Hukou
En Chine, depuis les débuts de l'époque maoïste – mais il existait déjà à l'époque impériale –, le hukou est à la fois un passeport intérieur et un permis de résidence permettant à l'État-parti de maîtriser les flux et les migrations internes de la population. Un permis de résidence existe aussi au Vietnam, avec un nom étymologiquement proche, le hô khâu.
Jusqu’au début du XXIe siècle, en Chine, il s'agissait d'un système d'enregistrement obligatoire, un livret de résidence, qui portait le nom de la localité où le hukou avait été enregistré et le statut du hukou possédé : agricole ou non agricole. Le hukou divisait hiérarchiquement la société chinoise en deux : celle qui détenait un hukou urbain (environ un tiers de la population) et les autres. Le hukou urbain donnait, avec le droit de vivre « en ville », celui d'acquérir un logement à un prix subventionné, d'envoyer ses enfants à l'école, de bénéficier d'une assurance médicale et d'une indemnité chômage en cas de licenciement. Les hukous de Beijing et de Shanghai étaient les plus recherchés. Le hukou rural donne le droit de satisfaire ses besoins de consommation en grains. Les migrants ruraux installés en ville et dépourvus de hukou urbain souffraient de conditions de vie discriminantes et pouvaient être expulsés par la police lors des contrôles.
Ce hukou, maintenu après le début des réformes d'inspiration libérale des années 1980, a joué un rôle majeur dans le développement économique de la Chine qui s'est appuyé sur la main d'œuvre d'un tiers-monde rural, principal artisan du « miracle » économique chinois. À Shanghai par exemple, 10 des 24 millions d'habitants n'ont pas le statut de résident.
Toutefois, si le hukou est encore en vigueur aujourd'hui, son application s'est allégée progressivement depuis la réforme de 2001 qui en assouplit les modalités. Si le citoyen peut prouver une résidence prolongée dans une ville où il paie les impôts locaux et où il possède un appartement, il peut y être reconnu localement. Ce sont les gouvernements municipaux qui décident quels sont les critères pour obtenir des droits de résidence permanents dans leur ville. Le hukou tend à devenir une pièce d'identité ordinaire, ressemblant par exemple au livret de famille français, et comportant le statut (rural ou urbain), l’adresse légale, et (dans certains cas en tout cas) la profession. Il continue cependant de servir de support à la planification du peuplement, en restreignant l'accès aux plus grandes villes aux personnes titulaires d'un hukou enregistré dans des villes de moindre taille.
(ST, MCD), dernières mises à jour (JBB) : juillet 2020, décembre 2022, (SB et CB), novembre 2023.
Sources
- I. Thireau, article « Enregistrement de la résidence », in Thierry Sanjuan, Dictionnaire de la Chine contemporaine, A. Colin, 2006.
- Chloé Froissart, "Le système du hukou : pilier de la croissance chinoise et du maintien du PCC au pouvoir", Les Études du CERI (Sciences Po) n° 149, septembre 2008
Pour compléter avec Géoconfluences
- Sur le hô khâu vietnamien : Yves Duchère, « L'État-parti et la ville. Le moment post-moderne de l'urbanisation vietnamienne », Géoconfluences, janvier 2023.
Liens externes
- Chan, Kam Wing et Zhang, Li, 1999, “The hukou system and rural-urban migration in China: process and changes”, The China Quarterly, vol. 160, p. 818-55.