Ferroutage
Le ferroutage est un mode de transport multimodal rail–route utilisant des remorques routières spéciales ou des conteneurs acheminés sur des wagons plats. En Europe, le ferroutage concerne particulièrement le transit alpin. Il débuta au début de la décennie 1960-70 à travers le Lötschberg. Par l'accord sur le transit de 1989, la Suisse s'est engagée envers l'Union européenne à transformer les lignes transalpines existantes du Saint-Gothard et de Lötschberg-Simplon en couloirs ferroviaires, à titre transitoire, en attendant la réalisation de nouvelles transversales alpines. Ainsi, dans les années 2000, la Suisse a développé une stratégie de développement à grande échelle du ferroutage : la Nouvelle Ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA). Il s’agit de la construction d’un ensemble de tunnels (le Lötschberg, ouvert en 2007, le Saint-Gothard, en 2016, le Ceneri en 2020). Le but officiel est la fluidification du transport de marchandises et la limitation du nombre de camions dans le principal corridor de fret européen, reliant Rotterdam à Gênes.
Si la Suisse fait donc figure de pays le plus avancé en matière de ferroutage, l’Autriche, l’Italie et l’Allemagne développent également ce mode de transport. De son côté, la France accuse un certain retard, même si, depuis le milieu des années 2010, les ministères successifs de l’environnement tentent de le favoriser. Des lignes de ferroutage existent entre Calais et Douvres (Eurotunnel) et surtout entre Calais et Le Boulou (Perpignan). Cette ligne, lancée en 2016, a transporté 41 000 remorques ou conteneurs en 2022.
Un autre projet mobilise capitaux et énergie : il s'agit de la Transalpine, liaison ferroviaire Lyon–Turin décidée par un accord international franco-italien en janvier 2001. Elle devrait permettre d’acheminer, entre Lyon et Turin, 50 millions de tonnes de marchandises par an et 7 millions de voyageurs. Répondant au développement impératif de l’intermodalité à l'échelle européenne, la mise en service complète de cette nouvelle voie transalpine a sans cesse été retardée pour des raisons financières, mais aussi techniques et politiques. Les oppositions sont nombreuses, notamment en Italie, mais aussi en France, y compris dans les milieux écologistes, principalement en raison du coût environnemental et financier du chantier, jugé disproportionné par rapport aux bénéfices attendus. Son ouverture n’interviendrait pas avant 2030 ou 2032.
L’essor du ferroutage contribue à relancer le transport de marchandises par voie ferrée : en Europe, depuis les années 1970, le transport des voyageurs l'a emporté sur celui des marchandises, à la différence de ce qui peut être observé dans d'autres contextes spatiaux, en Amérique du Nord par exemple. Et, sur des courtes et moyennes distances, la grande vitesse ferroviaire concurrence même l'avion. Si, en Europe, le transport des marchandises est devenu le parent pauvre du transport ferroviaire, les réalités énergétiques et environnementales pourraient donc produire un infléchissement de cette tendance.
(ST) 2007, dernière modification (SB et CB) décembre 2023
Pour compléter avec Géoconfluences
- Laurent Guihéry et Marie-Léa Rousseau, « Les traversées transalpines pour le transport de marchandises en Europe : le transport ferroviaire pourra-t-il s’imposer ? », Géoconfluences, juin 2019.
- Antoine Beyer. « Introduction. Pour une lecture territoriale des corridors de transport en Europe », Géoconfluences, septembre 2020.
Lien externe
- site officiel du projet Lyon – Turin : www.transalpine.com