de transport routier, ou tout simplement événements environnementaux, climatiques ou autres (cendres volcaniques du volcan islandais Eyjafjöll en avril 2010). Elles sont par ailleurs sensibles aux environnements géopolitiques et sociopolitiques dont les impacts sur leurs conditions d'exercice sont forts. Or, les lieux touristiques sont des cibles privilégiées pour le terrorisme qui en espère un large retentissement mondial.

La gestion des crises constitue donc un savoir-faire stratégique nécessaire pour les entreprises et les autres organisations engagées dans le secteur du voyage et du tourisme. Elles se trouvent confrontées à la nécessaire maîtrise des territoires, des déplacements, dans des délais très courts et avec des contraintes fortes. Les professionnels s'engagent par contrat à la bonne exécution du voyage de leurs clients (en France, loi du 13 juillet 1992, ordonnance du 20 décembre 2004 dans le Code du tourisme).

(ST) 2011, réécriture partielle (SB et CB) septembre 2025.


Références citées
  • Gouvernement français (2012, « Gestion de crise ». Journal officiel 13 juillet 2012.
  • Lagadec Patrick (1991), La gestion des crises ; outils de réflexion à l'usage des décideurs. McGraw-Hill, mars 1991 [pdf integral].
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